À l’approche des prochaines échéances électorales, la scène politique, calcifiée par l’autoritarisme, rebouge. Elle se structure autour de deux lectures concurrentes de l’enjeu du scrutin.
D’un côté, les formations de la coalition présidentielle défendent une approche fondée sur la stabilité institutionnelle et la continuité de l’action du pouvoir en place. De l’autre, les partis de la mouvance démocratique tentent de réinvestir l’espace électoral en posant la question des conditions mêmes d’un processus politique crédible.
Exit la question des quelque 250 détenus d’opinion, la violation des droits, la mise sous cloche des libertés individuelles, la censure… Le régime a donc imposé à ce qui reste de l’opposition son agenda.
Le Front El Mostaqbal et le récit de la stabilité
Le récent discours de Fateh Boutbig, président du Front El Mostaqbal, prononcé à Aflou, illustre avec netteté cette ligne de fracture.
En déplacement dans cette région steppique des Hauts-Plateaux, longtemps administrée par la wilaya de Laghouat avant d’accéder récemment au statut de wilaya, il a présenté les prochaines élections comme un moment de consolidation plutôt que de remise en cause. En même temps, ce parti est participationniste, on ne lui connaît pas des positions tranchées vis-à-vis du pouvoir. Bien au contraire. Alors…
Inscrit dans la majorité présidentielle, renforcée par le ralliement de plusieurs partis, dont le FLN, le RND et Al-Bina El Watani, le président du Front El Mostaqbal a défendu une vision dans laquelle le scrutin s’inscrit dans la continuité de la trajectoire autoritaire et de compromission totale avec le régime qu’incarne actuellement Abdelmadjid Tebboune.
Son discours s’articule autour de notions récurrentes : stabilité, préservation des acquis et souveraineté nationale. Des antiennes opportunistes et sans sens critique politique. Les élections sont ainsi présentées comme un rempart face aux incertitudes régionales et aux discours jugés déstabilisateurs. La réforme, dans cette approche, s’opère graduellement à partir des institutions existantes et se matérialise par des politiques publiques telles que le nouveau découpage territorial ou la recherche d’un meilleur équilibre régional. La participation électorale y est conçue comme un acte de responsabilité politique et d’adhésion à l’ordre institutionnel établi.
Une opposition démocratique en quête de sens électoral
Face à ce discours de continuité, les partis se réclamant de la mouvance démocratique — Parti des travailleurs, RCD, FFS, Jil Jadid — adoptent une posture plus nuancée. Sans exclure la participation électorale, leur engagement demeure conditionné par une lecture critique du cadre politique actuel.
Pour ces formations, l’enjeu dépasse la simple reconduction des équilibres existants. Elles plaident pour une transformation qualitative du fonctionnement institutionnel, en mettant en avant plusieurs exigences centrales : l’élargissement des libertés politiques et médiatiques, l’indépendance effective de la justice et l’instauration d’un véritable débat contradictoire sur les choix économiques et sociaux. À leurs yeux, en l’absence de ces garanties, le scrutin risque de demeurer un exercice formel, incapable de restaurer la confiance d’un électorat durablement marqué par l’abstention.
Une élection entre dialogue politique et reproduction du statu quo
Le contraste entre les deux visions apparaît nettement. Là où le Front El Mostaqbal met en avant la responsabilité, la discipline politique et la continuité du système en place, l’opposition démocratique insiste sur la question de la légitimité et sur la nécessité d’une participation citoyenne effective.
Présenté par Fateh Boutbig comme un rejet du « populisme » au profit d’un « discours responsable » et aligné, ce positionnement est interprété par les formations démocratiques comme une tentative de neutralisation du pluralisme. Celles-ci voient, au contraire, dans ces élections une opportunité — peut-être la dernière — de dépasser une stabilité perçue comme formelle pour lui substituer une légitimité populaire fondée sur le débat et une réelle compétition politique.
L’enjeu central de ces élections réside ainsi dans leur capacité à dépasser le simple renouvellement institutionnel. Pour le pouvoir et ses alliés, il s’agira de convaincre que la stabilité invoquée ne se confond pas avec l’immobilisme. Pour l’opposition, le défi sera de transformer sa présence électorale en levier politique concret, au-delà du seul registre protestataire.
Entre la logique de continuité défendue par la coalition présidentielle et l’exigence de renouveau — voire de rupture — portée par la mouvance démocratique, les prochaines échéances électorales apparaissent moins comme une simple compétition partisane que comme un test de crédibilité du processus politique lui-même.
La question demeure ouverte : recomposition démocratique ou reconduction maîtrisée de l’ordre existant ? Tout se jouera, en dernière instance, sur la crédibilité du processus électoral et sur la posture du pouvoir, toujours détenteur des leviers essentiels. Eu égard à l’entêtement autoritaire du régime et son absence de volonté de quelque ouverture que ce soit, il est fort à parier que les partis du courant démocratique laisse leurs plumes dans les prochains scrutins.
Samia Naït Iqbal


Les partis de la mouvance démocratique doivent être définitivement conscients de la situation : rien n’est possible tant que ce régime est en place. Ce n’est pas l’ouverture qu’il faut quémander, c’est la destruction totale de cette tyrannie. Demandez peu, vous obtiendrez peu. Comme disait l’autre : on donnera à ceux qui ont et à ceux qui n’ont rien, on leur prendra même le peu qu’ils ont. Ce régime s’est dramatiquement radicalisé, l’opposition aussi doit se radicaliser. Chacun doit prendre conscience de la nature de Tebboune, de son entourage, de Chengriha et des décideurs militaires actuels. Ce sont des brutes épaisses, des gens qui n’ont aucune morale, aucune conscience, aucune humanité, aucun scrupules, aucune éducation, aucune culture. Ce sont des gens déterminés à écraser 48 millions d’algériens pour s’approprier le pays. Ce sont des gens déterminés à nous faire vivre sous le régime du code de l’indigénat