20 avril 2024
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AccueilA la uneLe pouvoir en Afrique, est-ce de la sorcellerie ? 

Le pouvoir en Afrique, est-ce de la sorcellerie ? 

Ouyahia et Tebboune
Ouyahia et Tebboune, deux hommes du système Bouteflika et deux destins.

Ainsi parle l’œuf : je suis le pouvoir, si vous me serrez trop fort, je me casse, si vous ne me serrez pas suffisamment, je tombe et je me casse. Ce proverbe africain pose un redoutable dilemme aux détenteurs de pouvoir. Ils ne doivent ni serrer trop fort, ni trop peu, car dans les deux cas le pouvoir leur échappe. 

En Occident, le pouvoir créateur de la mort a laissé la place au pouvoir organisateur de la vie. Dans les sociétés dominées, le pouvoir demeure créateur de la mort et par conséquent despotique. 

Dans le monde du sud de la Méditerranée, c’est d’abord l’espace des grandes convulsions politiques et sociales. Le discours nationaliste et moderniste des dictatures est le lieu d’un grave malentendu. Cette volonté d’occuper la place du colon et de l’imiter dans son comportement n’implique-t-elle pas une subordination par rapport à lui ? La faiblesse et le caractère artificiel des Etats nations du monde arabe n’assurent-ils pas leurs mises en orbite des intérêts des grandes puissances ?

On accorde à l’Etat une toute puissance bien imaginaire. Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est l’accroissement du « déficit de rationalité de l’Etat ». Il est admis que le mouvement nationaliste a commis deux graves erreurs aux conséquences incalculables : la première c’était de croire que l’aliénation historique, économique et culturelle disparaissait automatiquement avec le départ de l’occupant étranger ; la seconde était de penser qu’il suffisait d’accaparer l’appareil de l’Etat, de promulguer des lois et des règlements, de se doter d’une armée pour maîtriser le processus de modernité, de développement et de l’émancipation Comme si les clés de la modernisation étaient entre les mains des détenteurs du pouvoir, c’est-à-dire de la force brutale qu’elle soit locale ou étrangère, « la faiblesse de la force est de ne croire qu’à la force » écrivait Paul Valérie au siècle dernier.

En effet,  il y a des gens qui croient que pour dresser les animaux et les dominer, il faut user des armes et de la force physique.  C’est une erreur grotesque. C’était là une méthode employée par les barbares. Les procédés modernes de dressage sont tout autres. 

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Un peuple émotif secrète naturellement un pouvoir narcissique c’est-à-dire un pouvoir égocentriste dépourvu de tout sentiment de culpabilité. Pour combler son vide existentiel, il a besoin de se nourrir des émotions et des peurs de la  population. Il est vrai que l’histoire ne peut se faire que par une alternance de sagesse et de brutalité  puisque de toute façon, les régimes déclinants résistent à la critique verbale.

Le pouvoir compris comme un contrôle plus accru des hommes et des consciences par une sorte de bureaucratisation et d’asservissement des individus et de la société ne s’est accompagné d’aucune efficacité réelle sur la technologie, du savoir, de la science, du progrès technique et spirituel. C’est pour quoi, la société semble évoluer dans des directions inattendues, opprimantes et désespérées qui accentuent quotidiennement l’impression générale d’irresponsabilité, de passivité et d’impuissance.

 C’est la fin des tabous : le mythe nationaliste n’opère plus, ses « héros » ont disparu, vieilli, ou sont fatigués. Vieillesse, quand tu nous tiens ! Le cerveau ordonne au corps de se mouvoir et le corps lui répond : « va te faire foutre ! ».

L’ère des dinosaures est belle et bien révolue. Le pouvoir actuel est en panne sèche de crédibilité à travers tous ses compartiments et à tous les niveaux de la hiérarchie. Sur le plan économique, le naufrage est consommé. 

Un failli peut-il gérer sa propre faillite en faisant croire à ses créanciers (la population) qu’il est solvable ?  Un pouvoir qui ne tolère pas qu’on l’avertisse de ses erreurs est un pouvoir faible. Un pouvoir qui n’écoute pas d’autre voix que la sienne épuise très vite son leadership. On cherche un recours, on se précipite chez le premier charlatan du coin, il diagnostique un mal de ventre, il nous administre un philtre magique de sa propre composition qui ne tardera à faire ses effets. 

On ne réfléchit plus, on s’observe, on se tient à distance, on fait ses besoins n’importe où, n’importe comment ; l’essentiel est de se soulager. L’algérien ne crache pas chez lui mais n’hésite pas à le faire dans la rue considérant que, celle çi ne lui appartient pas. Elle appartient à l’Etat. Et l’Etat, ce n’est pas lui, ce sont les autres. Les autres qui ne sont que le reflet de lui-même mais il ne peut l’admettre, il est dans sa tête encore enfant. 

Dès qu’il dispose d’une parcelle de pouvoir et qu’il arrive à s’y cramponner, il se comporte de la même manière que ceux qu’il dénonçait auparavant. Comme dirait un proverbe bien de chez nous « celui qui veut être cité dans le village n’a qu’à faire ses excréments à la fontaine ». 

Dr A. Boumezrag

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