23 novembre 2024
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Conclusion sur les procédés fondamentaux des harkis « intellectuels »

Contre l’idéologie harkie, pour la culture libre et solidaire (9)

Conclusion sur les procédés fondamentaux des harkis « intellectuels »

Là où les Etats-Unis mettent leurs bottes, c’est le chaos assuré pour le pays et la région.

Les maux, les carences et les contradictions de la société algérienne sont multiples, graves et douloureuses. Dans les parties précédentes furent examinés les problèmes principaux évoqués par les auteurs harkis. Un autre problème existe au pays : celui des droits culturels de la partie amazighe, notamment kabyle. Tous ces problèmes ont leur cause uniquement dans la scandaleuse gestion du pays par les castes au pouvoir. Cependant, les auteurs harkis se focalisent exclusivement sur certains problèmes, examinés dans les parties précédentes, d’une part ; et, d’autre part, ces auteurs ne se contentent pas de désigner les principaux responsables, qui sont étatiques, mais accusent le peuple d’être l’auteur de ses problèmes, en avançant le prétexte de sa foi dans une religion totalement condamnable.

Bien entendu, ces problèmes existent et exigent l’attention pour leur solution démocratique. Seulement, voilà : les auteurs harkis les évoquent sans les mettre dans le cadre général où ils s’insèrent ; ainsi, en donnent une vision tendancieuse opportuniste. En effet, en Algérie, comme dans n’importe quel autre pays, quelles sont les causes  des problèmes sociaux, quelque soit leur nature ?… Tout examen objectif rationnel répond : l’existence d’un système social basé sur l’infâme trinité : exploitation économique, domination politique, aliénation culturelle. Chaque nation en présente une version particulière, en fonction de son histoire. Il n’en reste pas moins que, pour l’essentiel, ce système a des traits fondamentaux qui se retrouvent dans toute nation. Par conséquent, supprimez l’exploitation économique, et vous n’aurez plus la domination politique, donc non plus d’aliénation culturelle ; par suite, vous n’aurez non plus les problèmes qui en sont les conséquences : frustration sexuelle, servitude des femmes, ségrégations culturelles et linguistiques, religion obscurantiste, etc.

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Mais… Car il y a un mais ! Et de taille !… Si un auteur insère ces conséquences dans leur réel contexte social, en tenant compte des causes fondamentales qui les produisent, cet auteur ne trouve pas de commanditaires pour le payer et promouvoir son œuvre. Cela est impossible parce que ces commanditaires tirent leur profit précisément du système social basé sur l’infâme trinité.

Notons, alors la méthode harkie employée. Les œuvre de cette tendance semblent présenter un discours de révolte contre l’injustice, en faveur des valeurs de civilisation : droits humains, liberté, égalité, démocratie, etc. Seulement voilà : ces propos de révolte sont financés et promus par des commanditaires qui ont une particularité : ils font partie des oligarchies dominantes-exploiteuses, impérialo-néo-colonio-sionistes. Tiens ! Tiens !… Est-ce normal, logique ?… A-t-on jamais vu des dominateurs-exploiteurs favoriser un discours de révolte authentique ?… Les harkis « intellectuels » n’inventent rien. Ils ne font que singer les discours de leurs maîtres : les impérialistes de tout acabit ont et continuent tous à évoquer les « droits humains » et la «civilisation » pour justifier les agressions contre les peuples « barbares ».

Rappelons-nous. Concernant les « Occidentaux » (États-Unis et Europe principalement), quand donc leurs idéologues, écrivains, universitaires, cinéastes, artistes, politiciens et « personnalités » diverses ont commencé à évoquer le problème des femmes opprimées et de l’Islam rétrograde ?… Juste avant l’agression contre l’Afghanistan. Auparavant, ils faisaient du commerce avec les Talibans sans jamais parler de ces problèmes. Les mêmes oligarchies occidentales n’évoquent pas ces problèmes, pourtant identiques, d’oppression des femmes et de l’Islam rétrograde en ce qui concerne l’Arabie saoudite et les pays du Golfe… C’est que les détenteurs de l’État dans ces pays offrent aux « Occidentaux », au prix convenable pour eux, le pétrole et des bases militaires ! Et cela depuis les fameux accords entre les U.S.A. et l’Arabie saoudite : les premiers assurent militairement la présence des seconds comme caste dominante, en échange du pétrole que celle-ci met à disposition des premiers au prix le plus bas. Notons qu’à présent cela ne suffit pas : l’entrepreneur immobilier devenu président des États-Unis a déclaré publiquement que les castes moyen-orientales harkies doivent payer plus, pour leur « protection ». Conclusion : l’évocation du problème de l’oppression des femmes et de l’Islam rétrograde, par les « Occidentaux » et leurs harkis « intellectuels », ne vise pas à libérer les premières et à réformer le second ; l’évocation de ce problème sert uniquement comme argument propagandiste à la main-mise occidentale sur les ressources naturelles et pour avoir des bases militaires dans les pays concernés. L’Afghanistan n’a pas de pétrole mais d’autres ressources naturelles importantes, et il est un territoire adéquat pour installer des bases de surveillance militaire, éventuellement d’attaque, contre la Chine.

Mais les idéologues de l’impérialisme hégémonique U.S. et ses alliés européens et sionistes ont également besoin de contrôler l’Afrique du Nord. L’Algérie a du pétrole et du gaz, notamment, et son territoire est situé stratégiquement entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. Le Maroc a d’autres ressources naturelles, et ce dernier ainsi que la Tunisie sont d’excellents territoires pour installer des bases de surveillance militaire et, si nécessaire, des bases pour avions et navires de guerre en vue d’agressions futures.

Et voilà que dans ces pays aussi, les idéologues impérialistes et leurs harkis, après eux, « découvrent » l’horrible oppression de la femme, l’épouvantable répression sexuelle et l’abjecte pratique de l’Islam, et, pour certains, la « colonisation » de la Kabylie par les « Arabes », alors que les Kabyles, qui ont un sens des réalités, certes dénoncent les injustices graves envers eux, mais en pointant les détenteurs de l’État comme responsables, et en se revendiquant Algériens, sans se « découvrir » une origine juive, comme prétexte pour s’allier aux colonialistes sionistes, en vue prétendument de régler le problème identitaire en Algérie, tout en ignorant totalement la situation nettement plus inacceptable du peuple palestinien.

Pour renforcer la réalité de leur « découverte », les oligarchies impérialo-sionistes font appel à trois sortes de harkis : 1) Les harkis « soft » et publics, dans le domaine « culturel » : écrivains, artistes, journalistes, etc. 2) les harkis « soft » mais secrets : l’organisation des « Frères Musulmans »n principalement. 3) les harkis « durs », armés et violents : les organisations terroristes se revendiquant de l’Islam des « origines ».

Ajoutons cette information sur un aspect particulier. Dans sa première phase, l’O.L.P. (Organisation de Libération de la Palestine), dirigée par Yasser Arafat, a tout fait pour ne pas introduire le facteur religieux dans la lutte pour le droit à une partie du territoire palestinien comme État. Ce furent les sionistes colonialistes israéliens qui s’arrangèrent, avec la collaboration des « Frères Musulmans », manipulés par le M16 britannique, et les dirigeants saoudiens, manipulés par la C.I.A., pour donner à la résistance palestinienne un aspect religieux. Ainsi, un problème de colonisation devient un problème religieux musulman, c’est-à-dire un « choc des civilisations ».  Même en se plaçant sur le terrain religieux, les idéologues impérialo-sionistes et leurs harkis évoquent exclusivement la nature violente du Coran, sans rien dire de celle contenue dans la Thorah. On revient toujours au « choc des civilisations », vue comme « supériorité » de la religion « judéo-chrétienne », à la place du choc, celui-ci nettement plus réel, entre dominateurs-exploiteurs et dominés-exploités, quelque soit leur religion ou spiritualité.

Par conséquent, les tenants de la « civilisation » auraient le « devoir » « humanitaire » de « libérer » l’humanité de tous ses maux, lesquels viendraient uniquement des carences de leur « culture ». Bush jr. est allé jusqu’à affirmer qu’il « entendait », chaque matin, la voix de Dieu, lui commandant ce qu’il devait faire pour « libérer » le peuple irakien de la dictature.

Notons qu’à l’époque, les impérialistes ne considéraient pas la religion musulmane et le Coran  comme le « Mal absolu ». Après l’invasion de l’Irak et la destruction de la Libye, ils ont fait un « progrès » considérable : ils ont « découvert » le Coran comme « Mal absolu ». Pourquoi ?… Pas difficile à le savoir : ces oligarchies impérialo-sionistes ont fait une constatation : s’il est vrai que, d’une part, ils ont réussi à disposer de harkis (« soft » et « durs ») se revendiquant comme « musulmans », ils se sont aperçus, d’autre part, que les peuples agressés (soulignons : peuples) , eux, recourent au Coran pour résister aux agressions impérialo-sionistes contre leurs pays ; de même, les immigrés musulmans font appel à la même conception pour résister au racisme et à l’exploitation dont ils sont victimes dans les pays de résidence, dominés par les oligarchies impérialistes.

Oui ! Il est indispensable de le reconnaître : encore une fois, actuellement, cette fois-ci dans le cas le la religion musulmane, le Coran sert non seulement aux organisations terroristes pour « justifier » leurs crimes, mais il est employé également par les peuples comme arme de résistance. L’ignorer ou l’occulter, c’est ne pas voir la réalité telle qu’elle existe. C’est, aussi, faire le jeu des harkis « intellectuels » qui diabolisent le Coran et les Musulmans en tant que tels. Pour constater cette réalité, il n’est pas nécessaire d’être musulman ou islamophile ; il suffit de raisonner de manière objective, concrète, honnête. Le Judaïsme et le Christianisme, eux aussi, ont eu (et continuent à avoir, bien que non médiatisés) leurs organisations terroristes dominatrices, d’une part, et, d’autre part, leurs résistants populaires contre la domination.

Mais de ces constatations, les idéologues et les harkis de l’impérialo-sionisme ne disent rien. Ils sont les fidèles disciples de Tartuffe : « Cachez-moi ce sein que je ne saurais voir » ! » Pour y parvenir, le procédé consiste à occulter totalement :

1) les causes premières et fondamentales qui produisent le recours négatif (dominateur) ou positif (libérateur) d’une religion, en l’occurrence l’Islam ;

2) les aspects positifs du peuple, notamment, les luttes citoyennes actuelles contre la misère sous toute ses formes : économique, sexuelle, politique, culturelle ; ces luttes ne sont pas uniquement l’œuvre de personnes athées, mais de citoyen-ne-s qui croient à leur religion musulmane et à leur Coran, comme instruments de lutte libératrice. Ils ne possèdent pas d’autre théorie ou conception libératrices ; et ce n’est pas leur faute, mais d’abord celle des intellectuels qui  ne savent pas leur offrir une alternative crédible.

Mais, voilà !… Ces aspects positifs ont l’inconvénient de dénoncer, plus ou moins consciemment, le système marchand mondial et national, comme cause première de leurs maux.

Ajoutons que les peuples musulmans, accusés des tares les plus infamantes, n’ont pas les moyens de répondre à leurs détracteurs. Et les intellectuels qui tiennent à défendre les droits de ces peuples ne disposent pas ou seulement de très faibles moyens d’information de masse.

Autre aspect à éclairer. Comment expliquer que les dirigeants des pays où existent des injustices sociales répriment, parfois, les conférences des intervenants visiblement harkis intellectuels ?… Le motif ne réside pas dans les actions et les œuvres de ces auteurs, mais dans ce qu’il y a « derrière » : les forces impérialo-sionistes qui les utilisent comme cheval de Troie. Toutefois, cette répression étatique ne va pas jusqu’à arrêter, emprisonner ou assassiner ces auteurs. Pas même interdire leurs œuvres d’exister et de se vendre (1). C’est que les dirigeants étatiques, eux aussi, trouvent leur intérêt à ne pas voir ces auteurs mettre les maux qu’ils dénoncent dans leur cadre réel : l’exploitation économique et la domination politique indigènes.

Tout ce « beau » monde est, finalement, gagnant gagnant !… Au détriment du peuple dominé, sans oublier l’extrême difficulté des auteurs dénonçant ces méfaits à publier leurs œuvres dans les moyens d’information de masse. Quand ces derniers ne sont pas contrôlés par les capitalistes, ils le sont par les oligarchies étatiques, directement ou par la fourniture de publicité payante.

Les auteurs harkis voient leurs œuvres primées, payées et louées dans beaucoup de pays. Comme par hasard, tous sont dirigés par des oligarchies impérialistes ou, en Israël, colonialiste sioniste. Comme par hasard, ces auteurs harkis sont invités dans ces pays au nom de la « culture », du « dialogue des cultures ». Comme par hasard, quand ces auteurs vont dans ces pays, ils n’évoquent jamais les problèmes économiques, politiques et sociaux qui y existent, sinon en atténuent beaucoup l’importance… Et, concernant les population dominées, là non plus, silence sur les causes réelles de leurs problèmes sociaux. Dans les pays où les auteurs harkis sont « invités », ils   évoquent et louangent uniquement la « démocratie » (sans avouer qu’elle est oligarchique), les droits des femmes (sans reconnaître ceux qui leur sont niés), l’ « égalité citoyenne » (sans parler des banlieues exclues du « festin économique »), et, en Israël, sans nommer les citoyens israéliens d’origine palestinienne réduits à des citoyens de série B, les Palestiniens soumis à l’occupation militaire, ni les immigrés africains parqués dans la banlieue de Tel-Aviv pour être expulsés.

Cependant, les auteurs harkis sont présentés par leurs parrains comme particulièrement « courageux », « victimes » de répression dans leurs pays d’origine, parce que combattants pour la « démocratie » et la « culture ». Est-ce un hasard si ces parrains sont, d’une part, les nostalgiques de la colonisation (qui n’ont pas accepté son abolition), les actuels colonialistes du territoire qui revient de droit au peuple palestinien (conformément aux résolutions de l’ONU), et, d’autre part, les requins de la néo-colonisation des pays du « Tiers-Monde » ?

Encore une constatation. Concernant ces auteurs harkis, nous sommes à l’opposé des auteurs refuzniks de l’ex-bloc « soviétique ». Certes, certains d’entre ces auteurs étaient payés par les officines des pays capitalistes. Néanmoins, ils ne s’attaquaient pas exclusivement aux tares de leurs sociétés, mais principalement aux castes qui dominaient leur pays, considérées comme la cause fondamentale des drames existant dans la nation. Il est vrai qu’alors, cette attitude répondait à la stratégie capitaliste impérialiste. Par contre, aujourd’hui, les oligarchies au pouvoir dans le « Tiers-Monde » sont généralement les harkis politiques du capitalisme impérialo-sioniste. Il faut donc les critiquer uniquement quand d’ « amis » ils deviennent des « ennemis » parce qu’ils menacent les intérêts « supérieurs » du capitalisme impérialo-sioniste (Saddam Hussein, Mouammar Gheddafi, à présent Bachar Al Assad et le régime iranien).

On le constate encore une fois : la culture et les œuvres culturelles s’insèrent, volontairement ou non, dans le processus général de confrontation entre dominateurs-exploiteurs et dominés-exploités. Le taire ou le renier, c’est faire le jeu des premiers, et jouir de privilèges en argent et en exposition médiatique. Dévoiler cette imposture est donc fondamental si l’on veut contribuer à une société humaine jouissant librement de ses droits, et solidaire. À suivre.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Notes

(1) Voir Abdellali Merdaci, « La guerre picrocholine entre policiers et écrivains ? » sur le journal « Reporters ». Malheureusement, je ne suis pas parvenu à trouver le lien ; je dispose uniquement du texte que m’a envoyé l’auteur.

 

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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