Dimanche 1 mars 2020
Voilà pourquoi nous avons démissionné du « RCD de Belabbas »
Nous avons été très patients, et avant de lancer le débat, nous avons tout fait pour attirer l’attention de Mohcine Belabbas sur ses louvoiements et essayer de rattraper les choses tant qu’il était encore possible de le faire. Il a tout fait pour éviter le débat à l’intérieur du parti et maintenant il veut interdire la parole, même à l’extérieur, aux militants qu’il a lui-même exclus. Drôle de conception de la démocratie!
Au lieu d’opter, comme tout parti démocratique, pour le dialogue et la concertation avec les cadres du parti qui ils l’ont invité au débat, à travers un courrier interne, qu’il a préféré rendre public en violation des statuts et du règlement intérieur, il a choisi le stalinisme en procédant à l’exclusion de toute voix discordante. La contradiction est désormais interdite dans le RCD. Ses communiqués viennent confirmer ce que nous redoutions depuis des mois. Selon son secrétariat national, avant 2012 le RCD n’était qu’un groupe de pression !!! Une question s’impose. Quelle était sa fonction au sein de ce « groupe de pression ».
Tout ce que nous disions informellement en interne depuis un bon moment est validé maintenant par les communiqués officiels du secrétariat national. Même les mises en scène auxquelles il se livre avec l’administration qui annonce des sanctions dont il sait qu’elles ne seront jamais appliquées et les guerres simulées avec les chaînes du pouvoir auxquelles il déroule le tapis rouge dans ses activités ne peuvent camoufler ses dérives. Des chaînes, nous citons Echourouk, Ennahar, El Bilad, ENTV et même El Hayat, qu’il a continué à inviter au moment où elles sont décriées par tout le peuple.
Commençons d’abord par rétablir une vérité. Il a affirmé récemment avec prétention sur El Magharibia qu’il a prédit les manifestations populaires, car tout simplement il est le seul à avoir confiance dans le peuple. Cela est une imposture.
Passons sur ses déclarations internes qu’il peut toujours nier, et référons-nous aux faits, rien que les faits.
Nous le mettons au défi d’apporter la moindre preuve, la moindre photo ou vidéo comme il se plaît à le faire sur sa page Facebook, de sa participation à la première marche du 22 février 2019. Non seulement il n’a pas pris part au premier vendredi, mais il a qualifié la révolution du peuple de louche et de manipulation. Pour preuve, ses deux plus proches collaborateurs actuellement ont déclaré lors d’une conférence publique à Becheloul, rapportée par la presse (voir le journal Liberté du 17 février 2019), « que ces gens peuvent bien sortir de la caserne et se prétendre de simples citoyens », avant d’ajouter que « ces manifestations sporadiques ne peuvent pas tenir longtemps …il y a des gens parmi les manifestants qui sont là que pour voler et piller. C’est pour cela qu’au RCD, nous disons qu’il faudra faire très attention à ces manifestations de rue ». Tout cela a été dit publiquement.
Dans ce sillage, son entêtement à maintenir les députés à l’APN et sa rencontre en catimini avec l’envoyé spécial du système, son ami Karim Younes, confirment ses doutes quant aux capacités du peuple à réaliser le changement radical. Il faut avoir un pied partout. On est, là, loin, très loin, de ses vanités affichée sur sa chaîne préférée.
Ses fréquentations à El Magharibia ont accouché de sa compromission avec Mourad Dhina, complice des assassinats des intellectuels algériens pendant la décennie noire, avec qui il a signé un document public. Les secrétaires nationaux ont découvert sa compromission dans la presse. Quel militant peut accepter ces méthodes dignes du FLN ?
Quand il constate a posteriori le scandale qu’a provoqué son alliance, il déclare qu’il a signé à titre personnel et qu’il ne savait pas qui a signé avec lui. Encore un mensonge. Il s’est réuni avec Dhina plusieurs fois à Paris avant la publication de ce communiqué.
Nous avons tous constaté, le mutisme de M. Belabbas sur les plateaux d’El Magharibia devant ses nouveaux partenaires qui se sont adonnés à des attaques en règle contre les démocrates qui se battaient durant les années 90. Lors de l’un de ses nombreux passages sur cette chaîne, ses amis ont poussé l’infamie jusqu’à responsabiliser, avec sa complicité bien évidemment, ces mêmes démocrates, alors premières victimes de l’hydre islamiste, des 200 000 morts qu’ils ont eux-mêmes provoqué. Le dédouanement se fait cette fois-ci avec la caution et la crédibilité du RCD qui a perdu 123 de ses meilleurs enfants assassinés par des hordes de terroristes.
Nous savons tous maintenant que ses émissions cachaient en réalité, en arrière-plan, des réunions informelles, où la souveraineté du parti était totalement hypothéquée. Avec son avant-dernier communiqué, il a donné la preuve que ses nombreux déplacements, entièrement pris en charge par cette chaîne, ont un prix qu’il portera sur la conscience : le reniement du combat et du projet du RCD.
L’absence de ligne directrice claire est le seul bilan qui peut être mis à son actif. Le RCD qui était la locomotive de tous les combats démocratiques est maintenant obligé de s’abriter derrière les autres pour exister. Notre parti est réduit à une agence assurant la promotion de M. Belabbas. Le site officiel du RCD en est l’illustration la plus parfaite.
Il a qualifié sur le plateau de Berbère télévision l’idée de la structuration du mouvement par la base de révolue et d’archaïque. Il a ajouté qu’à l’ère actuelle tout peut se faire en live. Quelle trouvaille ! Il est revenu à la charge à travers son communiqué scandaleux du 9 août 2019, dans lequel il a même pris la défense des généraux arrêtés et ignoré nos jeunes militants. Quelques jours plus tard, il fait machine arrière dans le cadre du PAD, instance à laquelle il a fait adhérer le parti, par ailleurs, sans l’aval de ses cadres. « Les forces de l’alternative démocratique appellent toutes les Algériennes et tous les Algériens à s’inscrire dans un processus constituant souverain à travers la mise en place d’organisations autonomes sous formes de cadres et commissions au niveau de la base sur le territoire national » était le contenu de la déclaration du PAD du 9 septembre 2019. Encore une fois, un pied par-ci, un autre par-là.
Pareil, concernant la désobéissance civile.il l’assimile par indigence intellectuelle à la violence. Ignore-t-il à ce point que les marches sans autorisations et que les appels aux maires à refuser d’organiser les élections à deux reprises avant de passer sous silence celles prévues pour le 12 décembre 2019 sont des actes de désobéissance civile ? Ne savait-il pas que le non-paiement des factures d’électricité et des vignettes des véhicules et que le refus de se soumettre à la justice, comme dans le cas du révolutionnaire Lakhdar Bouragaa, sont des actions de désobéissance civile?
Son militantisme se limite aux 300 m qui séparent le 87, rue Didouche de la place Audin. Ses sorties sur le terrain se font très rares pour ne pas dire inexistantes. Mais comme à son habitude, il a toujours la réponse : théoriser l’immobilisme.
Dernièrement, quelle fût notre surprise en lisant que le RCD appelait à une conférence nationale en présence du pouvoir. Un pouvoir illégitime décrié par l’écrasante majorité de la population.
Lors de la dernière réunion du PAD, il a été humilié dans son propre siège par Ali Laskri, qui a retiré les micros des chaînes-égouts, que M. Belabbas avait invité quelques jours plutôt au conseil national, avant de prendre la parole. Ali Laskri lui dira dès sa prise de parole que, lui, était contre la présence du pouvoir à la table des négociations…Voyez-vous M. Belabbas à quoi vous avez réduit le RCD !?
Il est le seul responsable de « l’opposition » à avoir appelé le pouvoir, fin janvier dernier, au dialogue au moment où tout le peuple le rejette. Cette proposition, ce même pouvoir l’a bien enregistrée…
Après avoir foulé aux pieds les statuts et le règlement intérieur du parti, renié le combat et le projet du RCD, il ordonne l’exécution des militants les plus actifs, les plus honnêtes et les plus sincères. il tient ses courtisans par les salaires ou les promesses électoralistes.
En l’espace de quelques mois, il a exclu et suspendu sans aucun motif une trentaine de cadres du parti dont le plus jeune maire du RCD dans la wilaya de Tizi Ouzou, Ahmed Haddadi, élu avec pas moins de 3500 voix. Le même sort a été réservé pour les deux jeunes élus à l’APW de Bejaia, Ahmed Mezahem et Yakout Goudjil, première femme présidente d’une section du RCD, ou encore le Dr Lamine Zetaren, membre du conseil national de la wilaya de Skikda et ancien membre du secrétariat national, et la jeune Secrétaire nationale Massiva Mazari.
Il a retiré la couverture politique au courageux et respecté P/APC de Bouzeguene, Rachid Oudali, qui a accroché au fronton de sa mairie, à côté du drapeau national, le drapeau berbère, en défiance aux déclarations provocatrices du chef de l’Etat major, et signifié aux juges, à travers un courrier officiel, son refus d’organiser la mascarade électorale programmée pour le 12 décembre 2019. Personne n’ignore que cette notification est venue à la suite de deux mises en demeure, comme il a procédé avec tous les cas similaires d’ailleurs, adressées à son père qui occupe illégalement un logement de fonction dans une école primaire. Cela a suffi pour lui valoir sa rancune.
Il a exclu, par téléphone, des militants qu’il a convoqués devant la commission régionale de gestion de conflits fraîchement remaniée pour les besoins de cette « épuration ».
Il ne s’est même plus embarrassé du respect du minimum des formes. ses convocations ont été émises en violation des articles 62 des statuts, 77, 78 et 79 du règlement intérieur qui stipulent que le conseil communal statue sur les conflits en première instance, qu’il est saisi par demande écrite du président du Bureau du Conseil dans les dix (10) jours qui suivent la prise de connaissance des faits reprochés et qu’il incombe à la partie, c’est à dire à lui, qui aura porté la faute à sa connaissance de présenter un dossier motivé. Or, à ce jour, il n’a ni présenté de dossier motivé ni introduit le problème devant le conseil communal.
Il n’a jamais rien assumé. Tout militant qui refuse son dictature doit disparaître.
Quelle différence y a-t-il entre ceux qui piétinent la constitution matin et soir pour s’en souvenir quand il veulent mettre les citoyens en prison et lui qui viole les statuts et le règlement intérieur pour les utiliser quand il désire exclure les enfants du RCD ?
Il a oublié la laïcité, la résistance citoyenne, le 20 avril, la régionalisation et interdit le débat interne. Que reste-t-il aujourd’hui du RCD ?
Il a hérité d’un grand parti avec ses dizaines de milliers de militants, ses positions constantes et respectées, ses productions, ses idées et ses activités riches et admirées. Il laisse derrière lui un désert.
Le RCD est un parcours, il a été renié, ce sont des statuts ils ont été violés, c’est un projet il a été trahi. Aucune autorité ou structure ne peut s’opposer à la base militante. Le devoir des militants fidèles à nos valeurs et nos martyrs c’est de ne plus reconnaître vos décisions. Il a le droit de changer de convictions et de défendre un autre programme mais pas d’enterrer le combat et le projet de société du RCD. C’est M. Belabbas qui est en dehors des idéaux du RCD.
Pour le groupe APW de Tizi Ouzou
Dr. Aït Hamou Azouaou