26 avril 2024
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Un dictionnaire kabyle-français qui remonte à…1878 !

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N’en déplaise à ses détracteurs, la langue kabyle connaît, ces dernières années, une ascension fulgurante et un nombre croissant de linguistes qui sont en train lui donner ses lettres de noblesse. Cependant, j’avoue que malgré tous les efforts du monde, il m’est souvent difficile de comprendre un texte académique à 100% !

Je me sens complexé, chaque fois que je suis obligé d’effectuer des recherches concernant tel mot ou telle expression qui échappent à mon bagage limité ! J’ai toujours l’impression d’être nul …jusqu’à ce que le hasard des clicks me dirige vers un dictionnaire kabyle-français qui remonte à l’an 1878 ! (*)

Voilà, reproduit, pour vous l’avertissement (préface) qui précède la matière.

« La langue kabyle n’est qu’une langue parlée, et assez peu riche en expressions. Elle n’a depuis longtemps aucun écrit, aucun auteur où elle ait pu se conserver. Ce qui est une grande difficulté pour quiconque entreprend d’écrire en cette langue. C’est pourquoi nous avons dû nous servir des caractères français pour représenter les diverses articulations du langage kabyle. Mais, malgré toutes les combinaisons possibles avec l’alphabet français, il est certains sons que nous n’avons pu représenter qu’approximativement, et d’une manière conventionnelle. Il faut avoir entendu les indigènes, pour arriver à les prononcer exactement.

Il est une autre difficulté, mais qui n’est pas aussi sérieuse ; c’est que la langue kabyle varie plus ou moins de tribu à tribu, de village à village. On y trouve même quelquefois une certaine variété d’expressions dans les différents quartiers du même village. C’est ce qui arrive, du reste, pour toute langue qui n’est pas écrite. Mais est-ce à dire pour cela qu’il faille un dictionnaire particulier pour chaque tribu ? Nullement ; car, malgré toutes ces variations, le fond de la langue reste le même.

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Ce qui en est une preuve certaine, c’est que les Kabyles, de quelque tribu qu’ils soient, se comprennent parfaitement entre eux, bien que se servant d’expressions souvent bien différentes. Ceci doit encourager quiconque veut apprendre le kabyle ; car il lui suffit de bien savoir le langage usité dans une tribu, pour pouvoir se faire comprendre dans toute la Kabylie.

On ne trouvera donc pas dans ce dictionnaire, une variété d’expressions telle qu’elle puisse correspondre au langage usité dans chaque tribu, ce n’est guère possible et nullement nécessaire. Mais ce travail représente surtout le kabyle en usage dans les nombreuses tribus qui avoisinent le Jurjura, et dans tout le cercle de Fort-National.

Malgré tout ce que nous avons pu faire pour laisser à un ouvrage de ce genre le moins d’imperfections possible, nous sommes convaincus qu’il en restera encore beaucoup. Nous laissons à d’autres plus expérimentés le soin de perfectionner ce travail.

Une étude plus approfondie de la langue pourra sans doute y apporter plus tard de nombreuses améliorations. »

Au temps pour moi, le natif de Fort-National qui commence à peine à découvrir les trésors scripturaux de sa langue maternelle !

Kacem Madani

(*)https://fr.scribd.com/document/108749492/Dictionnaire-francais-kabyle-par-le-pere-Olivier-1878

4 Commentaires

  1. Tres utile et merci pour le partage ma premis de rafraichir mes connaissances en Kabyle apprise en vivant en Kabylie il ya des deccenies de ca et Aussie Montre pour moi la relation etroite entre la Lange arabe et la langue Kabyle -En effect il ya un partage riche de parler enter arabophones et kabylophones Combien de mots parles par arabophnes sont des mots kabyle et vis Versa
    Cest interessant meme il ya des egratinures sur les marges du livre ecrite en arabe …Devra peut
    Etre traduis en plusieurs autre langues

  2. Monsieur, quand vous (re)copiez quelque chose sur le net, votre exercice préféré, faites-le en moins correctement. Ici, il s’agit bien d’un « Dictionnaire français-kabyle », non pas de « Dictionnaire kabyle-français ». La différence est de taille !
    Le reste, tel que le lexème « Dictionnaire » utilisé ici, je lui aurais préféré, aujourd’hui, presque 150 ans après sa publication, le terme de « Lexique français-kabyle ».
    Les entrées lexicales kabyles équivalentes, leurs segmentations, fixations graphiques… sont aujourd’hui de très loin dépassées ; désuètes. Le principe : un phonème = un graphème cher à la linguistique des années 30 du siècle écoulé est ici sacrifié. Le kabyle, comme le finnois, langue également « récemment » codifiée, pour exemplifier, sont deux langues de graphies gréco-latines qui ont largement bénéficié de ce principe.

    Au lieu de vous fier, comme vous l’écrivez, au hasard(*) – en fait, faire l’éloge du « vieux » (ayen n zik) (**), qui était jeune, au détriment du « jeune » (ayen n tura), qui va vieillir, dichotomie générationnelle présente dans toutes les cultures humaines, il est préférable de s’émanciper de ce hasard(*) et aller chercher la raison, là où elle doit se trouver : à quelques clics des universités disposant d’une chaire de berbère, en fait kabyle.

    Le meilleur dictionnaire bilingue (kabyle-français) dont dispose le kabyle aujourd’hui, digne de ce nom, est celui élaboré par Jean-Marie Dallet. Il fut vite adopté pour servir de référence aux étudiants kabyles, entre autres, en berbéristique. Son référent devint très vite « Le Dallet ». Pour les étudiants en berbèristique, « Le Dallet » était /est pour le kabyle ce qu’est « le Robert » pour la langue française, « der Brockhaus » pour l’allemand ou « The Oxford Dictionary of English » pour l’anglais.

    Pour ceux qui sont réellement intéressés et ne veulent rien laisser au hasard(*) des choses, ci-après suit son intitulé complet :

    Dallet (J.-M.), Dictionnaire kabyle-français : parler des At Mangellat, Algérie, Vol.1, SELAF, 1982, 1052 p.

    Notes

    (*)… Jusqu’à ce que le hasard des clicks me dirige vers un dictionnaire kabyle-français qui remonte à l’an 1878 !
    (**) Pour l’anecdote sur la querelle éternelle entre les anciens et les jeunes. Vers la fin des années 80 et début des années 90 du siècle passé, pour éviter la canicule d’été, je m’acharnais à travailler la nuit pour préparer mon mémoire magistère. Une nuit sur deux si ce n’est presque chaque nuit, je recevais la visite de mon oncle paternel, illettré de son état, mais vif et intelligent, pour quelques minutes de discussion… Pour lui tout ce qui est vieux, ancien… « ayen n zik » est toujours mieux que ce qui est « jeune, récent… « ayen n tura ». Un jour, en s’invitant chez moi, il me trouva la tête enfoncée dans un dictionnaire bien étoffé de publication et d’acquisition récentes… Mais, disait-il, n’est-ce pas que les anciens dictionnaires sont meilleurs que les récents ? Je vous laisse de deviner la suite de notre querelle (anciens vs. jeunes).

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