22 novembre 2024
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Gaz pour le Maroc : un véritable camouflet pour Madrid et Rabat

 

Gaz

Le communiqué du ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, en réponse à l’email de son homologue espagnole Teresa Ribera pour inverser le Gazoduc Maghreb Europe (GME) afin d’envoyer du  gaz au Maroc, a fait un « buzz » des deux côtés des frontières algériennes entre l’Espagne et le Maroc. 

Il est à souligner au passage que cette offensive médiatique est allée jusqu’à ridiculiser le ministre algérien de l’Energie et des Mines le traitant de n’avoir « rien compris dans le message de son homologue espagnole.» 

Pourtant, cette vigilance a payé et se confirme de jour en jour. Pourquoi ?  Cette opération annoncée  par la ministre  de la Transition écologique et du Défi démographique d’Espagne, devait commencer le 27 ou le 28 avril 2022, il se trouve que selon Africa Intelligence  qui cite « des sources au fait du dossier », traîne encore  au niveau de la consultation restreinte qu’avait lancée le ministère de la Transition énergétique et du développement marocain à la recherche d’un contrat de longue échéance pour la livraison du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) dans les terminaux espagnols pour « y être regazéifié » et expédié au Maroc. 

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Il « n’a pas abouti » selon toute vraisemblance pour au moins deux raisons. La première, serait la forte demande du GNL des pays européens suite aux événements en cours de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie. La deuxième, ce sont les prix d’achat du GNL  actuellement hors de portée auxquels il faudrait ajouter les coûts de la regazéification et du convoyage par piping (GME). 

Les négociateurs marocains, nous apprend le même journal, « n’ont pas réussi à trouver des conditions favorables pour les contrats de long terme – cinq ans – envisagés par la ministre Leila Benali. 

Pourtant, dans sa conférence de presse moins de deux semaines auparavant, soit le 15 avril 2022, la même ministre tenait publiquement à féliciter les négociateurs marocains qui « ont  développé une capacité de négociation remarquable face à des traders chevronnés pour une équipe qui vient juste de faire le premier dans le marché du GNL ».

 Elle a reconnu lors de cette rencontre ne pas faire partie de la commission mais l’opération va débuter “bientôt” sans pour autant donner une date précise des premières livraisons. 

Suite à cette information rapportée par Africa Intelligence, le site électronique « Le360 » écrit dans sa livraison  d’avant-hier le 5 mai 2022 avoir pris contact avec le ministère de la Transition énergétique  qui «n’a ni confirmé ni infirmé cette information » à l’exception d’une réponse expéditive « d’une source autorisée » du type « le processus suit son cours. » 

Cela voudrait dire indirectement que les centrales à gaz concernées n’auront pas de gaz  dans les délais avancés précédemment. (01)  

Ensuite après la diffusion des approvisionnements en gaz du GME du gestionnaire du réseau gazier Enagás des chiffres mensuels du gaz reçu de l’Algérie, la presse espagnole a rapporté ce matin que les livraisons contractuelles ont été réduites de 25%. Dans ce cadre probablement,  un rétropédalage de gouvernement espagnol se dessine puisqu’il vient d’exiger du gestionnaire de réseau Enagás « de mettre en place un système de garanties d’origines afin de garantir que GNL acheté par le Maroc puisse être injecté dans le réseau gazier espagnol puis exporté vers le Maroc via le GME.»  

Cette opération exige techniquement du temps car elle est laborieuse et par voie de conséquence coûteuse, il faut réfléchir pour mettre un indicateur à chacun des gaz reçus à « l’entry point » mais une fois y  mélangé, il sera impossible de le séparer des autres gaz. Maintenant, s’il va falloir mettre en place une équipe mixte de contrôle, cela va augmenter le prix à l’expédition vers le Maroc qui va lui-même gonfler celui du KW/h sorti des centrales électriques marocaines pour que le citoyen de ce pays ne puisse jamais le supporter. 

C’est donc une façon indirecte du gouvernement de Pedro Sanchez de justifier une annulation pure et simple de cette opération d’inversion du GME  devenue un casse- tête qui s’ajoute à celui lié à son revirement sur le dossier du Sahara occidentale.

Leçon à retenir : dans cette affaire, l’Espagne gagne sur tous les plans, elle s’est assurée auprès des Italiens que les quantités qu’elles n’a pas reçues au mois de mars /avril lui seront compensées au prix contractuels et l’accord passé entre l’italienne ENI et le géant Sonatrach ne vise en aucun un prélèvement des quantités expédiées à travers le Medgaz. D’ailleurs, les dernier mois de l’année 2021, précisément à partir du mois d’octobre, la période a connu une perturbation dans le convoyage du gaz à travers Medgaz pour des raisons de maintenance des gisements, vite compensé pour que l’année se termine pour l’Algérie comme premier fournisseur de gaz à  d’Espagne avec un taux de 40%.  

Le Maroc et l’Algérie resteront  en dernier ressort les grands perdants. Le Maroc par son entêtement, sacrifie des citoyens qui n’auront pas d’électricité et s’ils l’obtiennent, il sera très cher dans un pays qui subventionne très peu les produits pétroliers. 

Selon un ancien rapport  du ministère des Affaires économiques et générales,  l’ambition du royaume de créer un filet de protection sociale surtout pour la couche démunie ne leur bénéficie pas car 42% des efforts financiers « allaient » à 13% aux foyers riches. 

Les pauvres n’en reçoivent que 7% et continuent de subir la hausse des prix de l’électricité et des transports. Le deuxième perdant c’est l’Algérie, qui s’est privée d’une sortie vers l’Europe qui lui a coûté les yeux de la tête. Les Occidentaux se serrent les coudes dans les moments difficiles, on l’a vu tout  long de cette crise ukrainienne mais les pays nord-africains et africains mettent en avant l’ego même s’il s’accompagne de leur désastre. 

Pour notre cas, la constitution et la coopération d’un ensemble politique et économique au niveau de l’Afrique du Nord devra être au-dessus de la passion quelle que soit l’enjeu politique.

Rabah Reghis        

Renvoi

(01)-https://fr.le360.ma/economie/linversion-du-gme-se-fait-toujours-attendre-des-questions-subsistent-sur-la-consultation-destinee-a-259569

3 Commentaires

  1. Le grand vainqueur, c’est l’espagnol Fertiberia qui bénéficie de l’immense générosité d’un prix du gaz algérien largement subventionné qui lui permet d’alimenter en ammoniac ultra compétitif à partir d’Arzew ses usines d’engrais en ESpagne puis viennent les autres …

  2. je cite l’auteur : « Pour notre cas, la constitution et la coopération d’un ensemble politique et économique au niveau de l’Afrique du Nord devra être au-dessus de la passion quelle que soit l’enjeu politique » . et vous voulez faire cela avec qui? les voyous au pouvoir depuis la décolonisation? Ceci n’est pas un vœux pieux, c’est pire; une complicité.

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