26 juillet 2024
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L’imam Al Maghali et la culture des zaouïa

Prime à bord, nous regrettons profondément que les autorités religieuses algériennes n’aient pas programmé lors du dernier colloque consacré au théologien Al Magali l’intervention de différents spécialistes pour mieux équilibrer les points de vue sur le rôle de ce dernier dans l’exercice du pouvoir spirituel en Afrique du Nord et au Sahara.

Afin de pouvoir synthétiser les différentes recommandations du colloque, nous pensons que l’intérêt intellectuel de l’imam réside principalement dans la diffusion de ses idées au Sahel. Au cas où la fondation d’un centre de recherche qui lui est dédié n’est pas limitée aux théologiens et autres idéologues, le centre serait bénéfique pour l’étude des idées religieuses.

Ainsi, la promotion de la culture des zaouïa par les autorités algériennes se concrétise au risque de marginaliser un peu plus le cercle des Oulémas algériens. Si nous tenons pour vraie la doctrine de l’Etat algérien, la dysjonction entre l’islam des zaouïa et celui des savants oulémas ouvre une nouvelle ère qui est en rupture avec la décennie où le maraboutisme était combattu par le mouvement national algérien.

Le fait que l’Etat algérien promeut les confréries religieuses (Tariqa) dans le versus anti-islamiste est en soi, le cas limite d’une géopolitique religieuse qui ne dit pas son nom. Pour ainsi dire, il se précise des luttes d’influence au Sahel qui mettent aux prises des forces spirituelles comme centre de gravité à l’orée d’une compétition économique et politique. Ces deux pôles d’attraction des forces sont les points névralgiques d’une lutte pour le contrôle de l’espace saharien.

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Du coup, il se dessine aujourd’hui  une cartographie des lignes de force similaires à celle les temps médiévaux au Sahara. Certainement, il y’aurait à réfléchir sur des points noirs de la pensée de l’imam. Nous pensons entre autres au traitement des minorités religieuses en Islam (dhimma).

De retour à l’histoire de l’Afrique du Nord, il y aurait à réfléchir sur les conséquences du statut de minorités si et seulement si, la pacification des tribus berbères a maintenu en l’état la situation religieuse pré-islamique durant l’antiquité tardive. Tout autant cette question de dhimmi doit intégrer la problématique politico-religieuse du Touat décentré par rapport au pouvoir sultanique. Et à juste raison, l’anthropologue algérien Rachid Bellil (Les oasis du Gourara, le temps des saints, Editions Peeters, Paris-Louvain, 1999) a bien fait d’étendre l’examen critique à une sociologie générale du Touat.

Il en serait de même si Elise Voguet (conférence intitulée : La propagande d’al-Maghali contre la communauté juive du Touat (Sahara algérien) au XVe siècle, Inalco, 06 décembre 2022) intègre sa lecture textuelle à une vue d’ensemble du rapport Etat/Tribus, Sultan/Shouhouikh, l’Elite et la Masse, les Riches et les Pauvres, l’Ecrit et l’Oral, le dit et le non-dit de l’histoire, etc.

Certainement, on arriverait à dégager sous le couvert de l’arabisme, une spécificité amazighe dans l’histoire du Sahara.

Fatah Hamitouche, ethnologue

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