Lundi 8 février 2021
Anadarko aurait-elle quitté l’Algérie ? (II)
Nous savons déjà qu’à un mois avant son départ, l’ancien ministre de l’Energie Mohamed Arkab avait donné son accord, annoncé dans un communiqué diffusé via l’agence officielle à la compagnie Occidental Petroleum Corporation (OXY) « pour le maintien de la société Anadarko Algeria Corporation (ACC) dans le contrat d’association avec Sonatrach » sur l’exploitation du périmètre de Berkine. (01)
Peu importe son immatriculation et sa domiciliation fiscale ici ou à l’étranger, sur le plan formel cela voudra dire qu’Anadarko continue d’être officiellement le vis-à-vis de Sonatrach. Il n’y a pas eu d’autres communiqués qui lui modifient ce statut. Alors il est donc légitime de s’interroger sur l’absence d’Anadarko à cette rencontre des partenaires le 31 janvier dernier ? Quant à la destination des dividendes tirés de cette association, qu’ils se fassent à l’étranger ou ailleurs n’intéresse pas l’Etat algérien pour peu que ce partenaire s’acquitte de ses impôts.
2-Maintenant sur le fond de cette rencontre
Pour le bloc 404 qui contient Hassi Berkine (HBSN), dont l’accord de partenariat arrive à échéance en 2023 soit 25 ans à partir de la mise en production 1998, et il reviendra à Sonatrach seule. Du côté d’Anadarko, on évoquait, il n’y a si longtemps la prolongation de ce délai de 10 ans, mais Sonatrach n’a ni infirmé ni confirmé.
Dans l’un ou l’autre du cas de figure, ce sont les dispositions de la loi 86-14 qui restent applicables (article 230 et 231 de la loi 19-13) alors ! Pourquoi donc placer cet accord d’entente dans le cadre de la nouvelle loi 19-13 ? L’équipe de Sonatrach est largement capable de prendre en charge les redressements nécessaires pour continuer à produire dans ce gisement sans l’aide étrangère.
Dans les plans de développement, le gaz associé est riche parce qu’il est non traité et réinjecté pour maximiser la récupération du pétrole. La richesse du gaz est essentielle pour atteindre les conditions de miscibilité. Plusieurs sources ont confirmé qu’en 2004, les partenaires avaient déjà émis le vœu de récupérer le condensat et le GPL contenus dans le gaz associé, et ont demandé à Sonatrach de dévier les gaz associés du 404 vers 208 pour le traiter. Sonatrach avait refusé car ceci allait impacter négativement la récupération finale.
La même politique de développement est en vigueur dans le bloc 208, El Merk, entré en production en 2013 pour 25 ans et tout se déroule normalement à part l’incident de l’incendie qui s’est déclenché en octobre 2020 au four du 2ème train du centre de traitement du champ provoquant l’arrêt de ce site de production des hydrocarbures. Selon les responsables d’un côté comme de l’autre, tout est rentré dans l’ordre.
Donc, ce qu’ils pourraient chercher, (simple hypothèse) et c’est le style de Total et ENI, c’est purement et simplement une extension du contrat du bloc 404 pour un partage de la rente sans aucune contrepartie. Pourquoi ? Comme sur le champ de Tin Foué Tabenkort, les partenaires n’ont rien à apporter sinon un peu d’argent frais que pourrait consentir n’importe quelle banque à Sonatrach.
En revanche, ces partenaires vont revenir par la grande porte pour utiliser le gaz associé du bloc 404 et en extraire les liquides, Alors ! Pourquoi pas Sonatrach ?
Reste maintenant l’option de schiste dans les niveaux Siluriens et Frasnien, c’est une option à laquelle le programme du gouvernement a décidé de surseoir à l’exploration et l’exploitation des ressources non conventionnelles avant d’en évaluer leur potentiel effectif et a demandé à Sonatrach et sa tutelle de présenter des études : économique, aquifère et environnementale.
Il faut signaler que dans la loi précédant celle en vigueur, il est stipulé que toute extension de contrat exige du partenaire un apport technologique et donc ne se limite pas à un partage de la rente. Maintenant si on a promulgué toute une loi pour contourner cette disposition de taille, c’est très grave pour le secteur des hydrocarbures.
Rabah Reghis
Renvoi