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Algérie : la fraude, la digue et la Révolution !

REGARD

Algérie : la fraude, la digue et la Révolution !

Le mouvement populaire toujours vent debout. Crédit photo : Zinedine Zebar.

Ceux qui avaient un espoir d’évolution du système depuis l’intérieur, et qui auraient voté en dépit de l’immense mobilisation nationale rejetant ces élections, sont maintenant rassurés. 

La fraude systémique

Une nouvelle démonstration des pratiques condamnables du système a installé un ‘’nouveau président’’ avec moins de 10 % des suffrages. Ceux qui ont voté peuvent toujours croire au déluge de promesses d’ouverture et de moralisation faites après coup.

Une certitude, il n’y aura jamais de démocratisation du pays par les acteurs du système politique au pouvoir. Ce sont les fraudes de 1962 / 1963 qui sont reconduites jusqu’à ce jour… et qui seront reconduites et amplifiées aussi longtemps que ce système ne sera pas balayé.

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Au bourrage habituel des urnes, les listes d’électeurs fantômes et la manipulation fantaisiste et sans limite des chiffres, le peuple algérien semble découvrir la pratique des ‘’soldats électeurs’’, des soldats mobilisés au besoin pour remplacer les citoyens boudeurs des urnes, méthode pourtant utilisée depuis très longtemps dans les villes algériennes. 

Ce qui est nouveau, c’est le transport de ces ‘’troupes’’ vers des zones de fort boycott pour parer la défaillance de la population locale et produire des chiffres et des images pour leurs chaînes de TV. Le KGB (ou son remplaçant actuel en Russie) a encore des leçons à apprendre.

Le système politique et ses prédateurs tirent un avantage certain de cette nouvelle épreuve, après avoir résisté à 10 mois de mobilisation citoyenne pour mettre fin à ce monopole du pouvoir. 

Cependant, l’usure du système et les conflits d’intérêts entre clans ont montré que l’unanimité des gouvernants n’est que de façade. Les procès-règlements de comptes actuels entre factions, qui sont du type maffieux, sont là pour le prouver.

Les prédateurs actuels en poste et ceux qui seront cooptés dans les semaines à venir vont redoubler d’ingéniosité pour brouiller les pistes de leurs méfaits : supprimer les comptes bancaires douteux, faire bénéficier, non leurs enfants et leur épouses ou époux, comme ceux qui sont à la prison d’El Harrach, mais les cousins éloignés, les copains et complices en dehors de tout soupçon…

La mobilisation populaire et pacifique reste aujourd’hui le seul rempart pour bloquer la résurgence du système et ses prédations. Après les ministres cantonnés dans leurs bureaux, interdits de déplacements dans le pays, les candidats sans campagne électorale, il y aura encore un temps pour cet ‘’indu-président’’ qui fera ses déplacements dans les régions sous la protection des chars de l’état-major. 

La digue

Si le système n’est pas encore à terre, la mobilisation populaire a montré qu’il n’est pas invincible. L’exemplaire de la Kabylie, salué par toutes les régions d’Algérie, a montré que lorsque la population fait bloc, pacifiquement, elle met en échec toute tentative d’intimidation ou de mise au pas. La voie est tracée pour le pays. La Kabylie n’est pas ce bloc qui menacerait ‘’l’unité nationale’’, mais il constitue le noyau dur pour la construction de cette unité nationale sur des valeurs républicaines et démocratiques.

Un élément un joué un rôle déterminant dans la mobilisation : l’engagement des élus locaux aux côtés de la population pour refuser d’organiser ces élections de l’esbroufe. C’est un acquis à préserver et à amplifier car ces élus sont de véritables élus par la population (sous l’étiquette de partis démocratiques). Il crédibilise ainsi le rôle de l’élu dans notre pays. La reconstruction de la nouvelle Algérie devrait se faire à partir de la commune, dans le prolongement de l’organisation associative dans les villages, les quartiers, les cités sans nom résultats de l’exode rural. 

 

La consolidation des initiatives qui ont émergé dans cette mobilisation populaire au sein du Hirak depuis février 2019 constitue une étape vers la construction de la citoyenneté assumée et autonome.

 

La Révolution pacifique.

Si la refondation de l’État national, la protection des richesses nationales (1) et la récupération des sommes colossales détournées depuis 57 ans est toujours une priorité du mouvement populaire, le plus important est sur le terrain idéologique et culturel pour régler sereinement la question nationale.

Le système politique imposé depuis 1962, en plus d’être une organisation totalitaire et maffieuse, s’aligne sur l’idéologie arabo-islamiste négatrice de la réalité historique, culturelle et géostratégique de notre pays, en arrimant notre pays à un monde arabe mythique des années 1930 et non au sous-continent nord-africain, notre milieu naturel et historique et potentiel de développement.

Les slogans des manifestants, au-delà du fondamental ‘’système dégage’’, sont ‘’libérons l’Algérie’’ et ‘’Istiqlal’’ (indépendance nationale). Le message est on ne peut plus clair ; il s’agit d’arracher la souveraineté du pays, après l’indépendance territoriale et politique obtenue en 1962 contre la colonialisme français). C’est un constat partagé par la majorité de nos concitoyens, avec celui du maintien de la lutte pacifique.

La non reconnaissance par la majorité des citoyens de cet indu-président et l’actualité de l’exigence ‘’système-dégage’’, ouvrent la voie à toutes les options de la lutte pacifique. Pour cela, les prochaines semaines seront déterminantes. Les déclarations à chaud des manifestants dans la rue ne laissent aucun doute sur la poursuite et l’amplification du mouvement.

A.U.L.

Notes et liens internet :

(1)  Même le gouvernement Colombien vient d’arrêter cette semaine l’exploitation du gaz de schiste démarré depuis 2018  par une société américaine (Drummond) en Colombie.

 

Auteur
Aumer U Lamara, physicien, écrivain

 




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