Le 28e SILA a été fortement marqué par un hégémonisme rétrograde d’ »épiceries halal » destinées au seul public assoiffé pourtant d’acculturation livresque. Au passage de chacun des stands d’éditeurs et de libraires locaux, la mémoire littéraire de plus de 5000 ans est réduite à un liminaire 1954-62.
La mémoire de nos lettres crie au blasphème à chaque fois que les restes des tenants de l’Article 120 de la déchéance culturelle se prononcent au nom de la critique littéraire ou des neurosciences.
Faut-il brûler Albert Camus ou carboniser Jean Amrouche, afin de standardiser l’abjection ? Il est plus salvateur de s’éloigner de cette pseudo-sous-culture et de se ressourcer auprès de diligentes plumes. Il y a 79 ans, l’une de ses dernières osait de s’interroger pour savoir qu’est-ce qu’il y a de commun entre l’homme absurde de Camus et l’homme héroïque de Jules Roy, de l’ouvrier d’Emmanuel Roblès, du Bunoz jouisseur et âpre de Claude de Fréminville et la poésie hautaine de L’Etoile secrète de Jean Amrouche ?
Forment-ils réellement une «Ecole nord-africaine» ?
Passé sous silence par une certaine critique littéraire, le nom d’Henri Hell (1916-1991) est totalement méconnu en Algérie. Originaire du Venezuela, de son véritable nom José Enrique Lasry a observé de près l’évolution de cette littérature nord-africaine multiethnique. Elle fut une institution informelle qui prônait «l’amour de la même terre, du même ciel, une même passion de la violence et du détachement», autant de projets d’écritures qui gravitaient autour de la personne de Claude de Fréminville.
Pour Henri Hell, cet exilé hispanique des faubourgs parisiens et le court séjour oranais, apprit que le pessimisme et l’amour de la vie chez Jules Roy font partie du « caractère africain » et «forment toute la pensée méditerranéenne ». L’enfant de Caracas ne le saisit pas de la sorte. Dans le Littéraire, du 14/12/1946, il abordait la question de la littérature en Algérie. Pour le critique d’art qu’il fut, musicologue et critique littéraire, L’Etranger de Camus est « un pure récit français, tel que notre époque se devrait de le renouveler », que les livres de Roblès « ambitionnent la puissance d’un Hemingway », ceux de Jules Roy s’inscrivent dans « la lignée de Saint-Exupéry » et que la poésie de Jean Amrouche « semble issue directement de l’Ecole de Tasse ».
Il n’y a rien, dans ces œuvres, de spécifiquement nord-africain, notera-t-il à cette époque. Remontant aux sources inspiratrices de cette École, il considérera qu’un Fromentin ne trouva sur la terre africaine qu’une source d’inspiration, qu’André Gide n’eut que les assises d’une éthique personnelle, qu’Henry de Montherlant ne développa qu’un style de vie et que pour Jean Grenier, la terre d’Afrique n’est autre qu’un support d’une métaphysique. Il conclura que ces écrits , s’inspirent tous dans le même climat. La seule école littéraire réelle digne de ce nom « devrait être constituée par des indigènes du pays », signale Henri Hell. Des écrivains de culture française a formé et qui fournissent de leur côté, l’apport de leur propre culture algérienne, tunisienne et marocaine. Ils seront des plumes qui s’exprimeraient dans la langue française « leur âme, leurs problèmes et leur conception de l’homme nord-africain ».
Le souhait du critique Hell, s’exhaussera dès la parution du Fils du pauvre et de La Colline oubliée, deux textes que nous désignerons aujourd’hui, comme deux versants d’une même montagne Kabyle. Mais durant les années 40 du siècle passé, il était plus question de cet ex-élève officier du 8e tirailleurs tunisiens (1929), devenu professeur de lettres au collège de Sousse (Tunisie).l’enfant de cette Kabylie errante de part le monde, donnera en février 1931, une conférence sur L’espace de France au sein du local de l’Association des anciens élèves de l’Ecole franco-arabe de la même ville. Deux ans après, il évoquera toujours à Sousse, les rapports entre Poésie et mystique au même moment, il publiait son poème «Prière» dans la revue tunisienne Marges.
L’homme n’était pas top accepter par une certaine France, collaborationniste et pétainiste. C’est ainsi que le plumitif de l’hebdomadaire France-Jeu paraissant à Lyon, écrivait dans son numéro du 5/12/1942 que Jean Amrouche, qu’étant Berbère et de vieille souche « arrive à se racheter d’une incompréhensible agrégation de Lettres par une intelligente critique des plus pénétrantes et la chaude sympathie qui inspire tout ce qu’il écrit (ceux-là seuls qui connaissent les Arabes ne s’étonnant pas de me voir effaré de ce que Jean Amrouche au carrefour de deux civilisations lumineuses et pourrissantes, réalise cet harmonieux équilibre qu’il se refuse à toute compromission».
Après les massacres de mai 1945 et en pleine phobie macartiste mondialisée, les furtifs débats sur un éphémère statut particulier de l’Algérie en l’admettant au sein d’une nouvelle union coloniale. Jean El Mouhouv Amrouche est avec Albert Camus à Paris au début 1947, sur invitation du proconsul Chataigneau afin d’inaugurer, et grandes pompes, une exposition sur «la vitalité littéraire de l’Algérie». L’objectif est d’édifier une voie conciliante de l’après génocide de mai 1945. Mais toujours cette France, issue de l’Action française et de ses appendices (PPF-PSF), qui ne se lasse pas de la cabale anti-Amrouche jusqu’à la veille des premiers contacts entre le FLN-GPRA et le gouvernements du MRP.
Pour se rendre compte de ce climat cryptofasciste de la république parisienne, nous citerons deux gratte-papiers et écrivailleurs de l’Empire coloniale: Pierre Boutang (1916-1988) qui notait dans La terreur en question. Lettre à Gabriel Marcel (Paris, 1958) qu’un Jean Amrouche est « un haineux berbère et ingrat», tout en qualifiant les tragiques événements de Sakiet-Sidi-Youssef d’une simple «embuscade de fellaga» au même moment où on a arrimé le bateau Slovenija, portant une cargaison d’armes lourdes « aux communistes pour la relance de la rébellion en Algérie ».
Le second écrivassier est encore plus virulent, Pierre Debray (1922-1999) et en bon maurrasien du nationalisme-royaliste, notait dans La troisième guerre mondiale est commencée (1958) que, J. Amrouche n’est qu’un « rallié de dernière heure, homme de lettres déçu dans ces ambitions » et que, « si méprisable qu’il soit, un Jean Amrouche a sur Martinet l’incommensurable supériorité de la logique ».
C’est ainsi que la France du populisme cagoulard voyait celui qui avait dit qu’on « voudrait enfermer l’homme dans ce dilemme: liberté ou justice. Nous ne renonçons ni à l’un ni à l’autre. Notre destin d’hommes est de souffrir la contradiction pour la dépasser. Pas de liberté sans justice, pas de justice sans liberté ». Jean Amrouche posait véritablement problème à cette France du pétainisme déchu, lorsque la revue de tourisme et des stations thermales et climatiques, Le Pays de France, paraissant à Paris, demanda pour son numéro 4 janvier 1947 à Amrouche et Albert Camus de présenter un récit de voyage sur leurs pays respectifs en vue d’inciter le public à la découverte des terres coloniales, le premier a préféré sa Tunisie qu’il connaît si bien, alors que pour le second il sera question de cette Algérie sans passé.
Jean Amrouche le paysagiste tunisien…
En 1947, le Kabyle de Sousse est une réelle force de la nature qu’il est impossible de dissocier de l’histoire littéraire de la Tunisie. Son étude, intitulée Paysages tunisiens, et devançant celle de Camus, le plus «Africain» de toute l’équipe de la revue L’Arche évoque dans un ton de confidence « toute la gamme des blancs, car ce pays entre tous effacé n’admet pas le bariolage des tons heurtés ». Ici, il est question de cette Tunisie « petite sœur de l’Algérie, cousine pauvre du Maroc, elle est plus précieuse, comme un bijou ancien brille d’un éclat plus rare qu’un bijou neuf », celle d’un pays classique, de la discrète médiocrité et de la grâce, note-t-il.
Aux côtés de deux pays, tellement riches « d’énigmes et de contrastes », la Tunisie de Jean El Mouhouv Amrouche a une subtile essence qui émane d’elle, l’enveloppant « d’une tranquille magie » à travers ses lieux déshérités.
Dès l’ouverture de ce récit sensé inciter aux voyages, Jean Amrouche insiste sur cet Orient qui se dégage du pays telle « cette immense oasis de silence où les couleurs s’éteignent, où les gestes ne sont que de furtifs glissements, où les paroles n’ont d’autre sens que celui qu’elles reçoivent d’un imperceptible mouvement de lèvres ».
Personne ne peut se vanter de connaître ce pays, notamment dans « sa réalité spirituelle ». Nous ne pouvons saisir que sa mince écorce, qui ne laisse rien transparaître de cette profonde âme tunisienne, note-t-il fortement. Il y a bien deux Tunisie qui se dégagent de cette poésie de Jean El Mouhouv Amrouche, celle d’abord où l’on songe à une terre nonchalante, « non point tant ensommeillée que nerveuse, où les soucis du présent s’estompent dans l’ombre solennelle des grands souvenirs de l’histoire, où la fièvre mécanicienne des temps modernes se tempère au contact de la résignation orientale ». Il y a cette autre Tunisie, qui souffre, qui a été bouleversée par la guerre et elle a payé « cher la gloire des armes ». Le pays des villes martyres : Bizerte, Tunis et Sousse. La Tunisie qui attend d’être reconstruite dans un effort « de création où la volonté et l’imagination, où l’esprit novateur devraient triompher de la routine ».
Si la Tunisie fait figure de parente pauvre par rapport au Maroc et à l’Algérie, c’est surtout un pays qui vit moins par lui-même, puisque c’est un pays qui a tout « emprunté, et qui continue; une transition entre le Maghreb proprement dit où de puissances masses de Berbères ont conservé leur antique civilisation et le véritable Orient, foyer de rayonnement de l’Islam moderne ». La Tunisie de Jean Amrouche est une poésie de la terre, bien différente de cette oblitération camusienne d’une terre qui est, certes en lui, mais n’existe nulle part.
Albert Camus et ses villes sans passé
À l’affût de toute représentation de cette « école littéraire nord-africaine », Le Littéraire du 10/8/1946 publia une interview d’Albert Camus que l’auteur de Caligula donna au journaliste Gaëtan Picon et le long de laquelle nous apprenons que c’est bien un homme lucide, patient, réfléchi et d’une « énergie retenue » qu’il enclenche sur la question de son roman L’Etranger en disant qu’il « n’est qu’une nouvelle. Les critiques en ont parlé comme si j’avais, dans ces quelques pages, livré mon œuvre entière. Les critiques parlent souvent trop tôt ».
La rencontre s’est faite au moment où Albert Camus entamait La Peste. Un roman que « j’écris avec beaucoup de difficultés et de lenteur» dira-t-il. Une question d’apprentissage de techniques d’écriture, relève encore Camus. L’épidémie qui aurait touché la ville d’Oran est beaucoup plus une intention d’écrire une histoire liée « à cette terre dont je proviens », une « vraie patrie » où à n’importe quel lieu du monde où qu’il soit, il reconnait « ses fils et mes frères à ce rire d’amitié ».
Du pays en question, que faut-il visiter lorsque l’on est un « voyageur sensible » ? La recette est dans son article de la revue Le Pays de France, avec Alger que Camus voit comme une ville arabe, qu’Oran est un village nègre et quartier espagnol, alors que Constantine n’est qu’un simple quartier juif. Même si Alger a un « long collier de boulevards sur la mer qui lui fait dans la nuit la plus somptueuse des parures », Oran à quand même cette place d’Armes avec « ces deux lions de bronze qui sont bien laids », et que Constantine, n’a que ce pont suspendu « où l’on se fait photographier » et que « les jours de grand vent, on y a le sentiment du danger ».
Entre la douceur italienne d’Alger, le cruel éclat bien espagnol d’Oran et cette Constantine qui fait penser à Tolède, Albert Camus est dans l’ironie – il le signal, lui-même – d’une tourisme de l’absurde. Si l’Espagne et l’Italie « regorgent de souvenirs, d’œuvres d’art et de vestiges exemplaires », les cités de sa terre natale « sont des villes sans passé. Ce sont donc des villes sans abandon, et sans attendrissement ». Elles n’offrent rien à la réflexion, ne sont pas faites même pour la sagesse, ni pour les nuances du goût, écrivait-il au début de son article. N’allez pas en Algérie, il n’y a rien à voir !!! C’est son attachement avec cette Algérie qu’il conçoit dans son ego, qui « l’empêche d’être tout à fait clairvoyant à son égard », il y a ces Arabes, naturellement et « puis les autres ». Les Français d’Algérie sont « une race bâtarde faite de mélanges imprévus », écrit Camus.
Entre la poésie du très « hautain » Jean Amrouche – le jalouse-t-on – et le déflagrateur des races urbaines, il y a toute une histoire littéraire à épousseter.
Mohamed-Karim Assouane, universitaire.


Nom de Dieu ! Passe-moi la mikhrayeuse a Hmimiche! Il y a un qui voudrait m’apprendre à lire .
Il y en a qui n’ont jamais appris, non pas qu’ils ne savent rien, mais parce qu’ils sont nés avec. Moi, je n’ai jamais écrit. Non pas que Proust ou Fouroulou m’y aient découragé, mais parce que je n’ai jamais su. Mais quand je lis cette chiée, je me dis que j’ai eu tort de me gêner. Putain, qu’est-ce que j’aurais écrit si je m’y étais mis.
Commençons par le SILA, ce salon qui distribue les visas littéraires comme une douane tatillonne, qui refoule, trie, filtre, exclut, et prétend garder la frontière sacrée de l’écrit. Déjà discutable. Mais que dire alors de celui qui l’accuse, tout en faisant pire, qui ne se contente pas de fermer la porte, mais veut aussi verrouiller les cerveaux ? Parce qu’ici, Mesdames et Messieurs, on ne discute pas seulement de littérature, on prétend dicter la manière correcte de penser en lisant. Le nouveau catéchisme n’est pas d’écrire comme il faut, mais de lire comme il faut. Selon les préceptes. Sous tutelle. À genoux.
Car le drame n’est pas qu’il lise des auteurs confidentiels — chacun a le droit à son culte privé, même ésotérique, même momifié — non. Le drame, c’est qu’il confonde rareté et supériorité, obscurité et altitude, impopularité et génie, et qu’il tienne pour haut savoir l’ennui que personne ne visite. Il n’admet pas d’être un lecteur parmi d’autres. Il lui faut une caste, un pergamon, un piédestal en carton-bois. Et comme rien, strictement rien, ne le distingue du lecteur commun, il compense : par le ricanement, la pose, l’insulte bureaucratique à ceux qui lisent sans autorisation.
Il invective celui qui ne se soumet pas à la bonne exégèse, il moque le lecteur qui refuse d’abandonner son cerveau au vestiaire avant d’entrer dans le temple du Comment-Lire-Correctement. Pour lui, comprendre une œuvre ne suffit pas : encore faut-il la comprendre en rang, certifié conforme, selon la grille homologuée, tamponnée, tamponnable. Sinon ? Hérésie. Analphabétisme spirituel. Péché contre la littérature.
Oh, comme j’admire ces brigadiers de la culture, ces explorateurs du désert livresque qui reviennent du SILA comme s’ils revenaient du Serengeti après avoir affronté des lions lettrés, ces Indiana Jones du marque-page qui vous jaugent d’un œil torve si vous n’avez pas survécu aux mêmes broussailles bibliographiques. « Tu n’as pas lu Amrouche ? Henry Hell ? » — barbarie. « Camus ? Collégien mais obligatoire ! » — frontière minimale de civilisation. Ne pas les avoir lus, ce n’est pas manquer un auteur, non, c’est manquer l’homme.
Et parlons de l’article, ce rauque manifeste qui confond morgue et érudition, nostalgie et profondeur, encyclopédie et pensée. Qui déplore un SILA trop “épicerie halal” tout en pratiquant l’embargo mental. Qui s’indigne de l’uniformisation culturelle tout en promouvant une uniformisation du regard. Qui dénonce l’exclusion tout en interdisant au lecteur d’être libre face au texte.
Car il faut le dire : lire n’est pas entrer dans un sarcophage chaud où l’auteur vous scelle le front de ses propres pensées.
Lire n’est pas se noyer dans un dogme parfumé, ni laisser son crâne au vestiaire comme manteau d’hiver.
Je ne lis pas pour être possédé, je lis pour demeurer entier.
Qu’on me garde vos dissolutions mystiques, vos immersions où l’on meurt un peu pour réapparaître approuvé par l’université. Je veux lire avec mes erreurs, mes insolences, mes doutes mal coupés, lire comme on marche dans une ville étrangère sans guide, en s’arrêtant au hasard devant une porte plus intéressante que le monument annoncé.
Le lecteur n’a pas à porter le cerveau de l’autre comme un couvre-chef officiel. Il n’a ni à s’effacer, ni à s’agenouiller, ni à s’excuser d’être autre. Un livre n’est pas un baptistère, c’est un passage : on ne s’y noie pas, on le traverse.
Nous ne sommes pas des hosties à imprégner, mais des bouches qui mâchent, parfois bruyamment, parfois de travers, et ce travers-là vaut mieux que toutes les lignes droites imposées. Lire est un acte de propriété privée, un petit complot sans témoin, un endroit où même l’auteur n’entre pas sans frapper.
Je lis avec mon sang, pas avec un règlement.
Je lis debout, pas en procession.
Je lis en homme qui pense, pas en vitre qui reflète.
Alors non. Votre article ne défend pas la littérature, il défend une douane. Il ne protège pas un héritage, il protège une posture. Il ne combat pas l’ignorance, il combat l’indépendance du lecteur. Et le pire ? Il appelle cela l’audace.
Quant à moi, je crois que je vais arrêter d’être humble dès aujourd’hui, et je vais me mettre à écrire .
Merci pour vos remarques aveclesquelles je suis entierement d accord …En plus ce texte est bourré de fautes à faire rougir le dernier des collegiens. ! Je me demande comment un texte pareil a pu tromper la vigilance du matin.
Bonjour monsieur Asouani, je vous demande de revoir rapidement votre texte car il est émaillé d´innombrables erreurs de syntaxe et d´orthographe. Un comble, quand ce même texte veut rendre hommage à des géants de la littérature et icones de la langue française.
Jipa fini d’être en colère!
Athan ohqarbi, a partir de mitna le premier qui osera me dire comment et quoi je dois lire et qui , je lui dézingue son qamum. Houma idirou, les règles du jeu, idirou, l’arbitre et ils jouent ? A takna!
Ohqarbi que le premier qui sort sa grille de lecture moua je dégaine ma mikhrayeuse.
Sik moua je viens d‘un ta que les mioches de mitna qui carburent aux tweets et à l’IA n’ont pas pu connaître. A mon ipouk , nous n’avions ni tilivizyou, ni tilifoun. Même triciti de tanzanta solma . Alors pour ne pas mourir d’ennui, et parfois pour ne pas mourir, on n’avait que les livres. Je ne lisais pas pour me donner une contenance, ou pour du choufouni, Alors ce n’est pas ceux qui n’ont jamais lu que pour des raisons esthétique qui vont me dire quoi et comment je dois lire.
Woullah ya Si !
Donc ce n’est pas un mioche de likoul fondamentale qui va m’apprendre ce que lire..
.
Putain ! J’ai fusillé mon humilité et j’ai décidé de la jouer érudit. Oui, j’ai lu. Mais attention ! Pas ces livres bénis par l’académie et le gotha, que l’on lit pour se carapacer, se pavaner et faire semblant d’exister dans l’arène. Moi, c’est sur mon compte que je lis, que je m’y perds et que je me forge mes propres opinions. Je lis avec mon cerveau, pas celui d’un autre. Et je n’ai besoin d’aucune validation pour le dire.
J’ai lu un Zimbabwéen, butindegurriste en moins arrigeant, qui secoue les pages comme on secoue les chaînes du colonisateur. J’ai lu un Kazakh, dont les steppes balayent l’ennui des esprits conformistes. J’ai lu un Philippin, dont les îles et les typhons s’enroulent en phrases comme des guirlandes d’exil et de mémoire. Et un Nicaraguayen, dont le souffle des volcans et des lacs vous cloue à la page. Ces écrivains-là, c’est sur mon compte, que je les ai nommés, et jamais le SILA n’a eu besoin de les consacrer. Certains, pour se protéger de toute accusation, jurent que leurs romans ont été trouvés au SILA… et pas dans le black market des esprits critiques.
Mais voici ceux que je ne peux tolérer : les lecteurs en uniforme de vertu, ceux qui transforment leur bibliothèque en armure, leur lecture en arme. Ceux qui lisent pour être vus, lus et applaudis, qui transforment chaque page en talisman social, qui brandissent tel ou tel auteur comme un étendard contre l’indépendance de l’esprit des autres. Ces lecteurs-là ne lisent pas : ils instrumentalisent. Sur mon compte, je n’ai jamais eu besoin de ça. Je lis pour penser, pour défier, pour exister. Ceux qui transforment leurs lectures en spectacle, qu’ils sachent que leur venin social ne m’atteint pas.
Alors oui, quant à moi, je cesse d’être humble dès aujourd’hui. Mais, même si j’ai commis un humilicide, j’ai gardé toute ma pudeur pour ne pas me vanter. Lire n’est pas un uniforme, lire n’est pas un minbar, lire n’est pas une parade sociale. Lire, c’est conquérir, c’est défier, c’est jouir de la liberté de penser par soi-même.
Voilà pourquoi je ne m’excuserai pas de ne pas avoir été au SILA. Et si d’aventure l’on me cherche pour plaider au minbar, qu’ils sachent que j’y répondrai… sur mon compte, avec le silence de ceux qui lisent vraiment.
Quant à tous ceux qui croient que lire c’est exister, exhiber sa bibliothèque pour exister dans l’arène sociale, qu’ils passent leur chemin. Moi, je lis, et c’est déjà tout un monde.