20 avril 2024
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L’Etat dépense sans compter, la société compte sans dépenser…

Depuis la nationalisation des hydrocarbures et le relèvement des termes de l’échange, les dirigeants algériens perçoivent la rente pétrolière et gazière comme un instrument d’une modernisation de l’Etat sans mobilisation de la nation.

Pour ce faire, ils ont été conduits à affecter une part grandissante de la rente aujourd’hui en cours de tarissement à la production et la reproduction de la base sociale c’est à dire à la consommation soit directement par la distribution de revenus sans contrepartie productive, soit indirectement par subvention, soit par les deux à la fois.

Cette pratique a donné naissance à une véritable débauche des dépenses publiques et à une grande autocomplaisance en matière de politique économique et sociale. La rente a constitué un soporifique en masquant toutes les insuffisances en matière de production et de gestion.

La rente énergétique a donné lieu à des problèmes très difficiles à résoudre : le premier de ces problèmes fût posé par des investissements considérables dans les projets inutiles entrepris notamment pour des raisons de prestige ou visant à satisfaire une boulimie de consommation : le second problème résulte des gaspillages des gouvernements en matière de dépenses courantes.

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Il faut noter une augmentation inutile du nombre d’emplois destinés aux fonctionnaires de l’économie nationale sans impact réel sur la production, les subventions destinées à diverses activités improductives etc.

Le troisième problème, le plus épineux, devenus excessivement riches à la faveur d’une embellie financière exceptionnelle, les gouvernements successifs, pris dans le tourbillon de l’argent facile de l’impunité, n’ont pas eu la sagesse et la lucidité d’adopter une politique économique saine et rationnelle en matière de dépense, de subvention, de crédit, de change etc.

Ce laxisme dans la gestion n’est pas fortuit. Il est le produit de tous les frustrations et traumatismes accumulés. C’est l’explosion des dépenses publiques au-delà des besoins réels de la société et des capacités disponibles du pays. C’est ainsi que le train de vie de l’Etat se trouve sans freins et sans aiguillon.

Que faire pour rationaliser les dépenses pour éviter le recours à la planche à billets ou à l’endettement extérieur ? Nul n’ignore que l’exécution des opérations financières de l’Etat joue un rôle déterminant dans la gestion de l’économie d’un pays. A une exécution saine des opérations financières de l’Etat correspond en général une économie saine quel que soit le niveau ou le type d’organisation.

C’est pourquoi depuis les temps les plus reculés, l’un des premiers soucis des castes dirigeantes était d’organiser les finances d’un pays. D’un point de vue historique et sociologique « le Trésor est une institution qui reflète de très près l’état du pouvoir politique et la situation économique d’un pays ». A un pouvoir stable et incontesté correspond en général une situation saine et un système financier solide.

Au contraire, à un pouvoir instable et contesté correspond en général une situation économique de crise, le système financier s’effrite et en même temps il se trouve entre les mains de chaque détenteur d’une parcelle du pouvoir. Dans leur conquête du pouvoir politique, les dirigeants se sont la plupart du temps efforcés à recueillir l’adhésion des masses populaires pour justifier voire légitimer la place qu’ils occupent.

Ils ont très vite compris que le pouvoir politique ne signifiait rien sans le pouvoir financier et ce n’est que par la conquête de ce dernier qu’ils ont pu asseoir leur autorité sur une longue période.

Le droit de « battre monnaie » est un attribut de souveraineté qui remonte à la création des Etats. Le droit de « battre monnaie » est un attribut de souveraineté qui remonte à la création des Etats.

Le système de financement de l’économie et des ménages apparait essentiellement basé en premier lieu sur le principe de la centralisation des ressources et leur affectation en fonction d’objectifs politiques décidés centralement.

L’idée finalement admise voulait que les hydrocarbures devaient assurer les ressources financières et ensuite de les mettre à la disposition de l’Etat qui se chargera ensuite de les répartir entre les différents secteurs économiques pour être finalement utilisées par les entreprises et les administrations.

L’équilibre socio-économique a pu être préservé parce que les problèmes financiers étaient résolus soit par la nationalisation des hydrocarbures, soit par la hausse des prix des hydrocarbures sur le marché mondial. Les revenus pétroliers et gaziers sont pour l’Algérie ce que le sang est pour l’organisme humain. Il ne survit pas à une hémorragie. Une hémorragie correspond à une perte importante de sang. Un saignement qui ne s’arrête pas. Il s’agit d’une hémorragie externe.

Les fonds se trouvent à l’étranger. Le fleuve ne remonte jamais à sa source. Une vraie richesse se crée, elle ne s’imprime pas. On ne compte plus l’argent avec ses doigts. Le monde a changé, le temps s’est accéléré, les espaces se sont réduits.

Le billet n’a aucune valeur en soi, c’est la confiance placée en lui qui lui donne sa valeur et sa substance. Il n’est pas seul sur le marché. Il se mesure aux monnaies fortes comme le dollar et l’euro sur lesquels il s’appuie.

Aujourd’hui, ils connaissent une instabilité chronique provoquée par la guerre en Ukraine et les tensions entre la Chine et les USA, rendant impossible toute anticipation sur le futur marquée par un contexte inflationniste alarmant. Le chacun pour soi et dieu est de mise dans tous les domaines.

La confiance dans la monnaie locale est l’alpha et l’oméga du lien social. Avoir confiance dans sa monnaie, c’est avoir confiance dans l’institution qui la légitime, dans l’ordre social qui prédomine, dans l’économie qui lui fournit sa substance. Une offre de biens et services provenant soit de l’importation soit de la production locale.

L’une est menacée par l’amenuisement de la rente énergétique et la flambée inflationniste mondiale, l’autre dépend des intrants et équipements importés. Il va falloir compter ses sous pour ne pas passer sous les fourches caudines du FMI. Cette fois, dans des conditions inhumaines. « Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge » prévient Winston Churchill …

Dr A. Boumezrag

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