Jeudi 14 mai 2020
Le fuel vendu au Liban ne sort pas des raffineries algériennes
Les Libanais qui semblent «régler des comptes» entre eux, ont tenté de politiser une transaction commerciale selon toute vraisemblance maladroitement. Pourquoi ? C’était une occasion de laver un linge sale d’une situation qui fait de ce pays presque un paradis des corrompus dans le monde.
Les propos de cette députée (01) qui s’adresse aux medias le prouvent amplement. Après un réquisitoire sur le rouage politique au Liban et la genèse des contrats entre SPC BVI pour la livraison du fuel nécessaire au fonctionnement des centrales électriques libanaises qu’elle dénonce comme « secret » voire même « arrangé de maffia à maffia », elle se tourne vers « ses frères algériens » pour leur conseiller « de voir ce qui se passe chez eux ».
Or, ses frères algériens ont identifié leurs « voleurs » et corrompus » en les renvoyant du pays mais malheureusement c’était au Liban qu’ils trouvent refuge, ce pays leur offert la nationalité, et permis d’ouvrir des comptes bancaires sans leur demander l’origine de leur argent, créer des sociétés offshore etc. Les noms sont connus et circulent librement au Liban : Farid Bedjaoui, Chakib Khelil, Abdelmoumen Ould Kaddour et sa progéniture, enfin le dernier qui a trouvé refuge au Liban en fuyant la justice c’est bien Abesslam Bouchouareb.
1- Le fond de cette affaire dite de fuel frelaté est viscéralement libano-libanaise
Le 27 avril dernier, le quotidien libanais « L’Orient-Le Jour » citant l’Agence d’information officielle libanaise (ANI), avait révélé que le procureur de la république prés de la cours d’appel Mont-Liban, Ghada Aoun, a ordonné l’arrestation de 17 personnes dans le cadre d’une affaire de « carburant défectueux » livré à Electricité Du Liban (EDL) « par l’entreprise algérienne Sonatrach ». L’une des personnes arrêtées n’est autre qu’un certain Tarek Faoual, « qualifié par cette information » comme le Directeur au Liban de Sonatrach qui est en contrat avec l’entreprise libanaise depuis déjà plusieurs années pour la livraison des ce carburant à ses centrales de production d’électricité qui fonctionnent au « Fuel Oil ». A part Faoual poursuit le journal, les 16 autres sont des employés du secteur libanais de l’énergie.
Selon l’ANI, ce coup de filet dans « l’enquête » a débuté le 6 avril dernier survient après que des preuves irréfutables eurent été rapportées confirmant la responsabilité des personnes visées aussi bien concernant la livraison de « carburant défectueux » que pour une affaire de «pots-de-vin » impliquant des employés haut placés du secteur libanais. Entendu par là s’il ya corrompus, l’existence de corrupteurs reste inévitable.
De nombreux analystes se sont étonnés que toute la presse libanaise cite directement « la compagnie Algérienne Sonatrach » alors que le contrat est passé avec une de ses filiale SPC BVI dont le bureau de Londres n’est qu’un bureau de liaison. Cette filiale peut charger un trader pour un achat à terme et pour compte, livré directement au port libanais pour satisfaire un contrat qui rappelons-le, est passé entre la compagnie SPC BVI et EDL (Electricité du Liban). En général, ce genre de transaction qui se fait en temps réel et par milliers voire millions parfois, dans un cadre de confiance totale. Les traders et les raffineurs n’ont aucun intérêt de souiller leur réputation en vendant un navire de produits frelatés (مغشوش) comme s’est qualifié par les magistrats, les politiques et la presse libanaise.
Il se peut qu’il manque de qualité par rapport aux spécifications personnalisées contractuellement puisqu’il est acheté dans le marché de « spot » mais le qualifier d’emblée de falsifié, c’est aller vite en besogne. La preuve, les analyses d’un bureau reconnu comme pionnier dans ce domaine (Veritas Dubaï) a conclu à un problème de taille chimique (Chemical Waist), ce qui est courant et mérite tout au plus une amende. Ce qui est fait puisque la douane libanaise a pénalisé cette expédition par navire d’une amende de 24 millions de dollars (37 livres libanaises) mais au lieu de l’adresser à SPC BVI, elle l’a fait selon la presse directement à Sonatrach ce qui est une provocation d’une extrême gravité (02).
2- Notre diplomatie a été passive dans cette affaire
Le journal libanais El Akhbar (03) dans sa livraison du 5 mai 2020, rapporte que le gouvernement libanais a convoqué trois anciens ministres pour s’expliquer sur cette question devant le procureur de la république et le juge d’instruction en charge de cette affaire. Jusqu’ici c’est la preuve par 9 qu‘il s’agit bien d’une affaire libano-libanaise. Quant au ministre libanais de l’Energie et de l’eau, Raymond Ghajar, sans donner une précision détaillée sur les circonstances et le contexte de sa rencontre avec l’ambassadeur algérien Abdelkrim Rekibi, parle dans un communique (04) d’une manière politiquement correcte « d’un entretien de connaissance.»
S’agissant des aléas d’une simple affaire commerciale comme l’ont expliqué les uns et les autres alors pourquoi cette affaire montera-t-elle à l’ambassadeur algérien ? Et pourquoi le ministre libanais insiste pour lui préciser que le dossier est entre les mains de la justice ? Et ne dit pas quelle chambre pénale ou commerciale ?
Pourquoi notre ministre des Affaires étrangères ne convoquerait-il pas à son tour l’ambassadeur libanais pour lui faire comprendre que son pays se trompe de cible ? Il est difficile de savoir si notre diplomatie et notamment la présidence se rendent compte de cet affront à notre mastodonte touché dans sa réputation dans un marché « spot » où il est constamment présent ?
R. R.
Renvoi
(01)https://www.facebook.com/Manarte34/videos/242002233682303
(04)-http://bourse-dz.com/fuel-frelate-ministre-libanais-poursuites-sonatrach