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C’est la faute à l’Occident !

REGARD

C’est la faute à l’Occident !

« Anida ten / Où sont les hommes

Widen ileqqmen tamusni / Qui greffent la sagesse ?

Anida ten / Où sont ceux

Widen isfdhen allen i lghachi / Qui ouvrent les yeux du peuple ?

Wa ihudden yella / Il y avait des hommes pour détruire

Wa yevnun ulach / Personne pour bâtir

Muten merra / Si bien que tous périrent

Gujlen w arrach / Laissant les enfants orphelins ». Extrait d’une chanson d’Aït Menguellet : A3li d Wa3li / Ali et Ouali

L’Occident a bon dos ! On peut, à bon compte, le rendre comptable de tous les crimes perpétrés dans le monde, l’accabler de tous les péchés. Particulièrement aux heures sombres de l’histoire. Comme à notre époque, au moment où les pays sombrent dans une crise multidimensionnelle : institutionnelle, politique, économique, sociale, sanitaire.

La “bouc-émissairisation” va bon train. Chaque pays du Sud, notamment l’Algérie, pour absoudre les gouvernants de leur responsabilité et culpabilité, dédouaner l’État de sa défaillance, sa gabegie et incurie, incrimine l’Occident.

Pour se faire, les intellectuels organiques officiant au service de leur États respectifs du Sud se chargent servilement et lucrativement de cette basse besogne d’embrigadement idéologique menée à l’endroit des masses populaires pour les arrimer au pouvoir, les asservir davantage à leurs potentats autochtones inamovibles.

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À force de matraquages médiatiques et de maquignonnages idéologiques, nos plumitifs de service réussissent grandement leur entreprise de conditionnement des esprits. Par leurs récurrents réquisitoires portés uniquement contre l’impérialisme occidental ou des « entités occultes », ils parviennent à blanchir l’État de leur opaque et sombre pays. À cautionner, par cécité ou complicité, les carnages économiques et les immolations sociales infligés aux travailleurs, les massacres perpétrés par l’État contre le peuple.

Avec ces manœuvres d’embrigadement idéologique, la population, corsetée par la pensée dominante étatique, aboutit à soutenir les politiques belliqueuses de l’État. À justifier son armement outrancièrement indécent eu égard à la misère de l’immense majorité de la population. À couvrir ses entreprises d’endoctrinement nationalistes et chauvines. À légitimer sa domination dictatoriale sur le pays. À l’épauler dans ses opérations propagandistes d’obtention d’adhésion des masses opprimées à ses politiques antisociales et liberticides. À exonérer sa responsabilité dans les sanglantes répressions exercées contre les opposants et contestataires. À valider ses falsifications historiques du récit national.

À soutenir ses entreprises de négation identitaire culturelle et linguistique des membres minoritaires des citoyens souvent réprimés pour cause de revendications de leurs droits légitimes. À occulter son asservissement à la caste des dominants, des puissances impérialistes.

En résumé, à entretenir l’illusion de la neutralité de l’État édifié au service des intérêts généraux de toute la population.

En réalité, de tous temps, par ses fonctions intrinsèquement oppressives et répressives, l’État œuvre au seul profit de la classe dominante.

Dans le cas de l’Algérie, à l’instar de tous les pays, l’État, comme il l’a prouvé par le passé et l’illustre actuellement, dévoile sa fonction foncièrement répressive, à la faveur de la crise multidimensionnelle et des contestations populaires. Pour preuve de son caractère de classe, le régime algérien est concentré depuis l’indépendance entre les mains des mêmes dirigeants inamovibles, transformés en véritable classe bourgeoise gérant le pays comme leur propriété privée cessible à leurs progénitures et leurs acolytes, par voie héréditaire politique.

En outre, contrairement à ce qu’on croit, dans cet univers dominé par le capitalisme mondialisé, tous les pays sont impérialistes. Ils sont tous portés par la même logique expansionniste et dominatrice. Particulièrement dans cette période de crise économique aiguë. Chaque pays, grand ou petit, est travaillé par cet irrépressible et impérieuse nécessité d’envahir un autre pays plus faible (le Vietnam a envahi le Cambodge, l’Irak le Koweït, le Maroc le Sahara occidental, Israël les territoires palestiniens, etc.), pour résoudre à sa manière les contradictions de classes, le besoin de capital et d’espace vital. Pour dévoyer le mécontentement social, canaliser la colère populaire vers des cibles étrangères.

La résurgence du nationalisme et du populisme s’explique par les préparatifs de guerres généralisées. Chaque État blinde militairement sa population pour la dresser aux confrontations armées imminentes. L’augmentation exponentielle des dépenses militaires dans tous les pays nous conforte amplement dans notre analyse. Les budgets de l’armement explosent au même rythme que les conditions de vie du peuple implosent. Certes, le capital se livre une guerre économique inter-impérialiste exacerbée.

Mais la guerre qu’il mène contre les conditions de vie des peuples est autrement plus cruelle et sanglante. Et le premier à la diriger contre la population est notre propre État, notre gouvernement national, succursale du capital mondial. Chaque État fait partie intégrale et intégrante du gouvernement capitaliste mondial. Chaque résolution gouvernementale est l’émanation directe de la direction collégiale du grand capital international.

L’indépendance économique est une illusion, une imposture. Au reste, pour ce qui est de l’Algérie à économie mono-industrielle, le pays est totalement tributaire de ses exportations pétrolières. Ce n’est pas l’État algérien qui fixe la quantité de barils à vendre, ni son prix. Ces paramètres sont déterminés par le marché qui dicte ses lois. Intégrée dans une économie capitaliste mondialisée, l’Algérie est confrontée aux mêmes enjeux stratégiques de l’offre et de la demande en œuvre dans tous les pays. Sa marge de manœuvre en matière de développement économique est fortement restreinte, obérée par sa dépendance au capital mondial.

De manière générale, chaque État, en particulier dans cette période de durcissement autoritaire international et de guerre économique généralisée, est susceptible de commettre d’épouvantables exterminations à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières (la Syrie nous a fourni le sinistre exemple, le Venezuela, le Soudan, l’Irak, le Chili, la Birmanie, la France avec la répression meurtrière des Gilets jaunes, etc.).

Aussi, faudrait-il cesser de livrer pieds et poings liés le peuple à « ses » despotiques gouvernants. De l’enchaîner au pouvoir par la soumission idéologique instillée par les multiples canaux de propagande étatique et médiatique. De le ligoter par l’endoctrinement à l’État, au gouvernement.

Aucun gouvernement ne mérite notre confiance. Jamais dans l’histoire contemporaine les pays n’ont été gouvernés par des dirigeants aussi irresponsables que dangereux, aussi incapables qu’inutiles, aussi ridicules qu’insignifiants, aussi incultes qu’immatures, aussi cyniques que psychopathes.

Jamais ils n’ont sabordé leur pays avec tant de cynisme, au nom de l’économie capitaliste irrationnelle, activant principalement au démantèlement de tous les services sociaux et à la destruction des moyens de production, exception faite des capitaux des dirigeants en constante augmentation.

De surcroît, ils sont tous, du Nord au Sud et d’Est à l’Ouest, comme le confirme leur gestion criminelle de la pandémie du Covid-19, à divers titres et à différents échelons, responsables de l’effondrement économique, de l’hécatombe sociale, de la hausse exponentielle de la paupérisation, des famines, de l’explosion du chômage, du délitement des liens sociaux, de la déliquescence des valeurs morales, de la décomposition de la société à l’échelle planétaire, des terrorismes intramuros et extramuros, de leurs financements, des guerres permanentes, des exodes massifs, de l’émigration, des génocides humains (Rwanda, Yougoslavie, etc.) et culturels (massacres et disparitions des diverses cultures millénaires) .

Partout les puissants despotes politiques nous infligent leur dictature tentaculaire. Les seigneurs de l’économie et les maîtres de la finance nous imposent la paupérisation, l’indigence.

D’Alger à Caracas, en passant par Athènes et Paris, les dirigeants dictent les mêmes mesures d’austérité, imposent des réformes antisociales, sur fond de la domestication des esprits et de la militarisation de la société. Jamais ils n’ont été autant unis et solidaires dans leur détermination à nous faire payer leur crise, nous affamer, nous priver de liberté. Jamais, nous les prolétaires (prolétaire : qui ne dispose que de sa force de travail pour survivre), avons été autant désunis qu’apathiques pour riposter aux attaques dirigées contre nos conditions de vie ou plutôt de survie.

Le principal responsable de nos malheurs, c’est le gouvernement de notre pays. Non l’Occident ou quelque opaque entité.

A cet égard, si ce n’est pas l’Occident qui est incriminé, accusé de tous les malheurs de la terre, c’est cette nébuleuse théorie du complot qui est convoquée à la barre du tribunal de la paresse intellectuelle pour décortiquer indolemment la presse internationale, analyser superficiellement les vicissitudes de l’histoire, en vue de légitimer sa procédure accusatoire ou plutôt inquisitoire contre les mêmes victimes expiatoires.

Les adeptes sulfureux des théories complotistes sévissent librement sur la Toile. Ces sinistres personnages à l’étroitesse d’esprit caractéristique, très répandus sur les réseaux sociaux, participent à cette entreprise paranoïaque chauviniste, chargée de puiser dans les poubelles des médias les immondices informationnelles pour appuyer leurs sempiternelles arguties conspirationnistes.

À l’instar du croyant pour qui l’œil de son Dieu, cette puissance visuelle illimitée divine, est omniprésent, scrutant et téléguidant les pensées et actions humaines, l’adepte du complotisme voit la main du Juif derrière tout événement dramatique, toute crise. À défaut de la Main du Juif, c’est le bras de la franc-maçonnerie qui est brandi, au mieux, le corps entier impérialiste étasunien (CIA), appelé à la rescousse pour suppléer l’absence d’analyse et d’arguments.

Rien ne sert de sonder les profondeurs des âmes ténébreuses des dirigeants politiques et économiques (nationaux), ni d’explorer les tréfonds des soubresauts de la géopolitique, ni de percer les soubassements des intérêts du capital. Le fatalisme règne en maître, au grand bénéfice du Grand Maître le Capital.

Tout s’explique fatalement par la prégnance du complotiste (occidental, sioniste, main étrangère) toujours embusqué derrière tout événement dramatique (mais, curieusement, jamais derrière un événement heureux. Dans une telle circonstance favorable, elle est attribuée au génie national, à ses dirigeants).

Ainsi, ces théoriciens du complot nous invitent, par leur raisonnement enfantin et infantile, futile et puéril, à lâcher la proie pour l’ombre : la lutte des classes pour le complotisme. Ce n’est pas la lutte des classes qui mène l’histoire, mais le conte de fée conspirationniste qui régit l’histoire.

Somme toute, tel un théâtre des ombres chinoises où les marionnettistes tiennent et tirent les ficelles, la scène politique nationale et internationale serait manipulée par les conspirationnistes (occidentaux, sionistes, mains étrangères) dissimulés derrière le rideau opaque des opérations des conflits géostratégiques, des guerres économiques, des tensions politiques, des soulèvements populaires.

On est en présence du degré zéro de la pensée, de la vacuité analytique.

Auteur
Khider Mesloub

 




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