Dans le présent travail, qu’il soit acquis que Dieu existe et que l’Islam en est de son émanation. Acceptons ce postulat pour les besoins de la démonstration. Et penchons-nous sur le mutazilisme.
Aussi loin que remonte ma mémoire, j’ai toujours été convaincu que quelque chose clochait dans cette religion qui a façonné notre imaginaire et nous a travaillé à même le corps. A l’irruption du mouvement islamique en Algérie, au le demain des événements d’Octobre 1988, son ascension fulgurante et sa mainmise sur tout l’algérois et autres religions, je fus intrigué par la séduction qu’il produisait chez les jeunes de mon âge à l’époque. La décennie noire nous a marqué à jamais.
Il nous a fallu du temps, celui de la réflexion, de la recherche pour comprendre les fondements de ce qui nous semble le malaise du monde musulman.
La lecture de l’invention su désert de Djaout après son assassinat en juin 1993, a été l’élément déclencheur pour approfondir ma quête de compréhension. Presque trente ans après, je soumets, humblement cette étude, fruit de nombreuses heures de travail.
Qu’il vous agrée, donc mon propos.
Au VIIIe siècle, dans le contexte bouillonnant des débuts de l’Islam abbasside, émergea un courant de pensée novateur : le mutazilisme. Ses partisans, les mutazilites, étaient déterminés à user de la raison (aql) pour comprendre les principes de l’Islam, en plus de s’appuyer sur le Coran et la tradition (sunna). C’était le début d’une aventure intellectuelle prometteuse (il y avait alors la potentialité que le mutazilisme s’impose et réforme en profondeur la pensée musulmane). Les mutazilites soutenaient des idées audacieuses pour l’époque : la justice divine, la liberté de l’acte humain, le rejet des attributs anthropomorphiques de Dieu. Ils s’inspiraient des débats philosophiques des Grecs. Leur élan rationnel fut d’abord encouragé par certains califes comme Al-Ma’mūn. Le mutazilisme connut alors son apogée, devenant même une doctrine d’État (il y avait alors la possibilité que cet essor se confirme). Pourtant, des voix traditionalistes s’élevèrent contre cet « excès de rationalisme ».
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Les hanbalites, puis les ash’arites critiquèrent vigoureusement les mutazilites, les accusant d’innovation blâmable (bid’a). Le traditionalisme l’emporta, symbolisé par le retournement du calife Al-Mutawakkil contre le mutazilisme en 827. Dès lors, la potentialité d’un renouveau philosophique s’amenuisa, au profit de la sauvegarde littéraliste des textes. Privé du soutien des élites, le mutazilisme déclina, marginalisé par les écoles traditionnalistes dominantes comme le maturidisme et surtout l’acharisme. Avec le recul, on peut regretter qu’ait été gâchée cette chance pour la pensée islamique d’évoluer grâce à l’audace rationnelle mutazilite. Le traditionalisme l’emporta et mena le monde musulman vers une longue éclipse intellectuelle. L’islam conserva la potentialité d’une pensée plus ouverte, mais les traditionalistes firent en sorte qu’elle ne s’actualise pas.
Ainsi s’acheva tragiquement la prometteuse aventure du mutazilisme, cette occasion manquée de sortir le monde musulman de l’obscurantisme par la raison.
Énumérons les principales raisons qui ont contribué à l’étouffement des débats philosophiques dans la société islamique :
- La montée du traditionalisme religieux : Sous l’influence des courants comme l’acharisme et le hanbalisme, la tradition a pris le pas sur la raison comme seul fondement de la doctrine.
- Le soutien politique aux orthodoxes : Les califes abbassides ont souvent favorisé les clercs traditionalistes pour asseoir leur pouvoir, au détriment des mutazilites et autres rationalistes.
- L’absence de séparation du religieux et du politique : Le politique était le bras séculier de la religion, verrouillant tout changement doctrinal problématique pour le statu quo.
- L’analphabétisme : La majorité de la population, illettrée, était peu perméable aux évolutions intellectuelles élitistes défendues par les philosophes.
- La faiblesse de la traduction : L’apport de la pensée grecque, indienne ou perse s’est tari précocement faute de commanditaires pour les traducteurs.
- L’attachement au juridisme : Face aux tentatives rationalistes, les oulémas ont renforcé la casuistique du fiqh comme seul mode de pensée valide.
- L’absence d’institutions promotrices du débat : Contrairement à l’Europe médiévale, il n’y a pas eu de structuration des débats en universités ou académies pérennes.
Ces facteurs politiques, sociaux et institutionnels ont verrouillé la pensée musulmane sur le littéralisme traditionnel.
L’étouffement des débats philosophiques et l’éclipse de la rationalité qui en a résulté ont eu plusieurs conséquences néfastes sur la société islamique. Énumérons-en quelques unes :
– Stagnation intellectuelle : Privée de sa vitalité philosophique, la pensée islamique a connu des siècles de stagnation et de dogmatisme stérile.
– Retard scientifique : Sans approche expérimentale et rationnelle, les sciences ont décliné dans le monde musulman, creusant l’écart avec l’Occident à partir du XVe siècle.
– Obscurantisme : La primauté donnée à la tradition sur la raison a renforcé l’obscurantime et le refus de la critique ou du doute dans de nombreux domaines.
– Rigidification sociale : Le discours religieux orthodoxe légitimait un ordre social rigide et inégalitaire, fermé aux réformes au nom de la stabilité dogmatique.
– Radicalisations : L’absence de débat intellectuel pluraliste a rendu les sociétés islamiques plus vulnérables aux radicalisations identitaires ou militalistes.
– Retard économique : Sans progrès scientifique et technique, le monde musulman a également accusé un retard économique préjudiciable.
– Crise de la modernité : L’incompatibilité entre le dogme traditionnel et les valeurs des Lumières a créé un choc des modernités source de tensions.
Le mutazilisme annonçait une ère de rationalité dont l’étouffement a lourdement pesé sur l’évolution ultérieure des sociétés islamiques.
Le sujet musulman demeure agir pour une instance extérieure à lui. Il n’est pas autonome puisqu’il a un Dieu qui dicterait et qui aurait écrit tout pour lui. La Mutazila aurait pu être une fenêtre de tir pour le monde musulman. Elle a su esquisser, timidement, la possibilité d’advenue de la Raison en terre d’Islam. Ainsi, le monde musulman se figea dans le temps en bannissant la philosophie de son espace. Jusqu’à nos jours, nous continuons à nous débattre dans ces difficultés. Une vision novatrice de l’individu avec un libre arbitre et une responsabilité individuelle peuvent sortir de la torpeur le monde musulman qui ne crée plus. Ce monde qui est encore dans lé le questionnement du Pourquoi des événements au lieu du Comment. Cela est une autre question.
Pour clore notre dire. Ce qui vient d’être dit est envisageable dans un cadre posant d’emblée l’existence de Dieu comme acquis.
Et si d’aventure, Dieu n’est qu’une invention des hommes pour apaiser leurs angoisses ?
Les cartes sont entre vos mains….
Saïd Oukaci
Doctorant en Sémiotique
«qui a façonné notre imaginaire et nous a travaillé à même le corps», …
C’est plutôt, dans le cas de la Kabylie et dans celui d’autres régions je suppose, l’irruption de l’école islamisante et déviante qui fait croire que l’islam « a façonné notre imaginaire et nous a travaillé à même le corps»
Un exemple parmi des milliers, Oukaci, Kaci, Kassa, Kassia, savez vous d’où vendredi que ça vient ?
Je suis d’une génération à la limite de la Kabylie traditionnelle et de la Kabylie traînée dans le mensonge par une élite formée par l’école de l’Algerie française puis arabe. L’imaginaire vient de la ruralité multimilléaire, d’une religion et de ses rites, des mythes (que le hasard m’a fait découvrir les racines antiques, parfois inséparables de la Méditerranée classique). L’islam ce n’est yennayer, ce n’est les 11 autres mois du calendrier Julien ni le calendrier berbères. L’islam ce ne sont pas les rites des ancêtres; l’islam ce ne sont pas les 4 portes de l’année, l’islam ce n’est le mode de vie ni l’architecture des maisons, des villages et de leurs lieu communs; l’islam ce n’est surtout pas l’assemblée du village; ce n’est pas les mythes les contres, les fables qu’on retrouve parfois en Grèce, parfois à Rome. Certes nous célébrons aussi depuis quelques siècles superficiellement l’aid ramadan et quelques dates islamiques qu’on oublie le lendemain car, justement, elle n’ont aucune emprise sur nos consciences. Et ce n’est pas à allah que nos prières sont adressés quotidiennement nos remerciement – offrandes sont données.
Vous parlez de l’emprise du FIS dans les années 90, je ne sais pas d’où vous êtes mais je n’ai pas souvenir qu’ en Kabylie, il y avait quelque emprise du fis ni de la religiosité musulmane à cette époque là. Et, pour vous en convaincre, regardez les résultats des législatives de 1991.
Bref, répéter la propagande et autres falsifications islamisto-officielles, que ce soit par méconnaissance ou autre, c’est y participer activement. Et c’est la transposition de l’algerianisme politique (qui vaut ce qu’il vaut) dans les autres domaines qui fait que l’on étend la vérité d’une région sur tout le pays entier, la vérité des villes (ultra minoritaires en termes de peuplement jusqu’au année 2000) sur les campagnes qui sont les vrais socles culturels et identitaires des régions.
Cette confusion est un atteinte aux peuples et à ceux qui ont payé et payent encore aujourd’hui pour vivre juste ce qu’ils sont. C’est aussi une forme d’arbitraire de l’éloquence. L’état fabrique ses éloquents et leur donne tous les moyens en plus de la terreur, la / les société/s n’a/ont même pas les moyens de développer leur/s discours, même pas se défendre.
Bien sûr que les dieux existent en Ânegerie, n’avons nous pas pléthore de Rab edzaïr ?
Quant à celui fantasmé,si il existait vraiment,il aurait certainement enseveli tous les mouslims.
« Les cartes sont entre vos mains…. »
Après que vous vous êtes adjugé une quinte flush royale en cœur.
Essayons, mais alors juste pour voir, même si c’est couru d’avance.
» …si…, Dieu n’est qu’une invention des hommes pour apaiser leurs angoisses »… La mutazila, ne serait-elle pas par conséquent une vue d’esprit fleuri pour perorer sur une hypothétique chance que le monde musulman aurait manquée?
l’irruption du mouvement islamique ne date pas des lendemains de 1988.
en 1988 les carottes étaient déjà cuites.
il faudrait demander à kacem Madami il bous dira combien le mouvement des frères était actif avec à son tête Abassi Madani……..
Les mutazilites étaient plus proches de la pauvre réalité de ces textes ! Les chercheurs ont retrouvé plusieurs versions du texte datés du 7 ème siècle et la version définitive a été adoptée plus de 20 ans après la mort de Mohamed (empoisonné, triste mort pour un soit disant élu du Grand Manitou et abandonné pendant 3 jours par les candidats au pouvoir de mener la secte !
les Evangiles ont été également été écrites bien après la mort de Jésus ! Ces Evangiles n’ont jamais eu la prétention d’être là parole de yaveh ! Ce sont des paroles à méditer !