En détention depuis octobre 2005, Mohamed Baba Nedjar a entamé une grève de la faim depuis le 5 mai.
Le Mozabite Mohamed Baba Nedjar aura passé jusqu’à présent la moitié de sa vie en prison. Un sort terrible. Insoutenable pour un homme qui crie son innocence depuis le fin fond de sa cellule depuis deux décennies.
Âgé de 41 ans, Mohamed Baba Nedjar est à son énième grève de la faim pour protester contre l’arbitraire qui le frappe et contre le silence qui entoure sa détention, depuis 19 ans.
Plusieurs ONG se sont mobilisés en sa faveur afin d’obtenir la révision de son procès et la programmation d’un nouveau procès équitable.
Il avait été jugé en 2006 et condamné à la perpétuité. Il avait été accusé de l’assassinat du responsable local de Croissant Rouge lors des évènements particulièrement violents de 2005 à Ghardaia, marqués par des affrontements ethniques. Mohamed Baba Nedjar n’avait à l’époque que 23 ans et il était père de famille.
Sa condamnation a été dénoncée et le verdict était qualifié de politique, visant à faire taire un militant de la cause amazighe. L’enquête avait été bâclée. Fidèle à ses pratiques, la justice l’a condamné avant de le juger en balayant d’un revers de main les preuves innocentant Baba Nedjar. On s’en souvient, le pouvoir n’avait qu’une obsession de trouver un bouc-émissaire et de faire ce militant un exemple.
«Lors de son arrestation, Mohamed Baba Nedjar avait affirmé que la police lui a demandé d’accuser Kamel Eddine Fekhar ou un militant du FFS de Ghardaïa à l’époque. Comme il n’a pas accepté, il a payé les frais. Son dossier est vide. La police n’a comme preuve qu’un communiqué portant le sigle FFS», dénonçait Kameleddine Fekhar dans El Watan en 2017 à l’occasion d’une lettre rendue publique par la famille de Mohamed Baba Nedjar qui réclamait l’ouverture du dossier de leur fils.
Il a été jugé en première instance par le tribunal de Ghardaia en 2006 pour le meurtre par immolation de Bazzine Brahim, chef de la section locale du Croissant-Rouge algérien. Rejugé une deuxième fois en 2009 par le tribunal criminel de Médéa, il a été condamné à perpétuité. Un acte que Mohamed Baba Nedjar a toujours nié. Au juge qui l’interrogeait sur ce soir de crime du 22 octobre 2005, Baba Nedjar a affirmé que le soir où la victime a été tuée, il était chez son oncle qui l’avait invité à rompre le jeûne et passer la soirée du Ramadhan en compagnie de la famille. Les témoignages apportés par son oncle, son père, et d’un ami confirment cet argument. En vain.
En avril 2023, le Groupe de travail contre la détention arbitraire avait rendu un avis contraignant, ordonnant la libération immédiate de Nedjar et des réparations, estimant qu’il était détenu en raison de son appartenance à la minorité mozabite. Mais le pouvoir algérien refuse toujours d’appliquer ces injonctions, rappelle le Comité national pour la libération des détenus d’opinion.
Alors même qu’il était à son 13e jour de grève de la faim, le détenu mozabite Mohamed Baba-Nedjar a été transféré mercredi 27 octobre 2021 de la prison de Blida vers la prison de Bordj Bou Arréridj. Mohamed Baba-Nedjar est détenu depuis octobre 2005.
Yacine K.
Ce qui est dramatique pour tous les détenus arbitraires de cette injustice ni loi ni foi c’est le silence et la resignation de la population, le danger pour l’Algérie ce n’est pas tant les criminels au pouvoir depuis » l’indépedndance » mais bien le ghachi Algérien réduit à une masse de bouffeurs/chieur avec une foi inébranrable à Allah puisque tout est « asbar koulchi maktoub », le plus important c’est de voir de leur paradis de l’au delà tous ces criminels le payer en brûlant en enfer.
Cette indifférence envers les prisonniers injustement incarcérés prouve l’inexistence d’un peuple unique dans ce pays.
C’est terrible de vivre cette injustice et aucune réaction.
On dirait que l’algérien qui se bat pour sa liberté et sa dignité ne mérite aucun de soutien alors que les autres sans les nommer, étrangers à notre pays bénéficient d’un soutien inconditionnel parfois exagéré.
Dans les affrontements entre Mozabites et Arabes, le régime algérien, que cette société mozabite à l’identité forte dérange, a pris parti pour les Arabes chambas. Pour donner un avertissement aux Mozabites, il a trouvé un coupable en la personne de Baba Nedjar. Etre mozabite et revendiquer son identité est un délit. Comme il existe aussi le délit de kabylité. Certains osent parler de « nation algérienne ». Solidarité avec Bana Nedjar et tous les prisonniers arbitrairement condamnés.