28 mars 2024
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Affaire Khashoggi et du Yémen : la réponse du berger à la bergère

DECRYPTAGE

Affaire Khashoggi et du Yémen : la réponse du berger à la bergère

Ce début de semaine, le secrétaire d’Etat, chargé de la diplomatie américaine Mike Pompeo a averti le prince héritier du royaume saoudien que les Etats-Unis est en possession d’éléments suffisants sur l’affaire pour exiger des comptes « à toutes les personnes impliquées dans le meurtre de Jamal Khashoggi.

Dans ce cadre justement, Washington estime que le royaume wahhabite devrait en faire de même pour accélérer les procédures au lieu de perdre son temps à effacer des preuves, devenues visibles à l’œil nu à Ankara.

Le diplomate américain a profité de cette occasion pour inviter Mohamed Ben Salmane dit « MBS » à œuvrer de tout son poids et dans les meilleurs délais pour « mettre fin aux hostilités au Yémen », et d’entamer des négociations sérieuses pour y parvenir. Ce nouveau message s’apparente à un changement de ton de Washington, qui avait déjà pressé Riyad d’élucider l’affaire Khashoggi mais semblait, jusqu’ici, accorder le bénéfice du doute à MBS, un puissant allié des États-Unis au Moyen-Orient.

Ce rebondissement des Etats-Unis intervient au lendemain des déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan avant son départ à Paris pour assister au centenaire de l’armistice  la Première guerre mondiale, placé dit-on sous le signe de « paix », le  « patriotisme » et le « multilatéralisme », pendant que des milliers d’enfants yéménites meurent avec les armes du pays organisateur du forum. Il a affirmé dans une conférence de presse avoir communiqué aux américains les fameux enregistrements dont les journaux turcs ont tant parlé réalisés au consulat le jour de la mort du journaliste dissident. Il a affirmé publiquement que les responsables américains «ont écouté les conversations qui ont eu lieu ici et  ils savent tout ».

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Un proche conseiller du président turc, membre de l’AKP devait emboîter le pas pour donner plus de précisions sur ces enregistrements qui selon ses déclarations donnent des détails sur le démembrement du corps du journaliste et sa dissolution totale dans un acide fortement concentré. Pour lui, l’enquête est close, l’assassinat est prémédité et les auteurs sont identifiés mais l’Arabie saoudite s’adonne à des manœuvres dilatoires pour gagner du temps et faire oublier l’événement. 

A peine quelques heures après… la réponse du royaume était toute prête, à la forte baisse du prix du brut, l’Arabie saoudite se décide à prendre les devants, en attendant un éventuel accord au sein de l’OPEP prévu décembre à Vienne au moment même où les pays européens et certains Etats américains sont en pleine crise des prix des carburants. Cela certainement une manière de rendre la pareille aux récalcitrants occidentaux qui piochent sur une affaire saoudis/saoudienne.

Le pétrole comme arme d’influence

L’Arabie Saoudite jusqu’à présent aux ordres de l’oncle Sam, est devenue subitement soucieuse pour réagir ainsi vivement à la chute récente du prix du pétrole. Depuis son  pic du 3 octobre , à 86 dollars, au plus haut depuis quatre ans, le baril de Brent a en effet plongé de plus de 18 %. Le royaume semble aussi avoir pris acte du manque de soutien de la Russie, qui ne semble pas prête à diminuer sa production d’or noir, sauf à ce qu’il y ait un consensus ; donc le ministre saoudien de l’Energie Khaled Al Faleh a annoncé dimanche que son pays allait réduire sa propre production, ce qui entraînera une diminution des exportations de 500.000 barils par jour en décembre. Ce qui est plus surprenant, c’est ce regain soudain à la préoccupation de la chute des prix du baril.

En fin de journée, les ministres réunis à Abu Dhabi sont tout de même convenus de dire que face à un marché qui sera en surproduction en 2019, « une nouvelle stratégie pour équilibrer le marché » était requise. « Je pense qu’il y a probablement un soutien à l’idée qu’il y a trop de pétrole sur le marché, alors que les stocks et les inventaires augmentent », avait estimé dans la journée, Mohammed Al Rumhy, ministre du Pétrole d’Oman. Il avait évoqué le chiffre d’une baisse de la production pouvant aller jusqu’à 1 million de barils par jour.

L’Arabie saoudite a donc profité de l’occasion et face aux nouvelles menaces qui pèsent sur elle dans l’affaire Khashoggi,  a décidé de jouer sa partition en solo, en attendant la prochaine réunion plénière de l’OPEP, le 5 décembre à Vienne, où la question sera au cœur des discussions. Cela permettra à la France, l’Allemagne et surtout les ONG’s américaines de s’occuper des éventuelles augmentations de carburants et mettre de côté ce qui se passe au Yémen et cette affaire Khashoggi.     

Auteur
Rabah Reghis

 




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