En cette nouvelle année 2024, je voulais présenter mes vœux à tout le monde. Mais à qui ?
Je m’adresse d’abord aux musulmans qui me répondent que j’ai dû quitter le pays depuis trop longtemps car la fin de l’année est encore loin dans le calendrier hégirien. Je me suis ensuite adressé aux Chrétiens et j’ai eu cette stupéfiante réponse « lesquels ? ».
Les Catholiques m’ont répondu que c’était bien le 31 décembre et m’ont remercié. Mais ils m’ont malicieusement rajouté que je devais vérifier l’an prochain car ils en avaient modifié la date trois fois dans leur histoire.
Les Protestants, par définition devraient protester et donc choisir une autre date. Non, pas du tout, c’était la même et m’ont remercié.
Est venu le tour des Orthodoxes qui m’ont dit être resté fidèles au calendrier Julien (Jules César), même si l’Union soviétique avait adopté le calendrier grégorien. Pour eux la date du jour de l’an est le 13 janvier car il représente le 31 décembre dans le grégorien.
Et mon aventure a continué. Les juifs m’ont dit de revenir à Roch Hachana (la tête de l’année) pour mes vœux, les Iraniens que c’était le premier jour du Printemps en conformité avec la tradition perse, les Chinois qu’il fallait encore attendre quelques mois et ainsi de suite.
La mémoire s’y est mise à son tour pour me houspiller et m’a dit que je n’ai pas été assez attentif au cours du professeur de quatrième. Il nous avait pourtant appris plusieurs choses importantes.
Tout d’abord comment l’humanité a-t-elle pris conscience de l’existence d’une année ? Et sa réponse fut de nous dire qu’il y avait une multitude de fins d’année en fonction des civilisations et cultures du monde.
L’être humain avait en effet remarqué que si sa vie était linéaire jusqu’à la mort certains phénomènes terrestres avaient la particularité de se reproduire en un cycle permanent. Il avait donc parfaitement conscience de la survenue de la période du froid, de l’éclosion de la nature et ainsi de suite.
Mais notre professeur posa une seconde question, par quels moyens pouvaient-ils prévoir les retours cycliques, en quelque sorte la fin et le début d’une année ? Sa réponse, en se fiant tout naturellement à ce qu’ils constataient soit les cycles du soleil et de la lune.
Le fait disait-il est que les conclusions étaient différentes selon les points de vue des peuples anciens puisque les cycles dépendaient des hémisphères et surtout de l’importance d’un événement dans leurs cultures. Est-ce le moment des moissons, du Printemps ou, comme les anciens Egyptiens, le moment de la grande crue du Nil ou de bien d’autres événements ?
Devant notre regard interrogatif, il nous a rassurés en nous rappelant que les transformations cycliques de la nature se manifestaient surtout dans les environs des solstices d’hiver et d’été.
Moi, je voulais tout simplement exprimer ma cordialité en présentant mes vœux en ce jour de l’an et me voilà dans un chaos indescriptible. L’humanité n’est pas unifiée en ce point, l’est-elle vraiment pour les autres ?
Ce qui est sûr est qu’on ne m’y reprendra plus à vouloir présenter mes vœux à tous.
Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant retraité