29 novembre 2024
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Dans l’antichambre du pouvoir en Algérie (VI)

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Paralysie et cacophonie au sommet

Dans l’antichambre du pouvoir en Algérie (VI)

Une période de fortes turbulences s’annonce avec son lot de « messages toxiques » qui embrouillent et édulcorent la réalité des problèmes structurels (1) que vit notre pays, tant au niveau idéologique, que politique, qu’économique, social et culturel, ce qui fait, qu’entre temps, les solutions envisagées sont métaphysiques voire magiques puisque  puisées dans les traités de sorcelleries.

En effet, pour justifier les mesures qu’il compte introduire, le Premier ministre, dresse d’abord un portrait apocalyptique de la situation de nos finances publiques (2), en n’oubliant jamais de rappeler, cyniquement, que toutes les décisions économiques antérieures ont été prises par le Président de la république. En évoquant publiquement ces situations financières catastrophiques, le Premier ministre pointe du doigt l’échec de près de 20 ans de gestion du Président Abdelaziz Bouteflika, donnant à l’opposition de solides arguments pour critiquer la gestion du chef de l’État (3) !

Certains se posent une question : Le premier ministre a été rappelé pour quelle mission (4) ? Travaille-t-il encore pour le compte du Président ou entame-t-il sa propre campagne présidentielle (5) ? Pour preuve, il invite ses acolytes (6), de la nouvelle majorité présidentielle, à une réunion au sommet, pour qu’ils discutent du partage des postes de la prochaine désignation élective communale (7) de novembre 2017, avec à la clé une descente sur le terrain, à la « rencontre des citoyens ». Mais refusant d’assumer l’échec annoncé du taux d’abstention, il annonce déjà la couleur en déclarant : « Dans tous les pays du monde l’abstention aux communales est très importante » ! Inaugurant une forme nouvelle de communication, il va « fuiter » des « révélations », pour démontrer le bien-fondé de sa politique monétaire, en affirmant que « sans cette solution, qui permettra le recours au financement interne non conventionnel, nous n’aurions pas de quoi payer les salaires des fonctionnaires (8) » et dans une deuxième intervention au sénat «… ainsi que les émoluments des députés et sénateurs, de novembre prochain » ! Dans cette cacophonie, le SG du FLN, ne comprenant visiblement rien aux finances publiques, exige, quant à lui, que « les financements non conventionnels soient orientés vers l’investissement et non pas pour financer les importations », c’est ubuesque ! De son côté, le Premier ministre déclare sa volonté de couverture des salaires des fonctionnaires, inscrits dans le budget de fonctionnement et bien sûr, celle des transferts sociaux, tout en continuant d’attribuer au Président de la république la paternité de ces « décisions sacrées », pour mieux se décharger sur lui de toutes responsabilités !

L’autre message toxique, concerne la santé apparente ou supposée du Président de la république (9) qui suscite, une fois encore, les spéculations les plus alarmistes (10).

En effet, tous les observateurs nationaux et étrangers constatent que le Président est, de moins en moins, présent sur la scène nationale (11) et totalement absent de celle internationale (12), ce qui pose avec acuité, une fois de plus, le problème de l’application de l’article 102 de la constitution (13). L’opposition appelle de ses vœux, sa mise en œuvre, sous-entendant par là, que cette fois, c’est la santé mentale et non plus physique, du Président qui est en cause. N. Boukrouh, de son côté tranche le débat en déclarant que « le Président n’avait plus ses capacités physiques et mentales pour gouverner » et lance un appel pour une « révolution citoyenne pacifique » afin de sortir, dignement, notre pays de la crise qui le mine (14). Sa formule politique fétiche se résume en une phrase : « Pas de cinquième mandat et pas de succession héréditaire » ! Il est immédiatement suivi d’une autre déclaration similaire de trois personnalités qui également prônent un changement de régime « dans la paix sociale ». M. Hennad, politologue, pense que pour des « considérations autant humaines que pratiques, les signataires de l’appel ne veulent pas que M. Bouteflika subisse l’affront de la constatation de la vacance du pouvoir ni, a fortiori, connaisse le même sort que le président Bourguiba qui fut destitué par un simple certificat médical ».

Lire aussi : Dans l’antichambre du pouvoir en Algérie (III) 

Mais l’enjeu, auquel toute la classe politique pense mais que très peu d’entre eux n’ose aborder, c’est le rôle et la position de l’institution militaire, dans le processus de succession au pouvoir bouteflikien (15) à terme ou avant la fin de son mandat. Est-il sérieux d’affirmer que l’institution militaire ne joue aucun rôle politique dans notre pays, depuis l’indépendance et même avant (16) ? L’histoire récente nous apprend que l’institution militaire a renversé le GPRA en 1962 et imposé A. Ben Bella comme Président, puis organisé son coup d’état le 19 juin 1965, dénommé « redressement révolutionnaire ». Elle a joué un rôle essentiel dans la nomination de C. Bendjedid en 1979 (à l’ENITA) et dans sa démission en 1992 et, en conséquence, dans la suspension du processus électoral des législatives, puis dans la gestion de la transition via le Haut Comité d’Etat (HCE) et dans la désignation élective de L. Zeroual comme Président d’état puis Président de la république et enfin, dans sa démission et dans son remplacement par A. Bouteflika, « le moins mauvais candidat » selon la formule consacrée du feu général M. Lamari. Peut-on donc s’abriter sous l’unique article 28 de la constitution (17), pour affirmer la neutralité politique de l’institution militaire et en faire un argument de jure ? Cet article est identique à l’article 25 de la Constitution de 1996 et à l’article 24 de celle de 1989, qui positionnent l’institution militaire dans le titre I, «des principes généraux régissant la société algérienne», ce qui consacre le fait qu’elle est considérée comme une composante de l’Etat et non celle du pouvoir exécutif (18), selon les constitutionalistes (19). A l’évidence, si elle est responsable de tous les choix idéologique, politique, économique, sociaux et culturel, depuis l’indépendance, au moins, qui peut pouvoir affirmer qu’elle n’est pas habilitée à corriger ce qu’elle a elle-même créé ? Lorsque l’on constate que le pays est en situation de vacuité de pouvoir et que la société se disloque, la situation devient périlleuse et l’institution militaire doit prendre ses responsabilités, pour la sauvegarde de la souveraineté nationale et de l’intégrité du territoire. Dès lors, les appels solennels lancés, en sa direction, par un certains nombres de personnalités, d’institutions, de partis et d’associations et autres organismes, semblent être justifiés, légitimes et légaux, sur le plan du droit et à la lecture de notre l’histoire. Le sont-ils, pour autant, sur le plan idéologique, politique, éthique et à l’aune des principes démocratiques universels ?

Infantilisation

Deux écoles s’affrontent à cet endroit où on semble entendre, au niveau des élites, des clameurs de type : « Démocrates, cherchons dictateur pour assurer la transition politique de l’Algérie » ! C’est du déjà vu, me semble-t-il ? Cette recherche éternelle d’un homme providentiel, affublé du générique de « despote éclairé », nous a déjà conduits au désastre actuel, faut-il, dès lors, récidiver ? D’un autre côté, l’infantilisation inoculée à notre société, entreprise depuis plus de vingt ans par ce pouvoir, à travers les « redressements » des partis représentatifs, la « bazarisation » et la corruption du tissu économique et l’exile forcé, intérieur et extérieur, des élites… nous interpellent tous, sur la capacité actuelle, des ressorts sociétaux à élaborer une phase de transitoire pour la mise en œuvre d’un processus démocratique ? Qui doit garantir ce processus et lui éviter tous les dérapages déjà expérimentés ? Beaucoup considèrent que la seule institution qui reste assez forte et organisée, pour imposer des règles démocratiques d’accession au pouvoir politique, reste l’institution militaire, qu’on le veuille ou non. C’est le retour à la case départ ! Le débat n’étant pas totalement tranché, dès lors, c’est le « branle-bas de combat », tout le monde est sur le pont pour faire perdurer le statu quo actuel, avec en projet, cerise sur le gâteau, le fameux « cinquième mandat » (20) ! Les tenants du pouvoir se cabrent contre ceux qui appellent l’institution militaire à prendre ses responsabilités, en appliquant l’article 102 de la constitution et pour qu’elle garantisse une succession présidentielle démocratique. Ils dénoncent cyniquement : « Ceux qui appellent à l’intervention de l’armée… Celui qui veut arriver au pouvoir sur un char ou par le biais d’un coup d’État se trompe… Nous voulons que l’institution militaire reste neutre conformément à la Constitution (21) », se pavane dans sa nouvelle dignité A. Ghoul, Président de TAJ (22), suivi en chœur par A. Ouyahia, A. Benyounès, D. Ould-Abbés (23)… feignant d’oublier sciemment, qu’ils ont tous été installés au pouvoir par l’institution militaire, il n’y a pas si longtemps, en 1999, entre autres et qu’ils souhaitent avec force le demeurer. La république « civile », qu’avait lancée en son temps A. Saadani, pour justifier son attaque acerbe contre le commandant du DRS, semble donc refaire surface, en cette occasion, pour argumenter le maintien du statuquo ou le cinquième mandat, ce qui revient au même. L’opposition réelle, quant à elle, forcée pour exister d’aller à la désignation élective communale de novembre, va s’arcbouter sur sa double position inconfortable, de dénoncer le statuquo et de participer aux élections communales mais prenant également part au débat sur la sortie de crise du pays. Pour toute opposition confondue, la responsabilité de l’impasse actuelle et future se concentre dans le système de gouvernance politique qui a prévalu et la solution unique se trouve dans sa réforme complète, toute autre solution intermédiaire paraissant suspecte (24). Les divergences commencent lorsque le problème de la faisabilité est abordé et celui des voies et les moyens, à mettre en œuvre, pour rendre ce processus viable et concret.

La désignation élective communale va se caractériser par un taux d’abstention réelle massive (moins 10% de votants environ !) mais également par une « victoire bisoutée » écrasante pour le duo partisan au pouvoir (FLN-RND) comme lors du dernier scrutin, déplore L. Hanoune. «Ils ont eu un aperçu sur le total désintéressement des citoyens lors des dernières législatives où près de 80% ont boudé ce scrutin» ! Ce résultat, à n’en pas douter, aura pour conséquence un approfondissement de la crise multidimensionnelle que traverse notre pays et agrandira un peu plus le gap sociétal entre le pouvoir et la population. Cet intermède terminé, il faudra bien se rendre à l’évidence et ouvrir la page de la prochaine désignation élective présidentielle qui se joue déjà, si l’on en croit les campagnes des prétendants « cachés sous le burnous ». Elle semble tourner autour de l’option A. Ouyahia (25) et S. Bouteflika (26), chacun poussant ses pions mais surtout tentant d’obtenir l’« extrême-onction » de l’institution militaire. En attendant que le candidat réel sorte du « dessous le burnous », son commandant opérationnel, le chef d’état-major s’étant prononcé, pour l’instant, contre une « option familiale », il est immédiatement rappelé à l’ordre à travers un message subliminal, diffusé à la veille de la célébration du 63e anniversaire du déclenchement de la révolution. En effet, le Président de la république elliptique considère que l’institution militaire « doit être tenue à l’abri des surenchères et des ambitions politiciennes », feignant d’oublier, au passage, que c’est cette même institution qui l’a imposé comme président en 1999 et qui lui a permis de se maintenir durant quatre mandats successifs ! Dans ce message, ce qui attire l’attention, c’est surtout la volonté inébranlable du Président elliptique de nier tous problèmes politiques en se confinant exclusivement sur le champ économique et social, dans lequel d’ailleurs, il présente un bilan « globalement positif » qui n’est contrarié que par la chute des prix de l’énergie (27) et non pas par sa gouvernance. Aussi, sa recette de sortie de crise semble, pour lui évidente, consiste à «la conduite et l’accélération des réformes nécessaires pour moderniser et décentraliser la gestion des affaires publiques, moderniser l’environnement de son économie, y compris financier et avancer dans la maîtrise des nouvelles technologies»… en attendant que les cours de l’énergie remontent ! Il rappelle cependant notamment aux ONG étrangères, que « la démocratie pluraliste et la liberté d’expression sont incontestablement des réalités bien établies ». Le comble est atteint lorsqu’il ajoute que « nous en acceptons même, sereinement, quelques excès et quelques outrances, convaincus que le peuple observe et prononce chaque fois ses arbitrages souverains » ! D’Annaba, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, lui répond : «La crise actuelle que traverse le pays ne concerne nullement le peuple, elle est le fait du pouvoir». Djamel Zenati considère pour sa part que «Le régime se présente sous la forme d’un mélange d’éléments hétéroclites empruntés au makhzen marocain, l’ancien Etat policier tunisien et l’oligarchie russe, d’où la difficulté à rendre compte des rapports de forces au sein du sérail. Une telle configuration entoure la succession de mystère, de manœuvre, d’incertitude. N’importe quoi peut en sortir». Cette caractéristique de notre société « explique qu’elle soit encore confrontée aux problèmes de la personnalisation du pouvoir et du culte du chef… Cette forme d’exercice du pouvoir, appelé «néo-patrimonialisme», n’est pas due à l’existence d’hommes providentiels, mais elle est la représentation du pouvoir issu de l’imaginaire social », renchérit F. Benabbou.

Qui, dans l’opposition ou dans l’opinion, peut croire en cet appel présidentiel « à ressouder les rangs face à la crise » ? A. Benflis, profitant d’espaces médiatiques électifs, déclare que «la sortie de crise ne peut être que pacifique et progressive. Nous préconisons le retour à la souveraineté populaire, à la légitimité politique et institutionnelle, à l’égalité citoyenne et à la justice sociale.» Mais il ajoute avec une certaine perfidie, « c’est à l’armée, qu’il salue pour son rôle dans le maintien de la stabilité, la sécurité et l’unité du pays, d’en être garante » ! Retour à la case départ.

M.G.   

Notes

(1) Le procédé est chaque fois identique, on recentre le débat sur une problématique de personnes pour mieux « noyer le poisson » et escamoter le débat d’idées. Exit Boukrouh-Ouyahia, Ouyahia- Ould-Abbas, Ould-Abbas-Saadani…

(2) Il n’y a pas si longtemps, durant la campagne des législatives, il déclaré exactement l’inverse, dans ses discours, invoquant une aisance financière pour plusieurs années, jusqu’en 2020. Aucune évaluation chiffrée n’est donnée quant aux besoins réels du Trésor public, à court, moyen et long terme, même pas une approximation, sauf  les 570 milliards de DA à mobiliser pour boucler l’exercice 2017.

(3) Le ministre des Finances a été contraint de rendre publique les données financières du pays, de  la fin mai 2017, à la fin mai 2018. Les statistiques montrent clairement que l’Algérie n’a jamais été en situation de faillite, ce qui signifie qu’A. Ouyahia a volontairement noirci le tableau. Dans quel but ?

(4) Pour le rendre encore un peu plus impopulaire, qu’il ne l’est déjà, le clan présidentiel lui a confié la mission de traquer les « nouveaux riches et leurs enfants », afin de lui ôter toute possibilité de se présenter comme outsider aux présidentielles, puisqu’il va s’aliéner les nouvelles fortunes, comme ce fut le cas pour les cadres emprisonnés à tort dans l’opération « mains-propres » qu’il a dirigé d’une main de maitre.  

(5) Le dernier « rapprochement » avec C. Khelil n’est pas fortuit, il obéit à une logique d’alliance avec une pièce maitresse du clan présidentiel (la trahison en politique étant une deuxième nature) mais surtout, c’est un clin d’œil aux lobbies américains du pétrole, avec à la clé, la révision de la loi sur les hydrocarbures, qu’il s’est dit prêt à amender pour leur être favorable, dans un contexte de baisse généralisée des prix relatifs. Il mène la même opération séduction avec les binationaux, après avoir voté leur exclusion. C. Khelil, en acceptant le deal, par un « renvoie l’ascenseur », lâche la candidature Saïd Bouteflika à la succession, qu’il juge irréalisable, d’où la réaction violente de D. Ould-Abbés, à l’égard d’A. Ouyahia, qui tente de réhabiliter C. Khelil.

(6) Il s’agit, en plus du Premier ministre et SG du RND, de D. Ould-Abbès, SG du FLN, de A. Ghol, Président du parti TAJ et d’A. Benyounès, SG du MPA, qui regroupent à eux seuls la majorité absolue, dans les deux chambres. Il faut souligner que le parti des islamistes ablutionnés du MSP s’est embusqué dans l’antichambre du pouvoir, en attendant de négocier chèrement son adhésion éventuelle au club de la dernière chance et que le PT va vendre chèrement (en nombre d’APC), son adhésion à la désignation élective communale.

(7) Chaque parti va faire monter les enchères, pour ce qui est des 1541 mandats de Président d’APC, en plus des membres des APW (avec leur impact sur les sénatoriales) durant la désignation élective communale. D. Ould-Abbas a obtenu un sursis comme SG du  FLN et après avoir neutralisé les membres de son BP, il se dispute la « chakra » avec A. Saadani, en attendant la réunion du CC. La fragilisation du clan présidentiel permet aux seconds couteaux d’exiger plus de pouvoir, ce qui se traduit par la déclaration blasphématoire D. Ould-Abbès : «Le prochain Président de l’Algérie, Dieu le sait, nous aussi, nous le connaissons…ce poste ne devrait pas échapper au FLN», excluant, de facto, A. Ouyahia, qui lui répond que «le RND a déjà son candidat pour la magistrature suprême de 2019 » !

(8) En ciblant cette catégorie socioprofessionnelle, le Premier ministre fait un appel indirect aux fonctionnaires des ministères de la défense, de l’intérieur, de la justice et de l’éducation nationale, soit les plus grandes administrations pourvoyeuses de postes dans la fonction publique. Au Sénat, il déclare « Je serais franc avec vous, si nous n’appliquons pas le financement non conventionnel, même les parlementaires ne pourront pas toucher leurs salaires ». Il semble les implorer « Soutenez-moi pour que je vous assure vos salaires » !

(9) Tout le monde connaissait les qualités avérées de grand diplomate international de L. Brahimi. Mais tout le monde ignorait son expertise médicale… Au sortir d’un entretien approprié avec le Président de la république, il déclare que « sa santé était en nette amélioration » après que D. Ould-Abbes eut déclaré, avant lui, que « le Président va bientôt marcher ». Lequel des deux est meilleur médecin ?

(10) La rencontre avec le Président vénézuélien Maduro, n’a pas pu se réaliser malgré son annonce, ce qui relance le débat sur le rôle du Conseil Constitutionnel. Sauf que l’article 102 « exige que la décision de la constatation de l’empêchement soit prise à l’unanimité des membres du Conseil. Il suffit qu’un seul membre du Conseil s’oppose pour que la procédure soit bloquée » estime F. Benabbou.

(11) Rareté des réunions du Conseil des ministres, aucune visite dans les Wilayas, absences aux cérémonies officielles civiles, militaires et religieuses, pas de cérémonies de présentation des lettres de créances des quelques soixante (60) ambassadeurs qui attendent leur tour, pas d’audiences des dignitaires du pouvoir (Les Présidents de l’APN et du Conseil de la nation, Premier ministres, ministres, les envoyés spéciaux).

(12) Aucune participation aux sommets internationaux, régionaux, arabes, africains, bilatéraux, à l’étranger, aucune réception des personnalités étrangères en visite dans notre pays, boycott de notre pays par des personnalités étrangères et non accréditation et réception des ambassadeurs. La revue « Lettre Diplomatique », confirme que « Tant que la présentation des lettres de créance au chef d’État n’a pas eu lieu, l’ambassadeur désigné doit se considérer comme incognito et ne pourra effectuer de visites aux autorités nationales, ni assister à des manifestations publiques dans l’exercice d’une fonction qui n’est pas encore reconnue par l’État hôte ».

(13) M. Benachenhou observe que la constitution est instrumentalisée comme un « Etat patrimonial, géré comme une propriété privée et des algériennes et algériens, des sujets d’un pouvoir monocratique ». Il lance un appel sans équivoque :« Que les vrais maîtres du pays, quels qu’ils soient, cessent de se cacher derrière un faux légalisme constitutionnel, alors qu’ils savent fort bien que la Constitution n’est qu’un rideau de papier imprimé, que l’usurpation du pouvoir suprême a rendu encore plus évident! ». 

(14) En réaction, N. Boukrouh fustige les trois personnalités (A. Yahia-Abdennour, A. Taleb-el-Ibrahimi, R. Benyelles, qui ont repris à leur compte cette initiative, « sans l’avoir cité en référence » ! Il ajoute « Si je l’avais fais sans respecter ces usages, si méprisés dans notre pays, à l’envers et qu’un chinois ou un autre m’aurait dénoncé, je n’aurais pas ajouté, à ma malhonnêteté, l’imbécilité de lui répliquer : «Toutes les idées sont dans la nature ! Vous et votre Lao Tseu n’êtes que des égocentriques, des mythomanes, vous prenant pour le centre de l’univers ! ».

(15) Que l’on veuille ou pas, ce mandat présidentiel long de vingt ans laissera des traces profondes après son départ et l’évaluation des dégâts enregistrés dans tous les domaines ce qui ne manquera pas de susciter des modes linguistiques de références à cette période.  

(16) Pour ceux qui auraient encore des doutes, concernant l’implication de l’institution militaire dans la sphère politique de tout temps, dans notre pays, la sortie de la suite des mémoires du général K. Nezzar sont d’une extrême limpidité pour prouver cette implication aves des exemples concrets à différentes étapes.

(17) L’excellente analyse d’A. Haboul, ex-magistrat et syndicaliste, mérite un détour. En effet, il considère que «Les appels à l’intervention de l’armée sont légitimes et justifiés sur le plan du droit».

(18) Le fait que le Président soit également ministre de la défense lui confère un caractère civil et de militaire, à la fois, de même qu’A. Gaïd Salah qui cumule les postes de chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, fait de lui, un civilo-militaire.

(19) F. Benabbou va plus loin et considère que, « L’article 102 de la Constitution révisée de 1996 est sans appel : logiquement, si tout président de la République ne peut effectuer que deux mandats, au nom de quoi, il serait permis à l’actuel Président de briguer un 5e mandat, sinon plus ? Que fait-on du principe sacro-saint de la République, qui est l’égalité de tous devant la loi ? Peut-on faire table rase du droit préexistant et recommencer le comptage des mandats à zéro ? Au risque de me répéter, un compteur à zéro n’est valable que dans le cadre d’une nouvelle Constitution… C’est donc bien sur la base de la Constitution de 1996 qu’il a été élu pour un 4e mandat et dont il tire sa légitimité actuelle ».

(20) M. Ait Larbi estime que « Le fait d’envisager un 5e mandat est une provocation ». Il caresse toujours le rêve que pouvoir fasse de lui un « distinguish President ».

(21) Si plus de trois généraux se rassemblent, sous un prétexte ou un autre, cela se traduit par des sanctions graves, surtout si l’un d’eux se nomme le général de corps d’armée, à la retraite, M. Médiène dit Toufik, l’exemple nous vient de l’arme de la gendarmerie.

(22) Il semble oublier qu’il doit sa carrière, son immunité judiciaire, son parti et son poste de sénateur, grâce aux parties de football, qu’il pratiquait dans une caserne de Béni-Messous et avec une équipe composée très largement de militaires.

(23) D. Ould-Abbés a des dons d’ubiquité, puisqu’il déclarait poursuivre, en 1959, à partir de sa cellule de condamné à  mort dans la prison de Serkadji, ses études de médecine, en ex-Allemagne de l’Est, où il avait comme camarade de promotion Angela Merkel qui n’avait que 5 ans…

(24) Pour M. Belabbas du RCD, A. Benflis, président de Talaie El Hourriyet, M. Hadj Djilani, premier secrétaire du FFS, L. Hanoune du PT, S. Djilali de Jil Jadid et de personnalités politiques comme S. A. Ghozali, A. Benbitour, A. Taleb, A. Abdenour, R. Benyelles… le salut réside dans le changement de régime et non dans le remplacement d’un homme par un autre.

(25) Selon «d’Al-Quds Al-Arabi» média basé à Londres A. Ouyahia semble avoir «annoncé sa candidature à partir de Sétif, une allusion à la promesse faite par A. Bouteflika, dans cette même wilaya en 2012, de ne pas briguer un quatrième mandat ». Très maladroitement, le porte-parole du RND, S. Chihab, déclare que «Le soutien d’Ahmed Ouyahia au président Bouteflika est sans condition. Il ne va donc pas gêner le président Bouteflika s’il décide de briguer un autre mandat», ce qui signifie qu’il se présentera contre son frère ! Le reste est connu !

(26) Le journal Le Monde considère que le frère du Président a pris son ascension à partir de juin 2005, avec l’éviction de L. Belkheir, puis en septembre 2015, avec le départ à la retraite du général de corps d’armée M. Médiène. Cette lecture confirme, selon ce journal, que la programmation du frère du Président n’est pas une invention journalistique mais qu’il est bien actuellement «présumé dépositaire du pouvoir présidentiel».

(27) Le léger mouvement haussier de ces derniers jours des cours du brut (autour de 60US$ le baril) a redonné du baume au cœur du pouvoir qui semble ignorer les mouvements cycliques des cours durant les différents mois, ajoutant à cela la géopolitique qui prend acte de la « Balkanisation » de l’Irak et de ses répercutions sur la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran… la guerre pour la construction du « nouveau Kurdistan » étant inévitable.    
 

Auteur
Dr Mourad Goumiri, Professeur associé.

 




Le Maroc a lancé son premier satellite en partenariat avec la France

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Espionnage

Le Maroc a lancé son premier satellite en partenariat avec la France

La fusée européenne Vega d’Arianespace a lancé dans la nuit de mardi à mercredi (à 2h42 heure de Paris) un satellite marocain. Mohammed VI-A est un satellite d’observation – espion – premier du genre pour le Royaume et que Rabat aurait bien aimé garder secret. Le second satellite sera lancé au début 2018.

Ces deux satellites seront à usage militaire et civil. Ils sont le fruit d’un contrat de 500 millions d’euros avec la France.

Les deux satellites espions, positionnés à 694 kms de la Terre, seront à même de fournir des images très précises de n’importe quelle partie du globe. Néanmoins ces deux satellites pourront surtout gêner l’Algérie avec laquelle les relations sont des plus exécrables actuellement. Ils pourraient aussi mais à un moindre degré indisposé l’Espagne qui occupe toujours une partie du Maroc.

Mohammed VI-A, comme son nom l’indique est le premier exemplaire d’un duo d’engins commandé en 2013 et réalisé par le consortium Thales, Alenia Space et Airbus. Il doit servir notamment aux activités cartographiques et cadastrales, à l’aménagement du territoire, au suivi des activités agricoles, à la prévention et à la gestion des catastrophes naturelles, au suivi des évolutions environnementales et de la désertification ainsi qu’à la surveillance des frontières et du littoral, a aussi indiqué Arianespace.

Images précises à 70 cm près

Ces industriels avaient déjà vendu aux Emirats arabes unis les Falcon Eye, deux satellites de renseignement. Même sous couvert de secret, il y a donc fort à parier que le satellite marocain doit leur ressembler. On en déduit qu’il s’agit certainement d’un satellite d’observation et de renseignement capable d’obtenir des images précises à 70 centimètres près sur une bande de 20 kilomètres.

C’est en tout cas un lancement qui a quelques peu gêné Arianespace. L’opérateur européen n’a en effet pas du tout l’habitude des lancements discrets. il n’en avait d’ailleurs jamais réalisé. Mohammed VI-A aura donc pu être le premier.

Auteur
Avec RFI

 




À propos de la régression du peuple

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L’espoir confisqué

À propos de la régression du peuple

Certains soulignent la régression actuelle du peuple algérien, comme étant si grave, qu’ils ne voient que désespoir et résignation. Quelques autres, cependant, tout en la déplorant, apprécient l’effort de chercher des solutions pour retrouver une dignité perdue.

En effet, les périodes de régression des peuples font, jusqu’à aujourd’hui, partie du mouvement alternatif de progression et de recul.

Rappelons un passé récent. Quelques années avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, n’a-t-on pas déploré la régression du peuple algérien, pour écarter toute idée de lutte émancipatrice ? Il était soumis à la domination coloniale, à la croyance aux marabouts, au fatalisme de la présence étrangère (« Dieu nous les a envoyés, alors respectons sa Volonté ! »), au mépris des élites laïques et religieuses, jusqu’au « zaïm » Messali Hadj : il s’était auto-dressé une statue de Sauveur Suprême, en méprisant les cadres et les militants du parti PPA/MTLD (1).

Pourtant, il a suffi d’une poignée de tout jeunes hommes (27 à 35 ans environ) pour réveiller le peuple de sa résignation, et, quelque temps après, secouer les « élites » de leur soumission coloniale, qui aspirait uniquement à la collaboration avec le système colonial en échange de quelques droits citoyens.

Que pense-t-on, aujourd’hui, en 2017, de ces « élites », sinon ceci : leur défaitisme provenait d’une part, de leur mépris du peuple, et, d’autre part, des privilèges dont ils jouissaient, même si limités ?

Il faut ignorer l’histoire réelle des peuples, donc du peuple algérien, pour s’autoriser à passer de la constatation d’une régression, au déni de voir ce peuple reprendre sa dignité. Depuis la révolte des esclaves de Spartacus aux révolutions française (1789) et russe (1917), jusqu’aux guerres de libération vietnamienne, chinoise, algérienne et autres, n’a-t-on pas, en général, vu les « élites » (bourgeoises et petite-bourgeoises) évoquer la situation « arriérée » du peuple pour conclure à son impossibilité de s’en affranchir, et donc, pour ces « élites », à s’accommoder de leur situation de privilégiés, plus ou moins collaborant avec la caste dominante ?

Et, durant la dictature militaire en Algérie, n’a-t-on pas eu la majorité de l’ « élite » politique (P.A.G.S.) et intellectuelle (qui lui était sympathisante) accorder à cette dictature un « soutien critique », en la présentant comme « progressiste » ? En dépit de la police politique sévissant contre les démocrates, des massacres de l’armée contre les moudjahidines pour la démocratie (F.F.S.), de l’établissement d’un capitalisme d’État masqué en « socialisme spécifique », d’une arabisation-islamisation arbitraires, d’un déni total aux droits culturels et linguistiques du peuple amazighe. Alors, le peuple était-il moins en « régression » ?

Oui, pour les petits-bourgeois dansant le twist, pour les partisans du « soutien critique », pour ceux qui bénéficiaient des subventions de la « Présidence » pour augmenter leur gloire médiatique. Ils vantaient notamment Alger comme « Mecque de la révolution ». Pourtant, les authentiques révolutionnaires algériens (F.F.S., P.R.S. ou autres), eux, étaient pourchassés, emprisonnés, torturés et assassinés, sinon contraints à l’exil ; et même là, assassinés (Mohamed Khider, Krim Belkacem).

Quant au peuple, stupéfait mais impuissant, il se contentait de murmurer : « L’ichtirakyâ ?… L’automobile lîke, wal hmâr lyâ » (Le socialisme ?… L’automobile pour toi, et l’âne pour moi »). Mais ne pouvait pas montrer mieux sa révolte. Même plus grave. Qui ne se souvient combien, durant la dictature, tout membre de l’armée ou de la police, même simple soldat ou simple flic, exerçait sa propre « loi », terrorisait à sa guise les citoyens, qui n’avaient aucun recourt ?

Alors, le peuple était soumis non seulement à la terreur de l’arbitraire, mais également à un double matraquage idéologique : celui du « socialisme » étatique, et, déjà, – oui, déjà -, de l’obscurantisme religieux.

Les résistances populaires (grèves dans les entreprises, révoltes à la campagne) étaient réprimées avec une extrême violence. Elles n’étaient connues que par les tracts des partis clandestins d’opposition ou de bouche à oreille entre membres de la famille ou des amis.

Le peuple d’alors était-il dans une situation meilleure qu’aujourd’hui ?

Ceux qui l’affirment avancent ces arguments : la « décennie noire » aurait glacé tout esprit de contestation populaire, les jeunes émigrés préférant se noyer dans la mer ou quitter le pays de manière légale, l’aggravation du conditionnement idéologique religieux, etc..

Que dire, alors, des faits suivants ?

Par rapport au passé, aujourd’hui, les grèves et les révoltes, leur réussite ou leur répression sont connues, grâce aux moyens d’information alternative, même si minoritaires. Des associations citoyennes et des partis d’opposition existent, malgré les limites imposées par la caste dominante. Elle fut contrainte à accepter cette relative démocratisation sous la pression de révoltes populaires, dont la première fut celle d’octobre 1988. Les élections, bien que truquées, comme au temps de la dictature, ne sont plus présentées à 99 %, mais un peu plus modestes, car la caste au pouvoir n’a plus la force des trop gros mensonges, parce qu’elle a perdu sa crédibilité auprès du peuple.

Certes, l’obscurantisme a augmenté, aggravant l’aliénation servile des esprits. Il n’est pas uniquement de type religieux. Celui-ci est simplement le plus spectaculaire. Il faut également ajouter la crétinisation médiatique, celle des télévisions, d’un certain type de chansons rai dégénéré, et d’une vulgaire folklorisation de la culture.

Mais tout ce matraquage, pourquoi, sinon pour conjurer une possible révolte populaire ?… Par conséquent, les membres de la caste dominante (qui ont leurs efficients services d’information) savent que ce peuple n’est pas si aliéné et résigné. Ils ont assez de connaissance pour comprendre que les « petites » révoltes populaires (inaugurées par celle d’octobre 1988) sont des « exercices d’entraînement » susceptibles de se transformer en une explosion populaire générale incontrôlable.

N’est-ce pas pour la conjurer qu’ont été concédées une Constitution et des lois qui ont l’air démocratique ?

Alors, tous ces faits autorisent-ils à ne voir dans le peuple algérien qu’un ramassis de résignés et de tarés, desquels on ne peut que désespérer ?

Certes, il est vrai que le merveilleux élan qui a porté à la guerre de libération nationale a été odieusement stoppé par les chars de l’armée des (hors) frontières. Et que les chefs de cette armée sont les responsables des tragiques événements qui ont suivi, jusqu’à la « décennie sanglante », jusqu’à l’obscurantisme actuel. Croire que la situation algérienne et le peuple algérien se sont détériorés uniquement à présent, et seulement après la disparition du chef de la dictature militaire, c’est voir très court le déroulement socio-historique, de manière subjective et limitée par des préjugés personnels.

La régression du peuple algérien a commencé exactement quand les chars de l’armée des (hors) frontières a massacré des combattants de l’Armée de Libération Nationale, combattants soulignons-le, de l’intérieur, des maquis. D’une part, ces moudjahidines démocrates n’ont pas pu résister à une armée extérieure matériellement suréquipée et disposant de plus de soldats. D’autre part, le peuple, excessivement traumatisé par les années de guerre, et pas suffisamment conscient, a crié (j’y étais) « Sept ans, ça suffit ! ».

Erreur stratégique !… Il fallait continuer la lutte, devenue, hélas !, non plus contre les colonialistes étrangers, mais contre les nouveaux maîtres indigènes. Si, comme en Espagne, la guerre de libération nationale avait pu se transformer, devant le putsch militaire, d’essence fasciste (quoique se présentant comme « révolutionnaire »), en guerre pour la démocratie, alors, oui, le peuple n’aurait pas connu la dictature et ses conséquences, jusqu’à aujourd’hui. Voilà donc où a commencé la régression du peuple algérien : durant l’été 1962. Et elle n’a fait qu’empirer, puisque la dictature a vaincu, et a utilisé, pour se maintenir, non seulement le « socialisme » de façade, mais, également (certains l’ignorent ou l’occultent), le commencement de l’arabo-islamisation de type fasciste.

Alors, est-il correct de parler de régression uniquement actuelle du peuple ?… N’est-il pas plus conforme à la réalité de constater que ce peuple, aujourd’hui, commence à se reprendre, malgré tout ? Sinon, comment interpréter l’abstention massive aux élections, les révoltes par-ci, par-là, les associations et les partis politiques qui luttent (malgré toutes les limitations arbitraires), les moyens d’information qui combattent pour dire la vérité et soutenir les luttes populaires, les femmes qui revendiquent leurs droits, les jeunes qui choisissent de rester dans le pays et lutter, les parties du peuple qui revendiquent leurs droits culturels et linguistiques, etc. ? Et si les obscurantistes religieux redeviennent agressifs, est-ce uniquement parce qu’ils se sentent le vent en poupe, ou, au contraire, parce qu’ils se voient en perte de vitesse, entre autre à cause du risque d’abandon du wahhabisme par la « centrale » saoudite qui le finançait et le diffusait ?

Que conclure à propos de la régression actuelle du peuple algérien ?

Qu’il faut veiller à ne pas se limiter aux apparences et aux détails, mais à l’essentiel, en le plaçant dans la perspective socio-historique qui est la sienne. Pour y parvenir, ne jamais, ne jamais mépriser le peuple, mais le respecter, quelle que soit sa condition de régression. Au lieu de mépris, trouver le moyen, selon les propres possibilités, d’aider ce peuple à reconquérir sa liberté et sa dignité. Parce qu’elles seront les nôtres, à chacun de nous, que nous soyons à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.

Une chose est à affirmer clairement. La personne qui, se basant sur son personnel niveau de conscience et de connaissance, méprise le peuple à cause de ses carences, cette personne ressemble à celle qui se crache dans sa propre figure, sans se rendre compte. En effet, si une conscience et une connaissance authentiques existent, elles devraient enseigner que les carences du peuple sont causées par ses dominateurs, que le peuple vit dans des conditions matérielles si écrasantes et spirituelles si aliénantes, qu’il lui est impossible de s’affranchir de cette situation par lui-même. Pour y parvenir, il a besoin, précisément, des gens disposant de conscience citoyenne et de connaissance réelle. Si ces gens se limitent à mépriser le peuple, en réalité, ils méprisent les carences de leurs propres conscience et connaissance. En effet, quelle est la valeur d’une conscience et d’une connaissance qui sont incapables de se rendre utile à ceux qui en manquent ?… Cette situation ressemble au renard qui, ne parvenant pas à s’élever pour attraper des grappes de raisin suspendus à une hauteur trop élevée, affirme hypocritement que le raisin est encore trop vert. De même, les gens qui, au nom de leur conscience et connaissance, déclarent le peuple incapable de progrès, ou, pis encore, ne « mérite » pas d’être aidé, sont dans la situation du renard. En réalité, c’est l’insuffisance de leurs conscience et connaissance qui explique leur mépris vis-à-vis du peuple. Quelle inconscience et quelle méconnaissance !… Qu’elles viennent des adversaires et des faux amis du peuple, c’est normal. Mais pourquoi les personnes qui se déclarent sincèrement des amies du peuple se permettent de le mépriser ? Au lieu de chercher comment l’aider à sortir de la situation dans laquelle il se trouve ?

Rappelons-nous : c’est le dominateur qui, pour écraser définitivement le dominé, le met dans une situation de médiocrité et de régression, jusqu’à le porter à l’auto-mépris. Dès lors, toute personne qui, de bonne foi et par dépit sincère, méprise le peuple tombe dans le piège tendu par les dominateurs de ce peuple.

Que les pessimistes et les désespérés (de bonne foi) méditent ces propos :

« Il est vrai aussi que ceux qui ont cru que nous pouvions tenir longtemps tête à l’armée française ou même la vaincre, ont été rares. (…) « Vaincre la quatrième puissance mondiale avec vos haillons et vos vieilles pétoires du siècle dernier… Jamais ! »… » (2)

Aujourd’hui, aussi, peu de personnes croient que les « haillons » (régression) idéologiques du peuple, et les « vieilles pétoires » (ses rares amis sincères) ne vaincront pas la « puissance » du régime actuellement dominant. Mais où est la preuve convaincante qu’un groupe résolu d’Algériens et Algériennes ne naîtra pas, pour remettre en marche le peuple, cette fois-ci de manière non violente mais pacifique et non autoritaire mais démocratique, pour mener le combat complémentaire à la libération nationale, qui est l’émancipation sociale ? Cette naissance dépend également de chacune et de chacun de nous, et nous en serons également les bénéficiaires.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Notes

(1) Voir Yaha Abdelhafidh, « Ma guerre d’Algérie », Mémoires recueillis par Hamid Arab, Riveneuve éditions 2012.

(2) Idem.

Auteur
Kadour Naïmi

 




Les Algériens de ce mois de novembre sont fatigués!

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Elections locales

Les Algériens de ce mois de novembre sont fatigués!

Durant ce début de campagne, aucun discours politique crédible n’est venu meubler les débats : les partis de l’alliance présidentielle préfèrent parler de politique générale et d’affirmer, surtout, leur soutien au chef de l’Etat.

Durant ce début de campagne, aucun discours politique crédible n’est venu meubler les débats : les partis de l’alliance présidentielle préfèrent parler de politique générale et d’affirmer, surtout, leur soutien au Chef de l’Etat.

Ceux de l’opposition ne répondent pas aux aspirations des citoyens, comme par exemple, Ali Benflis qui continue d’exiger « le retour à la souveraineté populaire », comprendre des élections présidentielles anticipées.

Quant aux candidats, outre la pauvreté intellectuelle de certains d’entre eux ainsi que leurs compétences supposées sujettes à caution, l’on apprend également qu’ils s’apprêteraient à truster les APC en famille, si l’on en croit ce qui a été rapporté par les journaux dans des localités au Sud du pays.

Ces élections locales, prédisent les observateurs, risquent de battre des records en termes d’abstention : la mémoire collective, le rappelait judicieusement quelqu’un, étant abreuvée par toutes ces histoires d’urnes truquées et ces rapports sur la fraude électorale, a pris le parti de ne plus cautionner de tels rendez-vous !

Et les partis politiques ont leur responsabilité : leurs discours alarmistes, anxiogènes et la désignation d’ennemis extérieurs meublent leurs interventions. Ceux du pouvoir en usent et abusent pour légitimer des mesures disproportionnés qu’ils viendraient à prendre.

Cela fait leur jeu, c’est leur mode de fonctionnement ! Il consiste précisément à gérer les contradictions et les tensions qui pèsent sur la société du fait de la crise financière, pour y trouver une forme de stabilité.

La stratégie suivie est plus de contenir ces tensions à un niveau acceptable que de les éradiquer. Elle trouve sa justification dans le fait qu’elle correspond aux sources de légitimité des gouvernements qui se succèdent qui sont contenues dans « la sécurité » et la redistribution de « la rente ».

En d’autres termes, les sources de déstabilisation potentielles sont aussi des facteurs de maintien de statu quo. En attendant 2019 !

En gros, les Algériens fatigués à l’orée de ce mois de novembre, sont appelés aux urnes : ils refusent, pour la plupart, de prendre le risque de changements politiques susceptibles de déboucher sur le chaos.

Pour eux, les élections locales du 23 novembre prochain ne vont rien changer à leur destinée, tout comme des « élections présidentielles anticipées » !

Pendant ce temps là, les petites phrases, querelles, attaques personnelles continuent à meubler la scène politique nationale, au moment même où l’horizon de notre pays tend à s’obscurcir, conséquemment à la chute brutale du prix du baril de pétrole et des agitations aux frontières.

C’est aussi le temps des règlements de comptes, de l’invective et des menaces, à voir le spectacle donné par les chefs du FLN et du RND qui ne se gênent plus à exposer leurs divergences, même si, faut-il le dire, Ahmed Ouyahia continue à faire dans le politiquement correct au moment même où le docteur Djamel Ould Abbès s’est autorisé à dire « qu’il a ramené de Moscou où il était en visite, des missiles et qu’il n’hésiterait pas à appuyer sur le bouton, si jamais quelqu’un dans la classe politique ou d’ailleurs s’aventurerait à s’attaquerait à sa personne ou aux militants du FLN ».

S’agit-il d’une plaisanterie ou serait-ce l’annonce d’un durcissement de la campagne électorale , d’un positionnement des uns et des autres en perspective de 2019 ?

On l’aura constaté, la sécheresse politique a gagné tous les partis ! L’heure n’est plus aux propositions et aux idées et les hommes politiques algériens n’ont pas attendu, longtemps, pour parler « dru et cru».

Sous la pression des joutes oratoires, leurs mots refoulés sont, parfois, pleinement exposés, publiquement, notamment par les chaînes de TV privées. Ces dernières en veulent toujours plus et pour faire de l’audience ; elles créent et survendent, elles-mêmes, des événements, même si cela ne se justifie pas. Elles sont dans l’instantané, à la différence d’un «20 heures» qui peut se préparer tout au long de la journée, et elles usent les thèmes et les sujets, recherchent le scoop, le font tourner en boucle, sans prendre la peine d’en vérifier la source.

Cette indignation des uns et des autres, qui s’exprime de manière aussi discourtoise que brutale, semble plutôt convenir à certains qui pensent que la politique, c’est un sport de combat où tous les coups sont permis. Les paroles les plus blessantes, les plus insultantes, et parfois… les plus amusantes sont, paradoxalement, bien accueillies par le peuple.

Les passes d’armes entre politiciens ne sont pas spécifiques à tel ou tel pays et l’insulte n’est pas un fait nouveau en politique. Elle est symptomatique de la dérive langagière et comportementale de nos sociétés.

Il faut dire, également, que s’indigner et dénoncer à tout va est courageux de la part de ceux qui ont fait de la politique leur métier ; mais on attend des hommes politiques, qu’on partage ou pas leurs idées, qu’ils se donnent aussi les moyens de changer ce qu’ils dénoncent !

En effet, dans une démocratie, toute la campagne électorale, par exemple, est censée s’inscrire dans le débat sur les programmes et la réflexion sur les idées. Or, et loin de cette conception, certains politiques se rabattent sur les stratégies d’une bassesse inouïe, plutôt que de mettre en avant leurs visions et programmes.

Aujourd’hui, ils sont victimes d’injonctions et d’insultes, mais souvent, ils commettent eux-mêmes des dérives inacceptables : propos diffamatoires, invectives et discours haineux sont pratiquement le lot quotidien de ces « tribuns » pour tenter de jeter le discrédit sur leurs adversaires.

Doctrine, assurément ! Nouvelle, non, car en Algérie, nous sommes au stade où les ennemis de la liberté d’expression ont toute licence de s’exprimer et d’insulter qui ils veulent.

Force est d’admettre que le discours de la classe politique algérienne n’est, décidément, plus ce qu’il était. Hier, fécond, révolutionnaire et progressiste en novembre 1954, aujourd’hui, en novembre 2017 il est fait d’injures, d’invectives et de menaces.

Mais pourquoi tant de haine ! Les débats sérieux de fond sont relégués aux oubliettes ! On élève un écran de fumée dans le but de détourner l’attention des citoyens des questions gênantes.

Mais, les algériens de ce mois de novembre sont fatigués au point d’afficher leur défiance pour tout et partout !

Contre tout d’abord leurs gouvernants qui cultiveraient « l’entre soi », sans se préoccuper ou si peu du peuple.

Contre aussi tous ces partis politiques qui ont, décidément, mis le curseur sur les présidentielles de 2019 et dont les efforts de positionnement ne sont au fait que des tentatives pour se rapprocher du pouvoir, donc de la rente.

A cette défiance s’ajoutent aussi des reproches concernant les syndicats et leur tête l’UGTA complètement désavouée par le monde du travail fatigué lui aussi par toutes les promesses non tenues !

Et les rapports sociaux risquent de s’exacerber davantage à l’occasion de la loi de finances 2018 et son lot d’augmentations !

C’est dans ce climat, que le Président de la République, mû très certainement par l’esprit de novembre, a adressé son message à la nation. Après un rappel historique des faits d’armes et des sacrifices consentis par les ainés pour arracher la liberté du pays, il a tenu à faire partager aux citoyens parmi les plus jeunes, ses observations concernant l’avenir. Pour ce faire, il a identifié la nature d’au moins trois défis majeurs auxquels le pays est confronté :

1.- Le défi de la sécurité du pays, des personnes et des biens sans laquelle le développement sera entravé, sinon même compromis.

2.- Le défi du développement économique et social qui doit être poursuivi et intensifié.

3.- Le défi de la stabilité politique sans laquelle il serait vain de parler de pluralisme ou de démocratie

Oui mais c’est un euphémisme de dire, aujourd’hui, que notre pays traverse une période de turbulence politique et d’incertitude économique, à laquelle le Président de la République doit impérativement mettre fin, en donnant un autre souffle à sa gouvernance car aujourd’hui, le pays condense tous les problèmes à la fois, ceux des pays en voie de développement et ceux d’un pays nouvellement industrialisé.

Et son salut, et tout le monde est d’accord là-dessus, doit être mis entre les mains d’hommes et de femmes moins sujets aux jeux d’appareils, capables réellement de concrétiser son triple défi, et non pas de se contenter de répéter à l’envi comme certains « qu’ils travaillent à mettre en œuvre le programme du Président » !

De nouvelles générations, en quelque sorte, absoutes de nos croyances, exonérées de nos illusions, libérées de nos naïvetés et affranchies de nos connivences.

Novembre a forgé des générations entières, mais aujourd’hui, il faut avoir le courage d’admettre que ce qui était charnel pour les moudjahidines d’hier, n’est plus qu’un « oui dire » pour les adolescents d’aujourd’hui, tant que l’histoire, celle du pays n’est ni écrite, encore moins enseignée correctement : certains d’entre eux persistent à croire, par exemple, que Mohamed V est un martyr de la révolution. N’a-t-il pas une rue à son nom ? Tout comme Larbi Ben M’hidi?

La faute à l’école ? Sûrement ! Aux historiens ? Aussi. A ceux qui nous gouvernent ? Principalement !

Novembre de jadis, sa quintessence, il l’a trouvé dans le fait qu’il a transcendé toutes les tendances politiques et philosophiques de l’époque : il a été responsable de leur renversement, mais il a été aussi, celui qui leur a permis de retrouver une autre raison d’être dans le combat libérateur.

Novembre 2017, les Algériens sont fatigués de tout ou presque !

Auteur
Cherif Ali

 




Deux dangereux terroristes abattus par l’ANP à Bouira

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Sécurité

Deux dangereux terroristes abattus par l’ANP à Bouira

Deux dangereux terroriste ont été abattus mardi à Bouira par un détachement de l’Armée Nationale Populaire (ANP), indique un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

« Dans le cadre de la lutte antiterroriste et suite à une opération de fouille et de recherche menée à El Djebahia, wilaya de Bouira en 1ère Région militaire, un détachement de l’ANP a abattu, cet après-midi du 07 novembre 2017, deux  dangereux terroristes et saisi deux pistolets mitrailleurs de type Kalachnikov, quatre chargeurs de munitions ainsi qu’une paire de jumelles », précise la même source.

Hier lundi, c’est à Alger qu’un terroriste a été arrêté par les services de police en combinaison avec l’Armée.

Auteur
APS

 




Lire  » les contrebandiers de l’Histoire  » autrement

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Rachid Boudjedra

Lire  » les contrebandiers de l’Histoire  » autrement

Sur la forme, le livre est très bien écrit, on est  même subjugué par la  fluidité du verbe de l’auteur. Un livre de 91 pages qui vous prend une après-midi pour le finir. Le livre est très bien documenté avec des citations d’auteurs et des références historiques, ce qui témoigne de la grande culture de l’écrivain et sa connaissance profonde de l’Histoire de l’Algérie, ancienne et contemporaine.  

Sur le fond, on retrouve un nationaliste communiste nostalgique de l’armée rouge, où il rappelle que c’est grâce à celle-ci que Berlin fut libérée de l’armée nazie, pas à l’Occident, et c’est en ce sens qu’il fustige Boualem Sansal, et lui rappelle que les transfuges nazis qui avaient rejoint l’ALN furent d’abord engagés dans la Légion étrangère de l’armée française, suite à ce qu’il a développé comme théorie dans son livre « Le village de l’Allemand ».

Puis, il fait parler le maquisard qu’il était et charge Feriel Furon, arrière-petite-fille du bachagha Bouaziz Bengana, que Boudjedra décrit comme un collaborateur de l’armée française et un tortionnaire sans pitié: « Feriel Furon l’arrière petite-fille de Bengana qui a ravagé, réprimé et sévi cruellement dans la région de Ziban, a fait son entrée en scène d’une façon grandiloquente et grotesque ». Plus loin encore, il ajoute : « Sadique, il marqua son règne d’une façon inhumaine et implacable. Grand tortionnaire et grand violeur devant dieu. » Il reproche à la télévision algérienne et au ministère de la Culture d’avoir fait la promotion de son livre « Si Bouaziz Bengana, dernier roi des Ziban » à travers lequel elle a tenté de réhabiliter un traître selon Boudjedra.

Plus loin, il décrit sa déception de son ami Yasmina Khadra qu’il reconnaît comme étant un grand écrivain mais qui est tombé dans le complexe du colonisé, après la publication de son livre « Ce que le jour doit à la nuit ». Il écrit :  « Le colonisé est souvent orphelin de son colon, et de ce fait il va le sublimer et lui trouver toutes les qualités humaines et extra-humaines. L’autre ! Le colon dominateur, raciste, arrogant et répressif… réprime «l’arabe», le bougnoule, devenant ainsi le père (sublimé et sublimatoire), le prêtre, le sauveur. »

Puis, il revient à Kamel Daoud à qui il reproche ses position contre la Palestine et sa façon de glorifier Camus dans son livre « Meursault contre-enquête », alors qu’il était raciste vis-à vis des arabes, soutient Boudjedra. A preuve selon l’auteur de « L’escargot entêté », ce même camus avait affiché clairement ses positions contre le FLN et contre la guerre de libération nationale et rappelle la déclaration de celui-ci quand il reçut le prix Nobel pour son livre « L’étranger » ; « En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se retrouver dans l’un de ces tramways. Si cela est la justice, je préfère ma mère », avait déclaré Albert Camus en 1957.

Dans le chapitre VI, c’est au tour de Wassyla Tamzali, de faire les frais, son amie du temps de l’université qui a soutenu l’hypothèse perfide du « qui tue qui ? », qui tendait à blanchir les islamistes de la tragédie nationale, alors que lui, avait été victime d’une tentative d’assassinat et qu’il était obligé de se réfugier à Moretti et faire pousser une barbe, porter une perruque pour échapper aux intégristes islamistes qui cherchait à lui faire la peau parce qu’il est athée, explique Rachid Boudjedra.

Au-delà de ce sa critique acerbe de ces écrivains qu’il traite de « contrebandiers de l’Histoire », on retrouve cet homme révolté de la déliquescence sociale et politique qui a rongé le pays et de ce désert culturel, il se fait le contempteur de toutes ces chaînes islamistes qui émettent de l’étranger et tous ces incultes qui les dirigent soutenus par des « gros bonnets » comme il les appelle qui répandent la clownerie de bas étage et qui enfoncent le pays dans le chaos.

On retrouve aussi le démocrate invétéré qui dénonce la corruption et l’absence du débat politique constructif, il reconnaît clairement que sans tamazight le pays sera toujours handicapé. Il écrit à ce propos : « La langue Tamazight et la langue arabe sont toutes les deux constituantes de la personnalité algérienne. Sans cette évidence, il n’y a rien, à peine un néant teinté de torpeur. En effet c’est de la langue que découle l’histoire ». Pour appuyer sa conviction, il reprend Heidegger qui dit « la langue est la maison de l’être ».

Puis, en philosophe, il psychanalyse la problématique des écrivains algériens, il écrivait : « Ce qui nous manque à nous intellectuels et artistes, pour être efficaces, c’est l’enracinement dans la propre conscience de l’individu, écrivant, ou peignant, ou réalisant. C’est l’enracinement dans la douleur, la nôtre et celle de notre peuple, que nous ne connaissons pas vraiment et que nous côtoyons superficiellement. »

A la fin, il s’insurge contre cette société archaïque, sclérosée et réactionnaire et parle de la condition de la femme : « Il m’arrive de donner des conférences dans des salles remplies d’hommes et vides de femmes. La femme est donc toujours un tabou, malgré des avancées faites par des personnes courageuses. Mais fondamentalement, elles sont absentes du lieu nodal et public où se macère la vie vraie. Le réel tonitruant la vie féconde. »

Dans le dernier chapitre, il parle des méfaits de la mondialisation et du libéralisme économique qui a appauvri les Algériens et dénonce cette classe politique qui a échoué, car selon lui, la forte abstention des dernières législatives, c’est plus un chiffre, c’est un CRI, écrit-il.

Il n’a pas manqué de remercier tous ceux qui lui ont apporté soutien suite à la torture morale qu’il a subi de la part de la chaine TV Ennahar.

Toutefois, nous regrettons ses accusations sur Daoud le qualifiant d’ancien membre du GIA, et ce, même si la maison d’édition a décidé de supprimer ce passage comminatoire.

Autre chose, comment lancer des remerciements à Said bouteflika pour sa venue au rassemblement de soutien devant l’ARAV après ce qu’il a subi de la part de la chaine TV Ennahar, alors que cette chaîne est l’organe de propagande du régime créée et financée par celui-ci ? Il y a là une inconséquence difficile à expliquer.

Auteur
Salim Chait

 




Lettre ouverte aux intellectuels algériens

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Karim Akouche

Lettre ouverte aux intellectuels algériens

Mes amis du livre et de l’écrit,

Puisque les politiques ont emprisonné notre histoire, faisons-la sortir des cages idéologiques. Libérons les esprits de leurs chaînes, et les écoles des récits travestis. Regardons la réalité avec des yeux francs et faisons parler les légendes, les pierres et les arbres. Ils ont beaucoup de choses à nous apprendre, sur nous, sur l’Autre, sur le passé, sur l’avenir. Pénétrons l’essence du verbe et des choses. Les demi-vérités, les sentiers plusieurs fois empruntés et le confessionnel des patriotes ne mènent nulle part, au plus à la dérive, sinon au fleuve des regrets. Toute tergiversation est synonyme de petit mensonge. Avec nos plumes respectives, sarclons, creusons, retournons les feuilles et les ardoises, déterrons les objets qui intriguent, analysons-les, repeuplons les mémoires de héros et de mythes crédibles.

Mes amis du livre et du verbe,

Je suis arrivé au monde « étiqueté ». Deux mots gravés dans ma chair : arabe et musulman. Je suis né Algérien et la constitution du pays stipule que « l’islam est la religion de l’État » et que « l’arabe est la langue nationale et officielle ». Arabe malgré la langue de mes parents, le kabyle, et musulman malgré mes doutes et le paganisme de mes ancêtres.

Ma naissance a été, en des termes crus, un viol identitaire. Un assaut contre mon être, une guerre contre mes origines. Je suis né dans le mensonge. Élevé dans la farce, j’ai vécu dans le déni. Je suis un enfant falsifié. Je porte en moi la faille mémorielle. Mon âme est amazighe, les préceptes qui l’étouffent, pendant des siècles, sont arabo-islamiques.

Mon premier contact avec la langue arabe a été un choc. À 6 ans, j’ai eu comme instituteur un imam ; lequel, pour nous apprendre la langue de Naguib Mahfouz, a utilisé des versets coraniques. Il fallait apprendre et réciter, sur-le-champ et correctement, la première sourate : El-fatiha. Puis plusieurs autres. Je n’y comprenais rien. Tout m’échappait, tout me terrorisait : les mots, le rythme, le sens. En trébuchant une énième fois sur une syllabe, j’ai reçu une salve de gifles. Je n’avais pas le droit de déformer la parole de Dieu. C’était sérieux et j’étais, malgré mon innocence, puni. Sévèrement. Je n’étais pas à la hauteur du message du prophète. Il fallait que j’obéisse, que je m’agenouille, prie davantage, balbutie nuit et jour des versets, m’assimile aux « Frères » et aux « pieux prédécesseurs », et devienne un « véritable » Arabe et musulman.

Mon deuxième choc a été la compréhension du sens des sourates violentes et intolérantes, celles traitant de la guerre sainte, de la vengeance et de l’enfer. À peine pubère, je refusais de croire que Dieu, si bon et si clément, puisse ordonner aux fidèles de tuer les mécréants et traiter les femmes menstruées d’impures. J’ai compris d’emblée, la religion qu’on m’a imposée n’était pas celle que mon âme a élue : la liberté. J’ai été glacé de terreur en relisant, entre autres, la sourate 4, verset 56 : « Certes, ceux qui ne croient pas à nos versets, nous les brûlerons bientôt dans le feu. Chaque fois que leurs peaux auront été consumées, nous leur donnerons d’autres peaux en échange afin qu’ils goûtent au châtiment. Allah est certes puissant et sage ! »

Que j’ai eu peur pour ma mère en récitant sous la couette la sourate 4, verset 34 ! « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs bien. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. »

Mon troisième choc, je l’ai reçu au lycée. Notre enseignante de philosophie, une salafiste officiant parfois à la matinale de la télévision nationale, m’a exclu définitivement de son cours. La raison : j’ai osé remettre en cause la véracité d’un hadith farfelu. Lors de l’examen de fin d’année, n’ayant pas assouvi sa rancune, elle m’a gratifié d’un zéro et d’un blâme aussi grands et violents que les châtiments de l’enfer.

D’autres chocs, aussi variés que brutaux, en rafale, m’ont fait perdre toute illusion pendant la décennie noire qui a secoué l’Algérie, lorsque des hommes, au nom de l’islam, écrasaient les citoyens comme des criquets et épinglaient les intellectuels tels des papillons au bout de leurs kalachnikovs et de leurs fusils à canon scié.

La liberté de conscience et l’égalité des droits n’existent pas dans les pays musulmans. On n’y choisit pas sa croyance, on y subit le diktat de la religion officielle. On naît musulman et on le reste. À vie. On mange musulman, on rêve musulman, on chie musulman, on meurt musulman. Les yeux tournés vers La Mecque, les fesses vers Hollywood.

Mes amis du livre et des mots,

Affrontons les fantômes du passé ! Avouons nos erreurs, nos excès et nos fuites. Le chat ne sera jamais un tigre et le nationalisme excessif ne résistera pas aux fourberies du temps. Comment définir l’Algérie, ce pays insaisissable, que les uns aiment exagérément et que les autres aiment haïr ? Est-elle vraiment une République ? Est-elle démocratique et populaire, une et indivisible, comme cela est chanté dans toutes les assemblées ? Les Algériens forment-ils un seul peuple, une seule nation ? Ont-ils la même identité ? La même religion ? Les mêmes rêves ? Parlent-ils la même langue ? L’algérien, comme langue, existe-t-il réellement ? L’Est et l’Ouest s’aiment-ils ? Le Nord ne méprise-t-il pas le Sud ? L’Algérie n’est-elle pas conjuguée au pluriel ? N’est-elle pas une mosaïque de peuples, chacun perdu dans sa « tribu » et ses fantasmes, partageant plus au moins des bouts d’une histoire souvent douloureuse et confuse ?

Mes amis du livre et de la vérité,

Qui a colonisé qui ? Qui a dépossédé qui ? Qui est venu chez qui, qui est arrivé plus tard et qui était là avant tous ? Notre histoire n’a pas commencé avec l’Indépendance en 1962, ou avec Messali Hadj, ou avec l’Émir Abd-El-Kader, ou avec Ben Badis, ou au 7ème siècle avec la conquête arabe de l’Afrique du Nord. Nous avions déjà nos rois et nos princesses, nos dieux et nos saints protecteurs, nos musiques et nos contes. Autochtones, les Berbères étaient là depuis toujours. Avant d’être islamisés et arabisés, ils étaient, entre autres, des Garamantes, des Libyens et des Numides. Ils ont traversé plusieurs époques, blessés, le ventre noué de faim et de douleur, les pieds chargés d’épines ; ils ont connu les guerres puniques, la romanisation, la christianisation, l’invasion vandale, l’empire ottoman, le colonialisme français…

Mes amis du livre et de la pensée,

L’Afrique du Nord est amazighe. Qui oserait affirmer le contraire ? Cependant, officiellement, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie sont arabes. Les Nord-Africains sont-ils des Berbères qui s’ignorent ou de faux arabes s’affirmant avec zèle ? L’ignorance de soi, véhiculée par l’école et les médias officiels, ravage les mentalités. Ne sachant pas qui ils sont, les Algériens, se considèrent plus arabes que les Saoudiens, plus palestiniens que les Gazaouis.

Connaissons-nous notre histoire ou n’en prenons-nous pas que ce qui nous arrange ? Savons-nous d’où vient le vocable « Algérie » ? Le 14 octobre 1839, le général Schneider a envoyé une lettre au maréchal Sylvain-Charles Valée, gouverneur général d’alors, lui demandant de remplacer l’appellation « Possession française en Afrique du Nord », trop longue à son goût, par le mot « Algérie ». La France a-t-elle inventé l’Algérie, comme l’Empire britannique a créé artificiellement plusieurs États au Moyen-Orient et en Asie ? C’est une question légitime que d’aucuns se posent. Les Touaregs n’ont jamais reconnu les frontières tracées à la règle par le pays de Gaulle. L’Algérie, qui n’existait pas au temps du roi Jugurtha ou de la reine Dyhia, existera-t-elle dans cinquante ans ou dans un siècle ? Quelle forme politique et juridique prendra l’Afrique du Nord dans quelques décennies ? Les nations et les peuples invisibles triompheront-ils des États artificiels issus de la colonisation. Après tout, la fatalité de l’histoire n’existe pas. Les pays et les peuples se font, se défont ou se refont au gré des bouleversements du monde. Avant 1918, l’empire austro-hongrois régnait dans un vaste territoire d’Europe centrale et, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il a éclaté en plusieurs États.

Mes amis du livre et de la vérité,

Tous les colonialismes sont décriés sauf le colonialisme arabo-islamique. Pire, celui-ci est nié. Pourquoi la majorité des intellectuels, du Sud comme du Nord, pratiquent-ils la dénonciation sélective ? Les nouveaux damnés de la terre ne sont pas les Arabes ou les musulmans, mais les peuples colonisés par ces derniers : les Amazighs, les Kurdes, les Persans, les Coptes… « La religion des pauvres », ce n’est pas l’islam. Les langues maternelles et les coutumes des peuples colonisés par les descendants de Mahomet risquent tôt ou tard de disparaître. Ce sont elles les véritables religions des pauvres. Je ne défends pas ma spécificité culturelle par chauvinisme (je hais tous les chauvins), mais par crainte de la voir un jour s’éteindre.

La diversité des langues et des identités est une richesse pour l’humanité. L’uniformisation est une sorte de fascisme.

Mes amis du livre et de l’écrit,

Nous serons, quoique nous fassions, poursuivis par la question des origines. Tant que celle-ci n’est pas résolue, notre avenir sera incertain, nos espoirs fragiles. Nous aurons des comptes à rendre aux générations à venir. Nos mots seront tamisés ; les silences des uns et des autres, accusés. N’est-il pas venu le temps de rebattre toutes les cartes, de séparer le vrai des faux-semblants, les saints des corrompus et les justes des faussaires ?

Rien n’est tabou, tout se dit, tout est discutable. L’intellectuel ne doit rien cacher à ses contemporains. Il doute de tout, aussi bien des géants sanctifiés que des thèses éternelles. Repoussant tout calcul et toute pensée molle, il doit dire toutes les vérités, de surcroît celles qui agacent.

Avec toute mon affection,

K. A.

Karim Akouche, auteur de La Religion de ma mère, roman, éd. Écriture, Frantz Fanon et Michel Brûlé.

 

Auteur
Karim Akouche

 




10 personnes proches des islamistes interpellées en France et en Suisse

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Opération antiterroriste

10 personnes proches des islamistes interpellées en France et en Suisse

Dix personnes, qui tenaient des propos islamistes « inquiétants » sur les réseaux sociaux, ont été arrêtées mardi en France et en Suisse, une opération en lien avec l’arrestation cet été d’un adolescent qui voulait mener un attentat au couteau en France.

Ces suspects, neuf hommes et une femme âgés de 18 à 65 ans, participaient à un groupe de discussion de la messagerie cryptée Telegram, prisée des jihadistes, dans lequel ils « tenaient des propos inquiétants », ont indiqué des sources proches de l’enquête. 

Cette opération antiterroriste, menée en France par la Sous-direction antiterroriste (SDAT) en cosaisine avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), « vise à permettre de préciser les contours des projets qu’ils nourrissaient », a ajouté une source judiciaire française.

Ces interpellations et des perquisitions ont été menées en France dans les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne et en Suisse dans les cantons de Neuchâtel et de Vaud. D’après les premiers éléments de l’enquête, aucune arme n’a été retrouvée au cours des perquisitions en France, mais du matériel informatique a été saisi.

Cette opération franco-suisse est menée dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en France le 19 juillet pour des faits susceptibles d’être qualifiés d' »association de malfaiteurs terroriste criminelle et provocation directe à la commission d’un acte de terrorisme par un moyen de communication au public en ligne » et d’une procédure pénale ouverte en Suisse en juin 2016 pour soupçon de violation de la loi fédérale interdisant notamment Al-Qaïda et l’Etat islamique et pour soupçon de soutien.

« Les investigations (françaises) ont permis d’identifier un individu en Suisse qui avait une activité particulièrement soutenue sur les réseaux sociaux (Telegram) et ont mis en évidence qu’il avait dans ce cadre des contacts avec des individus demeurant en France avec qui il évoquait notamment des projets d’actions violentes aux contours mal définis à ce stade », a expliqué la source judiciaire. 

Attentat déjà déjoué

Ce suspect – un Suisse de 27 ans arrêté en France ce mardi – était aussi « en lien » sur les réseaux sociaux avec un adolescent de 13 ans, soupçonné de préparer une attaque jihadiste au couteau. Ce jeune Français avait été arrêté en région parisienne la nuit précédant la fête de la musique le 21 juin, ont précisé des sources proches du dossier, et il avait été mis en examen par un juge antiterroriste et écroué.

Né en septembre 2003 et originaire de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), il « était sur le point de passer à l’acte », a indiqué l’une des sources. « Une photo de lui avait été trouvée sur les réseaux sociaux, tenant une feuille proclamant son allégeance » au groupe Etat Islamique (EI), ont-elles précisé.

C’est le plus jeune suspect connu mis en examen pour un projet d’attentat terroriste en France.

Parmi les personnes arrêtées mardi, figurent notamment des personnes connues des services de renseignement dont deux frères, interpellés dans les Alpes-Maritimes, « suivis pour radicalisation » et une Colombienne de 23 ans, arrêtée en Suisse. Le Ministère public de la Confédération suisse a déclaré dans un communiqué qu’il allait « demander le placement en détention préventive » de la Colombienne.

Cette opération antiterroriste franco-suisse intervient moins d’une semaine après la sortie de la France de l’état d’urgence, un régime d’exception instauré après les attaques jihadistes de novembre 2015, qui ont fait 130 morts. L’état d’urgence a été remplacé par une nouvelle loi antiterroriste qui renforce les pouvoirs de l’exécutif pour assigner une personne (non plus à résidence, mais dans un périmètre au minimum égal à la commune) et réaliser des perquisitions à domicile.

Depuis le début de l’année 2017, deux attentats ont été commis le 20 avril sur les Champs-Elysées à Paris et le 1er octobre à la gare Saint-Charles à Marseille, faisant trois morts. Le ministère de l’Intérieur comptabilise depuis janvier huit tentatives d’attaque jihadiste (faisant 9 blessés) et 13 attentats déjoués, parmi lesquels figure celui que l’adolescent de 13 ans arrêté était soupçonné de préparer. 

Auteur
AFP

 




Un terroriste arrêté lundi par l’ANP à Alger

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Sécurité

Un terroriste arrêté lundi par l’ANP à Alger

Un terroriste en possession d’une arme et d’un lot de munitions a été arrêté lundi à Alger par un détachement de l’Armée nationale populaire (ANP), en coordination avec les services de la Sûreté nationale, indique mardi le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. Rien n’a cependant filtré pour l’heure quel était la mission de ce terroriste à Alger ni sur d’éventuelles complicités dans la capitale.

Par ailleurs dans le même communiqué, le MDN annonce que « grâce à l’exploitation efficiente de renseignements, un détachement de l’Armée nationale populaire (ANP) a appréhendé le 6 novembre, quatre éléments de soutien aux groupes terroristes à Batna (5e Région militaire), tandis qu’un terroriste en possession d’un fusil semi-automatique et d’une quantité de munitions a été arrêté à Alger (1e RM) en coordination avec les services de la Sûreté nationale », précise la même source.

Auteur
Avec APS

 




Puigdemont accuse Madrid d’avoir planifié une vague de violence

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Catalogne

Puigdemont accuse Madrid d’avoir planifié une vague de violence

Le président du gouvernement catalan destitué par Madrid, Carles Puigdemont, a affirmé mardi être parti en Belgique parce que le gouvernement espagnol « préparait une vague de violence » dont il serait tenu pour responsable.

Dans une interview à Catalunya Radio, M. Puigdemont réaffirme que son gouvernement avait décidé de se diviser, lui-même et quatre de ses « conseillers » (ministres) partant pour la Belgique afin d’internationaliser leur cause, les autres répondant à la convocation de la justice qui les a alors placés en détention provisoire.

« Je crois que nous ne nous sommes pas trompés. Je suis absolument convaincu que l’Etat espagnol avait préparé une vague de répression très dure, de violence dont il nous aurait tenu tous pour responsables », a affirmé l’homme politique qui dit représenter un « gouvernement en exil ».

M. Puigdemont n’a pas expliqué comment son départ en Belgique aurait évité la violence qu’il accuse Madrid d’avoir planifiée. 

Soupçonnés comme l’ensemble du gouvernement catalan destitué par Madrid de « rébellion, sédition et détournement de fonds publics » M. Puigdemont et ses quatre ministres sont réclamés par la justice espagnole. Une juridiction belge doit examiner le 17 novembre le mandat d’arrêt européen lancé par l’Espagne.

La Catalogne s’était proclamée unilatéralement république indépendante le 27 octobre. En réponse, l’Etat espagnol avait pris le contrôle de cette région autonome, destituant le gouvernement et dissolvant le Parlement pour convoquer des élections régionales anticipées le 21 décembre. 

Auteur
AFP

 




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