15 mai 2024
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Il y a 24 ans, Allaoua Aït Mebarek, Mohamed Dorbane et Djamel Derraza

SOUVENIR

Il y a 24 ans, Allaoua Aït Mebarek, Mohamed Dorbane et Djamel Derraza

Allaoua Aït Mebarek né le 4 septembre 1956 au village Tanalt (Kabylie) a choisi la presse par choix intellectuel. Militant de la cause berbère, il était l’un des fondateurs de Radio berbère à Paris.

Le 11 février 1996. C’était un dimanche de ramadhan. Une voiture piégée explose en plein après midi sur l’avenue Hassiba Ben Bouali, juste à hauteur du siège du Soir d’Algérie.

Cet impitoyable dimanche comme il y en a eu de nombreux autres jours en ces lourdes années de terrorisme a emporté Allaoua Aït Mebarek, directeur de la rédaction du Soir d’Algérie, Mohamed Dorbane (chroniqueur) et Djamel Derraza qui était chargé de pages jeux. Ce dernier venait rarement au journal. Ce jour-là, il croisera la mort pour la première et la dernière fois. Terrible. 

Cette voiture piégée a fait 18 morts et une cinquantaine de blessés. Un carnage en plein centre d’Alger. Le siège du Soir d’Algérie a été soufflé, celui du quotidien du Matin a également été touché. Mais l’indicible douleur de  ce jour funeste est incommensurable pour ceux qui l’ont vécue et ressentie dans leur chair. 

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L’horreur s’est invitée pour ravir des hommes, des femmes, des amis, des collègues très chers. La nuit était tombée en plein après midi sur le quartier. Un court et insondable silence a suivi l’explosion. Un moment de terreur qui glace les coeurs et les laisse à jamais meutris.. 

La mort a croisé Allaoua Aït Mebarek le regard sur le téléscripteur qui crachait sans arrêt les dépêches des agences. Il prenait le pouls de ce monde qui devenait fou avant qu’un fou ne vienne mettre un terme au sien. C’était ainsi. Quelques minutes avant il était dans notre bureau, je lui avais confié une cassette de l’immense Mohya. Elle contenait une pièce de théâtre qui traite de l’au-delà. Avec ce sourire que rien ne déridait. Allaoua l’avait glissée dans sa poche.

C’est la dernière image que je garde de toi. Tu étais (et tu le resteras) mon aîné, celui qui a revu et corrigé l’un de mes premiers articles sur Idir. Je n’oublierai jamais.

Bien des jours plus tard, j’avais cru t’avoir croisé à Alger au milieu de la foule, c’était juste une hallucination… Un mystère. 

Dans ton village, de Kabylie, où tu te reposes pour l’éternité, au creux de cette vallée qui a vu mourir tant de braves Allaoua, tu ne dois pas te sentir seul… 

Il y a donc 24 ans que tu es parti ! Presque un quart de siècle. Une simple pichenette ! C’était du temps où la funeste engeance de la guerre avait fait du pays un cimetière. Le peuple coudoyait avec l’horreur et l’innommable au quotidien. 

C’est comme hier. Car il y a des visages, des êtres qui sont comme ça. Attachants. Une fois croisés, ils vous accompagnent jusqu’à vos ultimes prières. 

N’est-ce cher Mohamed ! Toi qui n’aimais pas les caudataires, tu brocardais dans tes chroniques avec une certaine gourmandise l’idiotie aux affaires, tu en savais quelque chose. Tu aimais enfiler les perles des faquins pour les leur renvoyer à la figure comme pour secouer les restes de conscience qu’ils pouvaient encore avoir. Tu avais un sourire souverain devant la bêtise des hommes.

De là où tu es Mohamed, tu dois bien voir que peu de choses ont changé, les hommes sont restés des hommes, et les autres, ma foi, ils continuent de faire semblant…

Auteur
Hamid Arab

 




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