Mercredi 19 décembre 2018
… Et sinon comment va Bouteflika ?
Le Premier ministre de la République de Corée, Lee Nak-yon, s’est bien offert une visite touristique au Musée national des Beaux-Arts et au Jardin d’Essai du Hamma à Alger. Très bien tout ça ! Mais, le hic c’est que cet auguste personnalité a dû repartir sans avoir rencontré le président Bouteflika.
Les médias officiels et officieux ont abondamment relayé l’information comme pour faire oublier l’absence du président Bouteflika dans cet épisode diplomatique. Comment en effet est-ce possible ?
C’est la deuxième fois en moins d’un mois que Bouteflika a été incapable de recevoir un homme d’Etat. Le prince héritier saoudien MBS a lui aussi dû se contenter des seconds couteaux au cours de son bref séjour à Alger. Même protocole pour Lee Nak-yon.
A l’occasion de la visite de Mohamed Ben Salmane, la présidence ne pouvait laisser passer l’absence de rencontre de ce fils bien né de la monarchie saoudienne avec le président sans susciter des interrogations. Elle a alors dû pondre un communiqué pour annoncer que Bouteflika était atteint d’une grippe aiguë. Mais depuis, aucun communiqué n’est venu rassurer les Algériens sur l’évolution de l’état de santé du chef de l’Etat. Seuls des communiqués que des personnalités nationales attribuent à d’autres personnes (Louisa Hanoune en a attribué un à Ahmed Ouyahia) sont lus en son nom.
Pourtant, la visite du premier ministre sud-coréen aurait pu être une occasion tout indiquée pour montrer quelques secondes d’images d’un Bouteflika donnant le change à son hôte. Non, Lee Nak-yoon quitte l’Algérie sans rencontrer le président. Et encore une fois, les Algériens demeurent orphelins d’une communication officielle chaotique.
Il y a à peine un an, le président Bouteflika recevait même les conseillers des chefs d’Etat. Comme cette audience qu’il avait accordée en janvier 2018 au conseiller du roi d’Arabie saoudite.
Aujourd’hui, il vit à l’abri des regards et des caméras de l’ENTV dans la résidence médicalisée de Zéralda. Plus aucune image ne filtre depuis celles du 1er Novembre dernier. Une séquence particulièrement choquante où les caméras de l’ENTV ont montré un président tassé dans son fauteuil roulant attaché avec une ceinture comme si l’on craignait que son corps ne tienne pas droit.
Depuis, aucune image n’a été diffusée. En revanche, les Algériens se perdent en conjectures sur 2019 et la classe politique est suspendue aux déclarations contradictoires des troubadours du pouvoir. Ces grands supporters reconnaissent bien l’impasse mais aucun ne souffle un mot critique contre le coupable.
Les plumes les plus averties coupent – les pauvres – les cheveux en quatre pour faire comprendre les dernières sorties de deux « islamistes compatibles » Amar Ghoul et Makri. Et se lancent avec parfois ingénuité pour certains dans de savantes analyses pour essayer de voir plus clair dans ce sac à noeuds dans lequel Bouteflika a enfoncé l’Algérie. Même l’Union européenne, avec ses réseaux, a mis en surchauffe ses crânes d’oeuf pour tenter de deviner les intentions de Bouteflika pour les mois qui viennent. En pure perte ! C’est dire des promesses de construction d’institutions solides, il ne reste que du vent.
Si ce n’est pas un bien triste résultat, voilà où en est le pays après 20 ans de règne sans partage du président Bouteflika.