De ce qui a été dit dans la première partie de ce papier, le lecteur pourrait se demander pourquoi spécialement Hassi Messaoud et Hassi R’mel alors que le domaine minier algérien sur une petite parcelle de moins de 5% compte plus 177 gisements producteurs selon les derniers chiffres de Sonatrach.
La réponse est toute simple, ces deux gisements qui ont accompagné l’Algérie dans sa dernière phase de sa révolution armée et débuté celle économique dés les premières années de son indépendance, « seront les seuls et uniquement les seuls » qui l’accompagneront jusqu’à la diversification partielle de son économie.
En effet, le programme présidentiel d’Abdelmadjid Tebboune dans sa partie économique vise à réduire progressivement la dépendance de l’économie de l’Algérie des hydrocarbures. L’année 2021, le programme du gouvernement a établi ses prévisions sur une contribution hors hydrocarbures de 5 milliards de dollars, il en a réalisé 4 milliards de dollars.
En 2022, selon Ali Bey Nasri, président de l’Anexal, Association nationale des exportateurs algériens, on espère 6 milliards de dollars, probablement on obtiendra 5 milliards dans le scénario le plus pessimiste. Si on suit ce rythme, dans les conditions normales, toute chose égale par ailleurs, on atteindra le niveau des 20 milliards de dollars d’ici 2040.
Hassi Messaoud et Hassi R’mel seront les seuls qui resteront debout à cette échéance et tous les autres s’éteindront bien avant. Pourquoi ? Parce que les aînés qui avaient la charge de ses deux gisements ont réussi à élaborer avec expertise, courage et nationalisme leurs profils de production qui s’appuient avant tout sur la conservation de leurs réserves.
Hassi Messaoud et Hassi R’mel : attention à l’euphorie commerciale ! (I)
Il y a moins de 5 ans, Hassi Messaoud à lui seul a atteint près de 400 000 barils par jour, aujourd’hui il ne dépasse pas en moyenne les 280 000 barils par jour, Hassi R’mel en produisait 210 millions de m3 par jour, aujourd’hui il peine d’arrondir les 200 millions de m3 en dépit du boosting phase 3 qui a débuté en février 2020. Cette pression commerciale semble avoir le dessus sur ce qu’ont fait les aînés sur ces deux gisements et ils sont nombreux à citer que leur soit rendus un vibrant hommage et un immense respect dans ce papier.
Il faut dire aussi que ce n’est pas parce que dans le programme du président Abdelmadjid Tebboune et pour la première fois affichée ouvertement l’accession des jeunes dans les hautes fonctions dans les institutions publiques et les entreprises économiques algériennes, idée au demeurant incontestablement louable, qu’on s’éloigne consciemment ou inconsciemment de ce qu’ont tracé leurs aînés dans la bataille économique du pays et notamment dans le domaine des hydrocarbures qui constituaient quelques années après l’indépendance le seul pourvoyeur des capitaux pour le développement des autres secteurs pour aspirer à une diversification de l’économie seul gage d’une indépendance économique.
Ce n’est pas vrai non plus de tout mettre sur le dos des deux décennies de la gestion bouteflikienne en dépit de la cooptation de ce que les médias ont appelé communément «les hommes du président» car se serait faux, injustes et surtout non responsables vis-à-vis des femmes et des hommes qui ont eu la charge des principaux gisements des hydrocarbures en Algérie durant cette période et réussi brillamment à les défendre et les maintenir en employant des techniques qui ne diffèrent pas, parfois meilleures qui se pratiquent actuellement dans le monde.
Il ne faut pas oublier que c’est en 2007 durant la période Chakib Khelil qu’on a réévalué le taux de récupération de Hassi Messaoud de 25,5% à 28 % pour dégager des réserves supplémentaires de plus de 1 milliard de barils. Les premières phases boostées de Hassi R’mel ont débuté 2 année après pour atteindre la troisième phase, œuvre technique unique au monde. Très peu sinon aucun gisement dans le monde n’a tenté de donner de l’énergie à une pression aussi basse.
Ces décisions sont courageuses et patriotiques par ce qu’elles se basent sur le principe qui se sont fixés ces femmes et ces hommes de terrain de s’éloigner de la vision commerciale mais ont tout fait pour penser aux générations futures pour respecter la conservation des réserves de ces deux gisements dont ils ont la charge en respectant à la lettre les consignes du profil de production contenus dans leurs plans de développement actualisés. Ce principe était de veiller contre toute velléité de déviation de réinjecter tous les gaz associés de Hassi Messaoud et de respecter un taux de cyclage entre 30 à 40 % du gaz à Hassi R’mel.
Que s’est-il passé alors ?
La vérité qu’il ne faut pas occulter ou l’utiliser comme alibi c’est qu’on 2018, lorsque le pays était géré par un homme handicapé rangé par un accident vasculaire cérébral (AVC) que le désordre a commencé par un abandon carrément de la maintenance des gisements en favorisant l’exportation des gaz associés de Hassi Messaoud et Rhourde El Baguel et faire des ponctions sur le gaz à réinjecter à Hassi R’mel qu’on espérait terminées avec la fin de cette période noire de l’Algérie comme une voie de facilité pour tenter de remédier au déclin naturel qui aurait pu être réglé autrement.
Cette idée perverse, voire ridicule, fortement médiatisée au nom des ingénieurs de Sonatrach pour pallier à un déficit de production de gaz évalué à 50 millions de m3 par jour, était de faire une bretelle de piping pour détourner le gaz associé de Hassi Messaoud vers l’exportation et limiter le cyclage de Hassi R’mel et Rhourde El Baguel pour un complément.
Est-ce que cette bretelle fonctionne à ce jour ? C’est difficile de l’affirmer mais c’était une solution qui remettait en cause tout le travail stratégique fait auparavant pour sauver ces deux gisements qui constituent plus de 40% pour le brut et 50 à 60 % pour le gaz de la production primaire des hydrocarbures en Algérie.
A quel risque cette solution les expose-t-elle ?
D’abord de rentabilité car l’augmentation d’un pourcent à Hassi Messaoud donnerait 500 000 baril pour un investissement beaucoup moins. Quant à Hassi R’mel le boosting phase 3 aurait coûté 1 milliard de dollars pour une réserve en plus évaluées à 400 milliards de m3 donnerait au prix moyen du million de BTU 120 milliards de dollars qui risquaient de partir en l’air.
Ensuite et plus grave, les différentes installations de ces deux gisements ont été amortis cela voudra dire que c’est le coût moyen du baril de 5 dollars à Hassi Messaoud et de moins de 1 dollars le million de BTU de Hassi R’mel qui fait que les autres gisements dont le coût est beaucoup plus, autour de 18 dollars le baril vont risquer de pâtir s’il arrive un problème quelconque à ces deux gisements et ceci sans compter le manque à gagner dû à la baisse continue de la production.
Conclusion
De ce qui est exposé, il faut absolument éviter de céder à la pression commerciale qui vise à régler le problème des autres mais pas l’intérêt national. Rechercher l’opportunité pour produire plus là où les installations d’utilités existent comme font actuellement les associés qui campent « Near Field ».
Tenter en dehors de l’Algérie est une bonne chose si l’entreprise dispose d’une capacité d’autofinancement appréciable en plus du financement de ses projets en développement en Algérie. Sinon la rentabilité reviendra au Trésor du pays où on investit alors autant en faire profiter le nôtre. Dans un contrat classique de partage de production (PSC) à 30% pour la société et 70% pour l’Etat, après paiement d’impôt, 65% du profit oïl revient à l’Etat.
Rabah Reghis