24 novembre 2024
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Report de la présidentielle : murmures de palais et ballons-sondes

DEBAT

Report de la présidentielle : murmures de palais et ballons-sondes

Devant l’incapacité avérée de Bouteflika de se montrer en public, le pouvoir est réduit à des mises en scène ridicules avec son portrait.

Impensables il y a quelques mois, le report du scrutin présidentiel d’avril 2019 et, de facto, la prolongation du mandat d’Abdelaziz Bouteflika semblent désormais envisagés au sein du pouvoir politique algérien.

Il y a encore quelques mois, la tenue du scrutin présidentiel en Algérie en avril 2019 ne faisait aucun doute. Son déroulé non plus, tant la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat apparaissait comme une évidence. Mais depuis quelques jours, à quatre mois de la date annoncée de l’élection, un autre scénario se dessine au sein de la classe politique algérienne : celui d’un report du scrutin et de la prolongation, de facto, du mandat du président algérien au pouvoir depuis bientôt 20 ans.

Aujourd’hui le clan aux affaires est dos au mur avec un président Bouteflika (81 ans) malade et particulièrement diminué physiquement. Même si rien n’est définitif, tant Abdelaziz Bouteflika est un habitué n’est pas homme à se retirer du pouvoir, depuis quelques semaines, des voix évoquent des esquisses de plans B en préparation.

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Ainsi, retarder la présidentielle serait désormais favorablement envisagé jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir, pronostique la presse. Bien entendu, le mystère demeure épais en haut lieu. Exactement comme pour la présidentielle de 2014 où Bouteflika a laissé planer le doute jusqu’aux derniers jours de dépôt de candidature. Il avait laissé le soin à ses relais de souffler le vrai comme le faux pour tromper l’opinion.

Joint par France 24, Chérif Rezki, l’ancien directeur du journal d’opposition El Khabar, estime qu’il s’agit, à ce stade, de « ballons-sondes » lancés par le palais présidentiel pour jauger les réactions. « La loi prévoit un délai de trois mois pour convoquer le corps électoral par décret présidentiel, donc on sera fixés vers la mi-janvier », explique-t-il.

D’autres voix l’estime impensable. “Les textes de loi prévoient uniquement la prorogation du mandat du président de la République en cas de guerre”, explique l’avocat Mokrane Aït Larbi à Liberté. Ajoutant : « Il n’y a aucune base légale pour justifier le report de l’élection présidentielle”. 

C’est dire que l’option du report n’a pour l’heure pas de base politique. Cependant restons prudents, car il faut rappeler que ceux qui dirigent le pays ont montré à maintes reprises que bousculer les texte de loi pour leurs intérêts ne les répugne pas.

Il y a une dizaine de jours, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salmane, est reparti sans avoir rencontré le président Bouteflika. La raison ? « Une grippe aiguë », selon un communiqué de la présidence. Depuis aucune nouvelle. La présidence n’a plus donné d’explication sur l’état de santé du président qui n’est plus apparu dans les écrans de télévision depuis sa sortie du 1er novembre dernier.

Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP) et porte-parole du mouvement citoyen Mouwatana, évoquait sans détour, sur France 24, la santé fragile du chef d’État : « Cela nous peine en tant que citoyens algériens de voir l’image de notre président dégradée à ce point. Il faudrait qu’il parte se reposer. Il est irresponsable de dire que le président Bouteflika est capable de mener encore un autre mandat… D’autant plus que son quatrième mandat a été un blocage total pour le pays ».

« Ce serait une atteinte à la Constitution »

Les images d’un président attaché à son fauteuil montrées le 1er novembre dernier ont choqué plus d’un Algérien. L’homme apparaissait absent. Le visage défait et le regard particulièrement vitreux.

Quand le pouvoir algérien a-t-il commencé à douter ? Tout a commencé à dérailler quand Saïd Bouhadja, président de l’APN, a été dégagé de son poste d’une manière des plus carnavalesques. Puis est venue l’heure de Djamel Ould Abbes, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), le parti de Bouteflika, lui aussi débarqué sans ménagement ni explication sérieuse. C’est lui avait annoncé quelques jours plus tôt qu’Abdelaziz Bouteflika serait bien le candidat du FLN à la présidentielle d’avril 2019. Une candidature qui n’a jamais été confirmée. En violation du règlement interne du parti, il sera remplacé par un député qui n’appartient à aucune instance du parti. Le même qui venait justement d’être porté par des mains invisible à la tête de l’APN. 

Il est manifeste qu’il y a un lien entre les disgrâce de Bouhadja et Ould Abbès. Voire même un objectif à court terme. Car pour changer la Constitution et se pemettre (dans les règles de l’art) ainsi une prolongation du 4e mandat, il faudra réunir l’APN et le Sénat.

Quinze jours plus tard, le débat était relancé par Abderrazak Makri, le président du Mouvement pour la société de la paix (MSP) islamiste. Plaidant pour un consensus national pour une transition démocratique et des réformes, il proposait de reporter le vote « pour une période qui sera déterminée d’une manière consensuelle. Aller vers ces élections, c’est aller dans l’inconnu », déclarait-il, affirmant avoir été en contact avec des proches du pouvoir. Ce qui avait fait dire à certains observateurs que l’idée émanait du cercle même de Bouteflika. Le premier ballon-sonde lancé.

Amar Ghoul, président du TAJ (Rassemblement pour l’espoir de l’Algérie), parti pro-pouvoir et souteneur devant l’éternel, lançait l’idée de la tenue d’une « conférence nationale » sous l’égide du président algérien « pour la mise sur pied d’une Algérie nouvelle, dotée d’institutions fortes et modernes ».

Ainsi donc, si l’on croit ce raisonnement le pays n’était pas encore doté d' »institutions fortes »…

Il y a quelques jours, c’est Amara Benyounès, qui soutenait sans rire que la coalition qui soutient le président attendait les propositions de l’opposition pour la sortie de la crise. Renversant !

On n’en a pas fini avec les propositions les plus invraisemblables

Auteur
Yacine K./France24

 




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