25 avril 2024
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Ce « fou » d’Aït Hamouda !

REGARD

Ce « fou » d’Aït Hamouda !

Le Bengrinisme est né avant l’Algérianisme. L’idée existait avant l’homme. Avant que le pays ne devienne libre et que les marchands de tapis ne décident de brûler les meubles et d’étendre leurs friperies, à même le sol, pour en faire une grande zaouïa. 

La modernité attendra d’autres prophètes. Le pays des hommes libres serait désormais celui de la prosternation. Il faut s’aplatir devant la volonté d’Allah et du Calife. Ou de ses caporaux. À chaque époque son commandeur des croyants. Il n’y a que le rictus qui change. Ils naissent tous un jour de fête populaire ou d’une partie de football. Arrivent sur le dos d’une chamelle ou sur le toit d’un char. Par El Moubayaa ou par un coup d’Etat. Cela importe peu, du moment que la moustache frétille devant d’insoupçonnables possibilités et d’improbables combinaisons célestes qui les enverraient, tambour battant, tutoyer les constellations mythiques d’Hercule et d’Orion et les glorieux tombeaux d’Al Alia. L’éternité et l’Histoire violées.

Pourquoi les déclarations de Nouredine Ait Hamouda sur l’Emir Abdelkader font-elles polémique ? Pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’elles touchent une figure fondamentale de l’Algérie officielle, ses kiosques de gandouras et ses discours puisés dans les cafés maures et l’épée assassine d’Oqba et des califes abbassides. 

Parce que « l’Algérie nouvelle » se construit sur les ruines de celle d’hier et sur les pyramides de ses pharaons, Abdelkader, Ben Bella et Boumediene. Toute la filiation se retrouve menacée dès que ce socle de mensonges tremble.

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Le système algérien a sa propre mythologie. Ses dieux, héros, traîtres, créatures et croyances. On ne joue pas aux archéologues dans un pays imaginaire à moins de s’appeler Alice. Et encore. Faut-il que ce pays soit d’abord merveilleux et c’est loin d’être le cas. On ne fouille pas le sable d’une cité interdite sans que scorpions et vipères n’agitent langues et dards. On ne profane les temples sous aucun prétexte, sous peine d’être foudroyé par Ramsès premier, ou second, Tebboune ou Chenegriha.

Qu’est-ce qui dérange dans l’intervention de ce « fou » d’Ait Hamouda ? Qu’a-t-il révélé qu’on ne sache déjà ? Que l’Emir Abdelkader s’était rendu ? Qu’il avait demandé d’épargner les siens au détriment des habitants des autres régions du pays ? Qu’il avait demandé d’être exilé dans la terre de ses ancêtres, la Syrie ? Qu’il se réclamait d’une noble lignée prophétique et que les prophètes en Islam ne meurent pas pour les autres ? Qu’il ait juré fidélité à son grand ami Napoléon III ?

Ait Hamouda oublie qu’il ne s’adresse pas à des esprits libres, mais à des croyants. Et la foi à l’armure aussi dure que la peau d’un chameau ailé imaginaire. Il doit pour la transpercer, non pas présenter des preuves matérielles, des archives, mais un « Coran » où serait écrit un récit officiel autre que celui enseigné depuis 60 ans. Il faut que ça vienne de Dieu lui-même, appuyé par le miracle de l’ascension sur pégase et d’une ribambelle d’apôtres pour convaincre les derniers récalcitrants.

De même que dans cent ans, viendra un autre fou, qui voudra démystifier le récit officiel qui racontera que Tebboune était le fondateur de « l’Algérie nouvelle », que Bengrina était son héritier et Gaïd Salah son architecte. 

On voudra alors le circoncire de la langue ou le fusiller avec des pistolets lasers de fabrication russe. Et personne ne trouvera à redire, tellement la poussière aura enseveli des pans entiers de notre mémoire et que les têtes seront pareilles aux nôtres, c’est-à-dire, pleines de sachets de lait biodégradables, de gravats 3×8, de ciment Lafarge, logements LPP, dalles-de-sol et voitures sans conducteurs de moins de trois ans. 

On chantera probablement encore des louanges dans des écoles coraniques, mais sur des tapis volants fabriqués par des mécréants, toujours aussi capitalistes, qui veulent, surtout, nous garder prisonniers dans ce monde imaginaire et nous voir s’y enliser perpétuellement. C’est ce qu’il s’est toujours fait de mieux en termes de consommateurs.

Auteur
Hebib Khelil

 




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