26 avril 2024
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« L’auto » : du gonflage des pneus au montage des roues, quel progrès ?

Voitures

Il est vrai que la volonté politique de développement, l’importance du volume d’investissement, la disponibilité en devises, l’absence de traditions industrielles et les facilités d’endettement ont rendu inévitable le recours massif à l’importation des technologies étrangères.

Comme il est vrai aujourd’hui que la hausse des recettes d’hydrocarbures, la crise énergétique que connaît l’Europe, le poids excessif du chômage en Algérie et la nécessité impérieuse imposent de nouveaux choix. Si la technologie est vécue par les importateurs comme valeur d’usage, il n’en demeure pas moins qu’elle est perçue par les fournisseurs étrangers, comme valeur d’échange, c’est à dire comme une occasion de réaliser des « surprofits » compte tenu du rapport inégalitaire.

Quant aux pays dominants, ils se servent de la neutralité apparente de la science et de la technologie pour se créer des débouchés, répandre leurs innovations et faire supporter leurs coûts par les pays importateurs, tout en préservant jalousement le secret de leurs inventions et de leurs découvertes.

Des milliards de dollars US ont été consacrés par l’Algérie à l’importation des biens d’équipements sans pour autant bénéficier de la moindre parcelle d’autonomie technologique : l’Algérie doit- elle persévérer dans l’erreur ? Ou doit-elle s’attaquer aux racines du mal Le développement d’une nation doit se fonder sur les ressources propres aussi bien humaines que naturelles, physiques ou intellectuelles, exploitées pleinement pour la satisfaction de ses propres besoins. L’apport extérieur ne peut être qu’un appoint et non l’essentiel.

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L’appropriation ou du moins l’assimilation des technologies est donc un enjeu central. Comment opérer progressivement et méthodiquement le passage de la simple consommation de technologie à la production technologique ? ou plus modestement, comment faire basculer les entreprises algériennes, de la consommation passive à la consommation active de la technologie importée ? C’est nous semble-t-il un objectif à la portée des entreprises industrielles algériennes.

La consommation active peut prendre l’allure d’un désengagement progressif vis à vis du marché dominant et en même temps une reformulation des importations par le recours rendu nécessaire aux capacités locales en études, réalisation et fabrication jusque-là en « hibernation ».

Faut-il également ajouter que lorsque le pays investit, il importe des équipements de l’étranger. Les effets bénéfiques macro-économiques de cet investissement sur la croissance et l’intégration sont ressenties ailleurs qu’en Algérie ; ce qui explique la faiblesse des échanges inter et intra industriels.

Quand on sait que l’importation des « paquets technologiques » a été à l’origine d’un gaspillage extraordinaire en ressources et en devises sans bénéficier pour autant d’un transfert technologique conséquent. On peut se demander si une telle démarche ne s’intègre pas involontairement dans la stratégie développée par les multinationales qui visent une descente générale vers l’aval au plus près du consommateur. Ce ne sont plus des équipements isolés qui vont vendus mais des ensembles d’équipements de façon à exclure que les entreprises nationales puissent contrôler la technologie, la maîtriser, la modifier pour l’adapter aux conditions locales, selon des combinaisons spécifiques des différents phases d’études et de réalisation.

Pourtant, c’est cette nécessité de la fragmentation des moyens technologiques qui peut conduire au développement des capacités  nationales d’engineering, entendu comme processus de choix de process, d’équipement et de réalisation concrète des investissements. Le résultat est connu, les seules technologies qui existent en Algérie sont celles des firmes multinationales lesquelles, ont tendance aujourd’hui à se regrouper, à se concentrer, à fonctionner en circuit fermé.

La technologie se présente sous une forme déjà incorporée dans les machines importées. Grâce aux recettes pétrolières, des techniques et technologies ont été achetées à l’étranger mais pas la logique qui les imprègne, c’est à dire leur compréhension. Les entreprises ont importé la création des autres et non la créativité. Ce qui renforce bien sûr les liens de domination car, la technologie ne s’achète pas « produits en mains », elle s’invente ou à la limite elle « s’arrache ».

Les seules modifications permises  par les équipeurs  sont secondaires et superficielles. Le reste est gardé secret. Pour tenir les marchés, les firmes multinationale ont monté des sociétés d’engineering, des filiales sans autonomie technologique aucune, installées dans des zones franches, animés par des cadres locaux, dont de but de s’assurer la suprématie des processus technologiques mis au point ou détenus par elles au dépens de leurs clients, en quête de produits et non de savoir.

Face à de telles pratiques, l’enjeu est la mise en œuvre d’un processus d’assimilation et d’appropriation technologique. Mais cela suppose de la part des entreprises industrielles la capacité de connaître la technologie à travers la technique importée donc de maîtriser dans la mesure du possible la connaissance scientifique.

D’où l’absolue nécessité de développer des relations plus étroites et plus approfondies entre l’industrie, l’université et le secteur utilisateur. La capacité d’absorption des techniques et des technologies importées, conçues pour répondre aux besoins des pays industrialisé, doit être repensée en fonction des spécificités locales, des besoins des populations et des disponibilités financières. De plus, une politique d’intégration ne se décrète pas, ne se réalise pas, du jour au lendemain, elle nécessite de la part des différents acteurs, une maturation sociale féconde, une participation effective à la prise de décision et une vision claire et sereine de l’avenir. L’

Algérie avait sacrifié dans la première phase de l’industrialisation la création d’un engineering national parce qu’il fallait construire à tout prix les usines. Aujourd’hui, elle sacrifie la maîtrise nationale de technologie parce qu’il faut produire à tout prix. La dépendance technologique est devenue la condition sine qua non de la production nationale. Ni l’économie de marché, ni l’implantation des firmes étrangères sur le sol algérien ne peuvent réaliser une promotion technologique si les capacités locales d’études et de fabrication restent en l’état.

A la décharge des entreprises publiques, il faut reconnaître qu’un pays ne peut développer sa capacité scientifique et technologique sans y consacrer un minimum incompressible de ressources rares en compétence et en devises.

Dr A. Boumezrag

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