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A comme Algérie (25)

Le youyou

A comme Algérie (25)

Y comme youyous

Les youyous, longs cris aigus et modulés poussé par des femmes de l’Afrique du Nord y compris les juives séfarades et par extension de certaines régions du Moyen-Orient (Wikipédia). Dans son livre « Les Alouettes naïves », Assia Djebar écrit : « ce roucoulement qui tant de fois perçait en vrilles nos cœurs d’hier dans les noces…des roucoulements aigres que toutes poussaient au fond de la gorge… ». « Le cri de triomphe traditionnel » ou celui du deuil : des « femmes se mirent à hululer telles des hyènes. » Celui du combat pour « envelopper le champ de guerre d’une terreur triomphale. » Certes, on a du mal à imaginer les youyous ne symbolisant que la joie tellement ils siéent aux hurlements. Aux cris d’une bête aux abois. Hérodote mentionne qu’ils étaient pratiqués en Libye antique (berbère) et la Grèce dans les temples de la déesse Athéna. « Cris perçants qu’on entend dans les temples de cette déesse… » Athéna, divinité grecque, Minerve chez les Romains. Déesse aux multiples barakas : de la sagesse, de la stratégie militaire, des artisans, des artistes, des médecins et des maîtres d’école. Fille de Zeus et de Métis, déesse de la Raison, de la Prudence et de la Sagesse.

Prévenu qu’un fils de cette dernière le détrônera, le roi des dieux avale le fœtus. Quelques mois plus tard, souffrant d’une terrible migraine, il demande à Vulcain, dieu du feu, de lui fendre le crâne. C’est ainsi qu’est née la divinité des youyous « brandissant lance et bouclier » de la tête du père. Forcément sans mère. Ce coup de canif à la conception la voue aux symboles contradictoires et à la virginité éternelle telle l’Immaculée. Protectrice d’Athènes qui lui dédie le Parthénon, Parthénos (jeune fille), on lui attribue l’invention de la charrue,…de l’attelage du bœuf, du cheval. En déesse méditerranéenne, elle offre l’olivier et le figuier méritant ainsi l’hymne homérique : « Je chanterai Pallas (Sage) Athéna, puissante protectrice des villes,…des travaux guerriers, des villes saccagées, des clameurs et des mêlées. Elle protège les peuples qui vont au combat ou qui en reviennent. Salut Déesse ! Donne-moi la bonne destinée et la félicité. » Le fait d’être née du cerveau et non des côtes de Jupiter est comme une réconciliation entre les filles d’Eve et le ciel. Tout en s’imposant comme l’enfant préférée du géniteur et patron de l’Olympe qui n’a rien vu venir…

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Pendant la guerre d’Algérie, les femmes poussaient des youyous pour soutenir les combattants notamment au moment de leur exécution. Douleur sublimée et partagée pour qu’ils accèdent au statut de chahid… Puis vint l’Indépendance, le réveil brutal des années 80 avec le code de l’infamie et le traumatisme des années 90. Youyous étouffés par un ventre traître qui enfante le bon et le mauvais fils, le vrai et le faux frère avec la terreur des islamistes et la lâcheté des politiciens. Quant au mot « infamie », il n’est pas assez fort quand on pense que les législateurs du code étaient inconnus au bataillon, absents du champ de bataille et de la diplomatie internationale. Au-delà des frontières, planqués derrière leurs chars emballés attendant la sonnerie du glas de la victoire pendant que les moudjahidates affrontaient à main nues les soldats de la deuxième puissance mondiale. Ce qui n’a pas empêché les Algériennes, pas rancunières, de donner leurs bijoux en or accompagnés des youyous de la délivrance. Malgré le pessimisme de la chanson berbère : « Vaste est la prison, – D’où me viendras-tu, délivrance ?

À l’ère où les youyous se résignent à animer des mariages avec des faux louis d’or et du couscous roulé à la machine. Idem pour le henné industrialisé badigeonnant à la hâte la main tremblante de la reine éphémère, la mariée. Dans une ambiance made in China de paillettes d’aluminium et de feux d’artifice tueurs d’oiseaux. Pendant que le fourbe dinar se fait rare et en même temps ne vaut rien, les femmes se vendent et s’achètent pour rien. Il paraît que ces « idiotes » vendent la parure de la dot pour se libérer. Heureusement que les bijoutiers, pour s’en sortir, allègent le poids des bijoux quand ils ne les trafiquent pas au bled où les réserves en or et or noir poussent les Yankees à jouer la fable du « Corbeau et du Renard » aux bougnouls mercenaires. L’invisibilité totale a du bon quand elle profite à tous et notamment au Raïs. C’est Hegel qui remarque que « la chouette de Minerve (d’Athena) ne prend son envol qu’au crépuscule ». Sans tarder, les philosophes mis en quarantaine, prennent la bestiole pour symbole. Tout en précisant qu’en plein jour les limites de l’œil humain ne dépassent pas quelques kilomètres. Par contre, la nuit, les étoiles sont bien visibles à des millions de kilomètres. En Algérie, depuis qu’on parle de la chute du prix du pétrole, de l’espoir dans le gaz de schiste, des caisses vides, d’écroulement et /ou de stabilité, le nerf optique ne capte du ciel que des fumées blanches quelle que soit la position des aiguilles de la montre. Sans parler du dinar qui continue à fusionner avec les trous noirs et ne voit son apothéose que dans la planche à billets que des historiens hors système accusent d’être la cause de la Seconde Guerre mondiale. Demain, la mère chanceuse lancera des youyous quand son enfant ira acheter une baguette de pain avec un gros sac-poubelle rempli de billets. Dommage que les zaouïas flirtent avec le Palais et boudent la populace qui n’a plus ses voyantes et taleb d’antan pour les consoler, sans langue officielle, avec talismans et grigris. Si Athéna ressuscitait, elle serait aussi la déesse des pilotes, des hôtesses et stewards puisque l’avion a remplacé le cheval. Les hôtesses de l’air ont raison de demander 30 millions de centimes par mois. À l’époque où le gouvernement offrait la même somme aux députés, on râlait à mort. Pourtant, ces millions qui nous paraissent hallucinants, sont normaux en format mondialisé, c’est-à-dire en euros. C’est l’équivalent du Smig européen que gagne l’émigré lambda.

Qui mieux que le personnel navigant est bien placé pour savoir que tout avenir algérien sûr se conjugue avec une adresse française. Munis d’un Qi plus élevé, les pilotes l’ont bien compris en exigeant, à l’avance, le salaire d’un footballeur de l’Equipe nationale et en sus né au bon endroit. Pas étonnant que la révolte « légitime » des employés d’Air Flouss ouvre la boîte de Pandore des grèves au profit des autres poids lourds : les toubibs et les enseignants. Malheureusement, pour ces derniers, la Régence ne fait pas confiance aux « de souche ». C’est elle qui signe leurs diplômes. Par contre, heureusement, l’université algérienne ne forme pas les pilotes. Ce sont des conducteurs de Boeing qui rapportent de l’argent, beaucoup vue la cherté du billet et la concurrence inexistante. Ces chauffeurs aériens peuvent se délocaliser sans refaire à zéro leur formation. Pour preuve, ils méritent les youyous et les bravos à l’atterrissage. Sacrée Air Baraka qui arrive à posséder plus d’agences à Paris qu’Air France.

Pour la gestion, c’est une affaire Régence contre Régence, public ou privé, « kif-kif au même ». Quelle différence entre le général el Hadj et Moussa le patron quand le mérite ne se trouve ni dans la médaille ni dans le capital. Au royaume des voleurs, le roi est forcément l’assassin des volés. À ce stade-là, l’Algérie est tout sauf une énigme, une réussite parfaite pour le duo des deux gendarmes : France-Amérique. Des Algériens enfumés par leur « âssabya » et des Algériennes étouffées par leurs youyous. Des youyous réquisitionnés avec haïk blanc, s’il vous plaît, pour accueillir le Raïs roumi. Une façon d’atténuer ou de renforcer le cordon policier. Charmer l’illustre visiteur dont on devine qu’il nous laisse plus diminués plus déroutés qu’avant notamment quand il a le sourire facile d’un Macron Oui-Oui sans le doute si rassurant, si humain. Combien ? Pourquoi ? Jusqu’à quand ? Flagellation de questions sans réponse dans l’obsession du tandem vrai-faux d’un John Saul qui : « nous conduit à des solutions artificielles aussi rassurantes que l’ancienne certitude que la terre était plate. » Précisons que c’est un Américain qui parle à ses compatriotes en 1992 au moment où, en Algérie, la langue se déliait au son du sabre aiguisé. Soyons optimistes, grâce à la visite du Président français, on découvre que l’Algérie possède des avions militaires entretenues et des commandants de bord bien entraînés pour parfaire la Concorde nationale jusqu’au Mali…

Assia Djebar précise que le youyou est une traduction française. Dans le site an-nassiha.com, on peut lire : Question : Quel est le jugement concernant le zaghrata (youyou) qui est le bruit collectivement fait par les femmes…aux célébrations de mariage. Faites-nous en bénéficier qu’Allah vous récompense. Réponse ( du Cheikh Salih Al Fawzan) : Il n’est pas permis aux femmes d’élever leur voix en présence des hommes ni de la manière du « zaghrata » ou n’importe quoi d’autres, car en effet la voix de la femme est une fitna (épreuve) …le zaghrata n’est pas connu chez aucun des musulmans du passé ou du présent. Ainsi cela est une mauvaise coutume qui devrait être délaissée, puisque cela est aussi une indication (d’une femme) ayant peu de honte. » Le prédicateur confirme les dires du géographe grec : les youyous ne sont pas arabes, mais berbères. De nos jours, malgré l’islamisation, ils fusent de temps en temps quand le fils ou la fille se marie, obtient un diplôme scolaire pour devenir tout sauf enseignant. Des zagharites qui ne peuvent naitre et mourir qu’entre deux mâchoires pour une école que tout le monde qualifie de sinistrée et un mariage décodé à force d’être codé. Et pour cause, les médias officiels s’alarment du chiffre des divorces (année 2017) en précisant que le Khôl est le principal responsable. Probablement, une façon d’étouffer les youyous dans le gosier des « pécheresses » en les réservant aux « youyouettes » de service qui ne vrillent que les tympans morts d’une caméra. Non, décemment la déesse des youyous et de la stratégie militaire, Athéna, n’est qu’un mythe de bonne femme qui hait la guerre d’où le choix de la cible. Au moment où la survie pose problème à toutes les espèces, on remarque que la guerre des sexes reste accessible et efficace. Le grand stratège Sun Tsé dit que la meilleure défense pour éviter la guerre, c’est s’imposer grâce au leadership. Qu’aurait-il dit, aujourd’hui, où la vente des armes assure le leadership étasunien et sème la guerre chez les meilleurs acheteurs tiers-mondistes ?

 

Auteur
Mimi Massiva

 




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