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Comment le pouvoir dévalorise le travail

Travail
Les autorités ne valorise pas le travail.

L’économie algérienne est une économie largement ouverte sur l’extérieur, les exportations d’hydrocarbures constituent l’unique possibilité sinon l’unique recours au financement d’un vaste programme d’investissement et d’importation.

Les recettes pétrolières et gazières représentent 98 % des revenus en devises du pays et couvrent plus de 75 % des besoins des ménages, des entreprises et des administrations. Etant propriétaire des gisements pétroliers et gaziers, l’Etat a donc le droit de s’approprier la rente qui l’a confortée dans la gestion de l’économie et de  la société.

L’existence d’une rente importante a permis aux salaires d’absorber l’ensemble des pertes de productivité ; le développement du pouvoir d’achat n’est pas suivi d’une offre substantielle et finit donc par aller gonfler la demande d’importation. La prodigalité peut être largement montrée à travers une logique distributive particulièrement due à une politique d’emplois improductifs et des salaires sans rapport avec les normes d’encadrement et de productivité.

L’Etat, en généralisant le système de distribution sans contrepartie productive offre des avantages aux favoris du système c’est-à-dire à la couche au pouvoir et à sa périphérie. Pour bénéficier de tels avantages, il suffit de jouir d’un « capital relations » assez important ; il n’est pas besoin d’avoir davantage d’argent.

Plus encore, ces nouvelles fortunes se développent sous la protection de l’Etat qui leur réserve l’accès à ce marché. L’abondance des ressources a permis de reléguer à l’arrière-plan tout effort en offrant à une population un minimum rendu possible par un environnement international favorable.

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C’est la politique de « la carotte au bout du bâton » qui va s’installer durablement en Algérie pratiquée tant localement que par l’étranger. L’absence d’autorité légitime maintient le niveau de production et de productivité au plus bas, un niveau de gaspillage et de dilapidation au plus haut et un niveau d’instruction et de formation au plus bas.

De plus, il suffit de considérer les graves dysfonctionnements dont souffre actuellement l’Algérie pour se persuader qu’une forte croissance de revenu en devises ne mène pas nécessairement au développement économique.

La légitimité historique s’amenuise sans disparaître pour autant. Une hérédité sociale semble se mettre en place et par laquelle se transmettent des positions de domination et se perpétuent des situations de privilèges. L’erreur de la stratégie algérienne de développement réside à notre sens dans l’automatisme qui consiste à vouloir se débarrasser de ce que l’on a au lieu de l’employer productivement chez soi.

La finalité de l’économie fût ainsi dévoyée, car il ne s’agissait pas d’améliorer ses conditions de vie par son travail mais par celui des autres grâce au relèvement des termes de l’échange avec l’extérieur. Or, il nous semble qu’une amélioration des termes de l’échange avec les pays développés ne peut être acquise que par une valorisation du travail autochtone.

L’insertion dans le marché mondial fragilise l’Etat algérien soumis aux aléas de la conjoncture mondiale.

Dr A.Boumezrag

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