20 avril 2024
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Gaz : comment Naturgy a dupé Sonatrach

Sonatrach Naturgy

L’accord fortement médiatisé entre Sonatrach et son partenaire espagnol Naturgy pour actualiser les prix au contexte de l’évolution de leur situation sur le marché cache un tour de passe-passe. Comment Sonatrach s’est fait avoir ?

L’accord s’articule sur deux phases. Une première partie sera consacrée à l’année 2022 avec un effet rétroactif au 1er janvier de l’année en cours et une renégociation sera entamée à partir de janvier 2023 en fonction bien entendu de l’évolution de cette situation du marché.

En tout état de cause, le PDG du géant Naturgy a donné la fourchette en rassurant l’opinion publique espagnole à travers sa presse que la révision des prix des contrats avec l’Algérie pour la période 2022-2024 ne sera pas à la hauteur « des chiffres exorbitants qui ont été annoncés dans certaines enceintes.»

Quelle sont ces chiffres exorbitants et qu’espère tirer Sonatrach de cet accord ? En effet, aujourd’hui la moyenne européenne des prix de la transaction gazière se situe autour de 65 euros le Mégawatheure (MWH), soit aux environs de 20,31 euros le Million de British Unit (MBTU), unité communément utilisée par Sonatrach.

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Or, au lendemain de la signature de cet accord, on parle en Espagne de doubler les prix actuel de 6 à 12 euros le MBTU. Soit un manque à gagner de Sonatrach de 41% sur le MBTU de gaz Algérien vendu à l’Espagne. Il n’est pas exagéré de dire qu’après un périple de plus de 10 mois de perte de salives la montagne a accouché d’une souris.

Rappelons juste pour mémoire qu’au lendemain de l’avènement de la crise sanitaire due au Covid-19  sous une insistante pression de son partenaire Naturgy qui est allé jusqu’aux menaces, Sonatrach a signé un accord sur long terme 2020-2030 en redescendant ces prix à 6 euros le MBTU.

Pourquoi cette augmentation n’inquiète nullement les acteurs espagnols

Selon la presse espagnole, les citoyens sont confiants d’un prix du gaz raisonnable cet hiver mais regrettent la période durant laquelle l’Espagne a bénéficié d’un prix inferieur à celui atteint pendant les années de reprise post-pandémique (01) Qu’a-t-elle fait de ce gaz ?  Selon le journal « L’indépendant » dans sa livraison du 24 juillet 2022, (02) La partie du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) est fournie par l’Algérie, de suite regazéifiée dans l’une des sept stations qu’elle possède, celui de Barcelone avant de compléter sa consommation domestique et d’en envoyer le reste en Europe via un gazoduc qui traverse les Pyrénées au niveau du Pays basque.

Pour le moment, le projet MidCat (Midi Catalogne) constitué d’un second gazoduc, qui passerait par la Catalogne et l’Occitanie, précisément les Pyrénées-Orientales et l’Aude, a été repoussé mais reste d’actualité tant la pénurie de gaz russe menace le continent.

Si l’Europe consomme 40% du gaz russe, l’Algérie reste un fournisseur concurrent qui permet à l’Espagne une relative autonomie (03). Avec ses gazoducs de Irún (Pays Basque) et de Larrau (Navarre), l’Espagne commence à envoyer son gaz à la France voisine soit près de 8 milliards de m3 équivalent de la quantité reçu annuellement de l’Algérie, pays qui a fourni à l’Espagne cette dernière décennie 83 milliards de m3. 

Grâce à l’Algérie, l’Espagne, ajoute l’analyste de ce journal, est donc l’un des pays européens les moins dépendants de la Russie pour ses besoins en énergie.

Le gaz utilisé par la péninsule provient d’ailleurs actuellement en grande partie de l’Algérie. « Un pays pour le moins instable politiquement et diplomatiquement que Madrid s’emploie à ne pas froisser. En plus de ses terminaux méthaniers, l’Espagne possède une importante flotte de navires équipés de citernes servant à transporter du gaz naturel liquéfié.»

L’Europe utilise l’Algérie comme un tremplin contre la Russie

Elisabeth Borne est arrivée à Alger dimanche, accompagnée par 16 de ses ministres et plusieurs chefs d’entreprises, pour parachever les grands accords « mâchés » par la dernière visite du président Emmanuel Macron, selon nos sources. Mais là où on parle peu, c’est la présence en Algérie le même jour du Commissaire européen à l’énergie Kadri Simson dont l’objectif est le renforcement de la coopération énergétique avec « le pays du Maghreb » pour diversifier l’approvisionnement de l’Union européenne (UE) et « poursuivre la stratégie de désengagement de la Russie.»

Comment va-t-il opérer ? « L’UE travaille actuellement à la mise en place d’une plateforme européenne d’achats groupés pour empêcher la concurrence entre les pays de faire monter les prix du gaz naturel liquéfié (GNL), une proposition qu’elle va tâtonner avec les autorités algériennes à la recherche de prix moins cher. »(04)

Rabah Reghis

Renvois

(01)-https://www.eldebate.com/economia/20221005/argelia-cobrara-espana-gas-precio-marcado-mercado-holandes_64103.html

(02)-https://www.lindependant.fr/2022/07/25/energie-lespagne-privee-du-gaz-algerien-10455194.php

(03)-https://www.equinoxmagazine.fr/2022/03/08/gaz-france-espagne/

(04)-https://es.budrigannews.com/ue-busca-aliar-a-argel-para-estrategia-energetica-ante-desconexion-de-rusia/

2 Commentaires

  1. Ainsi donc malgré son doublement de 6 à 12 euros le million de BTU,l’Algérie perd encore quelques 8,31 euros par million de BTU dont le prix moyen en Europe est de 20,31 euros.On dirait que c’est voulu de toujours perdre alors que personne ne nous fait de cadeaux.

  2. Ce n’est pas SH qui s’est faite avoir sur les prix mais ce sont les patrons de SH et leurs parrains qui ont négocié des dessous de table.
    L’UE se tourne vers l’Algérie dont les dirigeants sont plus malléables et corruptibles parce que la Russie a refusé le plafonnement des prix du gaz par les consommateurs.

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