Jacqueline Brenot

Avec Autant en emporte l’enfance, son huitième ouvrage, Jacqueline Brenot nous livre un récit rare, à la croisée de la mémoire intime et de l’histoire collective. Publié chez L’Harmattan, dans la collection Graveurs de Mémoire, le livre s’inscrit dans la grande tradition des témoignages littéraires qui questionnent le passé pour éclairer le présent.

Nous sommes dans les années 1950, à Alger. Une enfant grandit au bas de La Casbah, dans la blancheur aveuglante de la ville coloniale. Son regard, affûté par l’innocence et la conscience naissante, capte les dissonances d’un monde inégal : des rues où les enfants ne partagent ni les mêmes langues, ni les mêmes droits, des gestes d’humiliation, des silences lourds de secrets, et les premières rumeurs d’une guerre qui s’annonce.

Jacqueline Brenot donne voix à cette enfant avec une justesse bouleversante. À travers elle, c’est toute une époque qui se raconte : celle d’un pays sous domination, d’un peuple en résistance, d’une famille prise dans le tumulte. Le père, engagé dans le combat pour l’indépendance, devient une figure lumineuse, discrète mais essentielle, dans ce cheminement vers la conscience.

L’écriture, fine et pénétrante, évite l’écueil du pathos. Elle creuse la mémoire comme on sculpte une plaque sensible : chaque souvenir, chaque émotion, chaque fragment de vie est gravé avec pudeur, mais sans concession. Ce n’est pas seulement un récit d’enfance : c’est un livre sur la construction d’un regard, sur l’injustice comme fracture première, sur la dignité comme repère fondateur.

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Jacqueline Brenot, née en Algérie, partage aujourd’hui sa vie entre la région parisienne et Alger. Professeure de Lettres, plasticienne lettriste, chroniqueuse littéraire depuis 2018, elle signe ici une œuvre d’une grande puissance évocatrice. Autant en emporte l’enfance résonne bien au-delà de ses pages — il interroge notre rapport à l’Histoire, à l’oubli, à l’altérité, et à la transmission.

Chez L’Harmattan, dans une collection dédiée aux voix de la mémoire, ce récit s’impose comme un hommage vibrant à l’Algérie plurielle, douloureuse, mais profondément vivante.

Djamal Guettala

NB. L'autrice sera présente au salon du livre du Maghreb prévu à Paris les 28 et 29 juin. 

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