11 décembre 2024
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Artémis, la sœur d’Apollon, a repris le chemin de la Lune

Artemis

24 juillet 1969, la radio collée à l’oreille et les yeux ébahis devant la télévision en noir et blanc, l’Oranais adolescent que je fus avait vécu l’un des moments les plus inoubliables de l’humanité. Le premier être humain (puis un second quelques instants après) venait de marcher sur la lune. 53 ans après, les Américains ont voulu y retourner avec Artémis et Orion.

Après plusieurs semaines de report, pour cause de météo puis d’avaries, voilà la fusée Artémis qui a enfin réussi son décollage pour la Lune. Elle a largué le satellite Orion qui est sur orbite et qui se dirigera vers la Lune.

Tout le monde se souvient de la mission Apollo, nommée du dieu Apollon. Ce fut le tour de sa sœur, Artémis, le 16 novembre. Elle sera beaucoup plus puissante, beaucoup plus préparée et moderne. C’est que les années d’émancipation des femmes sont passées par là, aussi bien dans les mentalités que dans les lois.

Pour être tout à fait dans la vérité de l’événement, c’est Orion qui doit être mis en équivalence avec Apollon car Artémis est le lanceur comme le fut la fusée Saturne. Mais Artemis, la sœur d’Appolon, a bien participé à l’aventure de la reconquête de la Lune.

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Depuis l’épopée d’Apollo, jamais plus une nation n’avait envoyé d’êtres humains sur le satellite de la terre. La raison est simple, l’intérêt scientifique et l’aventure humaine étaient arrivés au bout de l’objectif de la NASA et, il faut le dire, les sommes englouties ne justifiaient plus ce genre de missions.

D’autres objectifs avaient relayé les programmes de l’agence américaine comme la navette spatiale et la station internationale pour laquelle plusieurs pays, dont l’Europe, avaient investi.

Après l’arrêt de la première et la routine de la seconde, les yeux se sont de nouveau tournés vers un autre objectif de l’humanité, beaucoup plus ambitieux, soit des êtres humains sur la planète Mars.

Si les moyens techniques et les conditions de survie ne sont pas encore réunis pour garantir l’exploit, la planète Mars est de longue date visitée par des vaisseaux spatiaux qui s’y sont posés et qui, pour la plupart ont exploré la planète.

Mais restons sur Artémis et Orion qui sont notre rêve du moment.

Artémis, fille d’une longue aventure spatiale américaine

L’alunissage de Neil Armstrong, le commandant de la mission, et d’Edwin Aldrin (ne jamais l’oublier comme également Michel Collins, resté en orbite), faisait partie de la légendaire série des missions Apollo qui avait eu des aventures avant ce 24 juillet.

J’étais encore plus jeune lorsque les Américains ont conquis l’espace proche avec la mission Gemini, faisant suite au précurseur, le légendaire Russe, Youri Gagarine, premier homme à avoir vu la terre dans son entier, depuis l’espace. Sans compter le premier engin qui fut satellisé, le fameux Sputnik et son légendaire signal « Bip-bip ».

Nous étions au cœur de la guerre froide et le Président Kennedy voulait répondre à l’URSS par un choix plus ambitieux que celui des soviétiques. Prononcé le 12 septembre 1962, le discours de Kennedy est porteur du projet américain d’aller sur la lune. « We choose to go to the moon » est la célèbre phrase qui annonçait, dans les dix ans à venir, la revanche de la puissance américaine. Ce qui fut fait.

Si près de 72 photos ont été prises au cours du périple lunaire d’Apollo 11, il est bien évident que les missions précédentes avaient enregistré beaucoup d’autres. La plus précieuse des photos et la plus connue fut le “lever de la Terre” photographié par l’astronaute William Anders en décembre 1968, lorsque Apollo 8 avait réalisé l’exploit d’être en orbite autour de la lune. Ils avaient été les premiers humains à découvrir la face cachée du satellite, un endroit sans lumière et sans possibilité de communication.

Nous avions cru que l’éternité avait un temps, c’était celui du silence des astronautes, incapables de communiquer pendant cette dangereuse phase de la mission.

Un temps suspendu sur terre, les transistors toujours collés aux oreilles, avant que la voix humaine résonne pour, c’est le bon mot, annoncer la fin de la « révolution » autour de la lune. Le lever de la terre apparaissait pour la première fois aux êtres humains, comme ils avaient toujours vu le soleil le faire, resplendissante dans ce bleu unique de l’univers connu.

Volonté de suprématie et mythe de la « nouvelle frontière »

Mais pourquoi les Américains veulent-ils retourner sur la Lune ? Un rappel préalable, le peuple américain s’est créé avec la constante idée qu’il fallait déplacer sa limite territoriale vers les contrées de l’ouest. Puis ce fut le fameux « New deal » de Roosevelt qui proposait une autre frontière aux américains, soit un dépassement économique en lançant de grands travaux publics qui avaient pour objectif d’éliminer définitivement les conséquences de la crise de 1929.

Toute la conscience collective des citoyens américains est construite autour de ce rêve, aller plus loin, arriver plus haut, découvrir de nouvelles frontières à dépasser. Cela a toujours été considéré comme une direction vitale de ce peuple qui ne pouvait survivre sans la conquête de territoires nouveaux, physiques, technologiques et économiques. Et, en fin de compte, n’est-ce pas la quête de l’humanité depuis l’origine de son existence ?

Avec Artémis et Orion, les Etats-Unis restent dans ce même état d’esprit. Non pas, cette fois-ci, celui de la revanche mais le souci de ne pas perdre cette suprématie.

« Nous voulons aller sur le pôle Sud de la Lune, là où sont les ressources, notamment l’eau sous forme de glace » a déclaré Bille Nelson. Et de rajouter « Nous ne voulons pas que la Chine y aille et dise, NOTRE TERRITOIRE ».

Les choses sont claires, les nouveaux entrants dans le domaine spatial sont assez nombreux pour inquiéter les Etats-Unis et, particulièrement la Chine. Elle a fait la preuve ces dernières années de sa capacité à concevoir et fabriquer des fusées porteuses et de poser sur la Lune des engins explorateurs (sur la fiabilité des résultats, il reste encore à vérifier les déclarations du pays du silence).

La Lune, une escale vers Mars

C’est évidemment le corolaire de cette recherche de suprématie, l’objectif Mars. Le projet Artémis est un tour de chauffe pour expérimenter ce qu’il faudra maîtriser pour un si long voyage, soit la technologie et, surtout, la préparation physique et psychologique des astronautes.

Une base va être installée sur le satellite de la terre et les expériences de toutes natures seront le fait d’une décennie avant le grand départ vers Mars prévu vers 2035.

Artémis 2 ne prendra pas de passagers mais seulement des mannequins bourrés de capteurs. Le premier vol habité sera pour Artémis 3. Enfin, une femme sur la Lune qui connaîtra maintenant toute la famille humaine, dans sa beauté. Et une femme noire également, ce qui serait la consécration symbolique d’une universalité, enfin reconnue.

Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant

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