AccueilIdéeMohammed Harbi : dépasser les accords d'Evian (13)

Mohammed Harbi : dépasser les accords d’Evian (13)

 

Historien de premier ordre, nationaliste, Mohammed Harbi est spécialiste de l’histoire et de la vie politique de l’Algérie. Durant la guerre d’indépendance, il a occupé d’importantes responsabilités au sein de l’appareil du FLN et participe aux premières négociations des accords d’Evian.

Conseiller de Ahmed Ben Bella, il est emprisonné de 1965 à 1968. En 1971, il est mis en résidence surveillé. En 1973, il s’évade et rejoint la France où il devient professeur à l’université. Il est auteur de nombreux ouvrages de référence sur l’histoire contemporaine de l’Algérie

Contenu du programme de Tripoli

Résultat d’analyses divergentes, il est adopté, mais pas destiné à être publié (de fait c’est une négation des accords d’Évian). Programme de la révolution démocratique dite populaire, de fait bourgeoise, il définit une voie de type capitalisme d’État. Un programme national-populiste et non socialiste. Tous les éléments d’un étatisme se trouvent dans le programme. L’algérianisation de l’Algérie et des biens est annoncée dans ce programme, mais sans dire au profit de qui. La question sociale n’est pas posée pas plus que celle des conditions de l’application de ce programme. Le programme économique et social qui doit achever l’indépendance du pays est rédigé par Mohammed Harbi. Il y est prévu des nationalisations dont celle du pétrole et du gaz pour financer l’agriculture et la réforme agraire. Les partisans du libéralisme, défendu par des secteurs des partis d’avant 1954, ne sont pas représentés dans la commission de préparation du congrès. Laïcité ou arabo-islamisme? Quel type de parti?

Dépasser les accords d’Evian

Un carcan limitant l’indépendance nationale. Une solution très néocoloniale, des accords largement favorables à la France et aux couches sociales ayant progressé dans son sillage. Le problème de la propriété économique n’a jamais été posé.

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La question paysanne

C’est la question nationale sur les plans économique et culturel; pas de parti ni de syndicat de la ruralité. Des zones très importantes du pays n’ont eu aucun rapport avec la colonisation. Une paysannerie ruinée, immensément prolétarisée, un exode rural massif. Les conséquences des camps de regroupement. Une classe en voie de «plébéisation». «Une classe à remettre sur pied », M. H. Au fond, les appareils du FLN n’acceptent pas une réforme agraire.

La question de l’émancipation des femmes

Le poids des traditions et du courant arabo-islamique rend cette émancipation très difficile.

Un pays en mouvement

Les conditions d’une situation révolutionnaire sont créées par l’OAS qui a favorisé les conditions d’une négation des accords d’Évian. La question qui se pose à toutes les factions: comment remplacer la France qui s’en va. L’OAS défaite, les Français commençant à abandonner la place, se pose à tous la question du remplacement de l’État colonial. L’arrivée d’un pouvoir militaire qui s’imposera par la force. La crainte de l’étatmajor (et des DAF) de voir la Force Locale concurrencer et prendre le pas sur l’armée nationaliste. Les masses algériennes dans les campagnes et dans les villes se sont mises en mouvement. Il y a eu un «dépassement» (processus de révolution permanente) dans beaucoup d’endroits mais pas de force sociale pour le porter. Dans plusieurs régions, les anciens maquisards s’emparent de terres, comme «prises de guerre» et créent des domaines patriarcaux. Dans d’autres régions il n’en est pas ainsi (M. Harbi propose ainsi la division des domaines et la création de coopératives). La question capitalisme ou socialisme se pose dès l’indépendance. L’idée d’autogestion germe dans les syndicats et la jeunesse. Mais les initiatives sociales sont entravées par les partisans du libéralisme (militaires, anciens maquisards et cadres de l’État) et l’appareil du FLN refuse la notion de lutte de classes et se méfie de la classe ouvrière. Le pouvoir va appartenir aux anciens combattants. L’ÉTÉ ET L’AUTOMNE 1962 Après des mobilisations incroyables de la population, la vie politique en 1962 devient une affaire de factions et d’appareils qui a peu de chose à voir avec les intérêts de cette population. Un pays « à genoux» menacé par la guerre civile. Dans la lutte pour le pouvoir entre les fondateurs du FLN, l’option militaire (la lutte armée) est une erreur qui favorise une armée qui vise de façon lucide le pouvoir.

Le positionnement de Mohammed Harbi

Retour sur le conflit de la direction centrale du ministère des affaires extérieures avec le GPRA et la démission collective de la direction au ministère des AE. Dans le conflit entre le GPRA et l’état-major, M. Harbi n’a pas donné son appui au GPRA. Sa rencontre avec Boudiaf à Paris, en novembre 1962. Harbi accepte l’offre de Ben Bella : conseiller technique pour l’autogestion. Il sera aussi directeur de Révolution africaine et responsable de la commission chargée de rédiger le programme de 1964 (charte d’Alger).

Auteur
Mohammed Harbi

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