27 avril 2024
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Mouloud Mammeri : une pensée intellectuelle au service de la renaissance  de la culture et de la société (I)

Mouloud Mammeri

Lecture de trois prolégomènes de l’auteur (I). À l’occasion du 30ème anniversaire de la disparition  de Mouloud Mammeri- ce fut un certain 26 février 1989, sur la route de Aïn Defla, de retour du Maroc où il avait donné une conférence sur l’oralité africaine-, nous proposons une lecture de trois textes du savant, homme de culture et écrivain.

Ce sont des introductions qu’il a insérées dans des ouvrages majeurs et qui constituent un condensé d’une profonde réflexion d’ordre anthropologique, historique et culturel.  Il s’agit des introductions données pour Ifesra, poèmes de Si Mohand U M’hand ((100 pages), Poèmes kabyles anciens (57 pages) et Innas -yas Ccix Mohand (47 pages).

Mouloud Mammeri peut être considéré comme un cas unique dans la sphère des écrivains algériens et maghrébins de langue française. Outre une production romanesque, d’une valeur littéraire et esthétique universellement établie, avec d’autres œuvres littéraires (pièces de théâtre, nouvelles), il a prodigieusement exploré un autre territoire où se rencontrent, s’imbriquent et se fécondent, la science, dans sa pure rationalité, et la culture, dans toute son étendue.

Le domaine de l’anthropologie culturelle, que Mouloud Mammeri a investi avec une énergie et un dévouement exemplaires, a d’ailleurs joué un rôle non négligeable dans le peu d’ouvrages de fiction que l’écrivain a eu à produire; ceci, quand on le compare, par exemple, à Mohammed Dib, qui a été auteur de fiction très prolifique, mais, qui, à notre connaissance, n’a pas produit d’études, hormis un opuscule sur l’artisanat à Tlemcen. Dans ce domaine précis, qu’est l’anthropologie culturelle, Mammeri n’a pas eu un projet bien déterminé dès sa jeunesse. Il semble que l’écriture romanesque, matérialisée par le premier ouvrage, à savoir La Colline oubliée, soit mené concomitamment avec les préoccupations d’ordre ethnographique et anthropologique.

Deux points nous suggèrent un tel souci chez l’écrivain/chercheur. D’abord, les premiers écrits touchant à l’histoire de la culture berbère, et qui remontent à 1938/39 (à l’âge de 21 ans) [voir à ce propos l’article « La société berbère », dans la revue marocaine Aguedal, repris dans l’ouvrage « Culture savante, culture vécue« , éditions Tala-Alger 1991). Ensuite, comme en feront la lecture et l’analyse plusieurs critiques littéraires, l’œuvre romanesque même de l’auteur constitue incontestablement une approche anthropologique de la société et de la culture amazighes.

Mouloud Mammeri : de la révolution algérienne à l’amazighité (II)

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Lors de la publication, en 1952, de La Colline oubliée, une certaine « critique », plutôt nourrie par un excès de zèle nationaliste, y a vu un roman « régionaliste », en raison du cadre général du récit, situé en Kabylie, et d’une description franche d’une société dans toute sa grandeur, sa dignité et ses revers historiques. Un contempteur des écrits de Mammeri, en l’occurrence Mohamed Cherif Sahli, ira jusqu’à affubler le roman de Mammeri de « Colline du reniement ». Il est vrai que ce genre de procès dépasse de loin le cadre strict de la critique littéraire. Il exprime plutôt une hargne entretenue par l’étroitesse de l’idéologie du mouvement national, qui a fait bien d’autres victimes, au propre comme au figuré.

En s’investissant dans le domaine de l’anthropologie culturelle, Mouloud Mammeri avait des motivations bien solides, à commencer par la prise de conscience de soi, de son identité, dans un milieu où la culture natale, représentée singulièrement d’abord par la langue, était considérée non seulement comme culture « indigène », par rapport à la culture officielle imposée par la colonisation et l’école française, mais, pire, des vestiges de l’ « état sauvage » dont il importait de hâter la chute. Face à la culture arabe, pourtant bien entrée en décadence, et dont il ne restait que les souvenirs doucereux des paradis perdus de Grenade et de Baghdâd, la culture berbère paraissait comme une « honteuse survivance » d’un ordre païen dont il fallait se débarrasser coûte que coûte.

Une mission historique

Dans l’ouvrage « Culture savante, culture vécue » (1), Melha Benbrahim et Rachid Bellil reviennent sur les circonstances qui ont fait de Mouloud Mammeri un chercheur, alors qu’il était promis à une belle carrière de professeur en lettres classiques et d’écrivain de fiction talentueux. Ces deux auteurs écrivent: « En abordant, dans une approche historique, ce qui a constitué le point de départ de l’effort consacré par Mammeri à la reconquête de soi, on peut aisément intégrer cette démarche dans le mouvement de quête et de revendication identitaire porté par les intellectuels algériens depuis la fin du 19e siècle. Les bouleversements socioéconomiques provoqués par l’administration coloniale, ignorant et détruisant les systèmes sociopolitiques locaux, portent la résistance vers le champ culturel et intellectuel. On assiste alors à l’éclosion d’expressions écrites avec les travaux d’instituteurs, de journalistes et d’historiens, parmi lesquels on peut citer Bensedira, Boulifa, Lechani,…etc. Repenser l’histoire et la culture algériennes en fonction de la conjoncture coloniale constituait le point fort et convergent de tous les travaux des intellectuels algériens (…) La littérature historique algérienne dans son ensemble se caractérise, depuis les années 1930, par la revendication identitaire. La dimension berbère y est évoquée dans son aspect ethnique, soit à travers le panégyrique des héros. La dimension culturelle de la berbérité était, quant à elle, éludée et évacuée au profit de l’arabo-islamisme, que mêmes les réformistes libéraux adoptèrent en termes de statut personnel, abandonnant ainsi leurs revendications assimilationnistes ».

Le cadre idéologique et politique dans lequel s’est inscrit le mouvement national avait fondé le mythe de l’unicité culturelle, cultuelle et linguistique de l’Algérie, qui tranchait avec la diversité réelle de la société algérienne. Une telle attitude, qui se raidissait au point de provoquer les premières fissures dans le mouvement national (exemple de la Crise dite « berbériste » de 1949). Mouloud Mammeri subira le regard inquisiteur des partisans du monolithisme culturel. Rachid Bellil et Melha Benbrahim soulignent que « dès sa première étude, Mammeri se voulait objectivement critique par rapport à la société berbère, ce qui va l’éloigner de la tendance à vénérer le passé. Cette tendance était-pour des raisons aisément perceptibles- le propre d’un grand nombre d’études menées à partir du nationalisme militant ».

Pour porter ce regard critique, qui tendait à un exercice scientifique, Mammeri a eu recours aux instruments opératoires les plus à même de sonder les temps historiques et d’interroger le substratum culturel existant, principalement l’oralité, pour aller à la quête de soi, avec le projet et l’entreprise de reconquête du moi collectif.

Comme on pouvait l’imaginer, l’entreprise ne fut pas de tout repos. Obnubilée par les nues de l’histoire tumultueuse de l’Afrique du Nord, faite de conquêtes et de dominations, écrasée par les préjugés pesant sur les études ethnographiques coloniales, la recherche à mener dans la culture berbère avait besoin de ce regard lucide, critique et polyvalent qu’allait développer Mouloud Mammeri, non seulement pour exhumer cette culture ancestrale des abysses ténébreuses de l’histoire, mais aussi et surtout pour la réhabiliter et l’installer dans la quotidienneté la plus courante et dans la vie sociale de tous les jours.

C’est à la lumière de cette vision, à la fois scientifique et pratique, que l’on doit comprendre et saisir cette philosophie de Mammeri: « Une culture n’est pas un patrimoine. Une culture n’est pas un héritage. Une culture, c’est quelque chose que l’on vit, que l’on fait vivre ». Cette formule, qui correspond à l’engagement même de notre chercheur, n’est pas restée à l’état d’une profession de foi, puisque toute l’œuvre et tout le travail de Mammeri s’y abreuvaient et avaient largement nourri le mouvement d’éveil culturel qui a rendu possibles les acquis d’aujourd’hui en matière de réhabilitation de la culture amazighe. C’est la une mission historique qui échoit à des personnes d’exception, comme Mouloud Mammeri, et qui étend son entreprise sur plusieurs générations.

Salem Chaker (2) écrit à propos de l’auteur de La Colline Oubliée  et Poèmes kabyles anciens: « Mammeri s’inscrit d’abord parfaitement dans la « veine culturaliste » des défenseurs du patrimoine berbère. Incarné depuis le tournant du siècle par une chaîne ininterrompue d’instituteurs et d’hommes de lettres, ce courant commence par de modestes enseignants comme Boulifa, pour atteindre son apogée avec des noms illustres, comme Jean et Taos Amrouche, Mouloud Feraoun et enfin Mammeri.

Cette tradition est constituée d’hommes et de femmes qui ont su maintenir intacts leurs racines et l’attachement à leur culture alors qu’ils avaient subi – souvent de manière brutale, voire autoritaire – à travers la scolarisation française, l’immersion dans un monde, dans une langue qui n’était pas les leurs. Et le miracle aura été que cet accident historique, au lieu d’engendrer la classique « honte de soi » des situations de domination, le reniement de ses origines, a, au contraire, provoqué une brutale prise de conscience de la valeur universelle de la culture dont on était issu. Chez tous, immédiatement, l’ensemble des instruments intellectuels et des références culturelles acquis à travers l’École française, sont devenus de formidables moyens de valorisation, de « défense et illustration de la langue et de la culture berbères ».

Outre les études formalisées dans ouvrages précis ou des articles publiés dans des revues spécialisées, Mammeri a tenu à introduire certains de ses livres de recherche en anthropologie culturelle par une sorte de « prolégomènes » s’étalant sur plusieurs dizaines de pages. Cette pratique est surtout visible dans Isfera de Si Mohand (1969), Poèmes kabyles anciens (1979) et Inna-Yas Ccix Muhand (publication posthume-1990). Les introductions par lesquelles s’ouvrent ces trois ouvrages sont des creusets immenses de la quintessence de la recherche de Mammeri dans le domaine de l’anthropologie culturelle, comme elles constituent des pistes de lecture pour la pensée et de la méthodologie de l’auteur qui se sont étalées sur plus d’un demi-siècle de travail. Les prolégomènes de Mammeri, dont on tentera de faire une première lecture, peuvent, s’ils étaient juxtaposés dans une même édition, constituer un volume à part entière pouvant s’assurer sa propre cohérence et décliner une certaine unité méthodologique tendue vers la recherche de la tamusni (savoir, culture et philosophie des porteurs de l’oralité berbère).

Les prolégomènes mammériens : thèses et synthèses

Il est établi que l’introduction ou la préface (ce qui, dans la théorie linguistique moderne est nommé « paratexte ») sert d’abord à défricher l’intelligibilité du texte. Avant l’entrée en matière, l’on est censé être « instruit » de l’objet de l’ouvrage, des conditions qui ont présidé à son élaboration et du contexte historique et social de la production de la matière qui nous est présentée. Sur ce plan, Mammeri a rempli sa mission d’ « introducteur » de fort belle manière, introducteur de son propre travail!

Outre les grands axes de la philosophie sur lesquels s’étale la matière, l’introduction de Mammeri ne s’interdit pas le souci pédagogique et didactique, bien nécessaire dans ce genre d’ouvrage de recherche. Néanmoins, les paratextes auxquels on a affaire, qui comprennent parfois une introduction, un avertissement et une présentation, dépassent largement cette fonction classique et traditionnelle  qui assure au texte un « encadrement » et un balisage nécessaires à sa compréhension. Mammeri, à l’occasion de ces introductions aux trois livres cités, a écrit de véritables « traités » où il expose des thèses relatives au domaine dans lequel il intervient, à savoir l’anthropologie culturelle, comme il y a aussi présenté la synthèse et la quintessence de ses observations et du travail pratique qu’il a eu à mener pour aboutir à des résultats prodigieux, inscrits non seulement dans le registre des recherches scientifiques de notre pays, mais aussi, dans une espèce d’immersion exceptionnelle dans le corps et la mémoire de la société pour laquelle l’auteur contribue à offrir une des clefs de sa libération culturelle et identitaire.

Illa wabâadh,…illa wayedh

Le premier ouvrage d’investigation dans le domaine du patrimoine berbère et de recension quasi exhaustive de la poésie ancienne- exhaustivité entendue au sens des limites de la matière disponible au moment où l’auteur faisait ses recherche sur le terrain, chez les rapporteurs-, sera, bien entendu, Les Isefra de Si Mohand, publié chez les éditions Maspero en 1969. C’est l’œuvre maitresse du chercheur, qui a eu pour caractéristiques principales de prendre en charge, sur le plan de l’écrit et de la traduction, le plus grand poète que la mémoire collective kabyle ait retenu, de continuer un premier travail d’inventaire entamé par Mouloud Feraoun, de vulgariser et de populariser une translittération du berbère/kabyle en latin, largement adopté aujourd’hui sous le nom de tamaâmrit, et, enfin, de présenter, sous forme d’une longue introduction, soit une centaine de pages, une étude sur la poésie kabyle classique et une analyse historique et anthropologique de la société et de la culture kabyle.

Deux petites citations mises en exergue dans l’introduction de cet ouvrage nous mettent déjà dans le bain de ce qui sera une véritable étude sur le poète, son environnement et sa société. Un passage du Banquet de Platon, dialogue écrit en 385 avant J-C, illustre la première page: « Quand on entend d’autres discours de quelque autre, fût-ce un orateur consommé, personne n’y prend, pour ainsi dire, aucun intérêt; mais, quand c’est toi qu’on entend, ou qu’un autre rapporte tes discours, si médiocre que soit le rapporteur, tous, femmes, hommes, filles, jeunes garçons, nous sommes saisis et ravis » (3). Le choix de la citation est d’une judicieuse pertinence: l’allusion au grand poète-unique, ayant séduit et instruit les gens et les foules-est ici très claire, se rapportant à l’objet même de la recherche, le poète Si Mohand U M’hand, comme est aussi claire cette référence au rapporteur, puisque, déjà en son temps, Si Mohand, malgré son caractère vadrouilleur, n’a pas pu être partout physiquement pour faire entendre ses compositions poétiques. Ses paroles ont été plus rapportées que directement entendues. Et puis, Mammeri, à son tour, n’est-il pas un des rapporteurs, faisant partie d’une longue  chaîne qui a commencé du vivant même du poète? « Rapporteur »,  sera un mot sur lequel s’attardera Mammeri dans l’autre introduction, celle ouvrant Poèmes kabyles anciens. Dans ce sens, il lui attribuera la valeur de traducteur (kabyle/français). Pour relativiser le travail de traduction- qu’il estime ne pouvoir réussir que dans les limites de « la traduction la moins infidèle possible »-, Mammeri dira de lui-même qu’il était peut-être « un rapporteur plus perverti qu’averti ». Immense esprit de modestie et d’humilité de celui qui a réussi à rendre vivants, avec même une indéniable inspiration poétique, les poèmes de Si Mohand, Youcef Oukaci et bien d’autres encore.

La deuxième citation, écrite en kabyle, qui orne cette introduction est tirée d’une vieille sapience kabyle: « Illa walbaâdh, illa ulacit; illa walbaâdh, ulacit illa ». Ce qui se traduit approximativement par: « Il ya quelqu’un qui existe, mais qui n’est pas là. Il a y en a un autre, qui est là, mais qui n’existe pas ». C’est une sentence de la sagesse populaire et de portée universelle pour désigner les hommes dont les dits, les œuvres et les actions sont passés à la postérité et demeurent vivants après la mort de leurs auteurs; et les autres qui vivent parmi nous, mais la présence se limite à la satisfaction des besoins biologiques primaires. Si Mohand, dont le nom est familier à tous les habitants de la Kabylie depuis la fin du 19e siècle à nos jours, fait partie de la première catégorie. La poésie et l’aura de Si Mohand n’ont pas attendu la mort du poète pour habiter le cœur et l’esprit des tous les foyers de la Kabylie. Mammeri écrit à ce sujet: « Il est entré dans la légende de son vivant même; et rétrospectivement, l’on comprend bien pourquoi. Après les tragédies d’une jeunesse troublée, Mohand est devenu vite l’homme d’une vocation et, à travers elle, le symbole d’un destin collectif » (4).

La biographie de Si Mohand a servi de fil conducteur à une introduction très étoffée, rendant visibles les circonstances dramatiques qui ont façonné en quelque sorte notre poète. L’histoire de la conquête de la Kabylie, de sa soumission à un nouvel ordre de dépossession et de répression, de l’entreprise de l’adultération de ses valeurs morales, est passée en revue sous l’œil perçant de Mammeri.

Le poète et ses complaintes y sont, quelque part, les marques d’une société blessée dans son amour-propre, perturbée dans son harmonie et son ordre anciens. Visiblement, l’ordre et le désordre n’ont plus les acceptions et les valeurs qui furent les leurs. Les remises en cause, sur tous les plans, se suivent dans une espèce de déréliction humaine bien annoncée. « L’ancienne société kabyle était démocratique jusqu’à l’outrance. La tentation permanente (et souvent la réalité) de l’anarchie était tempérée par l’observance stricte des règles d’une tradition d’autant plus tyrannique qu’elle n’était ni écrite ni concrétisée dans un corps.

Cet ordre apparemment subsiste. Il y a toujours des amin, des tamen, des marabouts, des assemblée de villages (presque plus de tribu: à quoi serviraient-elles désormais?), mais tout cela a été vidé de son âme, mécanique sans objet, quoi qu’elle continue de marcher par l’effet de la vitesse acquise, et de toute façon, n’agit plus que sur des intérêts véniels. Désormais, l’initiative et la réalité du pouvoir échappent aux ancienne institutions de la république kabyle, devenue cadre vide « , constate Mammeri dans son introduction (5).

Dans une situation de déchéance aussi consommée, le poète n’est ni le porte-parole ni le porte-étendard d’une quelconque contestation qui tardera à venir après l’échec de l’insurrection de 1871; il est plutôt le témoin et la victime d’une chute aux enfers ayant affecté tout le monde. (A suivre)

Amar Nait Messaoud 

Renvois:

1-Culture savante, culture vécue (études de M.Mammeri:1938-1989- partie « Présentation »)-Editions Tala-Alger 1991.

2-Hommes et femmes de Kabylie (Ouvrage collectif-volume 1-Article « Mammeri »-P.162)-Éditions Edisud 2001- Aix-en-Provence

3-Isefra, poèmes de Si Mohand-ou-Mhand (présentation)- Mouloud Mammeri-Éditions Maspero-1969.

4-Ibid.

5-Ibid.

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