25 janvier 2025
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Boualem Sansal, un pessimiste lucide

Depuis son arrestation le 16 novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, les débats ont enflammé les sphères médiatiques et réseaux sociaux des deux rives et des deux idéologies, entre le visionnaire et le traître, entre la gauche et la droite, etc.

Désormais, il y a « une affaire Boualem Sansal ». Il me semble que les débats sont biaisés, d’une part l’auteur est un intellectuel est son rôle n’est pas de résoudre les problèmes, mais de les poser ? Et d’autre part, l’emprisonnement est un message adressé à l’ensemble de ses coreligionnaires, d’où je comprends aujourd’hui leur silence, en particulier du côté algérien. En effet, derrière l’emprisonnement de Boualem Sansal, il y plusieurs lectures à en tirer, qu’elle soit en niveau national et au niveau international en particulier avec la France, par les autorités algériennes.

Comme l’a bien explique le Pr Ali Bensaâd (Le Monde 7 décembre 2024 et sur France Culture), le pouvoir politique, ou militaire en Algérie, vise à susciter un débat pour en cache un autre, pour preuve, la méthode l’ont déjà utilisée lors du « Hirak », c’est-à-dire « la question du drapeau berbère » comme une menace à l’unité national et nous savons comment s’est achevé cette affaire. C’est-à-dire, la désignation d’un mouvement autonomiste, qui d’ailleurs n’avait pas assez d’implantation en Kabylie.

Cependant, en touchant à cette région, en met fin au mouvement de protestation, plusieurs militants se sont retrouvés en prisons, non pas au nom du protestataire du « Hirak » mais au nom d’appartenance au « MAK ».  Comme l’a conclu le journaliste et éditeur de Arezki Aït Larbi (Libération 7 décembre 2024) que « l’affaire de Sansal » est message au intellectuels algériens, en particulier au démocrate. D’ailleurs, sa maison d’édition s’est vue refusée à participer à plusieurs salons du livre. Pis, même les libraires, qui osent ouvrir leur porte aux autres de cette dernières, s’est vu fermé pour quelques jours. Selon, la presse électronique basée à l’étranger.  

Un autre point, qui nécessite une lecture attentive, le centre du pouvoir algérien me semble par cette affaire veulent imposer une nouvelle idéologie qui fait converger plusieurs courants idéologiques (y compris les francophone dit démocrates), c’est-à-dire, faire renaître l’idéologie arabisme-nationaliste, cette fois avec les fondements religieux et non pas communiste d’antan. D’une part, pour que l’idéologie se légitimise au pris du peuple et d’autre part pour étouffer le discours religieux et son courant politique.  

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Au niveau international, je pense que la seule raison est de faire pression au gouvernement français pour négocier l’extradition des opposants algériens, pour museler définitivement l’opposition politique algérienne qu’elle soit interne ou externe. Néanmoins, l’évolution des évènements au niveau international a montré que la répression ne peut en aucun cas porter ses fruits sur le long terme. En plus l’histoire de l’Algérie postindépendance l’a montré, que toutes les répressions ont fini par sauter, mais comme l’opposition est incapable de se structure sur un projet commun, le pouvoir autoritaire renaît souvent de ses cendres.  

Ainsi, aujourd’hui l’Algérie se trouve isolé au niveau international et boycotté par les grandes puissances mondiales. Les centres du pouvoir politiques en Algérie n’ont pas malheureusement tirer des leçons de notre histoire et ceux des autres pays voisins. Nous avons l’impression de revivre les mêmes évènements, avec perdition de la culture politique. Nous sommes passés d’une culture politique avec un débat sur le projet d’une société à un débat politique patriotisme nationalistes pour préserver la nation de ses constantes, c’est-à-dire, l’arabe et l’islam, le moteur idéologique du populisme.

Quant à Boualam Sansal, il est un écrivain prolifique et fidèle à sa pensée et un intellectuel certes pessimiste, mais il est lucide, car il a réussi à nous prévenir de la menace du fanatisme religieux, du nationalisme et du marchandage de la guerre de libération national, qui est un héritage pour l’ensemble des Algériens.

Ce que son ami Rachid Mimouni, Tahar Djaout, Kateb Yacine, etc., ont déjà fait avant lui. Que nous soyons d’accord avec lui ou pas, ceci peut être un sujet d’un débat et non pas une raison pour le mettre en prison…

Yazid Haddar

10 Commentaires

  1. Vous avez de l’humour , ou est-ce de l’ironie ? Vous avez mis cet article dans la rubrique « idées ».

    On dirait qu’il a connu Sansal dans ‘Sansal pour les nuls’ ou par le biais de l’imam de sa zaouia : « Un pessimiste lucide ».
    Un joyeux gogo optimiste ,oui !
    Même moua qui suis un impertinent incurable j’ai acquis un peu de sagesse liée à l’âge. Sansal lui à 75 ans s’est mis à se dévergonder et sans aucune prudence se faire harponner comme un gogo par l’extrême droite qui lui a fait croie qu’il était un surdoué parce qu’il prêchait à son insu pour leur maison.
    S’il avait la moindre once de lucidité , se serait-il jeté dans la gueule du loup, aussi imprudemment?

    Ou c’est la faute au chasseur si le blaireau s’est fait attraper ?

    E

    • C’est faute à personne, ni le chasseur ni le blaireau n’ont fauté. C’était un mal entendu. Il ne faut pas oublié que même s’il n’y a qu’un seul type de blaireaux, que des bons pessimiste, en revanche il en existe deux types de chasseurs: il y’a le bon et le mauvais chasseur, d’après les inconnus, grands connaisseurs et chasseurs de gallinacés et autres pistourelles des Prés.
      Le mauvais chasseur, c’est le gars qui a un fusil, y voit un truc qui bouge, y tire. Le bon chasseur, c’est le gars qui a un fusil , il voit un truc qui bouge, ben… y tire aussi … mais c’est pas la même chose, lui c’est un bon chasseur.
      Le blaireau le sait il lui au moins, pessimiste et pensant que tous les chasseurs sont mauvais, et voilà quil tombe sur un bon et et un optimiste de surcroît qui lui( le chasseur) pensait que c’était une tourterelle des bois dormant.

    • Les médias de gauche, obsédés par la culpabilité coloniale, incapables de nommer la menace islamiste, refusant de concevoir une critique de l’Islam aux musulmans, lui (Sansal) ont refusé leurs colonnes et l’ont poussé dans les bras de l’extrême droite, plus lucides sur ces questions. La recherche de lumière et de gloire, en espèces sonnantes et trébuchantes, a fait le reste.

    • Les morts seraient-ils plus doués que les vivants? Une hiérarchie en la matière serait incongrue. Sansal a été iconoclaste et a posé des questions que personne n’osait se poser – menace de la religion sur les libertés publiques et individuelles, en Algérie et dans les pays d’émigration, mystique mortifère de la Nation. Prenons la peine de lire l’auteur avant de le clouer au pilori.

      • A OUMERI
        J’ai lu KY et profité pleinement de ses conseils et avis ainsi que ses pièces de théâtre C’est LARGEMENT SUFFISANT.
        Sansal est un écrivain ce n’est ni un visionnaire ni un érudit et encore moins un philosophe.
        Je n’ai pas critiqué la litéRATURE de Sansal mais ses positions et ses dires
        Et j’ai toujours dit que son incarcération est une connerie
        VAS JOUER AUX BILLES

        • Tu es bien condescendant mais je préfère la pétanque aux billes. L’incarcération de Sansal n’est pas une connerie sauf à conseiller le régime, c’est avant tout un abus de pouvoir d’une dictature à l’égard d’un écrivain. Aujourd’hui c’est lui, demain un autre, toi, moi, lui. On ne va quand même pas trier entre les bons et les mauvais écrivains! Bonne soirée

          • Ok Ahmed oumeri.
            Je retire les billes mais je garde mes boucles.
            Je ne suis pas le conseiller de la dictature anegerienne
            Il n y a qu’à lire mes autres commentaires pour avoir une idée
            Cela dit Ton Sansal n’est pas en prison pour sa LITTÉ RATURE mais pour avoir remis en cause l’histoire de taferka.
            En pour ta gouverne Il N’A JAMAIS ETAIT SOLIDAIRE DE LA KABYLIE.
            pour moi c’est un fait CAPITAL.
            Désolé pour les billes

            • Les frontières de Taferka, avant la colonisation ottomane et françaises étaient très fluctuantes au grès des pouvoirs locaux et des princes. Parler d’histoire de la colonisation n’est pas une remise en cause de l’existant en 2024. Comme si les paroles d’un écrivain dans un magazine confidentiel lu par une toute petite minorité pouvaient remettre en question l’intégrité territoriale d’un État. C’est ridicule, à moins de ne pas être sûr de soit et de ses frontières. Il suffisait de le confronter avec des historiens et débattre du sujet. Il suffit de regarder une carte historique de l’Europe depuis la fin de l’empire romain jusqu’à nos jours pour voir à quel point les frontières changent constamment. La Pologne par exemple a disparu deux fois pour finalement renaitre. La Prusse a disparu, la Tchécoslovaquie, l’empire des Habsbourg. L’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et la Prusse ont été occupées par l’empire français de Napoléon de la Révolution au congrès de Vienne en 1814-1815. Imaginons un écrivain français ou italien évoquer l’Histoire pour rappeler la gloire passée de l’empire romain ou de l’empire français et de l’étendue de leurs territoires d’alors. Penses-tu un seul instant qu’ils puissent être poursuivis pour atteinte à la souveraineté de l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique, la Tunisie, l’Algérie, le Portugal? Soyons sérieux. Cette histoire est une grosse farce d’un régime aux abois. Ar tufat

        • Et que lui serait-il arrive’ s’il avait ose’ une biographie non autorise’e ? C’est en general de la caracterisation unfonde’e, c.a.d. une opinion !
          N’est-ce pas la justement un detenu d’opinion ?
          Ils operent de la facon parce qu’ils savent ce qu’ils sont ! La parano colle bien avec ceux qui se savent coupables et se croient deniche’s !

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