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L’opposition peut-elle préconiser un candidat unique à la présidentielle ?

Face à Bouteflika

L’opposition peut-elle préconiser un candidat unique à la présidentielle ?

Dans la perspective des prochaines élections présidentielles de 2019, la proposition d’une candidature unique de l’opposition est au cœur de la discussion politique. Plusieurs partis politiques d’opposition et de personnalités politiques ont tenu de nombreuses réunions, dans le but de s’unir, afin de réaliser la transition démocratique.

Vu l’environnement et l’organisation actuels du paysage politique algérien, comment rassembler les dirigeants de partis politiques pour une opposition unifiée, autour d’une charte pour l’alternance ? Quel bilan faut-il tirer de l’Instance de Suivi et de concertation de l’opposition (ICSO) ? Comment tracer une feuille de route consensuelle et lancer une transition démocratique pacifique et graduelle ? Comment conduire une opposition politique crédible pour fonder la deuxième république ? Quel a été le degré de participation de l’opposition à la diplomatie parlementaire ? Les députés algériens ont-ils des attachés parlementaires ? Quelle réponse apporter à une partie de la population pour crédibiliser la démarche de l’opposition ?

Les périls qui menacent l’Etat au vu du contexte d’instabilité que vivent les Etats de la région appellent, à maintenir l’unité nationale. L’examen des affaires parlementaires ne peut être dissocié de la politique globale préconisée par les autorités publiques. La gestion de l’outil diplomatique ou bien devrais-je dire la gestion de l’outil para-diplomatique, par la commission des affaires étrangères, de la coopération et de l’émigration de l’Assemblée populaire nationale (APN) est limitée. Une assemblée en manque de légitimité et qui s’arroge le droit de participer aux travaux diplomatiques. Une assemblée qui représente le régime politique et non le peuple.

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Certains partis politiques qui ont participé au sein de l’ICSO, ont obtenu des sièges au parlement lors des dernières élections législatives du 4 mai 2017. Cependant, la présence de ces formations politiques à l’APN est-elle la meilleure façon de défendre les valeurs de démocratie ? Il est communément admis que le terme d’opposition est employé par certains médias .Ce mot est mentionné dans la constitution algérienne.

De mon point de vue, il n’y a pas d’opposition en Algérie mais des opposants et les habitants de chaque pays dictatorial ont les opposants qu’ils méritent et qui de surcroît prétendent posséder une expérience. Or, l’expérience présentée par des ‘’parlementaires ‘’ et certains élus locaux n’est pas un modèle à suivre. L’expérience en politique mérite-t-elle d’être mise en exergue et d’être partagée ? L’expérience n’enseigne pas la vérité, et selon l’adage populaire l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que celui qui l’a porte. L’expérience n’est ni un droit ni un privilège en politique.

Il est risible d’observer certains partis politiques dits d’opposition poster des photos de leurs pseudos conférences-débats sur les réseaux sociaux, au lieu de publier des rapports, des analyses et des comptes-rendus sur la situation sociale, économique et politique qui prévaut dans le pays. De plus, certains dirigeants de formations politiques prononcent des discours creux, qui ne versent que dans la critique du régime politique et qui ne se contentent que de petites actions de proximité.

Malgré les critiques constructives formulées par quelques opposants, il est devenu légitime de se poser la question suivante : le régime politique algérien est-il soutenu par une partie de la population ? Cette question doit être soulevée pour une meilleure analyse du terrain politique, car le rapprochement entre le régime politique et une partie du peuple est troublant : ce qui les unit est le soutien indéfectible apporté à la dictature syrienne d’Al-Assad et au groupe subversif le Hezbollah. La poursuite par la diplomatie algérienne de son appui au régime confessionnel iranien ne peut que l’inciter à se compromettre. 

En dépit de tous les obstacles rencontrés, la création d’une nouvelle force politique d’opposition doit convaincre avec une démarche inédite à suivre, en vue de faire face à ce régime politique. Mettre en avant un programme politique unique pour relever les défis de l’heure. Une nouvelle instance de concertation et de suivi de l’opposition doit être créée, pour travailler avec tous les courants politiques et ce pour l’intérêt de la nation.

A l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication, les outils sont nombreux pour dynamiser les sujets économiques, politiques, sociales et sécuritaires qui intéressent une partie du peuple, car la vulnérabilité de l’ICSO réside en son émiettement du fait de sa composition complexe incluant des opposants et des opportunistes réunis autour d’une même table. La fragilité de cette instance a empêché l’apparition d’un consensus à même de passer à une solution politique, une des voies pour démocratiser le pays. En outre, l’ICSO a révélé la vraie nature de certains partis politiques : un pied dans l’opposition, un pied dans le régime politique.

Une des réponses à apporter face à l’impasse : si la transparence, la neutralité et l’impartialité des élections présidentielles 2019 n’est pas garantie, envisager le retrait de tous les députés des partis qui ont participé à l’ICSO, de l’APN et ne plus reconnaitre la chambre basse du parlement. Ce retrait permettra de redonner confiance à une partie du peuple.

Le maintien de l’interdiction de tout sit-in ou rassemblement à Alger n’empêche pas aux partis d’opposition de lancer des manifestations pacifiques : il est important de rappeler aux observateurs de la vie politique algérienne, que les protestations ont débuté dans les régions marginalisées de Sidi Bouzid et de Kasrine, au centre et au centre-ouest de la Tunisie et ont permis la disparition du régime oppresseur en 2011.La capitale algéroise est le symbole du pouvoir politique, mais l’exemple tunisien devrait inspirer les défenseurs algériens de la transition démocratique.

Il est paradoxal que certains partis politiques privilégient dans leurs listes, les compétences intellectuelles, à l’occasion de toutes les élections pour convaincre la population à faire le bon choix, alors qu’une partie de la population possède des compétences manuelles ? Faut-il favoriser le critère du niveau intellectuel, alors que chaque citoyen quelque soit sa situation professionnelle, peut présenter sa candidature et édifier la nation ? La politique n’est pas une carrière, elle est au service du citoyen. Un pays démocratique se construit pierre par pierre par tous les citoyens.

Maintenant que le rideau est tombé sur la participation des partis politiques dits d’opposition aux élections législatives de mai 2017, les militants doivent faire leur bilan pour évaluer la portée de leurs discours devant les citoyens.

Auteur
Mohamed-Salah Benteboula, géographe

 




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