5 mai 2024
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Lounis Aït Menguellet : le poète aveugle ceux qui refusent de voir !

Lounis Aït Menguellet. Crédit photo Hayat Aït Menguellet.

La force d’une poésie réside dans la profondeur de l’inspiration du poète qu’est Lounis Aït Menguellet, le sens donné à son œuvre par sa société n’est pas toujours la copie de sa propre pensée. Ce qui me semble normal dans un monde normal.

Lounis Aït Menguellet est l’artisan de son œuvre, quant à la réussite poétique de cette dernière, elle dépend de l’oreille qui écoute et de la tête qui pense. A chacun son oreille, à chacun sa pensée !

Le poète est capable d’aspirer à la démocratie, mais il ne peut pas l’instaurer. Il est en mesure de crier à l’injustice, mais il ne peut pas l’éradiquer. Il a la possibilité d’incarner à travers sa poésie le sens de la fraternité, mais face à l’obstination et à l’égo démesuré des frères, la rendre possible se révèle une tâche périlleuse.

Il peut faire vivre l’espoir par sa mélodie, quant à sa réalisation, elle dépend de l’oreille qui veut bien l’écouter. Il peut contribuer à l’épanouissement de sa société, mais il n’est pas tenu de l’édifier seul.

Le poète peut s’inspirer de la vie politique afin de traduire ses répercussions négatives sur sa société, ce qui ne lui donne pas le statut d’un d’homme politique, mais juste un être humain sensible à la détresse de ses semblables dont il en fait partie. Il n’est pas responsable devant la politique, il est juste responsable devant sa poésie !

Lounis Aït Menguellet, un verbe puissant, un personnage discret

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Le poète parle, car il a une sensibilité à exprimer, il parle, car il a une émotion à partager, il parle, car souvent, il est le phare des désespérés, des mélancoliques, mais aussi des égarés de la vie, une vie dénuée de clémence et de tendresse.

Le poète est finalement, porteur d’espoir et un inconditionnel adepte de la vie. Il réfléchit seul, mais il parle pour tous !

Nous voulons que le poète insuffle l’espoir, par notre exigence souvent injustifiée, nous le poussons au désarroi. Nous voulons qu’il soit l’étendard du vivre ensemble, par notre pensée irrationnelle nous le poussons à l’autarcie malgré lui.

  • Le décrier vivant et le glorifier mort, n’est-ce pas le syndrome kabyle !

Dans un monde de plus en plus virtuel, il s’avère que la virtuosité du poète est tout ce qu’il nous reste de rationnel, de consistant et de réel. Et Si par moment certains esprits éparpillés de la société considèrent, à tort, que le poète manifeste une fragilité supposée, en réalité, si cette fragilité existe, ce n’est que l’expression d’une défaillance sociétale avérée. Force est de constater qu’il existera toujours des petites pensées étriquées, qui s’obstineront à se focaliser sur le doigt du sage poète, pendent que les autres s’émerveillent de la poésie aussi radieuse que la lune !

Au cours de sa longue et foisonnante carrière artistique, Lounis Ait Menguellet a puisé énormément son inspiration poétique dans la culture kabyle, une culture riche et valorisante. Il a chanté la Kabylie en tant que terre et civilisation. Pour le poète et à travers son œuvre, la Kabylie a toujours occupé une place  majeure dans sa vie artistique, mais aussi dans sa vie tout court.

De surcroît, « la poésie philosophique » de Lounis est extra-académique certes, mais tellement utile et bénéfique à une société qui voit ses repères sectionnés par de multiples raisons, où l’art semble être remplacé par un phénomène « de guinguettes musicales » qui brassent énormément de monde mais aussi, beaucoup de vent défavorable !

Dans son nouvel album intitulé : Snitra-w, Ait Menguellet nous émerveille avec une poésie profonde aux multiples sens. Il nous chante ses textes avec une voix qui a perdu de sa jeunesse certes, mais une voix qui a gardé intacte toute sa sève et sa sensibilité.

En réalité, Lounis n’a jamais eu besoin de hausser la voix, car nous l’avons toujours écouté, et encore aujourd’hui avec le cœur.

Finalement, nous arrivons bien à voir que le poète est un être ordinaire par nature, et exceptionnel par la noblesse de sa sensibilité. Une sensibilité qui force le respect, car elle véhicule la fraternité, l’espoir et la liberté pour tous.

Yacine Cheraiou

5 Commentaires

  1. Tannemirt.
    Malgre les decennies et la qualite de son auditoire, il demeure que, pour certains, la poesie de Lounis n’y va pas plus loin que le tompon de leurs oreilles. Alors que pour les sages et gens senses, elle ne fait qu’y passer pour atteindre la pensee. Ces derniers sont nombreux mais bien peu bavards.
    Encore merci pour cet article sense.

  2. « 𝑳𝒆 𝒅é𝒄𝒓𝒊𝒆𝒓 𝒗𝒊𝒗𝒂𝒏𝒕 𝒆𝒕 𝒍𝒆 𝒈𝒍𝒐𝒓𝒊𝒇𝒊𝒆𝒓 𝒎𝒐𝒓𝒕, 𝒏’𝒆𝒔𝒕-𝒄𝒆 𝒑𝒂𝒔 𝒍𝒆 𝒔𝒚𝒏𝒅𝒓𝒐𝒎𝒆 𝒌𝒂𝒃𝒚𝒍𝒆 ! »…
    il n’y a pas que chez les kabyles qu’on connaît ça. Un proverbe arabe algérien dit:
    « Ki kan hey mechtaq tamra, ou ki mat aâlqoulou aârdjoun. »
    De son vivant, il guignait la moindre datte. A sa mort, on lui suspendit tout un régime au cou.

  3. En tant qu’artiste et poete, il est génial. Mais en tant que défenseur des kabyles qui subissent le harcelement, le racisme, la prison et la torture, il est lamentable.

  4. DANS UN PAUYS DEMOCRATIQUE OU QUI SE RESPECTE SES POESIES DOIVENT ETRES ETUDIEES A L’ECOLE COMME JULEZS VERNES ET AUTRES MAIS CHEZ NOUS ON LE CONSIDERE JUSTE UN CHANTEUR LAMDA A BON ENTENDEUR

  5. Se taire devant l’injustice, alors qu’il aurait suffi un simple mot très court même, je me demande à quoi bon servir une poésie ? personnellement je n’ai pas voulu l’admettre mais Ait menguelette m’a déçu, il a tout simplement trahi son idéal avec son silence complice.

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