19 avril 2024
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Une pensée à l’historien Gilbert Meynier

Gilbert Meynier

Il y a 4 ans jour pour jour l’historien Gilbert Meynier nous a quittés à l’âge de 75 ans. 

Depuis sa deuxième hospitalisation à la clinique protestante à Caluire (petite ville du nord de Lyon) vers la fin du mois de novembre 2017, je lui rendais visite tous les après-midi pour échanger et lui tenir compagnie.

Nous étions rejoints en fin de journée par Hélène (sa fille) et Ouzna (mon épouse), et nous l’avions accompagné ainsi en lui tenant la main et en lui parlant. Après son dernier souffle, Ouzna a eu la présence d’esprit de lui fermer les yeux et la bouche, témoignant ainsi de sa vie hybride de Français algérien et d’Algérien français indissolublement compénétré.

Sa disparition a provoqué beaucoup d’émoi aussi bien en France qu’en Algérie chez tous ceux et celles qui l’ont connu. La presse écrite tant en Algérie qu’en France lui a rendu un bel hommage.

Grand spécialiste de l’Algérie, Gilbert a laissé une œuvre monumentale qui a largement contribué à une connaissance approfondie de l’Algérie, même si l’on n’a pas encore pris suffisamment conscience ici et là-bas de l’importance de son œuvre. Avec sa disparition, il n’est pas exagéré de dire qu’une partie de l’histoire de notre pays s’en est allée.

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Historien rigoureux, doué d’une riche culture, maitrisant plusieurs langues (le latin, l’anglais, l’allemand, l’italien, l’occitan, sa langue maternelle, (le gavòt) et la langue arabe dont il est titulaire d’un DEUG de l’université de Nancy II), il est d’une probité intellectuelle irréprochable. De l’avis même de ses pairs il est l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire franco-algérienne.

Son amour pour l’Algérie n’a d’égale que sa passion pour son histoire récente et lointaine, comme en témoignent les riches et nombreux travaux qu’il lui a consacrés s’étalant sur près d’un demi-siècle. L’historien Alain Ruscio soulignait que dans l’œuvre abondante de Gilbert Meynier, « il n’est guère de période de l’histoire de l’Algérie coloniale – et postcoloniale qui n’ait été « couverte ».

Malgré son attachement fort à l’Algérie, il est resté critique et hostile à toute pression officielle ou celle des lobbies de mémoire qui tentent de s’immiscer dans la conduite des historiens de part et d’autre de la Méditerranée.

Le monde de la recherche a perdu en la personne de Gilbert un grand serviteur de l’histoire et l’Algérie un fidèle ami. J’ose espérer que les Algériens reconnaîtront l’œuvre monumentale qu’il a consacrée sa vie durant à l’histoire de notre pays, (une histoire) très riche mais mal connue et mal enseignée, c’est une dette d’amitié et de justice que nous lui devons.

Raison de plus pour remercier l’association Med Action d’Akbou (Bejaia) qui lui a rendu hommage dans la revue Mémoire parue cette semaine.

Tahar Khalfoune

Sous (dir) Tahar Khalfoune, Mélanges offerts en l’honneur de Gilbert Meynier, l’Harmattan, Histoire et perspectives Méditerranéennes, mars 2019, 272 pages.

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