Il faudra aussi en passer par une critique serrée de toute idée selon laquelle des phénomènes comme une épidémie ouvrent par eux-mêmes à quoi que ce soit de politiquement novateur. Alain Badiou

Il ne me vient jamais à l’esprit sauf dans des cas exceptionnels de polémiquer avec les intellectuels algériens. Pour cette fois-ci, la dureté de la situation épidémique dans le monde en général et en Algérie en particulier me pousse à réagir à la teneur conciliante de l’auteure du papier publié dans les colonnes du journal Liberté.

Il va de soi que face à la démission de l’Etat algérien, les organisations villageoises pallient aux insuffisances du système algérien pour affronter le danger viral. Mais tout de même, ces villageois qui font la police, agissent sans moyens pour régenter l’espace « public » qui est de fait tribal. A y voir c’est un échec pour un système étatique qui veut tout contrôler.

Beaucoup diront qu’on est pas à la première contradiction d’un système centralisé lorsqu’on entend dire de la bouche du Premier Ministre: « organisez-vous en comités de quartier, de village », etc. Il va sans dire que la bienveillante adresse aux autorités formulée par l’anthropologue algérienne au sujet de la bonne gouvernance laisse croire qu’un pouvoir illégitime va mieux diriger un pays qu’il a lui-même ruiné.

Je ne sais pas si elle pêche par naïveté ou si elle devenue conciliante parce qu’elle « collabore » avec le système. Pourtant, elle connaît mieux que personne, la nature du régime algérien. Alors, je me demande est-ce qu’elle sera vraiment écoutée par un personnel politique corrompu même au temps du coronavirus.

A un moment, les médias ont laissé croire que le virus est « démocratique » alors qu’il n’en est rien lorsque le retour de l’expérience révèle l’injustice devant la maladie.

Aux USA (les Noirs), en France (les Immigrés) et ailleurs comme en Algérie, ce sont les plus faibles au vu du nombre de décès qui sont les plus affectés. Il se dit en Algérie que les praticiens les mieux équipés ont été réquisitionnés pour servir les dirigeants et leurs familles. Autrement dit, ce n’est pas le virus que chassera le régime corrompu mais il revient au Hirak de parachever son parcours révolutionnaire.

En d’autres termes, le coronavirus ne changera pas la face du monde. Tout ce que l’on peut dire c’est qu’il est un symptôme du capitalisme. En son temps, Ibn Khaldoun qui a vécu la terrible peste noire ne pouvait que constater les énormes dégâts en ajustant la faiblesse des Etats  qui, à ses yeux, sont régis par les cycles biologiques. A cette fin, lorsque l »historien évoque l’anéantissement (Talashi), on se doit d’évoquer toutes les discussions actuelles en Occident sur l’effondement de la civilisation.