21 novembre 2024
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Nation, patrie, nationalité, on se calme !

Hirak Tanekra
A la suite des manifestations du Hirak/Tanekra, plus de 300 détenus croupissent encore dans les prisons.

Avec les Algériens, il existe certains mots qu’il est très imprudent d’exprimer en public sans prendre de précautions. Soixante-huit ans que je perçois dans le visage des autres une brusque attention, comme une méfiance, au prononcé de ces mots.

Que va-t-il dire ? Quel propos malveillant va-t-il proférer contre son pays, sa nation, sa patrie ? Chacun est à l’affût des paroles de l’autre, chacun surveille et teste le niveau de l’amour et du respect porté aux siens et au pays. Comme si le prouver était une obligation juridique ou morale.

Avertis de la célèbre réflexion de Camus « Ne pas nommer les choses c’est rajouter au malheur du monde », commençons donc par donner du sens à ces mots qui sont apparemment très peu connus ou mal maîtrisés.

La nation n’a pas d’existence juridique, elle n’est pas de l’ordre du droit. Il est ainsi permis à chacun de proposer sa définition. Le sentiment d’appartenance à un groupe humain est certainement le ressenti le plus fort que définit instinctivement la majorité. Mais un ressenti n’est pas une définition.

De toutes les définitions proposées, la plus célèbre est certainement celle d’Ernest Renan. L’un des extraits les plus retenus dans la mémoire collective est « La nation est un plébiscite de tous les jours ».

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Et de rajouter que la nation est un « projet commun » en solidarité, indépendant du lieu, des langues et de plusieurs attributs qui ne sont au fond pas les plus essentiels. L’existence de différentes régions géographiques, linguistiques et culturelles ne sont ainsi pas contradictoires avec la nation.

L’Algérie, une tour de Babel en délabrement 

Appartenir à la nation veut donc dire prouver tous les jours son attachement à la communauté. Il ne suffit pas de faire du bruit et de prononcer de grandes phrases éloquentes pour l’authentifier. Le plébiscite quotidien à la nation est dans les actes, pas dans les paroles, nous dit Ernest Renan.

Parce qu’on ne peut savoir ce que l’âme profonde d’une personne peut contenir, la parole ne la dévoile pas dans sa possible hypocrisie.

Échos du Djurdjura : méditations d’un jeune centenaire algérien (*)

La patrie n’a également aucune existence juridique. Tout comme la nation, elle peut être écrite dans tous les textes, y compris dans la constitution, elle n’a cependant pas de matérialité pour être prise en compte par le droit. Elle aussi est enfouie dans la conscience de chacun, impossible d’en affirmer la vérité par l’unique parole.

Si les deux notions, nation et patrie, sont à peu près équivalentes, il existe cependant une différence d’usage. Le mot patrie a généralement un sens guerrier, raison pour laquelle il est très souvent exprimé par « la patrie en danger », « la défense de la patrie » et ainsi de suite.

Pourquoi tout le monde déteste les Algériens ?

L’Algérie est-elle en guerre ou menacée à ce point qu’il est indispensable de convoquer le mot à chaque détour de conversation ?

Il faut cependant dire qu’elle est loin d’être la seule, tous les pays du monde ont cette même relation exaltée au mot. Car rappelons-le, ce n’est qu’un mot, indépendamment de la conscience individuelle.

Nous voici enfin au troisième, la nationalité. C’est le seul terme qui a un fondement juridique car associé à des éléments objectivement identifiants de la personne. On dit que c’est un des attributs de la personnalité juridique d’un homme ou d’une femme comme le sont, le nom, le domicile principal (pour le rattachement fiscal et électoral)  et le patrimoine.

La personnalité juridique d’un citoyen est sa capacité à bénéficier des droits et assumer des responsabilités légales. La nationalité est donc le rattachement juridique à un pays qui définit les droits et obligations prévus dans ses textes.

Il n’y a là aucune référence au rattachement moral à la nation ou à la patrie car personne ne peut être contrôlé de son véritable sentiment si ce n’est par la parole ostentatoire. Voilà pourquoi la double nationalité n’a rien à avoir avec l’amour de son pays d’origine.

Un rattachement juridique pour des raisons administratives de statut, souvent indispensable, n’enlève rien au sentiment porté au pays de sa naissance, de ses parents et de son enracinement à jamais.

Personne au monde ne peut la déchoir car un sentiment n’est ni visible ni corporel. Personne ne le pourrait, fut-il au plus haut sommet de l’état algérien. Les droits et les obligations s’annuleront mais pas l’âme profonde des êtres.

En conclusion, une personne doit-elle clamer avec tambours et tintamarre son intime relation avec le pays qu’elle aime et qui est son identité première ?

Ce tintamarre, je m’en suis toujours méfié. Il est là pour faire danser et chanter les autres d’un seul pas et d’une seule voix. Et chanter et danser ne sont pas les meilleurs moments pour une vigilance qui garantisse la liberté de penser et de s’exprimer.

L’amour ne fait pas de bruit, il est silencieux dans sa dignité et puissant dans l’intimité de son être.

Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant retraité

2 Commentaires

  1. « une personne doit-elle clamer avec tambours et tintamarre son intime relation avec le pays qu’elle aime et qui est son identité première ? »
    Quand un officier britannique a contesté la noblesse de Surcouf avec ces mots : « Vous, Français, vous vous battez pour l’argent. Tandis que nous, Anglais, nous nous battons pour l’honneur ! » Surcouf a répliqué : « Chacun se bat pour ce qui lui manque. »
    Peut-on remplacer battre par clamer et clamer par claironner, juste pour voir si cela peut mener quelque part.
    Clamer c’est claironner. claironner c’est jouer du clairon. Le Clairon est un instrument à vent. Claironner consiste donc à brasser du vent avec art. Certains excellent; yen a même des génies.

  2. « Que va-t-il dire ? Quel propos malveillant va-t-il proférer contre son pays, sa nation, sa patrie ? Chacun est à l’affût des paroles de l’autre, chacun surveille et teste le niveau de l’amour et du respect porté aux siens et au pays. Comme si le prouver était une obligation juridique ou morale. »

    C’est toutes les notions de pays, nation, nationalite’, etat, gouvernement… et que sais-je qui sont bafoue’es dans les tetes des Algeriens. Dit-on que le 1er a avoir formule’ la notion de Republique, du moins en ecrit, est Platon. Autre que ce que ce dernier a ecrit sur le sujet meme, il est aussi interessant pour les Nord-Africains specifiquement de lire sa bibliographie. La question de gouvernance et la structuration d’une societe’ parfaite lui taraudait la tete chez-lui en Grece. Puis sa redaction de la Republique ne sera entame’e qu’apres un tres long voyage. En Egypte en premier lieu, puis de la, vers l’Atlantique – a la recherche de la mysterieuse peninsule Atlantis ou se trouvait la civilisation avance’e, qui serait la seule capable de resoudre l’enigme de la societe’ parfaite. Et c’est la qu’il fera un tour chez-nous.
    Au retour, il annoncait qu’il n’a trouve’ l’Ile magique, mais la societe’ et la gouvernance qui en serait digne, c.a.d. parfaite. Chez-nous, il aura donc observe’ la gestion parfaite du village et de la cite’, a travers l’assemble’e villageoise.
    Allez lire le moindre ecrit en langue francaise qui ne transformerait des phrases simples en tournures qui font mal a la tete. C’est de la meme maniere qu’ils ont apporte’ le Christiaisme qui n’avait ni tete ni queue jusqu’a ce que les histoires de miracles et lepre ne soient traite’es de maniere structure’e avec la methode de la philosophie sous la rigueur de la logique – a Souk-Ahras et Annaba. Mais, tous les Jean-Francoise MonLuc sont arrive’s a trouver des tournures de phrases pour faire croire a qui voudrait qu’ils en seraient les auteurs illumine’s. Il s’agit la des AC/DC non-libere’s qui trainent a Paris. Quand a ceux qui en savaient quelque-chose, ceux-la sont venus le vivre et pour beaucoup en mourir. Et c’est pourquoi j’adore les Anglais, ils savent mettre les bouchons aux Francais, la ou il faut. Un bon tel example est les traductions et interpretations des Memoires de Salluste. Un Senateur Romain admirateur et du Roi(Massinissa) et de son neveux. Dans la version et l’etude de Cambridge(Anglais) y sera bien inclu ou etaient envoye’e les differentes arme’es de la coalition Romaine. C’est bien Jugurta qui a ete’ charge’ de ramener La Gaule dans l’Empire. Si vous ne me croyez pas, demandez a Giscard d’Estain.

    Mais tout ce monde est etranger a cette terre. Que dire des Impostures khorotiettes wataniet, islamerdia, 3khrabia, demokhratia et je ne sais quoi. Ces gens ont gaspille’ des millions de vies et ils osent montrer leurs becs. Que des Gros Nez sans un moindre niff… Pour ca, il n’y a plus qu’une histoire entre eux et quiconque qui soit arrive’ a se trouver un moindre papier de secours a l’etranger. Ils ont et continuent de piller les richesses de la Nation et Peuple Touareg, et font la terreur partout le long de l’Atlas. C’est des voleurs et violeurs genocidaires a combattre partout et par tout les moyens. Ce n’est que le jour ou tout le regime s’effondra comme le fut celui de gadafi et sadam, qu’il y aura lieu de penser a batir une societe’ moderne – apres avoir vaincu les islamettes et leurs concubins d’Asie.
    Si vous n’aimez pas la verite’ crue, vous pouvez foutre votre ordinateur dans un micro-ondes pour quelques minutes, ca sera pret et hallal-meme. Bon appetit.

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