27 avril 2024
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Jean-Luc Mélenchon, l’alternative trahie

Mélenchon

Le candidat de l’Union populaire a failli renverser la table. Jean-Luc Mélenchon a raté d’une courte tête dimanche la marche du second tour malgré la mobilisation du « vote utile », son troisième échec à la présidentielle. Avec toutefois un score autour de 21,95 %, meilleur qu’en 2017, qui conforte le rôle central à gauche de La France insoumise.

Le vieux briscard revient de loin. Debout contre les vents contraires d’une classe politique vermoulue, Jean-Luc Mélenchon est apparu requinqué par ses troupes. « Ce soir, @JLMelenchon va finir à près de 22 % des voix. C’est un résultat extraordinaire », a tweeté le directeur de campagne, Manuel Bompard. « Malheureusement, cela ne suffira pas pour se qualifier au second tour. Mais quelle fierté de tout ce chemin parcouru ! »

Mais auparavant, vers 23h00 au Cirque d’hiver à Paris, les militants et les cadres, qui avaient jusque-là accepté l’élimination en insistant sur l’aspect positif du gros score, ont basculé en voyant une estimation ramenant l’écart avec Marine Le Pen à 0,7 point. « Et si… et si ? » était sur toutes les lèvres et Manuel Bompard, qui n’y croyait d’abord pas, est venu expliquer à quelques journalistes qu’il ne pouvait désormais pas certifier à 100 % que les choses étaient jouées.

A 20H00, quand le score de leur champion s’est affiché, autour de 20 % des voix, une clameur de joie a résonné parmi les dizaines de militants et personnalités réunies au Cirque d’hiver. « On est content », a lâché immédiatement une militante, visiblement soulagée.

Après quelques minutes, plusieurs militants ont subi un contre-coup. Certains s’enlaçaient, les yeux embués de larmes. Pierre-Dahomey Néhémy, 35 ans, réconfortait une amie en pleurs. « J’espérais qu’il serait au deuxième tour. L’écologie et la justice sociale ne seront pas au second tour des élections. Les gens sont tristes », a-t-il confié à l’AFP.

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Jean-Luc Mélenchon n’a, en l’état du dépouillement, pas pu rassembler avec la même ampleur que son mentor François Mitterrand qui, lui, avait gagné à son troisième essai.

Pourtant, les dernières semaines, et en particulier la toute dernière, ont vu de nombreux sympathisants, militants et personnalités de gauche annoncer publiquement qu’ils voteraient Jean-Luc Mélenchon pour tenter d’éliminer Marine Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon pouvait être cette alternative que la gauche n’a pas su accompagner et pousser vers le haut. Bien au contraire, aigris, les dinosaures du PS, du PC et des autres partis de gauche l’ont souverainement ignoré, préférant ruer dans les brancards tout en sachant qu’ils n’avaient inévitablement aucune chance de recueillir assez de voix pour passer au 2e tour.

La marche s’est avérée trop haute, la candidate du Rassemblement national ayant connu une dynamique similaire à l’Insoumis, en étant partie de plus haut.

Le phénomène du vote utile a joué à plein, les autres candidats de gauche ayant été siphonnés, passant tous sous la barre des 5 %.

Jean-Luc Mélenchon a pris la parole plus tôt et de meilleure humeur qu’en 2017, devant des militants survoltés. Il a reconduit la même position: une consultation auprès de ses 320.000 parrains citoyens en ligne pour savoir s’il fallait voter Emmanuel Macron ou blanc au second tour. « Vous ne devez pas donner une voix à Marine Le Pen », a-t-il répété plusieurs fois.

Le tribun, qui a promis avant l’élection qu’il ne se représenterait pas en 2027, a déclaré: « Une nouvelle page du combat s’ouvre, nous l’aborderons avec la fierté du travail accompli ». Il s’est adressé aux jeunes: « C’est pas loin. Faites mieux ».

Pour Simon Persico, politologue et maître de conférences à Sciences Po Grenoble, « c’est incontestablement une réussite, il a augmenté son score alors qu’il avait perdu les communistes ».

Improbable rebond

Malgré la défaite, se hisser à la troisième place, loin devant le reste des candidats de gauche et de droite, n’était pas acquis au regard de la position qui était celle de l’Insoumis au milieu du quinquennat qui s’achève.

La « rupture d’image » documentée par toutes les enquêtes d’opinion à partir des perquisitions au siège de LFI en octobre 2018 a semblé menacer les possibilités politiques de Jean-Luc Mélenchon. Ont suivi des européennes catastrophiques en 2019.

Mais pour « sortir des catacombes », de ses mots mêmes, Jean-Luc Mélenchon a fait parler son expérience des campagnes présidentielles et l’organisation méthodique de son mouvement. Il s’est tenu à l’écart des divisions de la gauche, dont la « Primaire populaire » a été l’un des moteurs les plus récents.

Ses troupes, déjà renforcées par rapport à 2017 avec l’élection de députés et d’eurodéputés, se sont élargies avec la mise en place d’un « Parlement de l’Union populaire », composé de figures des mouvements sociaux.

Les images de Jean-Luc Mélenchon s’exprimant devant des milliers de personnes à Paris ou à Toulouse ont marqué les esprits alors que la pandémie semblait avoir éteint les grands raouts politiques.

Quand il a pris la parole à la télévision, le communiste Fabien Roussel, qui a décidé de mener une campagne autonome et de ne pas s’allier avec LFI comme les deux fois précédentes, a été hué par les militants Insoumis. « Je ne suis pas d’accord avec ça, on a vocation à être rassemblés », a lâché Aurélie Trouvé, la présidente du Parlement de l’Union populaire.

En vue du futur et notamment des législatives de juin, « ici est la force ! », a tonné Jean-Luc Mélenchon, qui pourrait tenter de rester député.

L M./AFP 

10 Commentaires

  1. Je ne crois pas qu’on puisse dire en même temps , comme dirait l’autre, que l’Alternative a été trahie et aussi que cet échec est une réussite. Ce qui signifie que ce résultat était inattendu et a dépassé tous les espoirs mais qu’on a volé l’élection à LFI. Ce n’est là qu’une dérobade pour ne pas admettre que la gauche a lamentablement échoué. Comme dit le proverbe : quand je me regarde je me désole , quand je me compare je me console. Dixit Zemmour et Pecresse. Jadot, Hidalgo, Rousssel.

    Bien sûr on peut se consoler en se disant que cet échec est une réussite vu la débâcle des autres composantes de la gauche et à droite. C’est sans doute une réussite personnelle ou en solo des LFI.

    Mais n’est-ce pas cette personnalisation de la problématique autour d’un gourou ou d’un groupuscule radicalisé et exclusif qui limiteront toujours la portée des LFI en de ça de leurs ambitions démesurées ?

    Le cantonnement dans une radicalité qui exclue toute concession aussi bien à gauche qu’à droite des LFI ne permet pas à ce parti ratisser au delà de l’électorat qui leur est acquis.

    Or la stratégie des LFI est de faire venir à eux les déçus des autres partis et non l’inverse. D’autant plus que si Mélenchon cède la place aucune autre personnalité n’a son envergure pour le remplacer.

  2. Les résultats du premier tour des élections présidentielles françaises viennent de délivrer les actes de décès, non seulement du PS et de la droite républicaine néogaulliste, dont les électorats ont été récupérés par la Droite néolibérale de Mr Macron, mais surement aussi du vieux Parti Communiste Français, auquel Mr Fabrice Roussel vient de donner le coup de grâce, et probablement même, du Parti des Verts de Mr Jadot, dont on voit bien la vacuité de sa prétention à concilier écologie et son contraire, le libéralisme économique, c’est à dire capitalisme.
    Si la France veut éviter, une fois pour toutes, le risque annoncé de l’arrivée de l’extrême droite raciste et anti-sociale au pouvoir, la seule et unique alternative pour elle, est de reconstruire une Gauche sociale et républicaine autour du noyau dur de la France Insoumise.
    Première étape : conquérir la majorité qualifiée au Parlement pour imposer une cohabitation au Président Macron qui sera, encore une fois, élu, mais politiquement disqualifié.
    Engager ensuite la reconstruction d’un Nouveau Front Populaire pour renouer avec la France républicaine, laïque et sociale, celle de la Convention et de la Commune de Paris.

  3. Les résultats du premier tour des élections présidentielles françaises viennent de délivrer les actes de décès, non seulement du PS et de la droite républicaine néogaulliste, dont les électorats ont été récupérés par la Droite néolibérale de Mr Macron, mais surement aussi du vieux Parti Communiste Français, auquel Mr Fabien Roussel vient de donner le coup de grâce, et probablement même, du Parti des Verts de Mr Jadot, dont on voit bien la vacuité de sa prétention à concilier écologie et son contraire, le libéralisme économique, c’est à dire capitalisme.
    Si la France veut éviter, une fois pour toutes, le risque annoncé de l’arrivée de l’extrême droite raciste et anti-sociale au pouvoir, la seule et unique alternative pour elle, est de reconstruire une Gauche sociale et républicaine autour du noyau dur de la France Insoumise.
    Première étape : conquérir la majorité qualifiée au Parlement pour imposer une cohabitation au Président Macron qui sera, encore une fois, élu, mais politiquement disqualifié.
    Engager ensuite la reconstruction d’un Nouveau Front Populaire pour renouer avec la France républicaine, laïque et sociale, celle de la Convention et de la Commune de Paris.

  4. Construire une nouvelle gauche autour du noyau dur qu’est LFI ? Sur le pap.. . pardon,sur le clavier tout est possible. Ce n’est pas une mauvaise idée, sauf que cela paraît irréaliste.D’abord parce que comme vous le dites il n’y a plus rien autour de LFI.

    A cela s’ajoute que sous ses airs charmeurs il y un Pol Pot qui sommeille en JLM. Ni les verts , ni les socialistes, ni les communistes , ou ce qui en reste, n’accepteront de se faire phagocyter,pour ne pas dire cornaquer par LFI, qui de son coté n’entend rien céder. Et puis LFI c’est tout juste JLM et presque tout.

    Non, l’alternative n’est plus aux partis, mais à la rue.

  5. Jean-Luc Mélenchon, futur nouveau Pol Pot? Diantre, vous n’allez pas de main molle! Vous connaissez surement ce propos de Talleyrand : « tout ce qui est excessif est insignifiant »! Plus sérieusement, Jean-Luc Mélenchon n’a jamais prôné l’alliance de partis politiques, mais le rassemblement populaire, y compris les « fâchés pas fachos ». Il ne vous a pas échappé, du reste, qu’il n’y a plus ni PS ni PC : il n’en reste que les sigles, leurs électeurs étant déjà, dès le premier tour, passés, qui chez Macron, et qui chez Mélenchon. L’alternative de la rue dites-vous? Elle, a déjà ses partisans : Mr Poutou et Mme Artaud, gens tout à fait respectables par ailleurs, mais qui ne pèsent, à eux deux, que 1,3% de l’électorat. Pas de quoi faire la Révolution!

  6. On voit d’ores et déjà se dessiner trois blocs politiques dans le paysage politique français : le bloc de l’extrême droite dont Lepen et Zemmour se disputeront le leadership, le bloc néolibéral de l’extrême centre de Macron et le bloc républicain social et progressiste, dont le noyau dur de la France Insoumise sera le noyau dur fédérateur.

    • Oui , c’est une éventualité, mais « le bloc républicain et social », combien de divisions ?

      Comparaison n’est pas raison ,n’est ce pas ? J’ai dit «  qui sommeille ». J’aurais pu le comparer à Louis XIV: « la loi c’est moi » . Mais lui :  « la république c’est lui. » . J’ai forcé le trait ,

      Ce que je voulais dire , c’est qu’à mon humble avis , JLM ne peut pas faire fi des appareils, la preuve ? les ridicules scores du PS , de Poutou, d’Arthaud , de Roussel lui ont valu son échec à 1,20 point près. JLM a eu du mal a rassembler ses parrainages.

      Quant à l’union populaire , il ne chasse pas tout seul, En 2017 il a fait aussi près de 20% à la présidentielle, combien aux législatives ? Moins de 4%.

      Ce n’est que mon opinion , mais LFI, ne peut pas être le noyau fédérateur d’une nouvelle gauche. Mais je peux me tromper. Nous verrons aux législatives.

      Et quant à « la rue » je faisais allusion aux luttes sociales , tout simplement.

  7. Il faut juger un Parti politique sur son programme et sa constance à le défendre, et non sur le caractère présumé de tel ou tel de ses dirigeants. De plus, en l’occurrence, Jean-Luc Mélenchon a clairement déclaré qu’il passera le flambeau à l’un de ses jeunes, nombreux et talentueux collègues. Très probablement au brillant coordinateur de la France Insoumise, Adrien Quatenenns.

  8. Melenchon a perdu sa crédibilité le jour où il a dit ‘ la république c’est moi’.
    C’est un dictateur en puissance, un gauchiste extrême dont les français ne voudront jamais.

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