28 mars 2024
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Survol de la littérature africaine du XXe siècle  

PATRIMOINE

Survol de la littérature africaine du XXe siècle  

«La civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition, à l’échelle mondiale, de cultures préservant chacune son originalité. » Claude Levy-Strauss

Dans le vaste domaine de la littérature négro-africaine de langue française et d’une manière tout-à-fait discriminatoire, nous pouvons nous laisser aller à discerner trois phases dans l’histoire de ces littératures. Cela va :

    1) – Du premier texte écrit au XIXème siècle jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    2) – De 1945 aux indépendances africaines

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    3) – Les littératures modernes qui font suite aux indépendances nationales

Evidemment qu’il ne faut pas percevoir de la rigidité dans ces différentes périodes. Et que l’on peut mettre un livre publié à une époque précise dans une autre.

I – Les prémices de la littérature africaine

La période allant de la fin du XIXème siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale n’a pas donné une grande production dans le domaine de la littérature en Afrique. Il y a très peu d’écrivains capables de rédiger, par écrit, un sujet qui tiendrait sur des dizaines de pages et donc, très peu de livres.

La France s’est installée récemment dans différents pays situés surtout dans la partie ouest du continent et n’a pas cru bon donner les outils pédagogiques aux peuples qu’elle a colonisés. Les peuples soumis étaient également rétifs à l’idée d’apprendre une langue qui leur était totalement étrangère.

Les premiers ouvrages publiés apparaissent dans les années 1930 avec le recueil de poèmes Crayons et portraits du Malien Fily Dabo Cissoko (1900-1964), le conte Les Trois volontés de Malic du Sénégalais Ahmadou Mapaté Diagne (1886-1976) et le roman L’esclave du Béninois Félix Couchoro (1900-1968). La plupart  des œuvres publiées avant la déflagration des années 1939-1945 sont essentiellement des chroniques sur le vécu quotidien et des documents sur la vie sous la domination française.

II – Lendemains de la Seconde Guerre mondiale

La France est désormais installée à demeure. Elle domine totalement ces peuples qui l’ont aidé à se libérer du nazisme. Les explosions inattendues pour les colonisateurs de Sétif et de Guelma en Algérie lui ont signifié les premiers avertissements de ce qui pourrait se passer dans son empire. Les enseignants venus de « métropole » commencent à s’installer dans les pays du sud de la Méditerranée pour les services attendus des populations autochtones et pour la douceur de vivre.

L’école s’ouvre peu ou prou aux enfants indigènes. Des livres écrits par les africains eux-mêmes commencent à être publiés essentiellement en France. L’impulsion est donnée avant-guerre par les sénégalais Léopold Sédar Senghor, Birago Diop et Abdoulaye Sadji ainsi que par l’ivoirien Bernard Dadié. Suit une génération dont les noms les plus connus sont le Guinéen Camara Laye (L’enfant noir – Le regard du roi – Dramouss), les Camerounais Mongo Beti (Mission terminée – Remember Ruben) et Ferdinand Oyono (Une vie de boy – Le vieux nègre et la médaille), les Sénégalais Cheikh Hamadou Kane (L’aventure ambiguë) et Ousmane Sembène (Docker noir – Ô pays, mon beau peuple – Les bouts de bois de Dieu).

Chants d’ombre de Senghor sort en librairie. Il publie également L’Anthologie de la nouvelle poésie noire et malgache, anthologie qui est préfacée par Jean-Paul Sartre. Dans la même foulée naît la célèbre revue Présence africaine. Le mouvement de la Négritude est lancé par Léopold Sédar Senghor, Léon Damas et Aimé Césaire.

Les auteurs africains se concentrent surtout sur la poésie, plus facile à publier en revues. Jusqu’à ce que le premier vrai roman africain fasse la lumière sur les talents multiples des écrivains de ce continent. L’enfant noir du Guinéen Camara Laye sort en 1953, prix Charles Veillon en 1954 et mis en scène pour le cinéma en 1995. Maimouna du Sénégalais Abdoulaye Sadji paraît la même année et Ville cruelle du Camerounais Mongo Beti en 1954.

Ces œuvres sont pratiquement tout le temps autobiographiques. Oyono, dans Une vie de boy, nous dépeint la vie de tous les jours dans une petite ville du Cameroun où il a lui-même habité. Le roman approche de la pure tragédie. Il brode sur le thème des rapports entre colonisateurs et colonisés.  De même que Mongo Beti dans Ville Cruelle qui se déroule dans le même pays. Ce dernier roman décrit les évènements avec beaucoup d’humour. Camara Laye suit le petit garçon qu’il était lui-même. Climbié de l’ivoirien Bernard Dadié apparait comme une hymne au panafricanisme avant l’heure.

Nini d’Abdoulaye Sadji nous décrit la vie des ni-blancs-ni noirs qui veulent franchir les obstacles liés au fait d’être métissé. Sadji a, mieux que quiconque, été le premier africain a apprivoisé le féminisme.

III – Les écrivains des indépendances

Avec l’avènement des indépendances des pays africains, la création littéraire se multiplie. Au hasard, citons le Tchadien Brahim Séid, le Guinéen Djibril Tamsir Niane, le Sénégalais Malick Fall, le Malien Mamadou Gologo, l’Ivoirien Ahmadou Kourouma et bien d’autres écrivains qui ont porté haut le roman « traditionnel » africain qui se contente de décrire en vision linéaire le réel des sociétés noires sous le colonialisme ou aux premières heures des indépendances.

Kamel Bencheikh

Auteur
Kamel Bencheikh

 




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