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jeudi 18 septembre 2025
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Un « facebookeur » placé sous contrôle judiciaire suite à une plainte du wali de Tiaret

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Liberté d’expression

Un « facebookeur » placé sous contrôle judiciaire suite à une plainte du wali de Tiaret

Un « Facebookeur » de la ville de Tiaret a été  poursuivi en justice par le wali de Tiaret. Son tort ? Ses interventions pacifiques sur Facebook critiquant la gabegie qui règne dans la wilaya de Tiaret.

Marih Djamel, ex-élu de l’APC de Tiaret, âgé de 42 ans, critiquait la gestion des autorités locales à travers des partages de publications sur Facebook. Il a comparu jeudi 6 septembre, en citation directe devant le juge en procédure de flagrant délit au niveau du tribunal de première instance de Tiaret, après avoir été entendu la même journée par la police judiciaire, sous l’accusation de diffamation et atteinte à corps constitué. Des charges passibles à une peine de prison comprise entre un et 3 ans de prison ferme, ainsi qu’une amende pouvant aller de 50 000 dinars.

Ces mêmes dysfonctionnements dans la gestion des affaires de la wilaya de Tiaret pointé par Marih Djamel, ont été évoqués par une ex-élue de l’APW de Tiaret lors des élections locales de 2017. Cela lui a valu d’être condamné, en novembre dernier à une amende de 50.000 dinars.

Aujourd’hui Marih Djamel qui sert d’exemple aux autorités locales pour dissuader les blogueurs de critiquer les responsables locaux sur la toile.

Contacté par Le Matin d’Algérie, notre interlocuteur, considère qu’il est harcelé par le wali de Tiaret uniquement pour avoir exprimé ses opinions pacifiques.

Il a conclu que ses commentaires publiés sur son compte Facebook ne contenaient ni diffamation ni atteinte à corps constitué, et que ses publications entraient dans le cadre de la liberté d’expression en lien avec son devoir de citoyen, il rejette catégoriquement les accusations du wali. 

« L’instruction s’est faite en une journée seulement sur la base de quelques publications sur Facebook, et mon smartphone a été confisqué par la police judiciaire pour être analysé », déclare-t-il. 

« Je suis poursuivi pour mes opinions, mon droit à penser et à s’exprimer a été bafoué, je n’ai même pas pu se défendre faute de temps pour trouver un avocat. Le représentant du ministère public a requis ma mise en détention », ajoute-t-il.

En attendant, Marih Djamel a été mis sous contrôle judiciaire. La prochaine audience a été fixée au 12 septembre, toujours devant le tribunal de Tiaret.
 

Auteur
K.O.

 




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Patronat algérien et 5e mandat : les dindes votent rarement pour Noël

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COUP DE GUEULE

Patronat algérien et 5e mandat : les dindes votent rarement pour Noël

Nos millionnaires d’antan avaient choisi Boumediene contre la démocratie, c’était leur intérêt. Les multi-milliardaires de Bouteflika, au sein du patronat algérien, ne vont pas plus voter pour la démocratie comme les dindes ne votent jamais pour Noël. La démocratie, ce serait leur fin, ils ne sont pas suicidaires.

Beaucoup de gigantesques fortunes dans l’histoire se sont réalisées dans les moments troubles où la torture, le sang et le gel de toutes les libertés se sont installés. Mais beaucoup également se sont vite inscrites dans une ouverture de la société pour « blanchir » leurs biens lorsque la situation s’est retournée. Il ne semble pas que ce soit le choix du moment en Algérie comme il ne l’a jamais été.

Nos milliardaires avaient besoin de la dictature militaire pour prospérer, ils ont absolument besoin qu’elle perdure car aujourd’hui c’est trop tard pour jouer la démocratie comme ce fut le cas des grandes familles patronales du dix-neuvième siècle en Europe.

Il ne faut pas se méprendre, il ne s’agit pas de parler de corruption car la preuve n’est jamais possible en de tels régimes autoritaires. Combien même ces fortunes se sont bâties dans les règles de droit, elles l’ont été néanmoins dans un régime détestable au plus haut point. Notre accusation ne porte donc pas sur le droit mais sur la moralité et c’est déjà beaucoup, même l’essentiel.

Ils ne le peuvent plus car la ligne rouge est franchie et qu’il n’y a plus pour eux de retour en arrière possible. Retourner sa veste suppose deux circonstances, avoir été assez peu visible pendant la compromission et réactif pendant le moment du retournement. Ces deux états sont désormais dépassés pour les plus connues des fortunes et positions dominantes.

Voter pour la démocratie est aujourd’hui suicidaire pour eux. Le patronat algérien vient donc, sans surprise, de proposer un cinquième mandat au bénéfice d’un homme grabataire, incapable de se mouvoir ou de prononcer la moindre parole sans bafouiller et baver. Un homme qui a voué sa vie à la dictature militaire.

Mais peut-être pensent-ils qu’ils ne sont pas dans la même situation que les millionnaires des années passées car ces derniers n’avaient que des économies à l’étranger mais leurs sources de revenus les plus fortes étaient internes, donc prisonnières de leur soutien à la dictature ?

De nos jours, leurs fortunes massives à l’étranger peuvent en effet leur faire risquer une fuite jusqu’au dernier moment sans qu’ils soient dans le besoin pour le restant de leur vie. Cela, c’est probablement leur pari, car ils ne semblent avoir peur de rien ni de personne, pas même d’un peuple qui se soulèverait.

Ils se trompent car lorsque les démocraties s’installent après une féroce dictature, c’est au prix d’un bouleversement qui ne laisse place à aucune amnésie. Même à l’étranger, les avoirs colossaux de nos milliardaires ne sont pas à l’abri.

Ils oublient effectivement que les démocraties occidentales et/ou les places financières offshore ont fermé les yeux à leur égard car il était de l’intérêt pour eux de les garder fermés. Au moindre retournement de situation, les intérêts sont toujours du côté des États forts et les démocraties sont toujours fortes.

Le patronat algérien vient, pour la quatrième décennie consécutive, de choisir son camp. L’argent construit toujours le sentiment d’invincibilité, l’histoire finit toujours par construire le raisonnement contraire.

Et l’histoire est toujours plus forte.

Auteur
Sid Lakhdar Boumediene, enseignant

 




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Les animateurs de Mouwatana « emprisonnés » dans leur hôtel à Constantine

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DERNIERE MINUTE

Les animateurs de Mouwatana « emprisonnés » dans leur hôtel à Constantine

Les animateurs du Mouvement Watania sont, selon les informations que nous avons reçues, interdits d’actions politiques à Constantine. Selon les informations publiées sur les réseaux sociaux, on voit Salah Dabouz, Soufiane Djilali et les autres membres derrière la grille de l’hôtel qui les héberge. Nous venons d’apprendre qu’Ali Benouari, Saad bouakba sont arrêtés par les services de sécurité. Noureddine Nebab, Djamal Boulmaali et Anis Hamidi, membres de Jil Jadid étaient toujours aux arrêts.

Le mouvement @Mouwatana_dz (repose juridiquement sur des partis agréés) a été encore une fois empêché d’aller à la rencontre du citoyen, une partie des responsables du mouvement a été empêchée de quitter son hôtel, un autre groupe est toujours dans les commissariats.

Les autorités ne lésinent pas sur les moyens les plus retors pour empêcher l’opposition de s’exprimer. Outre les interdictions de rassemblements ou réunions, il vient d’innover en utilisant les camions-benne qui servent à ramasser les ordures. 

Les membres de Mouwatana ont été surpris de voir leur hôtel cernés tôt le matin. Déjà dans la nuit, des hommes en civil sont entrés dans l’établissement hôtelier pour vérifier l’identité des animateurs de Mouwatana.

« Le pouvoir utilise « officiellement » les moyens sales pour faire face à l’activité des opposants aux pouvoir.
Constantine « officiel » nous accueille avec des camions à ordures… », s’insurge Salah Dabouz dans un post sur facebook.

Auteur
La rédaction

 




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Le pétrole hésite entre les tensions politiques et les pressions commerciales

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Energie

Le pétrole hésite entre les tensions politiques et les pressions commerciales

Les cours du pétrole ont terminé en ordre dispersé vendredi, les investisseurs penchant comme le reste des marchés financiers pour la prudence dans la crainte d’une escalade des tensions commerciales et à l’approche de nouvelles tempêtes tropicales aux Etats-Unis.

A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a gagné 33 cents pour terminer à 76,83 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE).

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour la même échéance a perdu 2 cents pour clôturer à 67,75 dollars.

Sur la semaine le Brent a cédé 1% et le WTI 3%.

En l’absence d’événements majeurs vendredi, les investisseurs en or noir ont surtout suivi la tendance à la prudence qui dominait sur les marchés financiers, Wall Street peinant à avancer tandis qu’étaient prisées les valeurs sures comme la dette américaine et le dollar.

Par ailleurs, « les tensions entre les Etats-Unis et la Chine et la faiblesse des marchés émergents pèsent sur le moral des investisseurs », a noté Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.

Donald Trump a une nouvelle fois menacé vendredi de taxer la totalité des importations en provenance de la Chine, qu’il accuse de pratiques commerciales « déloyales ».

Si ces sanctions devaient freiner la croissance de la deuxième puissance économique mondiale, cela se traduirait par une baisse de la demande chinoise en or noir.

Les acteurs du marché continuaient également à digérer le rapport hebdomadaire sur les réserves des Etats-Unis diffusé jeudi par l’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA).

Si les stocks de brut ont reculé la semaine dernière davantage que prévu (-4,3 millions de barils), la hausse des réserves d’essence (+1,8 million de barils) et de produits distillés (fioul de chauffage et gazole, +3,1 millions de barils) a surpris les marchés.

Plus tôt dans la semaine, le prix du WTI avait reculé alors que la tempête tropicale Gordon, qui risquait de perturber la production américaine, est passée sur le Sud des Etats-Unis sans arrêter l’activité pétrolière de la région.

Mais la saison des ouragans est loin d’être terminée.

« Ce week-end, il faudra garder un oeil sur les tempêtes tropicales qui évoluent dans l’Atlantique », a prévenu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.

Le marché gardait enfin un oeil sur toute information concernant les sanctions américaines contre le pétrole iranien, qui doivent entrer en vigueur en novembre. Elles devraient avoir un effet durable sur le troisième producteur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et perturber l’offre d’or noir sur le marché mondial.

Auteur
AFP

 




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Le film « Fragments de rêves » interdit par le ministère de la Culture

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Rencontres cinématographiques de Bgayet

Le film « Fragments de rêves » interdit par le ministère de la Culture

Coup de massue sur la 16e édition des Rencontres cinématographiques de Bgayet. Le film qui devait clôturer le festival n’a pas obtenu le visa du ministère de la Culture. 

Jeudi soir en clôture des Rencontres cinématographiques de Bgayet l’indignation et la colère a prévalu sur tout le reste. « Fragments de rêves » de Bahia Bencheikh El Fegoun était programmé pour terminer cette édition. Seulement le ministère de la Culture s’est assis sur l’autorisation de diffusion du film. Donc il ne pouvait passer. 

Le film de Bahia Bencheikh traite des mouvements sociaux depuis 2011. Certains y ont vu le motif de la décision du ministère de la Culture de l’interdire.

Cette interdiction a poussé les organisateurs du festival à suspendre la manifestation. « Nous considérons ce non-octroi de visa culturel comme une atteinte à la liberté d’expression », a tonné Leila Aoudj, directrice artistique du festival.

« Nous n’avons eu aucune justification, aucune argumentation, de la part de la commission de visionnage chargée d’autoriser ou non la projection d’un film », a précisé amère Leïla Aoudj, avant d’annoncer la suspension du festival tant que « les conditions de libre exercice ne seront pas assurées ».

Dans le communiqué que nous publions ci-dessous, l’association Project’heurts qui porte la manifestation confirme la suspension des rencontres cinématographiques de Bgayet.

ciné

Auteur
La rédaction

 




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Quelle fonction pour la culture ?

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Face à la médiocrité et à la perte de repères

Quelle fonction pour la culture ?

Lu sur la page facebook de notre ami Hamid Aït Slimane- poète, écrivain, homme de théâtre et ancien militant politique: « Ce qu’il nous faut, c’est un tsunami culturel ». Il a probablement tout dit dans cette phrase lapidaire, lui qui s’est goulûment nourri de poésie kabyle, de pensée rebelle et de questionnements mystiques, rappelant à mon souvenir cet autre appel de Lounis Aït Menguellet: « Gens bien avisés, il nous reste un seul dé, comme atout. C’est la précieuse culture, qui nous sauve dans les moments d’infortune. Elle n’est ni à brader ni à hypothéquer« .

Ayant « convolé en juste noces » avec la rente pétrolière depuis un demi-siècle et ayant subi le destin de la trahison postindépendance, la société algérienne s’est progressivement engluée dans le renversement des valeurs, la médiocrité et la démission. L’école et l’université ne représentent plus grand-chose, face aux défis actuels. L’exercice de la politique a perdu de son panache après les espoirs nés de la césarienne d’octobre 88.

La liberté d’expression- portée par le pluralisme médiatique (presse, TV, internet, médias sociaux) – se réduit en peau de chagrin, non seulement en raison de certaines restrictions exercées par l’administration, mais, pire, par une forme d’atomisation du champ médiatique, dans un contexte culturel fait de médiocrité et de glaciation.

En d’autres termes, le déficit de développement culturel constitue aujourd’hui l’un des écueils les plus solides et les plus rédhibitoires pour le développement général de la société.

Dans le nouveau contexte économique du pays, les estimations donnent près de près de 60 % du budget familial qui est dédié à l’alimentation. La crise qui se poursuit depuis quatre ans ne fera, assurément, que dilater cette proportion et réduire toutes les consommations liées à la santé, aux loisirs, au logement et à la culture. En vérité, la notion de dépense culturelle ne représente pas une réalité bien visible et objectivement quantifiable en Algérie. Le cinéma de masse des années 70 du siècle dernier n’est qu’un souvenir. La dépense liée au livre et à la lecture se réduit en peau de chagrin, se limitant à l’image mythique du Salon international du livre. Restent les « gadgets » de la communication moderne (smartphones, ordinateurs, TV, accès à l’internet et aux réseaux sociaux) dont la fonction culturelle est ramenée à la portion congrue, par rapport aux fonctions ludiques et de distraction auxquels on les destine.

De son côté, le ministère de la Culture a opéré des coupes budgétaires importantes dans les structures qu’il dirige (réduction du nombre des grandes manifestations culturelles, limitation de leur durée, réduction de subventions aux associations et à certains productions habituellement soutenues par l’Etat,…).

Quant aux partis politiques, hormis quelques boniments de circonstance, il semble que la politique culturelle ne fasse pas partie des priorités inscrites dans leurs agendas et dans le programme de leur campagne électorale. Cela s’est déjà vérifié lorsque l’argent du pétrole coulait à flot et que des structures culturelles, hautement budgétivores, plongeaient dans une longue hibernation.

Il semble que les formations en question et leurs premiers responsables aient l’assurance de s’en tirer à bon compte et de s’être acquittés de leur devoir envers les électeurs, en leur promettant des logements, le nettoyage des quartiers et des boulevards, des emplois et d’autres actions relevant de la vie domestique pour lesquelles, pourtant, il disposent rarement d’une politique réaliste et cohérente. Quant à la culture, elle demeure la parent pauvre de la politique nationale, avant ou après la fameuse aisance financière.

Comment secouer la longue léthargie ?

D’aucuns diront que c’est là une coutume qui ne dérange guère les esprits, sachant, pourtant, que, dans ce domaine précis de la vie, il s’agit peut-être de « déranger » justement les esprits engoncés dans une longue léthargie. L’ambiance et le milieu culturels algériens ont grandement besoin d’être secoués- non par une année de festivités comme en a connu Tlemcen, Alger et Constantine, mais par une politique culturelle cohérente qui investisse dans le fond identitaire et historique algériens, tout en s’ouvrant sur le monde moderne, avec ses nouvelles technologies de l’information et de la communication.

N’est-ce pas l’extrême d’un paradoxe qu’une quasi permanente nostalgie habite non seulement le public, mais également les créateurs, lorsqu’il s’agit de parler ou de débattre de cinéma, de théâtre, de chorégraphie, de littérature, de chanson et même de peinture? L’on a souvent entendu sur les médias, des professionnels de cinéma déplorer l’impuissance des producteurs à reproduire ou égaler les productions des années 1970? C’est là un grave aveu qui met à nu la situation de la culture dans notre pays. N’est-ce pas, autre paradoxe, sous le règne du parti unique et de l’autocratie politique, que le débat sur la Charte nationale de 1976 ait investi tous les thèmes de la culture, et cela suite à un paragraphe dans la Charte qui prévoit la construction de maisons de la culture dans toutes les wilayas du pays? Dés débats chauds, houleux et très riches ont ponctué les débats organisés dans les villes et villages.

Sous le règne du multipartisme, dans une époque dominée par des technologies avancées en matière de production et de divertissement culturels, et à l’ombre d’une aisance financière qui ne s’est pas démentie pendant près de quinze ans, la jeunesse algérienne, représentant plus de 70 % d’une population proche de 43 millions d’habitants, vit dans une sécheresse culturelle à nulle autre pareille. Les 400 salles de cinémas hérités de la colonisation ont été réduites à moins de trente à l’échelle du pays. La culture cinématographique est aujourd’hui un concept sans contenu dans la tête des jeunes Algériens. Les télé-cinéclubs de l’ancienne RTA, animés chaque mardi par le grand spécialiste Ahmed Bejaoui, s’ils étaient rediffusés aujourd’hui, seraient vus par les jeunes comme une réalisation « impossible », une fiction, tellement ils regorgent de professionnalisme et de avaleurs culturelles.

Faire le bon diagnostic

La nostalgie pour l’activité et la production algériennes des vingt premières années de l’indépendance n’avancera probablement pas la problématique culturelle d’aujourd’hui, sauf s’il s’agit de s’en inspirer pour espérer relancer la vie culturelle. Mais, pour tendre vers ce but, le minimum serait de poser le bon diagnostic et de fixer la place de la culture dans la vie nationale. Car, le vide culturel régnant aujourd’hui- malgré les apparences d’un certain « activisme » assuré par l’administration et qui se décline surtout dans les activités tenant plutôt du prestige- a une grande part de responsabilité dans le malaise et l’angoisse vécus par la jeunesse algérienne.

L’émigration clandestine, harga, le suicide, la consommation de drogue et les autres déviations de la jeunesse ne sont pas uniquement dues aux problèmes purement sociaux (chômage, manque de logement), mais également, et dans une proportion probablement plus large, à une perte réelle de repères culturels. Cette situation est renforcée par la présence d’un ersatz de culture d’importation, via les paraboles qui garnissent et enlaidissent tous les bâtiments algériens, et via aussi l’internet dont une grande partie des jeunes n’exploitent que le côté ludique et permissif, malgré sa gamme de données quasi infinie.

Les jeunes récoltent leurs fatwas à partir des télévisions orientales et de sites intégristes; certains d’entre eux utilisent facebook pour attenter à la réputation des gens, et particulièrement des jeunes filles; les discussions portant sur la chose culturelle (cinéma, littérature, théâtre) est une donnée si rare qu’elle apparaîtrait comme une curieuse coquetterie ou une « hérésie ». Dans une grande partie des rencontres culturelles (cafés littéraires, conférences,…), l’assistance est majoritairement composée de personne dépassant l’âge de quarante ans.

La responsabilité de l’Etat

Dans cet inquiétant vide dans le domaine de l’activité culturelle, l’État a aussi une grande part de responsabilité. Il ne s’agit nullement de sérier ou de mettre en avant ces masses de béton représentant des infrastructures culturelles, lesquelles avaient, à l’ombre de l’aisance financière, consommé des milliards de dinars, sans apporter une notable plus-value sur le plan de la culture en direction de la jeunesse. Des bibliothèques où personne ne rôde, cela existe. Des médiathèques transformées en lieu de luxure, également. L’État a dépensé un argent fou pour des bibliothèques « inanimés » dans le cadre du programme Hauts Plateaux. Des lecteurs, il faut faire le deuil. Le spectacle et la fougue des salons de livres ne devraient pas trop nourrir l’illusion, lorsque l’école ne forme pas de lecteurs.

Sortis de la pensée unique, qui avait officié jusqu’en 1988, les Algériens avaient espéré, dès l’ouverture politique et économique qui s’en est suivie, une libération de l’énergie et de l’initiative de la jeunesse, non seulement dans le domaine économique et politique, mais aussi culturel. Néanmoins, comme si un extrémisme était destiné à en nourrir un autre, la conception débridée du nouveau libéralisme économique a grevé d’une façon asphyxiante le secteur de la culture. L’édition, l’importation des produits culturels et des matériaux contribuant à la fabrication de ces produits chez nous, ont été soumis à la loi commerciale et à une politique fiscale et douanière qui assimile la culture à n’importe quelle autre marchandise.

Il y a lieu de rappeler ici que les plus grands pays d’Europe, à commencer par la France et l’Allemagne, ont défendu bec et ongles ce qu’ils ont appelé l' »exception culturelle » dans les échanges internationaux, et particulièrement dans le processus d’intégration à l’Organisation mondiale du commerce. Car, la culture constitue le fondement de l’être humain et de la citoyenneté. C’est ce qui fait à la fois la spécificité des peuples et l’universalité de l’homme.

En France, par exemple, les pouvoirs publics en sont arrivés à fixer, par les moyens de cahiers de charges, les volumes horaires annuels de la production nationale à diffuser obligatoirement par les chaînes de télévision. Ces dernières évitent de diffuser de grands films en soirée de week-end pour permettre aux salles de cinéma de faire le plein. Ce sont là des équilibres et des ajustements que les pouvoirs publics assument pour le bien collectif afin de défendre les valeurs de la culture authentique.

Il est vrai que des initiatives indépendantes sont assurées dans plusieurs villages de Kabylie par des associations ou des collectifs, tendant à perpétuer des traditions, des pratiques, à faire rencontrer des acteurs culturels. Néanmoins, comme le souligne Rachid Oulebsir*, « ce secteur de la culture populaire coupé de l’administration, plus autonome dans la création, vivote de volontés parcellaires autour de la célébration et le renouveau d’activités rurales vernaculaires, tirées par quelques personnes-vecteurs, créatrices de culture avec les moyens limités d’associations villageoises éphémères », expliquant aussi qu’ « il porte des dynamiques populaires brouillonnes mais productives et prometteuses, liées à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans toutes ses dimensions dans l’authenticité du terroir et l’universalité des valeurs et des repères de civilisation. Ses créations sont malheureusement éphémères non accumulées, non capitalisées, non médiatisées donc sans lendemain, leur prise en charge nécessitant les moyens matériels monopolisés par le premier secteur [les institutions étatiques-Ndlr] ».

A. N. M

*http://www.lematindz.net/news/18605-kabylie-une-equation-culturelle-a-plusieurs-inconnues.html

 

Auteur
Amar Naït Messaoud

 




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La fable du scorpion, le choléra et l’inconsolable plèbe

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La fable du scorpion, le choléra et l’inconsolable plèbe

Dire que la « gentillesse » du scorpion ne tue que pour légitime  défense, c’est affirmer officiellement que le régime ne verse son venin politique que pour légitime  survie. Ce qui confirme le choléra politico-militaire qui agite le sérail dans une épidémie incurable de succession. L’opération  de mutilation institutionnelle se poursuit in vivo sans aucune retenue esthétique. Horrible. Cependant, l’allégeance se paye recta.

Le scorpion se défend, réaction normale et instinctive. Le régime  quant à lui, défend que le citoyen -plutôt  le sujet- accède aux soins et à la bonne santé. Acte anormale, voire criminel, dans une république  normale. Mais dans une république bananière qui entretient des foyers entiers de vibrions colériques, un mouroir  est un acquis inespéré pour la plèbe d’en bas. Et en plus, pourquoi investir dans la santé d’une populace qui ne sert qu’à applaudir ? Elle le fait parfaitement bien en étant sale, malade et exposée. Bientôt encore, elle aura sa merveille promise dans  le plan vicennal qu’on compte rallonger d’ailleurs pour objectifs diaboliquement réussis. Elle aura alors où soigner à coût de milliards engloutis, l’âme par la piété et la prière pour éviter  le pré d’asphodèles auquel elle est prédestinée parce qu’elle mène ici bas une vie vide, neutre et soumise.

En haut dans leur esprit grégaire, les sénéchaux autoproclamés, en meute, n’admettent aucune ouverture  de guérison, non moins une intrusion démocratique. Le mal du choléra est là, dans cette sphère hermétique, dont les portes blindées empêchent toute vaccination  de liberté. Contrairement à la plèbe d’en bas dont les embrasures éventrées sont perméables à toute sorte de vibrions oppresseurs et de venins liberticides.

Sans honte la parole émétique, les vassaux de la cour ont d’habitude de vomir leurs stupides âneries. Méprisants, ils “satirisent” les drames dont ils sont les seuls responsables via des homélies désopilantes qui font pleurer  de rire sur un sort évoluant dans un environnement malsain, sale et insalubre. Dans le propos mensonger, il ne s’agit pas d’une scotomisation, mais bel et bien d’un déni délibéré de réalité. De la merde ils font du miel et ne rougissent pour le faire admettre.

Maintenant que les prix de l’or noir sont tombés en vrille de leur septième  ciel, la production restante ne sert qu’à sustenter les gorilles d’en haut avides de pétrodollars et mus en ploutocratie insatiable, puisque le dinar, dans son état comateux comme l’est tout le pays, ne voit à  son chevet que la planche à billets pour centupler le handicap financier. Le dinar perd sa valeur comme la santé égare son humanisme, l’éducation sa vocation et l’université son savoir…

Enfin, ce n’est pas le régime  sénescent qui présente des signes de déclin  et de vieillissement, mais c’est bien tout le pays qui vacille  dans une fatale sénescence, bien que sa majeure composante soit jouvencelle. Grave quand avant l’heure, la sénilité par le martinet du régime  frappe toute une jeunesse.

Auteur
Zoubir Zerarga

 




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Plusieurs opérations antivols et antidrogue menées par la police à Batna

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Police/justice

Plusieurs opérations antivols et antidrogue menées par la police à Batna

Plusieurs opérations contre le vol et le trafic de stupéfiants ont été menées cette semaine dans la wilaya de Batna.

Les cambrioleurs de la ville d’Ain-Touta sous les verrous

Dans la journée de jeudi 6 septembre, les services de la police relevant de la commune d’Ain-Touta ont mis hors d’état de nuire une bande de voleurs  composée de onze individus âgés entre 16 et 46 ans, dont la plupart sont des récidivistes. Selon nos sources d’information il s’agit d’un gang spécialisé dans le cambriolage des maisons. Les faits remontent à la semaine, apercevant que la maison est vide, la bande de malfrats a profité de l’absence du couple de propriétaire pour s’introduire à l’intérieur du domicile. Ils ont pu voler une somme de 100 millions de cts et une quantité d’or, apprend-on.  

Lesdits individus ont été interpellés, assez rapidement suite à une enquête lancée minutieusement  par les services compétents de la police. Selon les mêmes sources, les individus ont été arrêtés en leur possession un butin  récupéré à 565.000 DA en plus d’un bracelet en or. L’enquête est en cours. A noter aussi que huit individus ont été placés sous mandat de dépôt par le procureur de la république. Quant autres, ils sont soumis aux rigueur du contrôle judiciaire.

Les quatre voleurs des cités 208, 115,150 interpellés

La ville de  Batna a connu ces deux  derniers jours une multitude de cambriolages à la fois à travers plusieurs quartiers situés à proximité du centre-ville, tels que les cités  208-Logts ,215-Logts, 150-Logts et enfin le quartier Bouzourane. Selon nos sources d’informations, quatre habitations ont été délestées de leurs biens par une bande de voleurs composée de quatre individus âgés entre 20 et 55 ans récidivistes. Ces individus ont profité de l’absence encore une fois des propriétaires des maisons visitées pour commettre leur forfait.

Selon les mêmes sources, les quatre individus ont été interpellés suite à une enquête diligentée par les services d’investigation de la police. Les individus qui sévissaient dans les cités et quartier cités  ont été arrêtés avec en leur possession le butin volé, coffret en or, des sommes d’argent, ainsi que des documents appartenant aux victimes. Après investigations, les éléments de la police du 8e arrondissement sont parvenus à mettre la main sur les quatre présumés voleurs en question dont trois d’entre eux  ont été écroués après qu’ils soient traduits devant le tribunal de Batna pour plusieurs inculpations : violation de domicile avec casse et vols répétés  et constitution d’association de malfaiteurs, apprend-on.

Deux individus arrêtés pour trafic de drogue à Batna

La police judiciaire relevant de la sûreté de la wilaya de Batna a réussi à démanteler une bande de deux individus récidivistes âgés entre 26 et 35 ans, impliquée dans une affaire de drogue et stupéfiants.

Selon nos sources, les deux individus ont été arrêtés en flagrant délit avec en leur possession une importante  quantité de drogues soit 14 plaquettes estimées à 5,904 kg dissimulés à l’intérieur du véhicule. Selon nos sources, les individus en question ont été arrêtés puis ont été présentés devant le procureur de la république près le tribunal de Batna. Une enquête a été diligentée par les services de police.

Dans le même sillage et dans la même journée, la police judiciaire relevant de la commune de Tazoult a mis fin aux agissements agressifs d’un jeune homme âgé de 32 ans qui s’adonnait à la drogue et  aux comprimés. Selon nos sources, le jeune dealer a été arrêté en flagrant délit avec en sa possession trois 03 capsules de drogues de marque Brigballine, suite à une bagarre provoquée en plein centre ville de Tazoult. Le présumé a été condamné à 06 mois de prison ferme suivie d’une amende de 50.000 Da.

 

Auteur
Abdelmadjid Benyahia

 




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Censure et délit d’opinion : la dérive liberticide du pouvoir algérien

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Le film « Ben M’hidi » interdit de sortie par le ministère des Moudjahidine

Censure et délit d’opinion : la dérive liberticide du pouvoir algérien

L’étau se resserre de plus en plus sur les libertés individuelles dans une Algérie qui observe son destin se diluer dans les mains de satrapes. Le trou noir qui attend les libertés démembrées se confirme de jour en jour. Et pour cause ! le film consacré à l’une des figures emblématiques de la révolution algérienne, Larbi Ben M’hidi, a été censuré comme suite aux réserves émises par la commission de visionnage du ministère des Moudjahidine.

Ainsi, le réalisateur dudit film, Bachir Derrais, s’est vu interdire la sortie de son film, jugé à connotation politique. Comme à son habitude, le régime algérien s’évertue des récits panégyriques et apologétiques. Et si un produit vient à s’égarer du « droit chemin », le couperet tomberait illico presto. Au demeurant, la censure ne se limite pas qu’au cinéma, car tous les secteurs sont touchés par ce phénomène qui prend de l’ampleur.

La censure présente dans notre culture démocratique un visage inquiétant, celui de l’autorité dans ce qu’elle peut avoir de plus arbitraire et de plus oppressif. Dans les pays qui se respectent, la presse, le cinéma, le théâtre, la chanson…sont souvent un contre-pouvoir.

Elle s’oppose à la dictature et à l’injustice du régime en place et à ses divers démembrements. Elle dénonce l’arbitraire, divulgue les secrets et touche parfois à l’intouchable, à savoir le cœur du pouvoir. Et c’est à ce moment précis que le pouvoir sort ses griffes, réagissant brutalement dès qu’il sent que ses intérêts ou un de ses segments sensibles sont la cible de la critique. Cette censure-là relève d’un dispositif juridique de répression dont les verdicts peuvent tomber en droit comme en fait sur ceux qui, écrivains, artistes, cinéastes, intellectuels ou journalistes, sortent du cadre de ce qu’il est admis de dire ou de donner à voir dans un état de société donné.

Cette censure-là dit son nom et marche à visage découvert, qu’elle procède par sanction rétrospective d’un écrit ou d’une œuvre ou par interdiction s’exerçant par anticipation, en un contexte donné.

En somme, la censure se définit comme étant la limitation arbitraire ou doctrinale de la liberté d’expression de chacun. Elle passe par l’examen du détenteur d’un pouvoir (étatique ou religieux par exemple) sur des livres, journaux, bulletins d’informations, pièces de théâtre et films, etc. – et – ce avant d’en permettre la diffusion au public (censure a priori, en amont ou dite préventive) ou après cette diffusion (censure a posteriori, en aval). D’une manière générale, il s’agit d’un acte institutionnel ayant pour but d’éliminer les éléments discursifs hostiles et de rendre les discours sociaux et ceux des locuteurs conformes à l’idéologie dominante. Elle est alors un instrument du pouvoir autoritaire qui agit sur les individus.

En Algérie, on est dans ce cas de figure ! La censure adopte ainsi de multiples visages en s’exprimant à travers des mesures répressives diverses (culturelles, esthétiques, linguistiques, etc.).

Les deux organes que sont le ministère des Moudjahidine et celui de la Culture excellent dans l’arbitraire. Quelle confiance peut-on faire à une corporation dont la caste dirigeante, spéculant tantôt sur l’inculture, tantôt sur l’ignorance pour mener le pays à bon port ? Depuis que l’écriture, le cinéma, le théâtre, la musique…existent, les hommes ont craint les effets que les textes pouvaient produire sur leurs lecteurs. Dans la même optique, les appareils idéologiques d’État sont tous convaincus de l’impact de la littérature sur les âmes.

Le livre est un moyen de changer la société, la chanson engagée insuffle un nouvel élan, le théâtre dépoussière les mensonges et le cinéma ouvre les yeux…Et c’est à ce danger imminent que le pouvoir algérien maintient la censure comme levier et lois liberticides pour museler les « fauteurs de trouble ».  Pour se prémunir de ces dérives libertaires, le pouvoir en place organise une répression au moyen de la censure. Le contrôle de la circulation des livres, de la diffusion de films, de l’organisation de cafés littéraires…

Dans un monde où déferlent les images véhiculées par le cinéma, la télévision et les outils numériques, la création artistique en Algérie peine à s’affirmer, d’autant plus que les « gardiens de la morale et de l’histoire » veillent au petit grain. La réprobation de l’opinion et les sanctions juridiques se cristallisent autour de démarches artistiques mettant en cause des valeurs sacrées, comme la révolution, la religion, l’unité nationale…autant d’alibis pour bâillonner les artistes dans leur globalité. L’idéal philosophique pour ces hommes courageux qui bravent « les interdits » est d’aller au bout de leurs idées en maintenant cette flamme libératrice du joug dictatorial. Être libre, signifie participer activement et consciemment à l’histoire du monde et celle de son pays en étant son propre guide.

Cela dit, elle est le reflet de ses contributeurs. De sorte qu’elle censure plus les gens et idées pertinentes que les fachos toutefois, plus les vraies infos que les rumeurs et les ragots. In fine, un pays qui aspire aller de l’avant se doit de donner les moyens et les outils pour que la science triomphe sur le charlatanisme, plus les savants que les ignorants, plus les spécialistes et les rationalistes que les colporteurs de théories périmées et de pseudo-sciences et pratiques magiques, plus les laïcs et défenseurs de la laïcité que ceux de la religion dans ses versions fondamentalistes, plus les défenseurs du droit  et des droits de l’homme que ses adversaires, plus les originaux bien instruits que les conformistes et les beaufs…Et plus les partisans de la politique laïque que les islamistes, plus les défenseurs de la liberté d’expression que les Naima Salhi et consorts.

Auteur
Bachir Djaider (journaliste et écrivain)

 




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Trafic de devises et sphère informelle en Algérie : urgence d’une nouvelle régulation 

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Analyse

Trafic de devises et sphère informelle en Algérie : urgence d’une nouvelle régulation 

L’objet de cette présente contribution est de poser la véritable problématique à la fois des sorties illégales de devises et la cotation du dinar et de la différence entre sa cotation officielle et celle du marché parallèle. Il ne faut pas se tromper de cibles, devant différencier stratégie et tactiques pour paraphraser le langage des stratèges militaires.

Par ailleurs existent une confusion de certains soi disant experts entre les sorties de devises résultant des importations de biens et services environ 600 milliards de dollars entre 2000/2017 avec le total des dépenses d’environ 1100 milliards de dollars, budget équipement et fonctionnement (constitué en grande partie de salaires). Or seul les 600 milliards de dollars peuvent faire éventuellement l’objet de surfacturation en devises Ces transferts illégaux de devises ne datent pas d’aujourd’hui devant ramener pour des comparaisons sérieuses la valeur du dinar qui est coté en septembre 2018 à 118 dinars un dollar et en 1974 nous avions 5 dinars pour un dollar. Ayant eu à diriger le dossier des surestaries en 1983 en tant que directeur général es études économiques et haut magistrat comme premier conseiller à la Cour des comptes, au moment du programme anti-pénurie , au vu des importants montants illégaux détectées à travers des échantillons, j’avais conseillé à la présidence de l’époque d’établir un tableau de la valeur en temps réel, reliant toutes les institutions concernées aux réseaux internationaux (prix, poids, qualité) , tableau qui malheureusement n’a jamais vu le jour du fait que la transparence des comptes s’attaquait à de puissants intérêts occultes.

1.- Les services de sécurité et la douane ont saisi d’importantes sommes de sorties de devises aux frontières. Il s ‘agit d’établir la connexion entre ceux qui opèrent dans le commerce extérieur à travers les surfacturations et les montants provenant essentiellement d’agents possédant des sommes en dinars au niveau local, non connectés aux réseaux internationaux. Comme il s’agit d’éviter cette confusion dans le calcul du montant de la sphère informelle en différenciant différents ratios qui donnent des montants différents soit par rapport au produit intérieur brut( PIB) , par rapport à la masse monétaire en circulation et le montant des devises échangé sur le marché parallèle. Les montants saisies au niveau des ports et aéroports sont relativement très faibles.

Le grand trafic auquel le gouvernement doit porter toute l’attention essentiel provient des surfacturations dont une partie reste à l’étranger et une autre partie rentre par différentes voies alimentant les marchés de devises sur le marché parallèle constituant une atteinte à la sécurité nationale et dont la responsabilité est interministérielle : finances à travers ses démembrements- douanes-fiscalité, banques)-ministère du transport, ministère du commerce, et bon nombre d’autres départements ministériels.

C’est en réalité une dilapidation de la rente des hydrocarbures principale richesse du pays. Bien que cette pratique ait existé entre 1963/1999, ayant eu à le constater puisque j’ai eu à diriger le bilan de l’industrialisation 1965/1978 et le dossier des surestaries en tant que haut magistrat premier conseiller et directeur général des études économiques à la Cour des comptes entre 1980/1983, pour le compte des gouvernements de l’époque, prenons l’hypothèse d’un taux de 10% de surfacturation, étant plus facile pour les services où certaines surfacturations peuvent atteindre plus de 15%.

Les sortie de devises de biens et services entre 2000/2017, étant estimées à environ 600 milliards de dollars, cela donnerait un montant total de sorties de devises de 60 milliards de dollars soit 7080 milliards de dinars, certes montant important mais loin de certains montants donnés par la propagande sans analyses objectives.

Que représente ces quelques millions de dollars par rapport à ce montant colossal, 12 fois plus que le déficit cumulé sur plusieurs années de la caisse des retraites dont le montant vient d’être estimé officiellement à 580 milliards de dinars?

Devant s’attaquer à l’essentiel, une nouvelle régulation de l’économie algérienne existant un théorème en sciences politiques : 80% d’actions mal ciblées ont un impact seulement de 20% sur le fonctionnement de la société avec un gaspillage financier et des énergies que l’on voile par de l’activisme, mais 20% d’actions bien ciblées ont un impact de 80%,favorisant le développement , renvoyant à une vision stratégique qui fait cruellement défaut. Cela n’est qu’une hypothèse devant différencier acte de gestion pratiques normales de la corruption, les services de sécurité et les différents organisâmes de contrôle devant vérifier l’origine de ces montants de transferts illicites de devises qui ont été saisies ( voir notre interview au quotidien le Soir d’Algérie le 06 septembre 2018).Comme il s’agira par une analyse objective, d’expliquer l’écart d’environ 50% qui favorise ces pratiques occultes, ainsi que le trafic des marchandises aux frontières ( renvoyant également à la politique des subventions généralisées et sans ciblage) entre le cours du dinar sur le marché parallèle et la cotation officielle .

2.- Tout cela renvoie aux raisons de la différence marché parallèle-marché officiel de la devise et donc au fonctionnement du marché informel au niveau international et national, produit de dysfonctionnements des institutions. Car lorsqu’ un Etat émet des lois ou décrets qui ne correspondent pas à l’Etat de la société, cette dernière enfante ses propres codes qui lui permettent de fonctionner de manière bien plus crédible que celle obligée par l’Etat sans recourir à un contrat de confiance. A ne pas confondre essence et apparence, je recense sept raisons

Premièrement, l’écart s’explique par la faiblesse de la production et la productivité, l’injection de monnaie sans contreparties productives augmente le niveau de l’inflation. Selon un rapport de l’OCDE, la productivité du travail de l’Algérie est l’une des plus faibles au niveau du bassin méditerranéen. A cela s’ajoute la disproportion qui existe entre la dépense publique et le faible impact sur le taux de croissance.

Deuxièmement, l’écart s’explique par la diminution de l’offre du fait que la crise mondiale, combinée avec le décès de nombreux retraités algériens, a largement épongé l’épargne de l’émigration. Cette baisse de l’offre de devises a été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l’étranger qui font transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie montrant clairement que le marché parallèle de devises est bien plus important que l’épargne de l’émigration. Ces montants fonctionnant comme des vases communicants entre l’étranger et l’Algérie renforcent ainsi l’offre. Il existe donc un lien dialectique entre ces sorties de devises dues à des surfacturations et l’offre, sinon cette dernière serait fortement réduite et le cours sur le marché parallèle de devises serait plus élevé, jouant donc, comme amortisseur à la chute du dinar sur le marché parallèle.

Troisièmement, la demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l’étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l’allocation de devises qui demeure très dérisoire. Mais ce sont les agences de voyages qui à défaut de bénéficier du droit au change recourent elles aussi aux devises du marché noir étant importateurs de services. Majoritairement, elles exportent des devises au lieu d’en importer comme le voudrait la logique touristique comme en Turquie, au Maroc ou en Tunisie.

Quatrièmement, la forte demande provient de la sphère informelle existant une intermédiation financière informelle loin des circuits étatiques, expliquant le résultat mitigé de la mesure d’intégrer ce capital argent au sein de la sphère réelle.

Cinquièmement, l’écart s’explique par le passage du Remdoc au Credoc, instauré en 2009, qui a pénalisé les petites et moyennes entreprises et n’a pas permis de juguler comme cela était prévu la hausse des importations qui ont doublé depuis 2009, tout en renforçant les tendances des monopoleurs importateurs. Nombreux sont les PME/PMI pour éviter les ruptures d’approvisionnement ont dû recourir au marché parallèle de devises. A cela s’ajoute les risques du financement non conventionnel, ( le Ministre des finances annonce 17 milliards de dollars pour 2018) en cas de non-maîtrise , alimentant les segments non productifs, il peut engendrer une inflation qui risque de conduire à la dépréciation du dinar tant sur le marché officiel que parallèle.

Sixièmement, beaucoup d’Algériens et d’étrangers utilisent le marché parallèle pour le transfert de devises, puisque chaque algérien a droit à 7200 euros par voyage transféré, utilisant leurs employés algériens pour augmenter le montant, assistant certainement, du fait de la méfiance, à une importante fuite de capitaux de ceux qui possèdent de grosses fortunes.

Septièmement, pour se prémunir contre l’inflation, et donc la détérioration du dinar algérien, l’Algérien ne place pas seulement ses actifs dans le foncier, l’immobilier ou l’or, mais une partie de l’épargne est placée dans les devises. En effet, beaucoup de ménages se mettent dans la perspective d’une chute des revenus pétroliers, et des réserves de change qui tiennent la cotation du dinar à plus de 70% achètent les devises sur le marché informel. Aussi la cotation du dinar sur le marché parallèle et les transferts illicites de capitaux seront fonction du niveau des réserves de change fonction de l’évolution des recettes de Sonatrach qui procurent directement et indirectement 97/98% des recettes en devises, des importations de biens et des services (ces derniers fluctuant entre 9/11 milliards de dollars/an ).Selon les statistiques officielles, sauf miracle d’un cours à 100 dollars le baril, les réserves de change iront en diminuant : -2012 :190,6 milliards de dollars, -2013 :194,0 milliard de dollars, -2014 :178,9 milliards de dollars, -2015 :144,1 milliards de dollars, -2016 : 114,1 milliards de dollars, -2017 : 97,3 milliards. -2018 entre 82/83 milliards de dollars tenant compte de la valeur des importations de biens et 2019 : 62 milliards de dollars (source avant projet de loi de finances)2020 : 48 milliards de dollars (source avant projet de loi de finances)2021 : 34 milliards de dollars (source avant projet de loi de finances)2022. 12 milliards de dollars (source rapport FMI juillet 2018). Evitons toutefois la sinistrose, comme je l’ai démontré dans une interview à l’American Herald Tribune (USA) le 11 aouût 2018, par une bonne gouvernance s’adaptant au nouveau monde, l’Algérie a toutes les potentialités pour fonctionner sur la base de 70 dollars le baril, évitant ce scenario catastrophe qui aurait un impact à la fois interne, politique et social, mais également géostratégique sur toute la région méditerranéenne et africaine.

En résumé, il s’agit d’éviter la dérive vénézuélienne. Doté de la première réserve mondiale de pétrole (environ 302,25 Mds de barils contre 10/12 pour l’Algérie), le Venezuela actuellement en faillite, excessivement dépendant des fluctuations du prix du pétrole (qui constitue 96% des exportations. Leçon à tirer les matières premières n’ont jamais constitué le facteur décisif du développement, l’exemple le plus frappant étant l’Afrique. La bonne gouvernance et la valorisation du savoir, constituent le pivot d’un développement en ce XXIème siècle. Le grand défi pour le gouvernement est mettre en place une économie diversifiée loin des aléas de la rente, renouer avec une croissance durable, freiner la détérioration du pouvoir d’achat des couches les plus vulnérables et le nivellement par le bas des couches moyennes non-connectées à la sphère rentière.

Auteur
Dr Abderrahmane Mebtoul

 




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