28 décembre 2024
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Boualem Sansal, un pessimiste lucide

Depuis son arrestation le 16 novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, les débats ont enflammé les sphères médiatiques et réseaux sociaux des deux rives et des deux idéologies, entre le visionnaire et le traître, entre la gauche et la droite, etc.

Désormais, il y a « une affaire Boualem Sansal ». Il me semble que les débats sont biaisés, d’une part l’auteur est un intellectuel est son rôle n’est pas de résoudre les problèmes, mais de les poser ? Et d’autre part, l’emprisonnement est un message adressé à l’ensemble de ses coreligionnaires, d’où je comprends aujourd’hui leur silence, en particulier du côté algérien. En effet, derrière l’emprisonnement de Boualem Sansal, il y plusieurs lectures à en tirer, qu’elle soit en niveau national et au niveau international en particulier avec la France, par les autorités algériennes.

Comme l’a bien explique le Pr Ali Bensaâd (Le Monde 7 décembre 2024 et sur France Culture), le pouvoir politique, ou militaire en Algérie, vise à susciter un débat pour en cache un autre, pour preuve, la méthode l’ont déjà utilisée lors du « Hirak », c’est-à-dire « la question du drapeau berbère » comme une menace à l’unité national et nous savons comment s’est achevé cette affaire. C’est-à-dire, la désignation d’un mouvement autonomiste, qui d’ailleurs n’avait pas assez d’implantation en Kabylie.

Cependant, en touchant à cette région, en met fin au mouvement de protestation, plusieurs militants se sont retrouvés en prisons, non pas au nom du protestataire du « Hirak » mais au nom d’appartenance au « MAK ».  Comme l’a conclu le journaliste et éditeur de Arezki Aït Larbi (Libération 7 décembre 2024) que « l’affaire de Sansal » est message au intellectuels algériens, en particulier au démocrate. D’ailleurs, sa maison d’édition s’est vue refusée à participer à plusieurs salons du livre. Pis, même les libraires, qui osent ouvrir leur porte aux autres de cette dernières, s’est vu fermé pour quelques jours. Selon, la presse électronique basée à l’étranger.  

Un autre point, qui nécessite une lecture attentive, le centre du pouvoir algérien me semble par cette affaire veulent imposer une nouvelle idéologie qui fait converger plusieurs courants idéologiques (y compris les francophone dit démocrates), c’est-à-dire, faire renaître l’idéologie arabisme-nationaliste, cette fois avec les fondements religieux et non pas communiste d’antan. D’une part, pour que l’idéologie se légitimise au pris du peuple et d’autre part pour étouffer le discours religieux et son courant politique.  

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Au niveau international, je pense que la seule raison est de faire pression au gouvernement français pour négocier l’extradition des opposants algériens, pour museler définitivement l’opposition politique algérienne qu’elle soit interne ou externe. Néanmoins, l’évolution des évènements au niveau international a montré que la répression ne peut en aucun cas porter ses fruits sur le long terme. En plus l’histoire de l’Algérie postindépendance l’a montré, que toutes les répressions ont fini par sauter, mais comme l’opposition est incapable de se structure sur un projet commun, le pouvoir autoritaire renaît souvent de ses cendres.  

Ainsi, aujourd’hui l’Algérie se trouve isolé au niveau international et boycotté par les grandes puissances mondiales. Les centres du pouvoir politiques en Algérie n’ont pas malheureusement tirer des leçons de notre histoire et ceux des autres pays voisins. Nous avons l’impression de revivre les mêmes évènements, avec perdition de la culture politique. Nous sommes passés d’une culture politique avec un débat sur le projet d’une société à un débat politique patriotisme nationalistes pour préserver la nation de ses constantes, c’est-à-dire, l’arabe et l’islam, le moteur idéologique du populisme.

Quant à Boualam Sansal, il est un écrivain prolifique et fidèle à sa pensée et un intellectuel certes pessimiste, mais il est lucide, car il a réussi à nous prévenir de la menace du fanatisme religieux, du nationalisme et du marchandage de la guerre de libération national, qui est un héritage pour l’ensemble des Algériens.

Ce que son ami Rachid Mimouni, Tahar Djaout, Kateb Yacine, etc., ont déjà fait avant lui. Que nous soyons d’accord avec lui ou pas, ceci peut être un sujet d’un débat et non pas une raison pour le mettre en prison…

Yazid Haddar

2 Commentaires

  1. Vous avez de l’humour , ou est-ce de l’ironie ? Vous avez mis cet article dans la rubrique « idées ».

    On dirait qu’il a connu Sansal dans ‘Sansal pour les nuls’ ou par le biais de l’imam de sa zaouia : « Un pessimiste lucide ».
    Un joyeux gogo optimiste ,oui !
    Même moua qui suis un impertinent incurable j’ai acquis un peu de sagesse liée à l’âge. Sansal lui à 75 ans s’est mis à se dévergonder et sans aucune prudence se faire harponner comme un gogo par l’extrême droite qui lui a fait croie qu’il était un surdoué parce qu’il prêchait à son insu pour leur maison.
    S’il avait la moindre once de lucidité , se serait-il jeté dans la gueule du loup, aussi imprudemment?

    Ou c’est la faute au chasseur si le blaireau s’est fait attraper ?

    E

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