22 décembre 2024
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Risque de guerre entre l’Iran et les USA, après l’assassinat du général Soleimani

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Risque de guerre entre l’Iran et les USA, après l’assassinat du général Soleimani

Le puissant général iranien Qassem Soleimani, émissaire de la République islamique en Irak, et un dirigeant pro-iranien ont été tués tôt vendredi dans un raid américain à Bagdad, suscitant des appels à la « vengeance » de l’Iran et attisant les craintes d’une « guerre dévastatrice ».

Cette frappe a été décidée par le président américain Donald Trump, qui a donné l’ordre de « tuer » Soleimani, un dirigeant des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, selon le Pentagone.

Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l’Etat irakien, est également mort dans ce bombardement.

Selon un responsable irakien s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, « il était venu chercher Qassem Soleimani à l’aéroport, ce qui d’habitude n’arrive pas ». « Il l’a accueilli ainsi que « deux autres visiteurs et leurs véhicules ont ensuite été touchés », a-t-il ajouté.

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Il s’agit de « la plus importante opération de +décapitation+ jamais menée par les Etats-Unis, plus que celles ayant tué Abou Bakr al-Baghdadi ou Oussama Ben Laden », les chefs des groupes Etat islamique (EI) et Al-Qaïda, a commenté Phillip Smyth, spécialiste américain des groupes chiites armés.

A la mi-journée, le guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, a annoncé la nomination d’un successeur à Qassem Souleimani à la tête des forces Al-Qods, Esmaïl Qaani.

Il avait auparavant appelé à venger cette mort, tout comme le président Hassan Rohani. « L’Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l’Amérique criminelle », a dit M. Rohani. Téhéran a convoqué le responsable de l’ambassade suisse, qui représente les intérêts américains, pour dénoncer le « terrorisme d’Etat de l’Amérique ».

« Guerre dévastatrice »

L’assassinat ciblé de Soleimani va « enclencher une guerre dévastatrice en Irak », a prédit le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi, alors que le président Barham Saleh a exhorté « tout le monde à la retenue ».

Le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, a qualifié le raid d' »attaque injustifiée », tandis que le turbulent leader chiite, Moqtada Sadr, a réactivé sa milice anti-Américains, l’Armée du Mehdi.

Hadi al-Ameri, haut commandant du Hachd, a de son côté appelé « toutes les forces nationales à serrer les rangs pour bouter les troupes étrangères » hors d’Irak.

Au Liban, le mouvement chiite Hezbollah a estimé que venger le meurtre de Soleimani était désormais une « responsabilité » de la « Résistance » dans le monde entier.

Dans ce contexte, les Etats-Unis ont incité leurs ressortissants à quitter l’Irak « immédiatement ».

Depuis des années, Bagdad est pris en étau entre ses deux grands alliés, américain et iranien –eux-mêmes au coeur de tensions grandissantes sur le dossier du nucléaire– et la mort du général Soleimani laisse craindre un conflit ouvert.

La frappe américaine intervient après l’assaut mardi de l’ambassade américaine à Bagdad par des milliers de partisans du Hachd, une démonstration de force inédite qui a ravivé pour Washington le traumatisme de la prise d’otages à l’ambassade de Téhéran en 1979.

« Les renseignements américains suivaient Qassem (Soleimani) depuis des années, mais ils n’ont jamais appuyé sur la détente. Lui le savait mais n’a pas mesuré à quel point ses menaces de créer une autre crise des otages à l’ambassade (de Bagdad) changerait la vision des choses », a expliqué à l’AFP Ramzy Mardini, de l’Institut of Peace.

« Mesures décisives »

Le raid américain a visé avant l’aube un convoi de véhicules dans l’enceinte de l’aéroport de Bagdad, tuant au moins neuf personnes au total, selon des responsables des services de sécurité irakiens.

Outre le général Soleimani, l’autre grande figure tuée est Abou Mehdi al-Mouhandis, chef opérationnel du Hachd al-Chaabi et lieutenant du général pour l’Irak depuis des décennies.

Tous deux sous sanctions américaines, ils seront enterrés samedi. Alors que trois jours de deuil ont été décrétés en Iran, le Parlement irakien se réunira ce même jour pour déterminer la position officielle du pays.

« Sur ordre du président, l’armée américaine a pris des mesures défensives décisives pour protéger le personnel américain à l’étranger en tuant Qassem Soleimani », a indiqué le Pentagone dans un communiqué.

L’ambassadeur iranien à Bagdad a déroulé le fil des événements à la télévision d’Etat: « A 01H00 (minuit GMT), deux véhicules transportant les martyrs Soleimani et Abou al-Mouhandis ont été attaqués par des missiles des forces américaines et tous les passagers, soit 10 personnes ».

D’après le Hachd al-Chaabi, ces morts sont des Irakiens et des « conseillers iraniens ».

Cette frappe américaine intervient à la suite d’attaques à la roquette contre ses diplomates et ses soldats. Non revendiquées, elles ont tué le 27 décembre un sous-traitant américain et ont été attribuées par Washington aux forces pro-Iran en Irak.

Le 29 décembre, Washington avait rétorqué en bombardant une base près de la frontière syrienne, faisant 25 morts.

A moins d’un an de la présidentielle américaine et alors que le Congrès n’a pas été notifié en amont du raid selon un élu démocrate, les réactions ont divergé à Washington.

L’influent sénateur républicain Lindsey Graham a menacé l’Iran: « si vous en voulez plus, vous en aurez plus ».

Mais la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a estimé que « l’Amérique –et le monde– » ne pouvaient « se permettre une escalade » qui atteindrait « un point de non-retour ».

Le raid américain va « accroître les tensions », a jugé Moscou, tandis que Pékin et Londres ont appelé au « calme » et à la « désescalade ».

Le Premier ministre israélien a écourté un séjour en Grèce pour rentrer dans son pays, où un secteur du plateau du Golan, frontalier de la Syrie et du Liban, a été fermé.

Menaces

En matinée, les cours du pétrole ont bondi en raison des risques de conflit au Moyen-Orient. Des experts craignent aussi un isolement diplomatique de l’Irak, deuxième producteur de l’Opep, voire des sanctions politiques et économiques contre le pays.

En renversant en 2003 le régime de Saddam Hussein, les Etats-Unis avaient pris la haute main sur les affaires irakiennes. Mais le système qu’ils ont mis en place est désormais noyauté par Téhéran et des mouvements pro-Iran.

Ceux-ci ont assemblé un arsenal inégalé grâce à Téhéran et au fil d’années de combat contre l’EI.

Si le Hachd a combattu à partir de 2014 aux côtés des troupes irakiennes et de la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington, certaines de ses factions sont désormais considérées par les Américains comme une menace plus importante que l’EI.

Auteur
Avec AFP

 




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