2 mai 2024
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Energie : l’Algérie possède d’énormes ressources mais…

Energie

Les énergies fossiles en particulier constituent déjà un point chaud entre consommateurs représentés par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et les producteurs par l’Organisation des Pays exportateurs de pétrole (OPEP).

Le premier ne croit pas aux procédés de décarbonation en cours et prône de doubler les investissements pour passer au plus vite aux énergies renouvelables (ENR). Le second dont fait partie l’Algérie en voit les choses autrement. Cette énergie fossile dispose encore d’une durée appréciable au-delà de 2050 et restent indispensable pour l’accompagnement du passage aux ENR. De nombreux responsables du secteur des hydrocarbures justement lancent des chiffres énormes pour rassurer mais confondent ressources et réserves alors que cet accompagnement est plus vital pour elle afin d’abord de sortir de la dépendance des énergies fossiles. Cette contribution, tente de mettre un peu les choses à leur place pour mieux cerner le débat qui lancera les jalons d’une stratégie énergétique fiable.

Il faut préciser d’emblée que favorisée par sa situation géographique, l’Algérie est classée comme étant le pays le plus ensoleillé au monde en matière de « ressources solaires » estimées par les experts du domaine début des années 2000 à 169 000 TWh (tonne watt heure) pour le solaire thermique et 13,9 TWh pour celui photovoltaïque.

Les derrières estimation du Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité Energétique (CEREFE) sont beaucoup plus optimistes. Sur la base des cartes réalisées par le Centre de Développement des Energies Renouvelables (CDER), cet organisme national déclarait dans un de ses communiqués (01) que « l’énergie solaire globale reçue par jour sur une surface horizontale d’un mètre carré varie entre 5,1 KWh (~1860 KWh par an et par m2) au Nord et 6,6 KWh (~2410 KWh par an et par m2) dans le Grand Sud ».

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De nombreuses tentatives sont entreprises pour aboutir à une installation très modeste d’environ 375 MW (Mégawatt). Pourquoi ? Parce que tout simplement cette gigantesque ressource n’est pas encore prête techniquement et économiquement pour être développée dans sa vitesse de croisière entre autre les prix actuels des ressources fossiles. En amont, c’est les coûts qui définissent l’exploitation d’une telle ou telle ressource et en aval, les prix de vente permettront de juger sur sa rentabilité.

En ce qui concerne le niveau du prix, on peut situer celui moyen du baril des trois dernières décennies à 55 dollars le baril qui ne permet pas encore d’aller vers les autres ressources qui remplaceraient éventuellement celles fossiles (pétrole et gaz principalement). C’est l’une des raisons qui fait que l’Algérie n’arrête pas de se débattre en vain d’ailleurs pour trouver une parade à la croissance de la consommation interne effrénée du gaz au rythme de  7% par an afin de trouver une alternative pour approvisionner ses centrales de production d’électricité par un autre moyen que le gaz qu’elle compte réserver uniquement pour l’exportation.

Les réserves donc ne sont qu’une partie uniquement des ressources exploitable techniquement et économiquement dont le propriétaire peut en faire usage dans un délai immédiat ou raisonnable

Le potentiel de gaz de schiste en Algérie n’est pas encore connu pour être une réserve

Pourtant, les responsables du secteur de l’énergie continuent de vendre cette illusion à l’opinion publique, une telle approche qui vise de rassurer serait –elle dans l’intérêt général ? Ainsi, lors de son passage à la télévision nationale, un responsable de ce secteur avait déclaré que « les réserves de gaz non conventionnel de l’Algérie sont très importantes. Elles peuvent couvrir les besoins intérieurs de 150 ans de consommation.»(02).

Au rythme espéré d’une exportation de 100 milliards de m3 tout en faisant face à l’augmentation effrénée de la consommation interne soit une production annuelle de 200 milliards de m3. Cette durée avancée donnerait dans ces conditions des réserves 30 000 milliards de m3 soit 12,5 fois les réserves conventionnelles. Sommes-nous pas dans les « promesses exagérées » dont avertit le président de la république ? Aurait-il inclut le Tight lequel gaz, lui-même comptabilisé dans le portefeuille des réserves des ressources conventionnelles ?

Parfois même on trouve des gisements comme celui situé au Sud-Ouest : Ahnet qui devrait être exploité en Tight et le gaz sec conventionnel. En effet, les réservoirs du niveau géologique Dévonien sont de type conventionnels, tandis que ceux du Cambro-ordovicien sont compactes (Tight) et fissurés. Sur les 40 puits qui ont été forés par Sonatrach, 30 forages ont mis en évidence des productions significatives de gaz sec estimées la première fois à 3,5 TCF (Trillion Cubic Feet) soit   99,12 milliards de m3 réévaluées en 2000/2007 après une fracturation hydraulique « soft » à 20 TCF (566,4 milliards de m3).

Le Plan de développement du permis d’Ahnet prévoyait de produire au plateau de 12,5 millions de m3/j de gaz brut, 350 jours par an, pendant près de 17 ans à partir de 50 puits producteurs répartis sur les 3 structures de Bahar el Hamar, Garet El Gueffoul et complexe In Bazzene pour des broutilles d’investissement global (CAPEX) évalué 2650 millions de dollars.

Confié le 17 janvier 2010 à l’opérateur Total pour 49% sur lesquels il cède 2% à Partex avec une mission précise de forer les puits nécessaires à son développement installer les équipements de surface pour produire 4 milliards de m3 de gaz sec destinés à la vente sur un plateau de 15 ans. Le premier gaz devait être produit au plus tard en 2015.

Profitant des événements de protestation de la population d’In Salah contre le projet d’Ahnet Shale gas (2 puits pilotes), le géant français a créé sciemment une confusion pour se retirer en catimini de ce projet alors qu’il n’a rien avoir avec le gaz schiste. Il a refusé au même temps de payer la pénalité de 100 millions de dollars due à son désistement unilatéral.

Situation des réserves pétrolières et gazières algériennes 

Le portefeuille actuel des réserves comprend l’ensemble des périmètres en exploitation en effort propre et en partenariat ainsi que l’ensemble des projets aussi bien en conventionnel qu’en « Tight gas »  Cet état des réserves de Sonatrach a été également certifié en 2012 pour l’année 2010 par le consultant DeGolyer and MacNaughton (DM&N), dont la totalité des périmètres en exploitation et en développement, et le Tight gas notamment au Sud- Ouest, sont pris en compte dans l’offre hydrocarbures pétrole et gaz, actualisées et communiquées au conseil des ministres lors de sa réunion du 06 octobre 2015. Réactualisées en 2022, en fonction de ce qui a été consommé et les réserves de reconstitution issues des nouvelles découvertes, on obtient un tableau perfectible mais les chiffres se rapprochent des différentes sources :

Produit Volume prouvé  Taux de récupération
en %
Réserves récupérables Réserves consommées Réserves restantes
Brut en106 T 11478 32 3673 2333 1340
GN en 109 m3 7316 73 5341 2973 2368
Condensat en 106 T 1567 54 846 586 260
GPL en 106 T 1095 40 438 283 155
Total en 106 TEP 21212   9842 5742 4100

Ces réserves d’hydrocarbures toute forme confondue en tonne équivalent pétrole sont reparties comme suit : 22% Hassi Messaoud, 22% Hassi R’mel, 11% Berkine, 8 % au Sud-Ouest du Sahara, 8% Rhourde Nouss et les 29% restantes sont à partager entre les gisements producteur dont TFT, Gassi Touil, Ohanet, Tinhert, etc.

Le pétrole et le gaz, les mamelles de la rente en Algérie

Il ne faut pas négliger dans cet inventaire les ressources éventuelles (dite contingent ressources) qui sont moins certaines que les réserves. Il s’agit de ressources potentiellement récupérables mais pas encore considérées comme suffisamment matures pour un développement commercial en raison d’obstacles technologiques ou commerciaux.

L’Algérie compte environ 200 niveaux producteurs de ce genre dont le fameux Lias Dolomitique LD2 situé au-dessus du trias de Hassi R’mel. Au prix moyen actuel du baril de pétrole qui se maintient à plus de 80 dollars et le MWH de gaz dans les hubs européens à 60 euros, ces ressources mises de côtés deviennent envisageables aujourd’hui.

Concernant le gaz de schiste, au-delà du débat stérile qu’il a suscité   jusqu’aujourd’hui, il y a zéro réserves : pas de réserves « commerciales », mais uniquement des volumes « techniquement » récupérables (Technically recoverable), tels que défini dans la cartographie de l’agence américaine d’information en énergie (EIA). Toutes les études, et tous les rapports aussi bien internes que les études internationales, d’organismes internationaux, s’accordent à dire que les « ressources sont importantes » mais pas de resserves encore commerciales.

L’Algérie ne peut en aucun cas s’engager sur des exportations de gaz de schiste à court et moyen terme, étant donné que le projet est encore loin de la limite économique. Toutes les estimations restent sommaires note le rapport de l’Agence Américaine « Elles sont fondées sur des paramètres incertains (proportion de matière organique, épaisseur de la couche, étendue du bassin, taux de récupération…). Compte tenu des incertitudes sur l’ensemble des paramètres pour le bassin sud-est, les estimations de gaz récupérable peuvent varier de 1 à 1 000. » Cette agence avait tout de même situé ces réserves réévaluées à 707 TCF soit près de 20 000 milliards de m3. Du côté responsables Algériens du secteur de l’énergie, l’approximation saute aux yeux.

Ainsi, le 7 juin 2012 depuis Kaula Lumpur en Malaisie où il était dans une conférence  Abdelhamid Zerguine alors PDG de Sonatrach a  déclaré que les 180 000 Km2, chaque Km2 prospecté renferme 0,6 milliard de m3 soit 108 000 milliards de m3 sur lesquels on peut récupérer 15%  soit 16200 milliards de m3 de gaz de schiste sans bien entendu citer le moindre détail sur la région et l’âge géologique.

Moins de 3 ans après le ministre de l’Energie et des mines de l’époque, Youcef Youcefi en visite à In Salah sur le puits d’Ahnet-1 avait déclaré que sur 100 000 km2, chaque km2 renferme 2 milliards de m3 soit un total de potentiel de gaz de schiste estimé selon lui à 200 000 milliards de m3 avec un taux de récupération raisonnable, on aura 20000 milliards de m3

Conclusion  

Ce qui est pragmatique à dire qu’actuellement, à court et à moyen termes, l’Algérie ne dispose nullement de réserves en gaz de schiste.

Le pays dispose de ressources très importantes, mais encore peu connues. Ces ressources sont sur la table au niveau de Sonatrach depuis les années 70 et avec plus de précision à partir des années 2000 durant lesquelles de nombreuses études ont été faites par des cadres Algériens.

– Tous les rapports internationaux, savent pertinemment, que l’Algérie dispose de ressources, mais pas de réserves. Ces rapports, citent en général des « volumes techniquement récupérables » mais en aucun cas de commercialité, ni encore moins de production ou d’exploitation à envisager pour le court ou moyen terme.

C’est pour tout cela que les pouvoirs publics algériens, n’ont pas cédé depuis le début à la panique qu’a suscitée le débat sur cette question houleuse, mais selon toute vraisemblance  des décisions très sages ont pris le dessus :

Début de la décennie 2010, forage des puits pilotent pour évaluer le potentiel en gaz de schiste dans les niveaux producteurs concernés aussi bien le Dévonien que le Silurien à travers 6 gisements Ghadamès (Berkine Illizi), Timimoune, Ahnet, Mouydir, Reggan et Tindouf. Il se trouve que cette décision pourtant logique a été mal diffusée parfois bruitée par des parasites qui ont contraints le feu Abdelaziz Bouteflika de prendre une décision qui arrête carrément ce projet pour rester sur une évaluation plutôt hypothétique

En 2020, suite à une opinion exprimée par le nouveau président de la république Abdelmadjid Tebboune qui voit que le gaz de schiste est « un don de Dieu, pourquoi ne pas l’exploiter » devait raviver le débat mais de suite la sagesse a pris le dessus pour que dans le programme du gouvernement Djerrad, volet énergie,  on a pris la décision de surseoir à l’exploitation immédiate en attendant de  préciser l’étendue du potentiel, évaluer la rentabilité économique de ce potentiel et surtout l’impact environnemental et aquifère qu’il faudrait soumettre à un débat.

Ce travail est-il fait ? Difficile à dire ! Mais rien n’a été débattu jusqu’à ce jour sauf qu’on parle vaguement de projets à soumettre à Chevron et ExxonMobil et que le 5e appel d’offre est reporté ?

Depuis 2019, on a tablé sur le « tout exploration » en encensant la nouvelle loi sur les hydrocarbures, le président de la république les a coachés en félicitant les responsables publiquement et à chaque occasion. Pourtant dès les premiers conseils des ministres, il devait lui-même dicter la démarche énergétique relative aux hydrocarbures basée essentiellement sur une intensification orientée sur les gisements matures pour augmenter leur taux de récupération jusqu’à 35%, une voie crédible pour augmenter la production des hydrocarbures.

Il a même enjoint de restructurer Sonatrach. Il fallait qu’il le fasse lui-même cette fois-ci et 3 ans après en limogeant tout un management pour qu’on revienne à ces gisements matures. Que de temps perdu, dans une économie avide de quitter la dépendance de ces ressources tarissables.

Rabah Reghis

Renvois

(01)-https://www.aps.dz/economie/114724-energies-renouvelables-l-algerie-possede-l-un-des-gisements-solaires-les-plus-eleves-au-monde                                                                                                                                        (02)-https://ebourse.dz/hakkar-les-reserves-algeriennes-couvrent-lequivalent-de-150-ans-de-consommation/?fbclid=IwAR1MQNNnwW1C1ZTTpBcMn7umCLtbZLUDTLSX9uZ_uXu-_NUg7EzEFeXrEew

 

2 Commentaires

  1. Allez, je vais contribuer un peu. Voici comment je ne paye pas le moindre centime pour l’energie. Dans mon Etat, j’ai entre 280-300 jours de soleil par an. Avec 4panneaux solaires sur mon toit, il se deguage entre 30 a 70 dollars d’electricite’ que je n’utilise pas et qui va dans le reseau de ma compagnie d’electricite’. Cet excedant qui se produit entre Mai et Octobre essentiellement paye pour les mois de mi-janvier a fin Mars ou se produisent les journees sans ou avec minimum de soleil, puis il ya l’exces qui m’est retourne’ CASH, c.a.d. pour payer le cout de l’installation des panneaux. un cout que j’ai deja recupere’ sous forme de reduction de mes taxes dues. L’installation est finance’e a taux de 0% d’interet et sans le moindre apport financier initial. Voila comment pas mal d’Etats aux USA comptent reduire la dependence en energie non renouvelable. Si ce n’etait pour la limite de la charge des batteries(plein electrique), je serais deja passe’ a la voiture electrique, que je chargerais dans mon propre garage. Cependant, je pense le faire tout de meme, car les quelques fois ou je fais plus que le plein, l’electricite’ que j’achete dans les stations est paye’e par mon exces d’energie solaire.
    Bonsoir.

  2. Un client du regime, quotidien Algerien rapporte ceci – soyons precis – pas que le quotidien paye’ a cous de sacs de 3dess et de hlib ait un rapporteur ailleur qu’a son siege, c.a.d. il ont un standard qui ne rate pas un coup-de-fil, comme tous les autres, au passage:

    « Le président de la République M. Abdelmadjid Tebboune a appelé mardi à Alger dans une allocution à l’occasion de l’ouverture de la deuxième édition de la Conférence africaine des startups, lue en son nom par le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, à promouvoir la créativité et l’innovation en Afrique pour accroitre la productivité et la croissance économique, ce qui permettra de renforcer l’indépendance de la décision politique et économique. »
    Pour erreur de grammaire, je remarque le lapsus de « republique » a la place de « jamahiria » islamiya, sinon le respect des brevets surtout des technologies de l’information, vont commencer faire du rabattage. Et les amandes payable en DEVISES !
    Faut dire que ces gens se croient plus avance’s ou capables que les sub-saharien !!!

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