28 novembre 2024
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Dans une crise, le pire est la mauvaise communication et le manque de cohérence   

DECRYPTAGE

Dans une crise, le pire est la mauvaise communication et le manque de cohérence   

Pour la première fois depuis le 22 février, et après un peu plus de 5 mois, une offensive fortement populaire contre le Général du corps de l’armée vice ministre  de la défense nationale et chef des armées, Ahmed Gaïd Salah semble monter d’un cran ce vendredi pour appeler pour la première fois à une « désobéissance civile ». 

On commence à observer que le comportement des marcheurs à travers les principales artères des grandes villes du pays commencent à manquer de « fleurs » et de « sourires » et préparent d’ores et déjà les épines. 

Pourtant la fin de la semaine d’avant a laissé entrevoir un espoir lorsque le jeudi à 10 h, le chef de l’Etat en poste avait reçu un panel de 6 personnalités qui lui ont fait part des « exigences hirakiennes »  de débuter un dialogue avec des mesures d’apaisement qui consistent à libérer les détenus d’opinion et alléger le dispositif sécuritaire qui pèsent sur les protestataires et empêche leur libre circulation.

A leur sortie, dans leur communiqué lu par leur coordinateur Karim Younès, on apprend que le chef de l’Etat était réceptif à cette demande et qu’il s’est engagé d’œuvrer  pour qu’elle se réalise. Cette nouvelle avait agréé de nombreuses ailes politiques qui avaient pensé que ce chef d’Etat qui change des ministres en dehors de ses prérogatives, a dû se concerter avec les pôles du pouvoir pour prendre un tel « engagement » et permettre de le porter à l’opinion publique. 

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Le mardi d’après, le chef d’Etat-major a tout chamboulé dans son intervention hebdomadaire pour que, pour la première fois, il contredit le chef de l’Etat et montre que l’institution militaire est détentrice du pouvoir. Il a  outrepassé ses prérogatives constitutionnelles qui sont de consolider et développer le potentiel de la défense pour sauvegarder l’indépendance nationale et la sécurité des frontières et a humilié le pouvoir civile, voire annulé ses décisions.

Les porte-voix du pouvoir ont tenté de corriger le tir en rapportant  qu’il « souhaitait » seulement voir le dialogue national se dérouler « loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu’aux diktats ». Mais dans les faits le communiqué de l’institution militaire va beaucoup plus loin, A cet égard, lit-on, « de telles méthodes et thèses sont catégoriquement rejetées, car l’Algérie a besoin aujourd’hui de ceux qui se sacrifient pour elle et qui élèvent l’intérêt suprême de la patrie au-dessus de toute considération, de ceux qui font preuve d’intégrité, de sagesse, de sérénité et de clairvoyance, ceux qui haussent le niveau du débat et s’élèvent au-dessus des questions secondaires et s’écartent de la surenchère, car il s’agit de l’avenir du peuple et du destin de la nation ».

Il recadre le chef de l’Etat, censé être le garant de la justice dans le pays pour le rappeler «qu’il n’est permis à quiconque d’interférer dans le travail de justice et ses prérogatives ou tenter d’influer sur ses décisions », ajoutant «qu’au sein de l’ANP, nous l’encourageons et nous l’appelons à poursuivre sa démarche patriotique dévouée avec la même détermination et la même résolution, loin des contraintes et pressions qui donnent à la bande et à ses relais, une occasion pour échapper à la sanction et revenir pour semer l’anarchie et impacter sur le cours des événements. » 

Habituellement, plus réservé sur la question de la neutralité de l’armée cette fois-ci, par ces déclarations, Gaïd Salah donne la preuve par 9 que le pouvoir est chez les militaires et pas ailleurs. 

1- Les réseaux sociaux s’emballent à cause d’une communication dichotomique

Ces appels à la désobéissance n’ont en fait pas commencé ce dernier vendredi mais la panne d’une offre crédible du pouvoir les ont imposés depuis déjà quelque temps déjà pour annoncer une rentrée sociale de septembre chaude afin de dénoncer la tergiversation des autorités pour une prise en charge de leur revendications. Ces appels sont non seulement constants mais aussi insistants et déterminés depuis le 22 février dernier : se débarrasser des symboles du système pour fonder une nouvelle république basée sur un Etat de droit républicain dans lequel le citoyen a son mot à dire.

 Il se trouve que de jour en jour, l’offre ne se dirige pas dans ce sens et tout porte à croire qu’il s’agit bien d’une élection de Bouteflika sans Bouteflika. Lorsqu’on apprend que le chef de l’Etat pour répondre à l’appel du panel de dialogue aller remplacer « Bedoui » par l’ancien directeur Général de la CNAS, on devine bien la tendance du « Bouteflikisme » qui entoure ces échéances électorales et les garanties qu’il offre.

2- Le panel de dialogue et les institutions de l’Etat  sont dans des dimensions différentes

Le détenteur du pouvoir n’a pas nié dans son discours de mardi dernier la « valorisation » des étapes franchies sur la voie du dialogue national notamment après l’audience accordée par le chef de l’Etat à un « groupe de personnalités nationales »  qui se chargera de la conduite de ce dialogue en mettant à sa disposition les moyens nécessaires pour «réunir les conditions idoines pour l’organisation des présidentielles dans les plus brefs délais ». 

Or, du côté des membres de ce panel dans leurs déclarations à l’opinion publique, on comprend autre chose. Il s’agit de « faciliter » le débat entre les différentes franges de la société pour rapprocher les points de vue mais ce dialogue reste ouvert à toute les propositions mais incontestablement non restrictive à la feuille de route arrêtée par le pouvoir : celle d’aller dans les plus brefs délais à l’élection d’un président qui aura la tâche au  cours d’un mandat entier de mener les réformes dans un programme largement débattues par la base. 

Pour Abderrahmane Arar, président du Forum de la société civile et initiateur de la liste des personnalités qui y participeront, dans une déclaration, vendredi soir à la chaîne El Bilad et confirmée, le lendemain, par le coordinateur du panel Karim Younès, «il n’est pas question de renoncer aux préalables parce qu’elle est une exigence du Hirak». Pour lui, l’inclusivité ne prend pas en compte les partis de l’alliance (FLN, RND, TAJ et MPA) qui sont des symboles du « système » refusés par le mouvement de dissidence populaire. 

A  la réponse au secrétaire général du FLN qui aurait déclaré que sans la présence  de son parti «toute discussion est vide de sens», Abderrahmane répond que si un parti de l’ancien régime veut assister à ce dialogue « qu’il se présente les vendredis  pour sa validation par le Hirak »                             

Cette dichotomie dans les approches ne fait que renforcer le dialogue de sourds et donnerait assez de motifs au mouvement de dissidence populaire de surenchérir sa demande, aurait il une autre voie ? 

Auteur
Rabah Reghis

 




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