14 mars 2025
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100 Algériens expulsables : un test de fermeté française face aux autorités algériennes

La France s’apprête à transmettre aux autorités algériennes une liste de ressortissants qu’elle souhaite expulser vers leur pays d’origine. Selon l’Agence France-Presse (AFP), cette liste concernerait moins de 100 personnes  considérées comme présentant un risque sur  l’ordre public.

Une première liste de 80 noms, sur plusieurs centaines de ressortissants «dangereux» à expulser en priorité, transmise par la France, rapporte le Figaro.

Mais au-delà des chiffres, cette démarche revêt une dimension stratégique pour Paris, qui entend tester la volonté d’Alger de coopérer sur les expulsions de ses ressortissants en situation irrégulière.

Un premier test de fermeté pour Paris

Depuis plusieurs mois, le gouvernement français affiche sa volonté d’accélérer les expulsions, notamment en direction de l’Algérie, qui constitue l’un des principaux pays d’origine des étrangers en situation irrégulière en France. Cette nouvelle liste s’ajoute à celle de 700 personnes en détention administrative annoncée récemment par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Au total, Paris souhaiterait expulser près d’un millier de ressortissants algériens.

En transmettant cette première liste, la France entend jauger la réaction d’Alger et tester l’efficacité de son nouveau discours de fermeté. Pour Paris, l’acceptation rapide de ces expulsions par l’Algérie constituerait un signal positif, témoignant d’une volonté de coopération. À l’inverse, un refus ou une inertie prolongée placerait la relation franco-algérienne dans une impasse.

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Un risque de blocage du côté algérien

«Cette liste sera un moment de vérité. Soit l’Algérie accepte ces accords […] soit, elle ne le fait pas, et nous mettrons en œuvre […] la stratégie de riposte graduée qui peut aller jusqu’à la remise en cause de l’ensemble de nos accords» a insisté Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français. Il a affirmé que «c’est un principe de réciprocité, de respect mutuel qui doit nous guider».

Or, les premières réactions algériennes laissent présager une fin de non-recevoir. L’Algérie a récemment décidé de suspendre toute coopération consulaire liée à ses ressortissants détenus ou en situation irrégulière en France. Cette mesure, qui concerne trois consulats à Nice, Marseille et Montpellier, complique l’identification des personnes à expulser et retarde l’émission des laissez-passer consulaires indispensables à leur renvoi.

Le gouvernement algérien refuse catégoriquement d’accueillir des ressortissants expulsés sans un examen minutieux de leur situation. Les exigences algériennes ne sont pas dénuées d’arrière-pensées évidemment. Cette position constitue un obstacle majeur à la politique française, qui repose sur une coopération active des pays d’origine.

Un énième bras de fer diplomatique en perspective

Dans ce contexte, la France met Alger face à ses responsabilités. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a récemment rappelé que le refus de l’Algérie d’accueillir ses citoyens en situation irrégulière constitue une violation des accords bilatéraux. Il a insisté sur la nécessité d’un dialogue clair et ferme pour éviter une détérioration des relations entre les deux pays.

La pression monte également du côté du Premier ministre français, François Bayrou, qui a menacé fin février de révoquer l’accord franco-algérien de 1968 si Alger ne faisait pas preuve de davantage de coopération dans les six semaines. Cet accord a, en réalité, été vidé au fil du temps de l’essentiel de son contenu.

Face au risque d’un blocage persistant, le président Emmanuel Macron a tenté d’adopter une posture plus mesurée, se déclarant favorable à une « renégociation » de cet accord plutôt qu’à son annulation pure et simple.

Un enjeu diplomatique majeur

Ce bras de fer autour des expulsions constitue un test crucial pour la politique migratoire française. Un refus algérien affaiblirait la crédibilité du gouvernement dans sa volonté de fermeté et compliquerait ses relations avec d’autres pays d’Afrique du Nord. À l’inverse, une coopération algérienne ouvrirait la voie à une gestion plus fluide des retours, tout en apaisant les tensions diplomatiques.

Dans les jours à venir, la réponse d’Alger sera donc scrutée de près. Elle déterminera non seulement l’avenir des expulsions, mais aussi l’évolution des relations entre la France et l’Algérie sur un sujet hautement sensible.

Au-delà de ces affrontements diplomatiques, il est pour le moins curieux qu’un pays n’accepte pas l’accueil de ses citoyens expulsés par un autre pays ! En tout cas s’il y a des bénéficiaires de cette crise, ce sont bien tous les délinquants algériens vivant en France.

Samia Naït Iqbal

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