Encouragés par le succès de leur tournée de l’année passée, la première qu’il a eu à faire en Algérie, le groupe AmZik, venu de France, a renoué avec la scène du théâtre Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou, dans la soirée de vendredi dernier.
La présence, en véritable guest star, de Tanina Cheriet, la fille du père de Vava Inouva (Idir) a constitué la curiosité de ce spectacle qui a mis en extase la salle du théâtre Kateb-Yacine « pleine à craquer ».
Durant plus de deux heures, une véritable osmose s’est créée entre la bande à Kheireddine Kati, (les deux frères Belkadi, leurs musiciens français, Hugo Proy et François le pianiste et Tanina) avec la salle éblouie par les sonorités musicales puisées du terroir et remixées avec des arrangements modernes donnant aux compositions du groupe un cachet et une tonalité originale.
Le courant s’est vite établi entre les artistes au milieu desquels figurait Tanina, et le public dominé par une composante juvénile. Celui-ci a dansé tout son saoul et a donné de la voix en reprenant en chœur durant presque tout le concert chacune des chansons du groupe qui à été accueilli, dès son entrée sur scène, par un standing ovation. Ce qui encouragea les artistes à étaler toute leur maestria.
S’ensuivra, alors, un délire ininterrompu créé par l’explosion de sons et de lumière à la grande joie de l’auditoire heureux de renouer ou de découvrir une nouvelle expérience instrumentale qui a redonné une nouvelle vie aux chansons des anciens tels que cheikh El Hasnaoui, Slimene Azem, Abdelouahab Abdjaoui, Mhenni Amroun…
Des reprises qui ont constitué le répertoire de la soirée où figure également une chanson « Thasskurt » (La perdrix) tirée du nouvel album de AmZik qui cédera la scène, pour quelques instants, à Thanina Cheriet.
Dans un clin d’œil à son défunt père, elle interpréta, d’abord, en solo, une de ses chansons et d’autres en duo avec le groupe.
Tanina qui monte sur scène pour le deuxième fois en Algérie (Tizi Ouzou), après sa prestation avec son père à la coupole du complexe Mohamed Boudiaf en 2018, s’est dite « particulièrement émue » de chanter pour la première fois à Tizi-Ouzou.
Elle fût très ovationnée par la salle d’où fusaient des youyous stridents en signe de reconnaissance à celle qui a su honorer la mémoire de son défunt père, l’immense Idir, à qui la mort n’avait laissé le temps de réaliser son désir de chanter en Kabylie. Un vœu qui vient d’être exaucé par défaut par sa propre fille.
«Mon père, qui a chanté la Kabylie avec la Kabylie et pour la Kabylie et qui a exporté l’Algérie à travers le monde entier, n’a pas pu chanter durant sa carrière artistique en Kabylie et nous sommes là aujourd’hui pour lui rendre hommage(…) Ma prestation d’aujourd’hui est une manière de revenir sur les traces de mon père et j’ai envie de représenter sa langue et chanter ses œuvres (…) Pas pour reprendre le flambeau de mon père, car Idir restera un monument inégalable mais je ferai quelque chose de différent», a-t-elle confessé.
Notons la belle performance, en « vedette américaine » de la jeune Céline Lachemot qui a repris, en s’accompagnant de sa guitare, des standards du répertoire traditionnel kabyle. AmZik veut ainsi donner un coup de pouce à cette jeune chanteuse au talent prometteur, en lui permettant d’assurer la première partie du spectacle.
Après ses deux concerts (vendredi et samedi) à Tizi-Ouzou, le groupe se produira, dimanche à la salle polyvalente Atlanis d’Akbou (Béjaïa), lundi à la Salle Atlas à Alger puis reviendra pour un dernier tour de chant à Fréha (Tizi-Ouzou), mercredi.
Samia Naït Iqbal