L’armée a annoncé, dans un communiqué publié dans la nuit du 12 au 13 avril 2022, l’interpellation de trois Européens dans le centre du pays.
Aucun détail officiel sur leur nationalité ou leur profil, mais ils ont été arrêtés dimanche dernier dans le cadre d’une opération antiterroriste près de Diabaly, dans la région de Ségou. Un secteur où les jihadistes de la katiba Macina sont très présents. Les autorités maliennes n’ont pas davantage communiqué sur cette surprenante arrestation.
« Le détachement Fama de Diabaly a procédé à l’interpellation, le 10 avril, de cinq suspects dont trois ressortissants européens. » Selon l’armée malienne, ces arrestations ont été effectuées dans le cadre de l’opération antiterroriste « Maliko ». Rien de plus, mais on comprend donc que les soldats maliens soupçonnent ces trois Européens d’être eux-mêmes des combattants jihadistes.
Libérés après leur transfert à Bamako
De sources diplomatiques et sécuritaires, il s’agit en fait de trois Allemands, deux hommes et une femme, qui se trouvaient dans la zone pour un projet agricole, dans le cadre d’un jumelage entre une commune allemande et une commune malienne. Ils ont été transférés à Bamako « pour leur sécurité » puis libérés.
L’armée a rendu publique leur interpellation dans la nuit de mardi à mercredi, trois jours plus tard, en n’évoquant dans son communiqué que des « ressortissants européens » « suspects. » Alors même que les trois Allemands avaient déjà été transférés à Bamako et libérés. De quoi susciter de nombreuses interrogations et nourrir, sur les réseaux sociaux et dans les rues maliennes, toutes sortes de théories.
Hasard du calendrier ? La ministre allemande des Affaires étrangères est en visite au Mali depuis ce mardi. Sollicitée par RFI, l’ambassade d’Allemagne au Mali n’a pas donné suite à ce stade.
Une présence surprenante
La présence de ces trois Allemands dans le cadre d’un jumelage a de quoi surprendre. Les jumelages entre des collectivités maliennes et européennes – villes, départements, régions – sont nombreux, mais en raison du contexte sécuritaire, les échanges sont évidemment très réduits depuis des années. Des projets de développement sont toujours en cours, des financements aussi, mais les missions physiques de ressortissants européens, a fortiori dans les zones fréquentées par les jihadistes, ont été suspendues de manière presque systématique.
La présence de ces trois Allemands près de Diabaly, où les attaques terroristes sont quasiment quotidiennes, et où l’armée malienne et ses supplétifs russes sont accusés d’avoir exécuté et brûlé une trentaine de civils le mois dernier, a donc de quoi interroger. « C’est une méthode assez courante des Russes, commente une source diplomatique européenne, pour dire aux ONG de ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas. » « Certaines personnes se croient indispensables et sont inconscientes du danger », juge pour sa part un diplomate européen. RFI