Mardi 23 avril 2019
Issad Rebrab passera la nuit en prison: on veut exclure la Kabylie du Hirak (Vidéo)
Issad Rebrab a été placé sous mandat de dépôt tard dans la nuit du lundi à mardi par le procureur de la République du tribunal de Sidi M’hamed. Le PDG de Cevital a été conduit dans un fourgon de la gendarmerie à la prison d’El Harrach, comme un vulgaire malfrat, dans une mise en scène qui frise le ridicule, où la chaîne privée proche du pouvoir Ennahar TV, a été présente pour filmer, en gros plan, une poignée de personnes, rassemblées pour la circonstance en criant «klitou leblad Yasserakine » (vous avez pillé le pays sales malfrats).
Cette arrestation, est survenue après que l’homme d’affaire Issad Rebrab ait subi un interrogatoire de quelques heures, apparemment suffisantes, pour que le procureur de la République décide de l’envoyer en prison.
Les chefs d’accusation sont, selon l’ENTV et l’APS, « une fausse déclaration relative aux transferts illicites de capitaux et vers l’étranger, surfacturation d’équipements importés et importation de matériels d’occasion alors qu’il avait bénéficié d’avantages douaniers, fiscaux et bancaires ».
Les chefs d’accusation sont bizarrement les mêmes qu’avait lancées il y a quelques années Abdeslam Bouchouareb, alors ministre de l’Industrie et des Mines, l’une des figures du Bouteflikisme, qui a été depuis démis de ses fonctions parce que éclaboussé par des affaires de corruption et dont le nom est sorti dans le scandale planétaire des « Panama Papers ».
À l’époque Bouchouareb avait mené pour le pouvoir une sale guerre pour salir Issad Rebrab sans la moindre preuve, utilisant pour la circonstance son appareil médiatique enragé d’Ennahar TV. Bouchouareb avait alors accusé l’industriel d’avoir transféré illégalement des devises à l’étranger lors de l’achat par son groupe de l’usine française Brandt. Bouchouareb avait par la suite déclaré que Rebrab a voulu introduire en Algérie « un matériel usagé déclaré à 5,7 millions d’euros alors que sa valeur réelle ne dépasse pas les 2,5 millions d’euros», ajoutant que «cet homme d’affaires a voulu offrir du matériel neuf aux Français et se débarrasser du matériel usé dans mon pays, l’Algérie». Drôle de coïncidence!
Aujourd’hui, et au moment où tout le monde attendait que passent à la trappe des personnes qui ont été au cœur du pouvoir durant les années du règne de Bouteflika, voilà qu’on envoie en prison un homme, qui n’a non seulement pas bénéficié des largesses du pouvoir durant les vingt dernières années, mais qui a vu en plus, tous ses projets, comme le très prometteur EvCon et l’usine de trituration de graines oléagineuses, bloqués sans justifications aucune.
Pour cela, on est en droit de se demander pourquoi cet homme est le cible de telles poursuites, alors que beaucoup le considèrent comme un industriel respectable et un symbole de réussite, surtout en Kabylie, où la population risque de voir d’un mauvais œil cette nouvelle charge des toujours nuisibles hommes du régime.
Issad Rebrab a été depuis le début du Hirak, bien accueilli par les manifestants où il passait, et il disait marcher comme un simple citoyen. Il a très vite et avait de nombreux hommes politique pris fait et cause pour le mouvement populaire.
Celui qui a ordonné l’emprisonnement de l’homme de 76 ans, veut semer le doute et créer la division entre ceux qui le considèrent comme un homme intègre, majoritairement en Kabylie, et ceux, qui seraient tentés, de croire en sa culpabilité.
Le pouvoir tient là une belle carte à faire jouer pour diviser les Algériens et affaiblir le mouvement de contestation, en l’emputant de la région de la Kabylie, qui soutient majoritairement Issad Rebrab, en l’isolant et l’enfermant dans le carcan identitaire qui lui a été réservée depuis l’indépendance.
C’est donc, à tous les Algériens de rester vigilants, en ne se laissant pas influencer par les canaux résiduels du pouvoir, qui profite de ce moment de confusion, pour régler ses comptes avec les hommes qui n’ont eu de cesse de les combattre.
Le jour où la justice sera véritablement libre et n’obéira ni au politique, ni au gendarme, ni aux généraux, ce jour-là, et seulement ce jour-là, on lui fera confiance et on acceptera que tout le monde, sans exception, lui soit présentée. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.