Vendredi 4 décembre 2020
« Tuddert-nni » … Cette Vie Là ! de Lounis Aït Menguellet
Nous publions ici un essai de traduction de l’une des chansons qui porte le titre du dernier album de Lounis Aït Menguellet.
Vers ton passé je t’emmènerai
Par la main je te prendrai
T’y reconnaitras-tu
Une fois défilé.
Je t’emmènerai revoir ce que tu as
D’hier à aujourd’hui, abandonné
Tu y verras tout ce que tu as oublié
Au fil des songes tu t’en souviendras.
Je t’emmènerai tu te rappelleras
Comment de tes chutes tu te relevas
Combien de larmes combien d’éclats
De l’oubli tu puiseras.
Ce qui te reste de stigmates
Tu en saisiras la raison
Aux sources des causes
Tes blessures se refermeront
…
Je peux te raconter
Tout ce qui embellis ce rêve
En glorieuses images du passé.
Je te rappellerai tant d’illusions
Qui feront renaître ta jeunesse
Je t’en montrerai les aurores
Au moment où tout a commencé.
Je te rappellerai le fil de ton enfance
Longé de larmes et de sanglots
Tu y verras la misère et les joies
Qui ont construit ta Vie.
Souviens-toi de ce qui te contente
Oublie ce qui te tourmente
Au réveil tu te sentiras soulagé
De tant de poids allégé
De tant de poids allégé….
Laisse-moi te raconter….
Je te retracerai les premiers pas
Des matins de ton enfance
Quand la neige, le gel et la boue
Lacéraient tes pieds ensanglantés
Je te montrerai la montagne rappelle toi
Celle qui proclamait patience et fierté
Pour te construire.
Rassasiés vous vous affirmiez
Quand la faim vous rongeait
Fatigués, debout vous êtes restés
De vous l’espoir est né
De ta génération et ses ainés.
Observe ta maman dans ce fil vers le passé
Comment elle s’occupa du champ et du foyer
Même si les temps l’ont épuisée
Ses espoirs de toi elle les puisait
Je peux te relater….
…
Tu verras je ne sais si tu t’en souviens
Quand le colon est arrivé
Tu t’es couvert sans te soucier
D’un jeu de jeunesse
L’arme quand tu l’as vue
Elle était belle elle t’a séduit
Mais la jeunesse est trompeuse
Tu n’as rien compris des enjeux
La peur l’injustice qui ont commencé
Tu les as vu s’abattre
Ils les ont légués aux survivants
Pour en perpétuer les traces
Je te montrerai ces journées grisées
Aux cauchemars de la nuit succédées
Tu verras la misère qui les a surmontés
Impassible de loin tu les observais,
Oui tu les observais…
Laisse-moi te raconter…
Tout ce qui comble ton Rêve
Je te brosserai les images de vie
Comme elle s’est déroulée
Je te rappellerai le Rêve
Qui t’emportera vers ta jeunesse
Je déroulerai ton histoire
Jusqu’à ses sources
Je te rappellerais le chemin de ton enfance
Longé de larmes et de sanglots
Tu y verras la misère et la joie
Qui t’ont fait mûrir
Ce qui te comble tu t’en souviendras
Ce qui te tourmente tu l’oublieras
Au réveil tu te sentiras allégé
Du poids des préjugés.
Du poids des préjugés…
Je peux te relater…
Je te montrerais des clichés qui te rappelleront
Hommes femmes enfants
Youyous et applaudissements
De toi Je te montrerais une photo
Quand tu les escortais
Le drapeau entre les mains
De moult compagnons.
Je te conterai ce grand Rêve
Du jour où le colon s’en est allé
Peu nombreux parmi ceux qui ont assisté
À ne pas se remémorer
Du bonheur de ce jour là
Comment se fait-il qu’aujourd’hui tout a changé
Comment se fait-il que justice soit dévoyée
On demande aux anciens de rendre des comptes,
Cela est une autre histoire…
Une autre Histoire…
Je peux te raconter….
Alger enfin libérée
De blancheur s’est nimbée
En ces temps de Vie recouvrée
Pour nous elle souriait
Alger enfin libérée
De blancheur s’est nimbée
En ces temps de Vie recouvrée
Pour nous elle souriait
Les enfants ne sont plus cireurs
On a brûlé les boîtes à cirage
Ils se promènent en paons
En quête de perdrix et de séduction
Les vœux de nos montagnes exaucés
Personne ne fût piétiné
Maudit qui se crut supérieur à l’autre
Les malades furent guéris
Je te montrerai comment tout cela a dégénéré
Comment la vérité a foutu le camp
Comment le mensonge l’a chassée
Comment la raison en folie s’est muée
Cela est une autre histoire…
Une autre Histoire…
…reprise de vers précédents…
Je t’emmènerai dans ton Rêve
Nous visiterons l’Amour
Quand il a envahi ton cœur
Tu es sorti de ta vigueur
Je t’emmènerais dans ton Rêve
Nous visiterons l’Amour
Quand il a envahi ton cœur
Tu es sorti de ta vigueur
Quand tu lui as dédié ton premier poème
Ce jour là le savais-tu le cœur s’est mis à chanter
L’amour a pénétré ton âme
En chaque recoin de ta destinée
Il habitait jusqu’à ton ombre
Au point de t’aveugler
Aujourd’hui il a changé d’aspect
Autour de la famille et des enfants
Il t’a assagi, tout de beauté, auréolé
Je peux te raconter…
Je t’entrainerai dans un sommeil qui te rappellera
Ces chanteurs de demain des années 1967
Tu confondras leurs espoirs aux tiens
Comment ils souhaitaient chanter leurs rêves
Chacun a vu ses espoirs suivre leurs cours
Qui a été désenchanté
Qui a été enchanté
Mais tous ont permis à la langue Kabyle de rayonner
Même si demain ne leur appartient pas
De leur cœur ont émergé moult connaissances
Ceux qui ont cru en eux sont là pour les remplacer
Il leur appartient d’avancer
Désormais…