Mercredi 15 juillet 2020
La Covid-19 ne fait pas peur chez nous !!!
Voir le nombre de contaminations à la Covid-19 en cette journée me donne, intellectuellement, du fil à retordre, en attendant le mouton de l’Aïd.
Je dois impérativement démêler cette pelote de laine médiatique mais néanmoins nécessaire pour réchauffer mes incompréhensions qui me donnent des sueurs froides.
J’aurais vraiment voulu être adepte des théories du complot et croire ardemment que cette pandémie n’est qu’un artifice de plus pour endormir les peuples ou encore pour tester l’obéissance collective comme dans 1984.
Un concept qui sonnerait les prémisses du nouvel ordre mondial maçonnique avec ses dessins pyramidaux, en parlant de ça, je vous jure que j’ai eu du mal à trouver quelqu’un pour carreler ma salle de bain, une simple salle d’eau ce n’est tout de même pas une loge avec un sol en damier.
Donc, c’est tout naturellement que je me suis posé la question, la fameuse question, l’inévitable question qui reste en suspens depuis des mois, que dis-je, depuis des années déjà, celle de savoir qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez nous ?
Les Algériens semblent insouciants devant la morbidité que charrie ce virus de mauvaise augure , ils ne font rien pour faire face à la situation dans laquelle nous sommes, cela dit, je ne m’exclus pas du lot, tout comme eux j’ai ma part de responsabilité, je suis comme eux dans ma différence.
Personne dans les rues ne parait prendre au sérieux les dangers de la Covid-19, personne ne porte de masque ni respecte la distanciation sociale, un concept qui décidément ne passe pas ici car difficile à admettre par les méditerranéen que nous sommes.
Je me suis creusé la tête pour plaire à la galerie, sans pour autant sombrer dans des raisonnements abyssaux, j’ai voulu saisir les raisons de notre insouciance devant cette catastrophe sanitaire en phase de devenir une réalité dont l’être humain devra s’en accommoder.
J’ai finalement eu un flash, non, à dire vrai et par souci d’exactitude, j’en es eu deux : un à la sortie de la trémie de Ain Benian, il
m’a coûté mon permis de conduire et l’autre sur ma chaise bien à l’ombre d’un chèvrefeuille sur mon balcon.
Concernant le premier, je n’y peux rien, mon permis de conduire va voguer dans les méandres des administrations pour enfin déboucher sur une commission dont les membres m’interrogeront sur le pourquoi du comment.
J’y adopterai une posture de victime qui ne peut travailler sans le document rosâtre ainsi je m’en sortirai avec un sursis de trois mois, du moins je l’espère, en tout cas , ce sera ma conduite à tenir même sans permis.
En revanche, le deuxième flash, était clair voire lumineux, j’avais enfin compris : les algériens n’arrivent tout simplement pas à admettre une nouvelle contrainte dans leur quotidien qui en est truffé.
Oui, le système de fonctionnement du pays est ainsi, il faut redoubler d’effort pour s’en sortir, tout requière des solutions car nous, je parle de nous en tant qu’algériens, considérons les choses pourtant banales sous d’autres cieux, comme étant des problèmes à surmonter au quotidien, autrement dit, le simple devient compliqué.
Je vous donne quelques exemples dans le même cheminement de pensée, régler sa facture de téléphone est un problème, même si vous avez un abonnement de trois mois, vous ne pourrez profiter d’internet réellement que d’un mois, profiter étant un bien grand mot.
Je sais de quoi je « cause », grâce à Algérie Télécom je peux dire que je suis le premier cyber-dépressif sur la planète web, je passe mon temps à appeler le 12 pour voir ma connexion être rétablie, quelques jours après rebelote.
De plus leur slogan publicitaire m’irrite à un plus haut point, « Algérie Télécom le bon choix » comme s’il y en avait un autre, de choix, voilà encore un détail incompréhensible qui me nargue à longueur d’années, le choix.
Il en est de même pour les factures d’eau, d’électricité et de gaz ou il faut se farcir des heures de queues interminables, question attroupement on ne peut pas faire mieux, ce n’est pas la distanciation sociale mais la communion populaire.
Le transport est un problème, n’ayons pas peur des mots, je rêve de voir une ligne de métro ou même de train qui viendrait m’extirper des embouteillages interminables, mon auto ne tenant plus la route.
Mon bidon de « glaciol » à la main, je n’arrive toujours pas à trouver une pompe hydraulique, pourtant c’est en Algérie que je l’ai acheté cette bagnole, je terrais la marque pour ne pas avoir d’autres problèmes liés au transport, je ne veux pas vous pomper l’air sans filtre d’origine c’est dangereux.
Partir en vacances dans le pays est presque impossible pour la majeure partie des algériens, pourtant, ne sommes-nous pas dans l’un des plus beaux pays au monde ? Passer cinq jours dans un hôtel en Algérie vous coûtera plus que deux semaines en Espagne ou ailleurs dans le pourtour méditerranéen, frais de transport inclus.
Pour l’anecdote, l’hiver dernier, j’ai voulu emmener les enfants passer un weekend à la neige, à Chréa plus exactement, puisque on a le temps je vais vous raconter histoire de vous rafraîchir un peu. J’avais réservé deux chambres dans le seul hôtel du coin, je suis sûr que vous connaissez, celui de la placette, grande fut ma surprise en découvrant l’état des lieux ni de ce qu’est devenu le domaine skiable d’antan .
C’était, comment dirais-je , une sorte de bazar en haute altitude, un grand marché ou l’on vend des bonnets et des gants, le reste était lugubre, je ne reconnaissais plus cet endroit, c’était la débandade totale.
Croyez que nous ne nous sommes pas attardés, même les enfants voulaient rentrer à la maison c’est pour vous dire, en repartant déçu de notre périple inutile et ma foi glacial, j’ai aperçu un sublime chalet, un immense chalet comme dans Heidi, une bâtisse nichée en haut de la montagne, une splendeur architecturale, c’est tout naturellement que j’ai voulu en savoir plus.
Je devais me renseigner, peut être que c’est un hôtel ou nous pourrions au moins y passer une nuit histoire de marquer le coup .
De nouveau, après une investigation sommaire, mes espérances ont fondu comme neige au soleil, la bâtisse en question est un domaine de la Présidence de la République, c’est une résidence d’état que je ne pourrai jamais visiter ni y piquer un « roupillon ».
C’est ainsi, c’est la vie, à chacun sa condition et les mouflons d’or seront bien gardés.
Résidence d’Etat, décidément on n’était pas sortie de l’auberge même à cette altitude, cela me rappelle cruellement que je vis à deux pas du Club-des-Pins, un endroit ou j’ai passé mon enfance surtout les étés.
Tout le monde pouvait y accéder, il fallait payer dix dinars ou moins je pense, nous pouvions profiter de la plage, de la crique, c’était génial, vraiment. C’était bien, jusqu’au jour où il a été décidé au sommet de l’état, non pas celui de Blida, que ce lieu allait devenir une résidence exclusive laissant ainsi des milliers d’habitants sur le carreau brûlant et ça ne s’arrête pas ici, Moretti y passe aussi, je sais que ça rime, c’est mon talent de poète disparu.
Pour être honnête je n’arrive toujours pas à avaler le fait que je ne peux pas allez me baigner au Club des pins, c’est une épine dans ma botte que je traîne depuis des années, mais bon.
Les riverains, ceux de Staouéli et Ain Benian se sont retrouvés du jour au lendemain sans plages ou se baigner, la Madrague étant bien bétonnée et celle des dunes transformée en une autre résidence d’état, c’est à croire que là ou l’état réside les plages disparaissent .
Je sais pertinemment que ce sont de simples détails, des détails qui deviennent aux yeux des algériens de grands problèmes auxquels il faut palier, c’est partout pareil, comprendre les aberrations n’est pas une mince affaire, c’est ce que le peuple voit tous les jours, se conformer dans une ambiance ou tout est « réservé » n’est pas facile.
Les gens observent, ils paraissent ne pas faire cas mais ils observent, ils voient les voitures noires flanquées d’escortes passer sur la bande d’arrêt d’urgence alors que le reste croupi au soleil ou sous la pluie dans les bouchons,certains sont au fond d’un bus rouillé dont le propriétaire est derrière des barreaux bien peints.
Les contraintes de la pandémie n’arrangent pas les choses, bien au contraire, ils n’ont pas de place dans le système D, c’est trop lourd à assimiler, d’où l’insouciance générale et la progression des cas de contaminations, c’est, il faut le dire , le dégoût du conformisme pourtant salvateur dans la situation actuelle.
De plus certaine déclarations viennent envenimer les choses, un Wali qui préfère voir les gens mourir de faim que de Covid un autre qui déclare : frappe le (le citoyen) et il reconnaîtra sa place, pis encore, un ministre qui déclare qu’avoir une voiture n’est pas une nécessité en Algérie et j’en passe.
Je ne vais tout de même pas vous énumérer toutes les déclarations incendiaires qui ne font qu’attiser la colère, cela me rappelle un passé récent hélas, je ne voudrais pas remuer les choses et en faire tout un yaourt mais ce sont les mêmes déclarations sous l’air de Bouteflika, je ne sais plus si c’est l’air ou le règne.
En parlant de ça, voilà une aberration de plus, le premier concerné de la débâcle dans laquelle nous sommes aujourd’hui n’est nullement inquiété, certains me diront, il ne peut pas répondre de ses actes et décisions car il est malade. C’est incroyable de comprendre finalement qu’il pouvait prétendre à un mandat présidentiel de cinq années mais il ne peut pas se déplacer au tribunal, alors, dites-moi ou sont les médecins qui lui ont octroyé les certificats médicaux, ou sont-ils ? ne me dites surtout pas qu’ils sont au Club-des-Pins !
L’inadmissible, l’aberration et l’incompréhension c’est, in fine, les seules excuses que je trouve aux algériens, si, je dis bien s’il y avait une réelle volonté de combattre ce virus, nous aurions dû mettre en place un réel confinement avec une prise de conscience collective avec des discours simples, clairs et surtout justes.
Il faut comprendre que les mesures sont une bonne chose sur papier mais les mettre en œuvre efficacement en est une autre.
Nous ne devons pas rester au stade de théories, seulement de théories car la réalité du terrain est toute autre, il faut saisir le sentiment profond des Algériens, et comprendre pourquoi le virus ne fait pas peur chez nous, c’est aussi simple que ça.